Il y a 56 jours
Adieu à Homelander : Pourquoi le monstre de *The Boys* nous manquera malgré tout
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Entre haine et fascination : l’héritage indélébile d’Homelander, l’anti-héros le plus toxique – et inoubliable – de *The Boys*. Alors qu’Antony Starr tire sa révérence après la saison 5 prévue en 2026, retour sur un personnage qui a redéfini les limites de la complexité morale à l’écran. En attendant l’apocalypse annoncée, le spin-off Gen V (saison 2 le 17 septembre) prolonge l’univers corrosif de Vought, entre drames étudiants et satire mordante des réseaux sociaux. Un final explosif se prépare, entre tragédie shakespearienne et chaos pur.
A retenir :
- Homelander, incarné par Antony Starr, quitte *The Boys* en 2026 après 5 saisons – un rôle détesté mais culte, mélange de narcissisme et de vulnérabilité, qui a valu à la série des nominations aux Emmy.
- La saison 5 promet *"l’explosion finale"* (Eric Kripke) après un cliffhanger historique en saison 4, avec 24,4 millions d’heures visionnées en 2023 (Nielsen).
- Gen V (saison 2 le 17 septembre 2024) sert de pont avant la fin de *The Boys* : satire des réseaux sociaux, rivalités étudiantes et liens cachés avec l’univers de Vought.
- Un personnage miroir de notre époque : Homelander symbolise les dérives du pouvoir, entre super-pouvoirs divins et faiblesses humaines, dans une dystopie où les héros sont les vrais monstres.
- Des réactions contrastées : certains fans redoutent un final trop prévisible, d’autres espèrent un ultime retournement – mais tous s’accordent sur un point : Homelander marquera l’histoire des séries.
Il y a des adieux qui résonnent comme des coups de tonnerre. Celui d’Antony Starr à Homelander, annoncé après le tournage de la saison 5 de *The Boys*, en fait partie. Dans un message poignant publié sur Instagram, l’acteur néo-zélandais a rendu hommage à ce *"monstre"* qu’il a porté pendant cinq ans – un rôle conçu pour être haï, mais qui a fini par fasciner une génération de spectateurs. *"Nous avons créé un monstre, mon ami. Et je vais le regretter"*, écrit-il. Une ironie saisissante : comment un personnage aussi toxique, violent et moralement répugnant a-t-il pu devenir l’une des figures les plus iconiques du petit écran ?
La réponse tient en un mot : complexité. Depuis son apparition en 2019 dans *The Boys* (Amazon Studios), Homelander a transcendé le simple archétype du super-méchant. Sous les traits de Starr, il est devenu un miroir déformant de notre époque – une allégorie des dérives du pouvoir, où la célébrité, la paranoïa et la soif de contrôle se mêlent à une vulnérabilité enfouie, presque touchante. Une dualité qui a valu à la série un statut de phénomène culturel, entre satire sociale cinglante et scènes de violence d’une brutalité rare.
"Un dieu déchu" : Quand le super-héros devient le vrai monstre
Homelander n’est pas un simple antagoniste. C’est un paradoxe vivant : un être doté de pouvoirs quasi divins (force surhumaine, laser oculaires, vol), mais rongé par des failles profondément humaines. Son narcissisme pathologique, son besoin désespéré d’être aimé, sa peur de l’abandon – autant de traits qui le rendent à la fois repoussant et captivant. Comme le souligne le psychologue et critique Dr. Travis Langley (auteur de *"The Psychology of Superheroes"*), *"Homelander incarne la peur moderne du leader tout-puissant et instable – un mélange de Trump, de Zuckerberg et de Superman, le tout sous stéroïdes."*
Cette profondeur psychologique est le fruit d’un travail d’acteur exigeant. Antony Starr a avoué en interview (pour *The Hollywood Reporter*, 2022) avoir dû *"plonger dans des endroits très sombres"* pour incarner le personnage. Résultat : des scènes cultes, comme son monologue déchirant dans l’épisode 6 de la saison 3 ("*Je suis le seul qui peut vous sauver… mais je suis aussi celui dont vous devez avoir peur*"), ou son effondrement progressif en saison 4, où il perd pied face à la rébellion de son propre fils, Ryan (interprété par Cameron Crovetti).
Pourtant, malgré cette complexité, Homelander reste un symbole de la corruption absolue. Sous ses airs de sauveur, il n’est qu’un tyran manipulant les masses, prêt à sacrifier des innocents pour préserver son image. Une critique acerbe des cultes de la personnalité et de l’industrie du divertissement, où l’apparence prime sur la morale. Comme le résume le showrunner Eric Kripke : *"Homelander est ce que nous devenons quand nous donnons trop de pouvoir à ceux qui n’en méritent pas."*
2026 : L’année où tout explose (littéralement)
La saison 5 de *The Boys* s’annonce comme un feu d’artifice apocalyptique. Après le cliffhanger de la saison 4 – où Homelander, trahi par ses alliés et confronté à la révolte de Ryan, semble au bord de la chute –, les spéculations vont bon train. Kripke a prévenu : cette saison sera *"celle où tout explose"*. Mais que signifie vraiment cette "explosion" ? Une mort héroïque ? Une chute definitive ? Ou pire : une victoire pyrique où Homelander triompherait dans un monde réduit en cendres ?
Les indices sont minces, mais quelques éléments se dessinent :
- La prolepse du premier épisode : Dans une scène post-générique de la saison 4, on aperçoit un Homelander vieilli, seul dans un bunker. Un flash-forward qui suggère un futur désolant.
- Le rôle clé de Ryan : Le fils de Homelander, mi-humain mi-surnaturel, pourrait être la clé de sa rédemption… ou de sa perte. Leur relation, à la fois tendre et monstrueuse, est l’un des fils rouges de la série.
- Le retour de Soldat Boy : Jensen Ackles, dont le personnage a été gravement blessé en saison 4, pourrait revenir pour un dernier affrontement. Les fans espèrent un duel épique entre les deux "pères" de Ryan.
Les enjeux sont colossaux. Avec 24,4 millions d’heures visionnées en 2023 (source : Nielsen), *The Boys* est l’une des séries les plus regardées d’Amazon Prime Video. Un succès qui s’explique par son audace narrative : entre scènes de gore extrême (comme l’explosion de la tête de Madelyn Stillwell en saison 1) et réflexions sur le capitalisme sauvage, la série n’a jamais craint de bousculer les codes. Mais cette fois, le défi est de taille : comment conclure l’arc d’un personnage aussi complexe sans décevoir ?
Certains critiques, comme Alan Sepinwall (*Rolling Stone*), redoutent un final *"trop prévisible"*, où Homelander mourrait en "sauveur" malgré ses crimes. D’autres, comme Emily VanDerWerff (*Vox*), parient sur une fin *"à la *Breaking Bad***, où le monstre assumrait enfin sa nature. Une chose est sûre : avec un budget estimé à 8 millions de dollars par épisode (selon *Variety*), Amazon ne lésinera pas sur les moyens pour marquer les esprits.
Gen V : L’antichambre de l’apocalypse
En attendant 2026, Amazon mise sur Gen V, son spin-off centré sur Godolkin University, une école pour jeunes super-héros. La saison 2, prévue pour le 17 septembre 2024, promet de creuser les liens entre cette nouvelle génération et l’univers de *The Boys*. Avec 75 % de critiques positives sur Rotten Tomatoes pour sa première saison, le pari semble déjà gagné.
Pourquoi *Gen V* fonctionne ?
- Une satire des réseaux sociaux : Les étudiants de Godolkin sont obsédés par leur image, leurs likes et leur "marque personnelle" – une critique mordante de l’influence des médias sur la jeunesse.
- Des personnages ambivalents : Comme Marie Moreau (Jaz Sinclair), une télékinésiste en quête de rédemption, ou Andre Anderson (Chance Perdomo), dont les pouvoirs cachent un lourd secret.
- Un pont vers *The Boys* : La saison 1 a introduit des liens avec Vought et les *Seven*, notamment via le personnage de Polarity (Clancy Brown), un ancien allié de Homelander.
Mais *Gen V* est bien plus qu’un simple dérivé. C’est une exploration des origines de la corruption : comment des jeunes idéalistes deviennent-ils les monstres de demain ? Une question qui résonne particulièrement à l’ère des influenceurs toxiques et des leaders populistes. Comme le note la critique Sophie Gilbert (*The Atlantic*), *"Gen V est à *The Boys* ce que *Better Call Saul* était à *Breaking Bad* : une préquelle qui enrichit l’univers sans en répéter les recettes."*
La saison 2 devrait aller plus loin, avec :
- Un conflit ouvert entre les étudiants et Vought, révélant les expérimentations secrètes de l’entreprise.
- Le retour de Cate Dunlap (Maddie Phillips), dont les pouvoirs liés à la sexualité défient les normes puritaines de l’univers.
- Une guerre des clans entre les héritiers des *Seven* et une nouvelle génération de rebelles.
Pour les fans, *Gen V* est une bouffée d’oxygène avant l’apocalypse annoncée de *The Boys*. Mais aussi une mise en garde : et si les vrais monstres n’étaient pas ceux qu’on croit ?
Derrière le masque : Les coulisses d’un rôle qui a marqué Starr à vie
Incarnation d’Homelander n’a pas été sans conséquences pour Antony Starr. Dans une interview accordée à *GQ* en 2023, l’acteur a révélé avoir souffert de troubles du sommeil et d’anxiété après des journées de tournage particulièrement intenses. *"Il m’arrivait de rentrer chez moi et de me demander : ‘Est-ce que je viens de passer huit heures à être un connard ?’"*, confiait-il. Un mal-être qui reflète l’ambivalence du personnage : même ceux qui le jouent en paient le prix.
Pourtant, Starr n’a aucun regret. Au contraire, il voit Homelander comme un rôle libérateur : *"J’ai pu explorer des parts de moi que je ne connaissais pas. La haine, la jalousie, la paranoïa… C’était exhaustif, mais nécessaire."* Une approche qui rappelle celle de Heath Ledger pour le Joker dans *The Dark Knight* – un autre rôle culte où l’acteur a puisé dans ses propres démons.
Les anecdotes de tournage abondent :
- La scène où Homelander décapite un passager dans un avion (saison 1) a nécessité 12 prises – Starr a dû répéter le geste jusqu’à en avoir des nausées.
- Son rire maniaque, devenu viral, a été improvisé lors d’une scène de la saison 2. Kripke l’a gardé au montage, jugeant qu’il capturait *"l’essence même du personnage"*.
- Pour les scènes de vol, Starr était suspendu à des câbles pendant jusqu’à 6 heures d’affilée, ce qui lui a valu des douleurs chroniques aux épaules.
Ces détails humains contrastent avec l’image surhumaine de Homelander. Ils rappellent que derrière le monstre se cache un acteur – et que derrière la fiction, il y a une réflexion sur le coût de la célébrité. Comme le dit Starr : *"Homelander est une métaphore. On adore les dieux… jusqu’à ce qu’on réalise qu’ils sont faits de chair et de sang, comme nous."*
Homelander dans la culture : Quand la fiction dépasse la réalité
L’impact de Homelander dépasse largement le cadre de *The Boys*. Le personnage est devenu un symbole culturel, cité dans des débats sur :
- Le pouvoir des célébrités : Son arc rappelle les chutes de stars comme Harvey Weinstein ou Johnny Depp, où l’image publique se brise sous le poids des scandales.
- La crise des masculinités toxiques : Homelander incarne une virilité mal placée, où la force physique cache une fragilité émotionnelle extrême.
- La peur des IA et des leaders incontrôlables : Son omnipotence et son instabilité évoquent les craintes liées à l’intelligence artificielle ou aux dirigeants autoritaires.
Des memes ("*You’re the problem, not me*") aux théories du complot (certains fans pensent que Homelander est inspiré de Elon Musk), le personnage a infiltré le discours populaire. Même la politique s’en est emparée : en 2022, un sénateur américain a comparé Donald Trump à Homelander lors d’un débat sur les réseaux sociaux (*The Guardian*).
Cette résonance explique pourquoi, malgré sa monstruosité, Homelander nous hante. Il est le miroir de nos peurs – et parfois, de nos désirs inavoués. Comme l’écrit le philosophe Slavoj Žižek dans *"Living in the End Times"* : *"Les monstres nous fascinent parce qu’ils révèlent ce que nous refusons de voir en nous."*
Alors, quand Antony Starr dit adieu à ce rôle, c’est aussi une partie de nous qui se demande : et si le vrai monstre, c’était la société qui l’a créé ?
Le compte à rebours est lancé. Dans deux ans, *The Boys* tirera sa révérence avec une saison 5 qui promet d’être aussi spectaculaire que dévastatrice. Homelander, ce géant aux pieds d’argile, quittera alors la scène – mais son ombre, elle, restera. Parce qu’il a su incarner quelque chose de rare : un personnage à la fois détestable et indispensable, un mélange de puissance divine et de misère humaine qui nous force à nous regarder en face.
En attendant, *Gen V* prend le relais, prouvant que l’univers de Vought a encore des histoires à raconter. Mais une question persiste : qui remplacera Homelander dans le panthéon des anti-héros ? Peut-être personne. Parce que certains rôles ne se reproduisent pas – ils marquent leur époque.
Alors oui, on le regrettera. Pas parce qu’il était un héros, mais parce qu’il était le reflet de ce que nous redoutons le plus : un monde où les dieux sont fous, et où les monstres portent des capes.