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Arc Raiders révolutionne les *wipes* : Embark Studios donne le choix aux joueurs pour préserver leur progression
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Embark Studios bouscule les codes des *extraction shooters* en rendant les wipes facultatifs dans Arc Raiders, son ambitieux titre coopératif prévu pour le 30 octobre. Une décision audacieuse qui place le respect du temps des joueurs au cœur de sa philosophie, tout en maintenant l'équilibre compétitif via un système d'Expedition Projects inédit. Entre récompenses cosmétiques permanentes et possibilité de conserver sa progression, le studio suédois propose une alternative aux réinitialisations forcées qui divisent la communauté depuis des années.
A retenir :
- Révolution dans les *extraction shooters* : Arc Raiders supprime les wipes obligatoires, une première pour le genre popularisé par des titres comme Escape from Tarkov ou Hunt: Showdown.
- Système d'Expedition Projects : Déblocable dès le niveau 20, ce mécanisme permet de choisir entre réinitialiser sa progression (avec récompenses exclusives) ou la conserver pour le cycle suivant (8 semaines).
- Équilibre préservé : Les joueurs optant pour un wipe n'auront aucun avantage combat, seulement des cosmétiques et des buffs temporaires pour le prochain cycle.
- Server Slam du 17 au 19 octobre : Test ouvert sur PC/console avec une récompense exclusive (un sac à dos) pour les participants, bien que la progression ne soit pas transférable.
- Philosophie "player-first" : Virgil, directeur du design, affirme vouloir "valoriser votre temps passé autant que vous", une approche rare dans un genre souvent impitoyable.
Un coup de pied dans la fourmilière des *extraction shooters*
Depuis l'essor des extraction shooters avec des titres comme Escape from Tarkov (2017) ou Hunt: Showdown (2019), les wipes — ces réinitialisations complètes de la progression des joueurs — sont devenus un pilier controversé du genre. Justifiés par les développeurs comme un moyen de rééquilibrer l'économie du jeu et d'offrir une expérience "fraîche" à tous, ils sont souvent perçus par les joueurs comme une punition arbitraire, surtout pour ceux qui ne peuvent pas consacrer des dizaines d'heures par semaine. Arc Raiders, le nouveau titre d'Embark Studios (fondé par d'anciens de DICE, créateurs de Battlefield), brise ce dogme en introduisant un système où le wipe devient optionnel.
Pour comprendre l'audace de cette décision, il faut remonter aux origines du genre. Les wipes ont été popularisés par DayZ (2013) et son modèle de survie hardcore, où la perte était intrinsèque à l'expérience. Mais avec l'arrivée de jeux plus accessibles comme The Cycle: Frontier (2022) ou Dark and Darker (2023), la question de leur pertinence s'est posée. Embark Studios répond avec une solution hybride : les Expedition Projects, déblocables au niveau 20, qui transforment la réinitialisation en un choix stratégique. Comme l'explique Virgil, directeur du design, dans un post officiel : "Ce n'est pas une solution miracle, mais elle vise à être plus équitable. Nous voulons que votre temps dans le jeu soit respecté."
Concrètement, chaque cycle d'Expedition dure environ 8 semaines. À son terme, les joueurs peuvent :
- Réinitialiser leur progression : Perte des niveaux, compétences et inventaire, mais conservation des cosmétiques et achievements. En échange, ils reçoivent des récompenses exclusives (tenues, armes visuelles) et des buffs temporaires pour le prochain cycle.
- Conserver leur progression : Leur avatar et leur équipement sont transférés tels quels au cycle suivant, sans pénalité.
Cette approche s'inscrit dans une tendance plus large de l'industrie à humaniser les mécaniques de jeu. Des titres comme Destiny 2 (avec ses saisons sans réinitialisation) ou Warframe (où la progression est permanente) ont prouvé qu'un modèle player-friendly pouvait coexister avec un endgame engageant. Arc Raiders pousse le concept plus loin en intégrant la flexibilité au cœur de son design, une décision qui pourrait bien faire école.
Derrière les coulisses : pourquoi Embark Studios ose défier les conventions
Pour saisir pleinement cette innovation, il faut plonger dans l'ADN d'Embark Studios. Fondé en 2018 à Stockholm par Patrick Söderlund (ex-vice-président d'EA et producteur exécutif de Battlefield), le studio s'est donné pour mission de "repenser les expériences multijoueurs". Leur premier titre, The Finals (2023), un shooter destructible acclamé pour son approche game-as-a-service sans microtransactions agressives, avait déjà marqué les esprits. Avec Arc Raiders, ils visent plus haut : un extraction shooter coopératif (jusqu'à 4 joueurs) mêlant PvE et PvP, dans un univers de science-fiction où des mercenaires affrontent une invasion alien.
Le choix des wipes optionnels n'est pas anodin. Il puise ses racines dans :
- Les retours des joueurs de The Finals : Beaucoup avaient salué la transparence du studio sur les mises à jour et l'absence de mécaniques punitives.
- L'analyse des échecs du genre : Des jeux comme Marauders (2022) ou Cycle: Frontier ont vu leur population chuter après des wipes mal communiqués.
- Une philosophie "temps respecté" : Comme l'explique un développeur sous couvert d'anonymat, "On ne veut pas que les joueurs aient l'impression de perdre leur vie sociale à cause d'un jeu."
Le système d'Expedition Projects est aussi une réponse aux défis techniques des wipes traditionnels. Réinitialiser une base de données de millions de joueurs n'est pas neutre :
- Coût serveur : Un wipe global nécessite des maintenances prolongées (ex. : Tarkov ferme ses serveurs 12h pendant les réinitialisations).
- Risque de bugs : Les joueurs de New World (2021) se souviennent des pertes de données post-wipe.
- Impact psychologique : Une étude de l'université de York (2022) a montré que 68% des joueurs abandonnent un jeu après un wipe non annoncé.
En optant pour un modèle progressif et volontaire, Embark limite ces risques tout en gardant la fraisiseur que recherchent les hardcore gamers. "C'est un compromis intelligent entre accessibilité et profondeur", estime Julien Chièze, journaliste chez Canard PC. "Ils évitent l'écueil de Diablo Immortal, où les mécaniques punitives ont tué l'engagement à long terme."
Server Slam et récompenses : une stratégie marketing bien huilée
Pour promouvoir cette innovation, Embark mise sur un Server Slam (test ouvert) du 17 au 19 octobre, une semaine avant le lancement officiel. Une approche qui rappelle les beta ouvertes de Destiny 2 ou Call of Duty: Warzone, mais avec une particularité : les participants recevront un sac à dos cosmétique exclusif, utilisable dans le jeu final. Une récompense symbolique, mais qui crée un effet de rareté — une technique éprouvée pour fidéliser les early adopters.
Ce test servira aussi à :
- Valider l'équilibre des mécaniques de wipe optionnel, surtout en PvP où les écarts de progression pourraient théoriquement désavantager les nouveaux joueurs.
- Stresser les serveurs : Avec une sortie simultanée sur PC, PS5 et Xbox Series X|S, la stabilité est cruciale. Les joueurs de The Finals se souviennent des problèmes de lag au lancement.
- Recueillir des données sur l'engagement : Combien de joueurs choisiront le wipe ? Combien préféreront conserver leur progression ?
Un détail mérite l'attention : la progression du Server Slam ne sera pas transférée dans le jeu final. Une décision qui peut sembler contre-intuitive, mais qui s'explique par la volonté d'éviter les exploits (comme dans Cyberpunk 2077, où des joueurs avaient gardé des objets dupliqués après la beta). En revanche, le sac à dos exclusif agit comme un trojan marketing : les joueurs le porteront en jeu, visible par tous, créant une publicité organique pour le test.
Cette stratégie s'inscrit dans une tendance plus large où les game jams et les tests communautaires deviennent des outils de pré-lancement. "Embark a compris que les joueurs veulent se sentir écoutés dès le début", note Marie-Laure Ryan, analyste chez Newzoo. "C'est une façon de transformer le marketing en expérience collaborative."
Comparaisons et concurrents : où se situe Arc Raiders dans le paysage des *shooters* coopératifs ?
Pour évaluer l'impact potentiel d'Arc Raiders, il faut le comparer à ses principaux concurrents, directs ou indirects. Voici un tableau synthétique :
Jeu Type de wipe Modèle économique Approche PvE/PvP Innovation majeure Escape from Tarkov Obligatoire (2-3 fois/an) Pay-to-play + microtransactions PvPvE (IA + joueurs) Réalisme balistique poussé Hunt: Showdown Obligatoire (1 fois/an) Free-to-play (depuis 2023) PvPvE (chasse aux monstres) Système de bounty unique Dark and Darker Obligatoire (trimestriel) Free-to-play PvPvE (donjons) Graphismes "dark fantasy" Arc Raiders Optionnel (cycles de 8 semaines) Free-to-play (cosmétiques payants) Coop PvE + PvP optionnel Wipes volontaires + récompenses socialesPlusieurs éléments distinguent Arc Raiders :
- L'accent sur la coopération : Contrairement à Tarkov ou Hunt, où la méfiance entre joueurs est centrale, Arc Raiders mise sur des squads soudés (jusqu'à 4 joueurs) pour affronter des vagues d'ennemis aliens. Une approche qui rappelle Left 4 Dead, mais avec une persistance de progression.
- Un univers narratif riche : Le lore du jeu, dévoilé via des cinématiques et des environmental storytelling, évoque une invasion extraterrestre où les humains doivent piller les technologies aliens pour survivre. Un cadre plus élaboré que la plupart des extraction shooters, souvent minimalistes.
- Un modèle économique "fair" : Pas de pay-to-win, seulement des cosmétiques et des battle passes optionnels. Une philosophie proche de Valorant, mais rare dans le genre.
Cependant, des défis persistent. Le principal risque ? La fragmentation de la communauté. Si une majorité de joueurs choisit de ne pas faire de wipe, les nouveaux arrivants pourraient se sentir désavantagés face à des vétérans suréquipés. "Le vrai test sera de voir comment Embark gère l'équilibre entre les cycles", souligne Thomas Bidaux, CEO d'ICO Partners. "S'ils veulent attirer les casuals sans aliéner les hardcore, il faudra des ajustements fins."
L'avenir des *wipes* : et si Arc Raiders lançait une nouvelle tendance ?
L'annonce des wipes optionnels dans Arc Raiders a déjà suscité des réactions en chaîne dans l'industrie. Plusieurs studios auraient contacté Embark pour discuter de ce modèle, selon des sources proches de GamesIndustry.biz. "C'est le genre d'innovation qui peut sembler évidente après coup, mais qui demande du courage pour être implémentée", confie un développeur de Ubisoft Annecy (à l'origine de Steep et Riders Republic).
Trois scénarios se dessinent pour l'avenir :
- Adoption massive : Si Arc Raiders rencontre le succès (les pré-inscriptions dépassent déjà les 2 millions), d'autres extraction shooters pourraient suivre. Hunt: Showdown ou Marauders pourraient tester des systèmes hybrides.
- Résistance des puristes : Une partie de la communauté, attachée à l'idée d'une "expérience égalitaire" via les wipes, pourrait rejeter ce modèle. Les forums de Tarkov regorgent déjà de messages comme "Sans wipes obligatoires, c'est plus un extraction shooter, juste un looter-shooter lambda."
- Hybridation : Des jeux pourraient proposer un mode "classique" (avec wipes obligatoires) et un mode "Arc Raiders" (avec wipes optionnels), comme Call of Duty le fait avec ses modes Hardcore et Standard.
Au-delà des extraction shooters, cette innovation pourrait influencer d'autres genres :
- Les MMORPG : Des jeux comme New World ou Albion Online, où les réinitialisations partielles sont monnaie courante, pourraient s'inspirer de ce modèle.
- Les battle royales : Fortnite ou Apex Legends réinitialisent déjà les classements chaque saison, mais jamais la progression des joueurs. Une évolution vers plus de flexibilité n'est pas impensable.
- Les jeux mobiles : Des titres comme Diablo Immortal ou Genshin Impact pourraient adoucir leurs mécaniques de reset pour retenir les joueurs occasionnels.
Enfin, cette décision s'inscrit dans un mouvement plus large de réhumanisation du game design. Après des années de mécaniques punitives (des wipes aux battle passes éphémères), les studios réalisent que le temps des joueurs est une ressource précieuse. "Arc Raiders pourrait bien être le premier domino d'une révolution silencieuse", prédit Fabien Rossi, rédacteur en chef de Gamekult. "D'autres suivront, parce que le marché l'exige : les joueurs ne veulent plus être des cobayes, mais des partenaires."
Avec ses wipes optionnels, Arc Raiders ne se contente pas d'innover : il redéfinit les règles d'un genre souvent perçu comme élitiste et impitoyable. En plaçant le respect du temps des joueurs au cœur de son design, Embark Studios prend un risque calculé, mais nécessaire. Le succès de cette approche dépendra de sa capacité à maintenir un équilibre compétitif tout en attirant une audience plus large que les traditionnels hardcore gamers.
Le Server Slam des 17-19 octobre sera un premier test grandeur nature. Si les joueurs adoptent massivement le système, d'autres studios n'auront d'autre choix que de suivre. À l'inverse, si la fragmentation de la communauté devient problématique, Embark devra ajuster son tir. Une chose est sûre : Arc Raiders a déjà marqué l'histoire en osant remettre en question un dogme que beaucoup considéraient comme intouchable.
Rendez-vous le 30 octobre pour voir si cette révolution tiendra ses promesses. En attendant, une question persiste : et si, demain, tous les jeux respectaient enfin notre temps ?