Annapurna Interactive surprend avec trois jeux, dont un *Zelda-like* onirique et exigeant

Tokyo Game Show 2024 : Annapurna mise sur la diversité et l’audace

Le **Tokyo Game Show** a souvent été le théâtre de révélations marquantes, mais cette année, **Annapurna Interactive** a particulièrement retenu l’attention avec l’annonce de trois titres aussi variés qu’ambitieux. Parmi eux, *Demi and the Fractured Dream* s’impose comme la star incontestée, non seulement pour son hommage assumé à *The Legend of Zelda*, mais aussi pour son approche artistique et mécanique résolument moderne. Développé par le studio indépendant **Yarn Owl** – connu pour son travail méticuleux sur les univers narratifs –, ce jeu promet de réinventer l’action-aventure en y intégrant des éléments de *souls-like* et de plateforme réflexive.

Contrairement à Nintendo, qui mise sur l’accessibilité grand public avec *Tears of the Kingdom*, Annapurna et Yarn Owl semblent vouloir cibler un public exigeant, prêt à affronter des combats techniques et une narration complexe. Une stratégie qui rappelle celle de *Hades* ou *Dead Cells* : des jeux indépendants devenus des références grâce à leur équilibre entre profondeur et jouabilité.

"Somnus" : un monde onirique où chaque détail compte

L’univers de *Demi and the Fractured Dream* se déroule dans **Somnus**, un royaume fragmenté où les paysages évoluent en fonction des choix du joueur et des mécaniques oniriques. Contrairement à l’open-world systémique de *Breath of the Wild*, Somnus mise sur une structure plus guidée, mais non moins riche. Les développeurs évoquent une "narration environnementale" : chaque zone reflète un pan du destin maudit du protagoniste, Demi, un héros dont le passé se dévoile au fil de l’exploration.

Visuellement, le jeu oscille entre poésie et cauchemar. Les décors, inspirés par des œuvres comme *Okami* ou *Gris*, se transforment dynamiquement, à l’image des *Dreamscapes* de *Psychonauts 2*, mais avec une touche plus sombre, proche de l’univers de *Silksong*. Cette dualité est renforcée par une bande-son orchestrale, composée en collaboration avec des musiciens japonais, qui alterne entre mélodies éthérées et crescendos angoissants.

"Nous voulions créer un monde où le joueur se sente à la fois émerveillé et légèrement mal à l’aise, comme dans un rêve lucide qui bascule dans le cauchemar"*, explique l’un des développeurs de Yarn Owl. Une ambition qui n’est pas sans rappeler l’atmosphère de *Inside* ou *Little Nightmares*, mais avec une dimension épique plus proche de *Zelda*.

Un gameplay exigeant : entre *Dark Souls* et *Zelda*, avec une touche de *Sifu*

Si *Demi and the Fractured Dream* emprunte à *Zelda* son cadre d’aventure exploratoire, ses combats s’inspirent davantage des *souls-like* et des metroidvanias modernes. Les joueurs devront maîtriser un système de dégâts directionnels, où l’angle d’attaque et de parade influence directement l’issue des affrontements. Une mécanique absente des derniers *Zelda*, mais qui rappelle *Sifu* dans sa rigueur tactique.

Les énigmes environnementales jouent également un rôle central. Contrairement à *Tears of the Kingdom*, où la physique et la créativité priment, *Demi and the Fractured Dream* mise sur des puzzles narratifs liés à l’histoire de Demi. Par exemple, reconstituer des souvenirs épars pour débloquer de nouvelles zones, ou manipuler des éléments oniriques pour altérer la réalité du niveau. Une approche qui évoque *The Witness*, mais avec une dimension émotionnelle plus marquée.

Le défi pour Yarn Owl ? Éviter le piège d’un jeu trop complexe pour les casuals, mais pas assez profond pour les hardcore gamers. *Hollow Knight* avait réussi ce pari en proposant des niveaux de difficulté modulables via l’exploration et les upgrades. *Demi and the Fractured Dream* devra trouver son équilibre, sous peine de subir le sort de *Too Human* – un jeu ambitieux sur le papier, mais incohérent dans son exécution.

2026 : une sortie multiplateforme pour toucher tous les publics

Annapurna Interactive a confirmé que *Demi and the Fractured Dream* sortira en 2026 sur PC (Steam/Epic), Nintendo Switch (y compris la future Switch 2), Xbox Series X|S et PlayStation 5. Une stratégie multiplateforme qui rappelle celle de *Hades* ou *Stray*, et qui vise à maximiser l’impact commercial tout en garantissant une expérience optimisée sur chaque support.

La sortie sur **Switch 2** est particulièrement intéressante. Alors que Nintendo garde jalousement ses licences (*Zelda*, *Mario*) pour ses propres machines, Annapurna semble vouloir combler un vide en proposant une alternative mature et narrative aux joueurs en quête d’aventures plus sombres que *Tears of the Kingdom*. Un pari osé, mais qui pourrait payer si le jeu parvient à capturer l’essence de l’action-aventure japonais tout en y ajoutant une touche occidentale (via son gameplay exigeant).

"Nous ne voulons pas faire un simple *Zelda-like*. Nous voulons que les joueurs ressentent quelque chose de nouveau, tout en reconnaissant des mécaniques qu’ils aiment"*, déclare un porte-parole d’Annapurna. Une déclaration qui résume bien l’ambition du projet : innover sans renier ses influences.

Derrière les rêves brisés : l’histoire secrète de Yarn Owl

Peu connu du grand public, le studio **Yarn Owl** est en réalité composé d’anciens développeurs ayant travaillé sur des titres comme *Ori and the Will of the Wisps* et *Hellblade: Senua’s Sacrifice*. Leur approche du game design "émotionnel" – où la mécanique sert la narration – est au cœur de *Demi and the Fractured Dream*.

Le projet est né d’une session de brainstorming autour des rêves lucides. L’équipe a passé des mois à étudier la symbolique des cauchemars et la manière dont ils pouvaient être transposés en gameplay. Résultat : un système où les échecs du joueur altèrent littéralement le monde. Par exemple, mourir dans un combat peut faire basculer un niveau joyeux en un paysage apocalyptique, reflétant l’état psychologique de Demi.

Une autre inspiration majeure ? Les contes japonais traditionnels, notamment ceux de **Lafcadio Hearn**, où les frontières entre réalité et rêve sont floues. La bande-son, enregistrée avec des instruments traditionnels (comme le koto et le shakuhachi), renforce cette immersion culturelle.

Enfin, saviez-vous que le design de Demi a été repensé plus de 50 fois avant d’aboutir à sa forme actuelle ? Les développeurs voulaient éviter un héros "générique" : sa silhouette androgyne et ses vêtements en lambeaux reflètent son statut de paria, à la fois fragile et résilient.

Comparaisons et attentes : *Demi* peut-il rivaliser avec les géants ?

Sur le papier, *Demi and the Fractured Dream* a tout pour plaire :

• Un univers visuel unique, entre *Okami* et *Gris*.
• Un gameplay hybride qui mélange exploration, combat tactique et énigmes narratives.
• Une bande-son immersive, rare dans les jeux indépendants.
• Un lore profond, inspiré des mythes japonais.

Enfin, la concurrence sera féroce en 2026. Entre le probable *Zelda* suivant, *Silksong* (si Team Cherry tient ses promesses), et d’autres titres comme *The Legend of Heroes: Trails into Reverie*, *Demi* devra se démarquer par son identité. Son atout majeur ? Son ambiance onirique unique, qui pourrait en faire un "*Zelda* pour adultes" – un créneau encore peu exploité.