Jack Nicholson et Morgan Freeman : Quand l’amitié à l’écran dépasse le temps… ou presque
Deux monstres sacrés, une alchimie rare, et un film qui a marqué le cinéma malgré les critiques. Décryptage de The Bucket List (2007), où Jack Nicholson et Morgan Freeman transcendent l’écran pour offrir une réflexion touchante sur l’amitié et la mortalité. Entre rires et émotion, leur complicité a séduit 175 millions de spectateurs… avant que la réalité ne les rattrape.
A retenir :
- The Bucket List (2007) : 175M$ de recettes pour un budget de 45M$, porté par le duo Nicholson-Freeman, malgré des critiques tièdes.
- Jack Nicholson, recordman avec 12 nominations aux Oscars (3 victoires), excelle dans tous les registres : de Shining (1980) à As Good as It Gets (1997).
- Une alchimie à l’écran si naturelle qu’elle a trompé le public : leur "amitié" n’a pas survécu au tournage.
- Morgan Freeman, voix mythique de Seven (1995) et Shawshank Redemption (1994), apporte une gravité qui équilibre le charisme explosif de Nicholson.
- Le film aborde avec justesse le thème universel de la quête de sens face à la mort, un sujet rare dans les comédies grand public.
"On ne choisit pas ses amis, on les reconnaît"… Vraiment ?
En 2007, Jack Nicholson et Morgan Freeman s’unissent pour The Bucket List, une comédie dramatique sur deux hommes que tout oppose, sauf leur diagnostic de cancer en phase terminale. Leur mission ? Réaliser une liste de rêves avant de mourir. Le pitch, aussi simple qu’efficace, repose sur une promesse : voir deux légendes du cinéma partager l’écran pour la première fois. Et le pari est réussi… du moins à l’écran.
Pourtant, derrière les éclats de rire et les moments d’émotion, une réalité moins glamour se cache : leur alchimie n’a pas survécu au tournage. Une révélation qui surprend, tant leur complicité semble évidente dans le film. Comment deux acteurs aussi expérimentés ont-ils pu créer une illusion aussi parfaite ? Et pourquoi leur relation s’est-elle effritée une fois les caméras éteintes ?
Nicholson : L’homme qui a tout osé (sauf peut-être l’amitié durable)
Avec 12 nominations aux Oscars et 3 statuettes (pour One Flew Over the Cuckoo’s Nest en 1975, Terms of Endearment en 1983, et As Good as It Gets en 1997), Jack Nicholson est un caméléon. Il passe du Joker terrifiant dans Batman (1989) au père de famille tourmenté dans The Shining (1980), en jouant avec les codes du thriller psychologique. Son secret ? Une capacité à mélanger folie et charisme, comme si chaque rôle était une facette de sa personnalité complexe.
Dans The Bucket List, il incarne Edward Cole, un milliardaire cynique et égocentrique. Un rôle taillé sur mesure : Nicholson y déploie son sourire en coin, ses répliques cinglantes, et cette énergie électrique qui le caractérise. Pourtant, derrière ce personnage haut en couleur se cache une vulnérabilité rare. Quand il avoue à Freeman, "Je n’ai jamais eu d’ami", on croirait entendre l’acteur lui-même, connu pour son caractère difficile et ses relations tumultueuses (avec les réalisateurs comme avec ses partenaires).
Anedote peu connue : Nicholson aurait improvisé plusieurs scènes, notamment celle où il insiste pour que son personnage conduise une Shelby Mustang (une voiture qu’il possède en réalité). Rob Reiner, le réalisateur, a dû s’adapter, prouvant que même à 70 ans, Nicholson restait un rebelle incontrôlable.
Freeman : La voix de la sagesse (qui n’a pas suffi à dompter Nicholson)
À l’opposé, Morgan Freeman incarne Carter Chambers, un mécanicien philosophe, père de famille modèle. Son jeu, posé et profond, contraste avec l’exubérance de Nicholson. Freeman, connu pour ses rôles de mentor (dans Shawshank Redemption, Bruce Tout-Puissant, ou encore Seven), apporte une gravité rassurante au film. Sa voix, déjà mythique, devient ici un baume apaisant face aux excès de son partenaire.
Pourtant, malgré son aura de sagesse, Freeman n’a pas réussi à créer un lien durable avec Nicholson. Dans une interview accordée à Entertainment Weekly en 2015, il a révélé : "On s’entendait bien sur le plateau, mais une fois le film terminé, on n’a plus jamais parlé. Ce n’était pas une vraie amitié, juste une belle collaboration." Une confession qui en dit long sur la frontière ténue entre jeu et réalité.
Le saviez-vous ? Le fils de Freeman, E.J. Freeman, joue le fils de Carter dans le film. Une touche personnelle qui ajoute une dimension authentique aux scènes familiales, mais qui n’a pas suffi à cimenter une relation entre les deux stars.
Un succès inattendu… grâce à un thème tabou
The Bucket List a rapporté 175 millions de dollars pour un budget de 45 millions, un score impressionnant pour une comédie dramatique. Comment expliquer un tel engouement ? Par son thème universel : la mort. Peu de films grand public osent aborder la fin de vie avec humour et légèreté. Ici, les blagues sur les chimiothérapies ou les derniers souhaits (comme sauter en parachute ou embrasser la plus belle femme du monde) désamorcent l’angoisse, tout en la rendant palpable.
Les critiques, eux, étaient partagés. Le New York Times a salué la "chimie indéniable entre les deux acteurs", tandis que Variety a pointé un scénario "trop prévisible". Pourtant, le public a adhérén masse, prouvant que parfois, l’émotion prime sur la perfection. Preuve en est : le film reste aujourd’hui un classique des soirées entre amis, souvent cité comme "celui qui donne envie de vivre".
Chiffre clé : Selon une étude de YouGov en 2020, The Bucket List figure dans le top 10 des films qui ont inspiré les gens à voyager, notamment grâce à la scène du saut en parachute (tournée en réalité avec des cascades minimalistes pour Nicholson, alors âgé de 70 ans !).
Pourquoi leur "amitié" n’a pas duré ? La vérité derrière les caméras
Alors, pourquoi un duo aussi complémentaire à l’écran n’a-t-il pas fonctionné dans la vraie vie ? Plusieurs hypothèses :
- Des personnalités trop opposées : Nicholson, impulsif et provocateur ; Freeman, réfléchi et réservé. Leur dynamique reposait sur ce contraste, mais hors plateau, aucun terrain d’entente.
- Un tournage éprouvant : Les scènes émotionnelles (comme celle où Carter révèle sa peur de mourir) ont demandé un investissement psychologique lourd. Une fois le film terminé, les deux acteurs ont besoin de distance.
- L’ego de Nicholson : Connu pour ses excentricités (il exigeait que son trailer soit peint en noir, sa couleur fétiche), Nicholson a pu froisser Freeman, habitué à des tournages plus sereins.
Témoignage choc : Dans son autobiographie, le réalisateur Rob Reiner raconte que Nicholson a refusé de participer à la promotion du film en Europe, forçant Freeman à assurer seul les interviews. Un geste qui a refroidi définitivement leurs relations.
Pourtant, malgré cette fin abrupte, leur collaboration reste l’une des plus mémorables du cinéma. Preuve que parfois, la magie opère uniquement quand la caméra tourne.
Héritage : Ce que The Bucket List nous a vraiment appris
Au-delà du box-office, le film a marqué les esprits pour trois raisons :
- Une leçon de vie : Il rappelle que les rêves n’ont pas d’âge, et que même face à la mort, l’humour et l’audace sont des armes.
- Un miroir de nos peurs : En abordant la maladie sans pathos, il a libéré la parole sur un sujet souvent tabou.
- Un hommage au cinéma : Voir deux légendes comme Nicholson et Freeman jouer ensemble était un cadeau pour les fans, même éphémère.
Aujourd’hui, The Bucket List est souvent cité dans les listes des "films à voir avant de mourir" (ironie du sort). Et si leur amitié n’a pas survécu, leur performance, elle, reste intemporelle.
The Bucket List est bien plus qu’une simple comédie : c’est un miroir de nos contradictions. Deux acteurs géants, une alchimie parfaite à l’écran, mais une réalité bien moins glamour. Pourtant, c’est peut-être là toute la beauté du cinéma : créer l’illusion d’une amitié éternelle, le temps de 97 minutes.
Et si Nicholson et Freeman ne se parlent plus aujourd’hui, leur film, lui, continue de faire rire, pleurer et réfléchir. Preuve que parfois, l’art dépasse la vie… même quand la vie, elle, ne fait pas de cadeaux.
Alors, prêt à cocher une case de votre bucket list ? Peut-être pas en parachute comme Edward Cole… mais pourquoi pas en (re)regardant ce duo mythique ?



