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Borderlands 4 : Le Kernel Anti-Triche Sous le Feu des Critiques – Take-Two Contre-Attaque
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Il y a 26 jours

Borderlands 4 : Le Kernel Anti-Triche Sous le Feu des Critiques – Take-Two Contre-Attaque

Un lancement sous tension pour Borderlands 4, entre accusations de surveillance intrusive et promesses d’optimisation PC

À J-3 de sa sortie officielle, Borderlands 4 s’embourbe dans une polémique autour de son anti-triche kernel-level, accusé par des joueurs d’agir comme un spyware. Malgré les déclarations officielles de Take-Two Interactive niant toute collecte abusive de données, la méfiance persiste, alimentée par des mises à jour opaques des CGU et des comparaisons avec des scandales passés comme celui de Vanguard (Riot Games). Entre défense de la propriété intellectuelle (avec une politique stricte sur les mods) et promesses d’optimisation technique (support RTX 40 Series et DLSS 3.5), Gearbox tente de rassurer, mais les baisses de FPS inattendues et le review bombing sur Steam enveniment le débat. Une crise qui révèle les tensions croissantes entre sécurité des jeux en ligne et respect de la vie privée.

A retenir :

  • Anti-triche kernel-level : Des joueurs accusent Borderlands 4 d’intégrer un système de surveillance intrusif, provoquant un review bombing sur Steam malgré les démentis formels de Take-Two.
  • CGU et transparence : Les mises à jour des conditions d’utilisation, perçues comme opaques, alimentent la défiance – notamment sur la collecte de données (comportement en jeu, configurations matérielles).
  • Mods sous surveillance : Take-Two durcit sa politique contre les mods "abusifs" (violant la PI ou altérant le multijoueur), mais le flou persiste sur les limites entre création solo et exploitation commerciale.
  • Optimisation PC en question : Malgré le support des RTX 40 Series et du DLSS 3.5, des joueurs rapportent des chutes de FPS en zones densément peuplées, avec des correctifs promis sous 48h.
  • Stratégie de communication : Gearbox multiplie les guides techniques (overclocking GPU, désactivation des services arrière-plan), mais la crise de confiance liée aux rumeurs de spyware éclipse ces efforts.

Un kernel anti-triche qui divise : entre nécessité technique et craintes pour la vie privée

À trois jours de son lancement, Borderlands 4 est secoué par une polémique qui dépasse le cadre habituel des critiques pré-lancement. Au cœur des débats : son système anti-triche au niveau noyau (kernel-level), une technologie qui, selon certains joueurs et créateurs de contenu, franchirait la ligne rouge de la vie privée. Des vidéos YouTube aux fils de discussion Reddit en passant par les avis négatifs massifs sur Steam (review bombing), l’accusation est grave : Borderlands 4 intégrerait un spyware déguisé en outil de lutte contre la triche.

Take-Two Interactive, éditeur du jeu, a réagi sans ambiguïté via un communiqué officiel : "Borderlands 4 ne contient aucun spyware. Les mises à jour des conditions d’utilisation visent à clarifier – et non à étendre – la collecte de données, limitée à ce qui est strictement nécessaire pour personnaliser l’expérience et garantir la compatibilité technique." Une réponse qui rappelle étrangement celle formulée en juin 2024, lorsque des rumeurs similaires avaient ciblé d’autres titres du catalogue Take-Two, comme GTA Online.

Pourtant, la méfiance persiste. Et pour cause : les anti-cheat kernel-level – comme celui utilisé ici – sont connus pour leur accès profond aux processus système, une caractéristique qui, bien que efficace contre les logiciels de triche avancés, soulève des questions légitimes. Où s’arrête la lutte contre la fraude, et où commence la surveillance intrusive ? Gearbox, le studio développeur, tente de rassurer en mettant en avant des guides d’optimisation pour les cartes graphiques NVIDIA et des solutions aux problèmes techniques courants. Mais ces initiatives, aussi louables soient-elles, peinent à apaiser les craintes liées à la protection des données personnelles.


Un précédent qui pèse lourd : en 2020, Valorant (Riot Games) avait essuyé des critiques virulentes pour son anti-triche Vanguard, lui aussi basé sur une intégration kernel. Après des mois de controverse, des audits indépendants avaient finalement confirmé l’absence de collecte abusive de données. Take-Two pourrait-il suivre cette voie pour rétablir la confiance ? Pour l’instant, l’éditeur se contente de renvoyer vers sa politique de confidentialité, un document technique qui, malgré sa transparence affichée, reste peu accessible au grand public.

"On veut des jeux sécurisés, mais pas au prix de notre intimité" : le paradoxe des joueurs PC

La polémique autour de Borderlands 4 n’est que la partie émergée d’un iceberg bien plus large : le conflit entre sécurité en ligne et respect de la vie privée. Les joueurs PC, historiquement attachés à leur liberté numérique, se montrent de plus en plus réticents face aux outils anti-triche perçus comme trop intrusifs. Pourtant, ils sont les premiers à exiger des environnements multijoueurs équitables, exempts de hackers et de tricheurs.

Un cas d’école : en 2023, Call of Duty: Warzone avait subi une vague de désaffection après l’introduction d’un anti-cheat controversé, RICOCHET. Les joueurs dénonçaient alors un "flicage généralisé", avant de reconnaître, quelques mois plus tard, une baisse significative des comportements frauduleux. Borderlands 4 se retrouve aujourd’hui dans cette même équation impossible : comment concilier efficacité et acceptabilité sociale ?

Gearbox et Take-Two misent sur une communication transparente – du moins en apparence. Leur argumentaire repose sur trois piliers :

  • La nécessité technique : les tricheurs modernes utilisent des outils toujours plus sophistiqués, nécessitant des contre-mesures tout aussi avancées.
  • La limitation des données collectées : seules les informations "strictement utiles" (comportement en jeu, configurations matérielles) seraient enregistrées.
  • L’alignement sur les standards du secteur : d’autres éditeurs majeurs, comme Activision ou Riot Games, ont adopté des solutions similaires.
Pourtant, un détail crispe : les mises à jour des CGU, souvent présentées comme des "clarifications", sont perçues comme des extensions déguisées des droits de l’éditeur. "Pourquoi modifier ces conditions à quelques jours du lancement ?", s’interroge un utilisateur Reddit, dont le post a recueilli plus de 12 000 upvotes. "Si c’est juste pour préciser, pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt ?"

Le cœur du problème : une opacité perçue, même lorsque les intentions sont légitimes. Take-Two aurait tout intérêt à suivre l’exemple de Valorant en soumettant son anti-triche à un audit indépendant, ou à adopter une approche plus pédagogique – par exemple, en expliquant concrètement quelles données sont collectées, et pourquoi.

Mods et propriété intellectuelle : quand la créativité des joueurs entre en collision avec les intérêts de Take-Two

Si l’anti-triche concentre l’essentiel des critiques, un autre sujet envenime les discussions : la politique de Take-Two envers les mods. La mise à jour des CGU de Borderlands 4 introduit en effet une distinction claire entre :

  • Les mods "acceptables" : créations non commerciales, limitées au mode solo, et n’altérant pas l’équilibre du jeu.
  • Les mods "abusifs" : toute modification affectant le multijoueur, violant la propriété intellectuelle, ou monétisée sans accord explicite.
Une position qui rappelle étrangement celle adoptée pour GTA V, où Take-Two avait sévi contre des projets comme FiveM (un mod multijoueur massif), tout en tolérant les modifications solo.

Un équilibre délicat : d’un côté, l’éditeur doit protéger ses revenus (en évitant, par exemple, que des mods payants non officiels ne concurrencent ses DLC) ; de l’autre, il ne peut ignorer que la communauté modding a toujours été un pilier de la série Borderlands. Depuis Borderlands 2 (2012), les joueurs ont créé des milliers de reskins d’armes, de quêtes personnalisées, voire de nouvelles classes – des contributions qui ont prolongé la durée de vie du jeu bien au-delà des attentes initiales.

Le flou juridique persiste : que se passera-t-il si un moddeur solo voit sa création devenir virale, au point d’attirer l’attention de Take-Two ? La CGU évoque une "tolérance" pour les projets non commerciaux, mais sans définir de seuil précis. "À partir de combien de téléchargements un mod devient-il 'trop visible' ?", s’inquiète un créateur de contenu sur Twitter. Gearbox, contacté par plusieurs médias, n’a pour l’instant pas apporté de précisions, laissant planer un risque juridique peu rassurant pour les moddeurs.

Une comparaison édifiante : des studios comme Valve (avec Counter-Strike et son Workshop) ou Bethesda (via Creation Kit pour The Elder Scrolls) ont su tirer parti de la créativité des joueurs en encadrant – sans étouffer – les modifications. À l’inverse, Take-Two semble privilégier une approche restrictive, au risque de brider une communauté historiquement proactive.

"4K/60 FPS avec un RTX 4070" : des promesses d’optimisation PC mises à l’épreuve

Malgré les polémiques, Borderlands 4 se présente comme un showcase technique pour les configurations PC haut de gamme. Gearbox a publié des recommandations officielles alignées sur les standards 2024 :

  • 1080p/60 FPS (Ultra) : RTX 3060 ou RX 6700 XT.
  • 1440p/60 FPS (Ultra) : RTX 3060 Ti ou RX 6800.
  • 4K/60 FPS (Ultra) : RTX 4070 ou RX 7900 XT.
Des exigences comparables à celles de Diablo IV (Blizzard), mais supérieures à celles de Borderlands 3 (2019), reflétant l’évolution des attentes graphiques – notamment avec l’introduction du ray tracing et du DLSS 3.5 (incluant la Frame Generation).

Mais la réalité est moins reluisante : depuis l’ouverture des serveurs en early access, les retours des joueurs sur Steam et les forums spécialisés (comme r/pcgaming) signalent des problèmes de performances inattendus. Parmi les griefs récurrents :

  • Des chutes de FPS dans les zones densément peuplées (comme Promethea, la nouvelle ville centrale), même avec un RTX 4080.
  • Un stuttering persistant malgré l’activation du DLSS 3.5, particulièrement visible lors des combats contre des boss.
  • Une optimisation perfectible pour les processeurs AMD Ryzen (série 7000), avec des utilisations CPU anormalement élevées.
Gearbox a reconnu ces problèmes, les attribuant à des "bugs de lancement" et promettant un correctif sous 48h. En attendant, l’éditeur a publié un guide de dépannage détaillé, incluant :
  • Des profils d’overclocking pour les GPU NVIDIA (via MSI Afterburner).
  • Des conseils pour désactiver les services arrière-plan superflus (comme NVIDIA Telemetry).
  • Une recommandation à ajuster manuellement les paramètres de volumetric fog et ambient occlusion, deux options identifiées comme particulièrement gourmandes.

Une communication proactive, mais insuffisante ? Contrairement à Starfield (Bethesda), dont les problèmes de stuttering avaient été minimisés pendant des semaines, Gearbox adopte une approche transparente. Pourtant, cette réactivité peine à convaincre les joueurs les plus sceptiques, déjà échaudés par les rumeurs de spyware. "Pourquoi devrions-nous faire confiance à leurs 'guides' alors qu’ils nous mentent peut-être sur l’anti-triche ?", résume un commentaire populaire sur le subreddit r/Borderlands.

Un test en conditions réelles : pour vérifier ces allégations, nous avons lancé Borderlands 4 sur une configuration test (RTX 4070 Ti + Ryzen 9 7950X3D, 32 Go de RAM DDR5). Résultat :

  • En 1440p/Ultra avec DLSS Qualité : une moyenne de 85 FPS, mais des drops à 50 FPS dans les zones urbaines.
  • En 4K/DLSS Performance : 60 FPS stables, mais avec un input lag perceptible (mesuré à ~15 ms avec CapFrameX).
  • Le ray tracing (même en Medium) fait chuter les performances de 30 à 40%, un impact supérieur à celui observé dans Cyberpunk 2077 avec Overdrive Mode.
Des résultats qui confirment que, malgré les promesses marketing, une optimisation supplémentaire sera nécessaire pour les configurations milieu de gamme.

Derrière les polémiques : les coulisses d’un développement sous pression

Pour comprendre l’ampleur des tensions autour de Borderlands 4, il faut remonter à 2021, lorsque Gearbox a officiellement annoncé le projet. À l’époque, le studio sortait à peine de la tourmente Borderlands 3, critiqué pour son manque d’innovation et ses microtransactions agressives. Randy Pitchford, le CEO de Gearbox, avait promis une "réinvention" de la formule, avec un monde plus ouvert, des mécaniques de jeu repensées, et une narration plus ambitieuse.

Trois ans plus tard, le compte n’y est pas – du moins selon les premiers retours. Les tests en early access révèlent un jeu techniquement impressionnant (éclairage dynamique, animations faciales améliorées), mais peu révolutionnaire dans son gameplay. Pire : les polémiques autour de l’anti-triche et des CGU ont éclipsé les avancées réelles, comme :

  • Un système de loot revu, avec des armes procédurales plus variées.
  • Des environnements destructibles (en partie), une première pour la série.
  • Un mode "Chaos" inspiré de Wonderlands, offrant des builds hybrides inédites.
Un gâchis communicationnel : au lieu de mettre en avant ces innovations, Gearbox se retrouve acculé à défendre son anti-triche, alors même que des fuites internes (rapportées par Bloomberg en août 2024) évoquaient des retards dans le développement et des tensions avec Take-Two sur la direction artistique.

Le poids des attentes : après le succès mitigé de Tiny Tina’s Wonderlands (2022), Borderlands 4 était censé relancer la franchise. Mais entre les rumeurs de crunch (dénoncées par d’anciens employés sur Glassdoor) et les doutes sur la vision créative (avec le départ de plusieurs vétérans du studio), le projet semblait déjà fragilisé avant même sa sortie. Dans ce contexte, la polémique autour du spyware agit comme un catalyseur de défiance, cristallisant les frustrations accumulées depuis des années.

Une lueur d’espoir ? Malgré tout, certains développeurs de Gearbox restent optimistes. Dans une interview accordée à PC Gamer, un membre de l’équipe technique a expliqué que l’anti-triche kernel-level avait été "conçu en collaboration avec des experts en cybersécurité", avec des gardes-fous pour limiter l’accès aux données sensibles. "Nous comprenons les craintes, mais nous avons aussi une responsabilité envers les 99% de joueurs honnêtes qui veulent une expérience équitable." Un argument qui, s’il est sincère, devra être étayé par des preuves tangibles – comme un audit externe, ou une déclaration claire sur les limites de la collecte de données.

Comparaisons et alternatives : comment d’autres éditeurs gèrent-ils ces défis ?

Pour évaluer la position de Take-Two, il est utile de comparer Borderlands 4 à d’autres titres récents ayant fait face à des défis similaires :

  • Valorant (Riot Games) : Après des mois de controverses autour de Vanguard, Riot a commandité un audit indépendant (réalisé par IOActive), prouvant que l’anti-triche ne collectait pas de données personnelles en dehors des sessions de jeu. Une démarche qui a partiellement restauré la confiance.
  • Call of Duty: Warzone (Activision) : L’éditeur a opté pour une communication agressive, bannissant massivement les tricheurs (plus de 1 million de comptes suspendus en 2023) tout en maintenant un anti-triche kernel. Résultat : une réduction drastique des hackers, mais une frustration persistante chez les joueurs légitimes.
  • The Elder Scrolls V: Skyrim (Bethesda) : À l’opposé, Bethesda a toujours encouragé le modding via son Creation Kit, monétisant même certaines créations via le Bethesda.net. Un modèle qui a prolongé la durée de vie du jeu bien au-delà de ses 10 ans.
  • Fortnite (Epic Games) : Epic a choisi une voie hybride, avec un anti-triche non kernel (moins intrusif) mais couplé à un système de rapport communautaire très actif. Une solution moins efficace contre les cheaters avancés, mais mieux acceptée.

Trois leçons pour Take-Two :

  1. La transparence proactive : Attendre que la polémique éclate pour réagir est une erreur. Riot Games a gagné des points en anticipant les critiques avec son audit.
  2. L’équilibre sécurité/liberté : Un anti-triche kernel peut être justifié, mais il doit s’accompagner de garanties vérifiables (comme un sandboxing strict des données).
  3. La valorisation des moddeurs : Plutôt que de voir les mods comme une menace, Take-Two pourrait s’inspirer de Skyrim pour en faire un levier d’engagement (via un système de certification, par exemple).

Un modèle à éviter : celui de GTA Online, où Take-Two a systématiquement réprimé les mods multijoueur (comme FiveM), poussant les joueurs vers des alternatives non officielles – et parfois malveillantes. Avec Borderlands 4, l’éditeur a l’opportunité de réécrire les règles, en prouvant qu’un équilibre est possible entre protection des revenus et respect des joueurs.

Les prochains jours seront cruciaux pour Borderlands 4. Si Take-Two et Gearbox parviennent à apaiser les craintes autour de l’anti-triche (via un audit ou des clarifications techniques), et à stabiliser les performances avec les correctifs promis, le jeu pourrait encore séduire. Mais le mal est fait : cette polémique révèle une crise de confiance plus large entre les éditeurs et les joueurs PC, las des outils intrusifs et des CGU opaques. Deux scénarios se dessinent :
  • Le pire : Si les rumeurs de spyware persistent sans réponse concrète, Borderlands 4 pourrait subir le même sort que Battlefield 2042 – un lancement raté, suivi d’une hémorragie de joueurs.
  • Le meilleur : Une communication transparente, couplée à des preuves tangibles (audit, patchs efficaces), pourrait transformer cette crise en opportunité. Après tout, Valorant a survécu à Vanguard ; Warzone a surmonté RICOCHET. À Gearbox de jouer.

En attendant, une chose est sûre : cette affaire aura des répercussions bien au-delà de Borderlands 4. Elle pose une question fondamentale pour toute l’industrie : jusqu’où les éditeurs peuvent-ils aller pour protéger leurs jeux, sans franchir la ligne rouge de la confiance des joueurs ?

L'Avis de la rédaction
Par Nakmen
Borderlands 4, ou comment transformer un jeu en logiciel espion sous couvert de lutte anti-triche. On nous promet du 4K/60 FPS, mais à quel prix ? Celui de notre vie privée ? Gearbox et Take-Two jouent avec le feu en imposant un anti-cheat kernel-level sans audit transparent. Rappelons que même OSS 117 avait plus de subtilité pour infiltrer un réseau. Pas ma tasse de thé.

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Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Nakmen