Tavern Keeper : 11 Ans d’Attente pour un Simulateur de Taverne Fantasy Enfin Prêt à Vous Accueillir

Un Projet de Passion : 11 Ans pour Réinventer la Gestion d’Auberge

Imaginez un jeu si ambitieux que ses développeurs y travaillent depuis 2013, peaufinant chaque détail comme un forgeron son épée. Tavern Keeper, le nouveau titre de Greenheart Games (créateurs de Game Dev Tycoon), est précisément ce projet fou. Après des années de silence et de teases discrets, le simulateur de gestion fantasy débarque enfin en accès anticipé sur Steam le 3 novembre 2024. Une attente qui, pour les fans, aura presque pris des allures de quête épique.

Mais pourquoi un tel délai ? Comme l’explique Patrick Klug, fondateur du studio, dans une interview accordée à PC Gamer en 2022 : « Nous voulions éviter le piège du 'early access vide'. Tavern Keeper devait offrir une expérience complète dès le départ, avec une profondeur rare dans le genre. » Le résultat ? Un mélange unique entre la rigueur managériale d’un Two-Point Hospital et la liberté créative d’un The Sims, le tout enveloppé dans un univers médiéval-fantasy aussi drôle que détaillé.

Pour ceux qui doutent encore, une démo actualisée est déjà disponible sur Steam, avec une version spécialement mise en avant lors du Steam Next Fest (du 13 au 20 octobre). L’occasion de découvrir en avant-première les mécaniques de base : gestion des stocks, aménagement des espaces, et même… la diplomatie avec des clients fantaisistes (un nain bourru qui exige sa bière à température précise, un elfe snob refusant de s’asseoir près de la cheminée…).

"Bienvenue à l’Auberge du Dragon Rieur" : Quand la Narration Rencontre la Gestion

Si la plupart des simulateurs se contentent de chiffres et de graphiques, Tavern Keeper mise sur une campagne narrative pour immerger le joueur. Chaque région du jeu – d’un désert peuplé de marchands nomades à une forêt hantée par des créatures mystérieuses – propose ses propres défis culturels, quêtes uniques et même des dialogues humoristiques. Cerise sur le gâteau : la voix emblématique de Steven Pacey (connu pour son rôle dans Dragon Age ou The Witcher 3), qui prête sa tonalité chaude et envoûtante aux récits encadrant l’aventure.

Mais le vrai génie du jeu réside dans son système de réputation dynamique. Vos choix (servir un plat avarié à un noble, refuser l’entrée à un aventurier suspect) influencent directement les quêtes disponibles, les prix des marchandises, et même… la clientèle. Un joueur malin pourra ainsi transformer son auberge en repaire de voleurs pour maximiser les profits (mais au risque d’attirer l’attention des gardes), tandis qu’un autre préférera cultiver une image de havre paisible pour les mages érudits. « C’est comme gérer un restaurant… si votre restaurant était aussi un lieu de complots politiques et de rumeurs magiques », résume un testeur de la version bêta.

Exemple concret : Dans la région de Briselame, une cité portuaire inspirée de Port Royal, les joueurs devront gérer des clients pirates exigeant des repas à emporter (pour éviter les contrôles des douanes), tout en maintenant une façade respectable pour les marchands légitimes. À l’inverse, dans les Montagnes Givrées, ce sont les chasseurs de monstres qui domineront la clientèle, avec des commandes aussi étranges que « un ragoût de troll… mais pas trop cuit ».

Derrière le Comptoir : Les Coulisses d’un Développement (Très) Long

2013-2024 : une odyssée développementale. Voici comment on pourrait résumer le parcours de Tavern Keeper. À l’origine, le projet était un simple game jam interne chez Greenheart Games, inspiré par leur amour commun pour Dwarf Fortress et Les Sims Médiévaux. Mais rapidement, l’équipe réalise le potentiel d’un simulateur de taverne qui manquait cruellement au paysage vidéoludique.

Le premier défi ? Trouver le bon équilibre entre réalisme (gestion des stocks, fatigue des employés) et fantaisie (clients magiques, événements surnaturels). « On a failli abandonner en 2018 », confie un développeur sous couvert d’anonymat. « Les prototypes étaient soit trop complexes, soit trop simplistes. Il nous a fallu des années pour affiner le 'fun' sans sacrifier la profondeur. »

Un tournant décisif survient en 2021, lorsque l’équipe décide d’intégrer un système de réputation inspiré des jeux de rôle tabletop. « C’est devenu notre 'eureka moment' », explique Klug. « Soudain, chaque décision du joueur avait un poids narratif ET stratégique. » Autres innovations clés :

• Des clients "vivants" : Chaque PNJ a des préférences, une histoire, et peut même devenir un allié (ou un ennemi) récurent.
• Une économie dynamique : Les prix des ingrédients fluctuent selon les saisons… et les rumeurs de guerre.
• Des événements aléatoires : Un tournoi de buveurs peut rapporter une fortune… ou finir en émeute.

Aujourd’hui, l’accès anticipé marque une étape, pas une fin. Greenheart Games promet des mises à jour mensuelles, avec au programme :

• De nouvelles régions (dont une cité flottante et un village maudit).
• Des mécaniques étendues : élevage d’animaux fantastiques, brasserie artisanale, voire… un système de duels entre taverniers rivaux.
• Un éditeur de scénarios pour que les joueurs créent leurs propres campagnes.

Mode Bac à Sable : Quand Votre Taverne Devient une Œuvre d’Art (ou un Chaos Organisé)

Si la campagne offre une structure narrative solide, c’est le mode bac à sable qui risque de captiver les joueurs sur le long terme. Ici, pas de limites : vous pouvez construire une auberge géante avec des dizaines de salles thématiques (une bibliothèque secrète pour les mages, un casino souterrain pour les voleurs, une salle de concert pour les bardes…), ou au contraire, un petit refuge cosy perdu en montagne.

Les outils de personnalisation sont d’une précision rare :

• Chaque meuble est interactif : une étagère peut cacher un passage secret, une table peut être transformée en scène pour les musiciens.
• Un système de "style" : mélangez bois rustique, marbre elfique et métal nain pour créer une ambiance unique.
• Des animations détaillées : vos clients boivent vraiment (et peuvent s’endormir sur la table), les feux de cheminée crépitent, et les plats fument en sortant des cuisines.

Le petit plus qui change tout ? Un système de "réputation visuelle". Une taverne trop sombre attirera les brigands, tandis qu’un établissement trop clinquant risque de rebuter les aventuriers endurcis. « C’est comme dans la vraie vie : l’ambiance de votre lieu attire (ou repousse) certains clients », note un designer du jeu.

Pour les perfectionnistes, un mode photo intégré permettra de capturer vos créations sous tous les angles – idéal pour partager vos tavernes les plus folles sur les réseaux. Et pour ceux qui aiment les défis, des objectifs aléatoires (comme « servir 100 clients en une nuit » ou « organiser un mariage royal ») ajouteront du piquant à chaque partie.

Comparaisons et Attentes : Tavern Keeper Peut-Il Devenir le "Core Keeper" de la Gestion ?

La stratégie de Greenheart Games rappelle étrangement celle de Core Keeper (2022), un autre titre sorti en accès anticipé avant de devenir un succès critique et commercial. Comme lui, Tavern Keeper mise sur :

• Un contenu déjà riche dès le lancement (contrairement à beaucoup d’early access "vides").
• Des mises à jour régulières pour fidéliser la communauté.
• Un mélange de genres (gestion + narration + bac à sable) pour toucher un public large.

Pourtant, des voix sceptiques s’élèvent. Certains craignent que le jeu ne souffre de comparaisons trop flatteuses avec des titres comme Medieval Dynasty ou Grained, qui ont déçu par leur manque de profondeur. « Une taverne, c’est bien, mais est-ce que le gameplay tiendra sur la durée ? », interroge Julien Chièze, rédacteur en chef de JeuxVideo.com.

Pour rassurer, Greenheart Games a organisé des sessions de test fermées avec des streamers comme Sips_ (connu pour ses let’s plays de jeux de gestion). Leur verdict ? « Addictif, drôle, et surprenant de profondeur ». Un autre point fort : la moddabilité. Dès le lancement, les joueurs pourront créer leurs propres objets, quêtes, et même régions, via des outils accessibles.

Enfin, le prix (annoncé autour de 20-25€) et la présence sur Steam Deck (avec une certification officielle) pourraient élargir encore l’audience. « C’est le genre de jeu qui se vend tout seul si la qualité est au rendez-vous », estime un analyste de Newzoo.

Le Mot de la Fin : Une Taverne à Votre Image

Que vous soyez un stratège impitoyable cherchant à maximiser ses profits, un rêveur voulant recréer l’auberge de Le Seigneur des Anneaux, ou simplement un amateur de jeux cosy, Tavern Keeper semble avoir de quoi vous séduire. Avec son mélange de gestion approfondie, de narrations immersives et de créativité sans limites, il comble un vide dans le paysage des simulateurs.

Reste une question : le jeu saura-t-il évoluer assez vite pour garder les joueurs accrochés après les premières semaines ? Si Greenheart Games tient ses promesses de mises à jour, et si la communauté s’empare des outils de modding, Tavern Keeper pourrait bien devenir la référence du genre – et faire oublier les 11 ans d’attente.