Il y a 41 jours
Bryan Singer : Le retour explosif d’un cinéaste maudit avec un drame historique secret
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Un cinéaste sulfureux resurgit avec un projet aussi ambitieux que risqué
Après cinq années d’absence forcée, Bryan Singer – l’homme derrière les X-Men et l’une des figures les plus controversées d’Hollywood – refait surface avec un drame historique secret tourné en Grèce en 2023. Centré sur la guerre du Liban des années 1980 à travers le prisme d’une relation père-fils, ce film non titré, porté par Jon Voight (*Mission: Impossible*), promet une fresque politique brutale et une qualité technique irréprochable – comparée à des œuvres comme *1917* ou *The Hurt Locker*. Pourtant, entre le passé judiciaire du réalisateur, un sujet géopolitique ultra-sensible et des distributeurs frileux, ce retour s’annonce comme un parcours du combattant… à l’image de son créateur.
A retenir :
- Un tournage clandestin : Bryan Singer a réalisé son nouveau film dans le plus grand secret en Grèce (2023), sans annonce officielle ni titre dévoilé.
- Un casting prestigieux et engagé : Jon Voight (*Midnight Cowboy*, *Mission: Impossible*) incarne le père, aux côtés d’un réalisateur israélien, Yariv Horovitz (*Rock the Casbah*), dont le rôle reste mystérieux.
- Un sujet explosif : le film plonge dans les zones d’ombre de la guerre du Liban (1982), avec une critique frontale de l’armée israélienne – un angle rare au cinéma.
- Une qualité technique saluée : *Variety* évoque un montage *"d’une précision chirurgicale"*, proche des standards d’un Mendes (*1917*) ou d’un Nolan (*Dunkerque*).
- Un avenir incertain : entre polémiques #MeToo, sujet politique brûlant et distributeurs réticents, le film pourrait atterrir sur Netflix ou Amazon… ou disparaître dans les limbes.
- Un réalisateur clivant : entre génie visuel (les *X-Men*, *Usual Suspects*) et accusations graves, Singer reste une figure maudite mais fascinante du cinéma contemporain.
- Un potentiel "film événement" : si le projet voit le jour, il pourrait diviser la critique, à l’image de *The Mauritanian* (2021) ou *The Report* (2019).
L’homme qui tombait à pic… ou pas
Il était une fois un réalisateur capable de révolutionner le cinéma de super-héros avec *X-Men* (2000), de signer un thriller culte comme *The Usual Suspects* (1995), et de faire trembler Hollywood avec des budgets pharaoniques et des ego surdimensionnés. Puis, les accusations ont commencé à pleuvoir : agressions, harcèlement, affaires judiciaires étouffées… Bryan Singer est devenu l’archétype du "génie maudit", un artiste dont le talent ne suffit plus à effacer les ombres.
Cinq ans après son dernier film (*Bohemian Rhapsody*, 2018, dont il fut évincé en cours de tournage), le voici de retour avec un projet aussi ambitieux qu’inattendu : un drame historique tourné dans l’ombre, en Grèce, avec une poignée d’acteurs confirmés et un sujet qui sent la poudre. Jon Voight, légende hollywoodienne, en tête d’affiche. Une intrigue centrée sur la guerre du Liban (1982), conflit méconnu du grand public mais aux répercussions géopolitiques toujours actuelles. Et surtout, une question qui brûle les lèvres : qui osera distribuer ce film ?
Un tournage fantôme et une intrigue qui dérange
D’après les informations de *Variety*, confirmées par des sources proches du projet, le tournage s’est déroulé dans la plus grande discrétion en 2023, entre Athènes et des décors reconstituant Beyrouth. Pas de communiqués de presse, pas de fuites (ou presque), juste une poignée de techniciens et d’acteurs sous contrat de confidentialité. "C’était comme tourner un film clandestin", confie un membre de l’équipe sous couvert d’anonymat.
L’intrigue ? Celle d’un père et son fils pris dans la tourmente de l’invasion israélienne du Liban, avec des scènes décrivant des exactions commises par Tsahal (l’armée israélienne) – un angle rare, voire tabou, dans le cinéma occidental. "Ce n’est pas un film pro-palestinien ou anti-israélien, c’est une plongée dans l’horreur de la guerre, point", précise une source. Pourtant, le simple fait d’aborder ce conflit sous cet angle suffit à en faire un sujet explosif, surtout à l’heure où les tensions au Proche-Orient sont plus vives que jamais.
Côté casting, Jon Voight – oscarisé pour *Coming Home* (1978) et star de *Mission: Impossible* – incarne le père, rôle taillé pour son charisme à l’écran et sa capacité à jouer des personnages complexes, voire ambivalents. Mais c’est la présence de Yariv Horovitz, réalisateur israélien de *Rock the Casbah* (2013), qui intrigue. Son implication (scénariste ? consultant ?) pourrait-elle atténuer les critiques ou, au contraire, les envenimer ? "Son nom donne une légitimité au projet, mais aussi une cible supplémentaire aux détracteurs", analyse un producteur sous le sceau du secret.
"Un film techniquement parfait… mais politiquement toxique"
Les premiers retours sur le montage final, décrit comme étant d’une "précision chirurgicale" par *Variety*, sont élogieux. Photographie soignée, rythme haletant, immersion totale : le film serait visuellement proche des œuvres de Sam Mendes (*1917*) ou Christopher Nolan (*Dunkerque*), avec une tension narrative rappelant *The Hurt Locker* (Kathryn Bigelow) ou *A Prophet* (Jacques Audiard). "C’est du Singer pur jus : ambitieux, technique, et profondément sombre", résume un critique ayant vu des extraits.
Pourtant, malgré ces qualités, les distributeurs traditionnels (Studios, majors) hésitent à s’engager. La raison ? Un cocktail détonant :
- Un réalisateur "radioactif" : les accusations portées contre Singer (agressions sexuelles, harcèlement) ont fait de lui une persona non grata dans l’industrie.
- Un sujet géopolitique ultra-sensible : aborder la guerre du Liban en 2024, avec des scènes critiques envers Israël, revient à marcher sur des œufs.
- Un marché du cinéma en crise : les salles peinent à se relever post-Covid, et les films "difficiles" ont du mal à trouver leur public (*The Mauritanian*, *The Report*).
Reste une lueur d’espoir : les plateformes de streaming. Netflix, Amazon Prime ou même Apple TV+, en quête de contenus "prestige" pour leurs catalogues, pourraient voir dans ce projet un atout pour les awards. "Un film comme celui-là, s’il est bien mené, peut faire du bruit lors des Oscars… et générer des abonnements", explique un stratège marketing. Mais encore faudrait-il qu’il soit achevé, monté, et défendu – ce qui, avec Singer, n’est jamais garanti.
Singer : le retour du prodige ou l’ultime erreur ?
Difficile de parler de Bryan Singer sans évoquer son parcours chaotique. Génie précoce (il réalise *The Usual Suspects* à 29 ans), maître des blockbusters intelligents (*X-Men*, *X2*), puis enfant terrible d’Hollywood, accumulant les retards, les dépassements de budget et les scandales. Les accusations d’agressions sexuelles, notamment dans le cadre du mouvement #MeToo, ont failli mettre fin à sa carrière. Pourtant, Singer a toujours su rebondir – quitte à brûler des ponts.
Ce nouveau film, s’il voit le jour, pourrait-il être sa réhabilitation ? Certains y voient un coup de maître : un sujet fort, un casting solide, une réalisation aboutie. D’autres, un suicide artistique. "Soit c’est un chef-d’œuvre qui force le respect, soit un naufrage qui enterre définitivement sa carrière", tranche un journaliste spécialisé.
Une chose est sûre : si Singer a choisi ce projet, c’est parce qu’il sait qu’il fera parler. Entre provocation, rédemption et désespoir créatif, ce film secret pourrait bien devenir l’œuvre la plus commentée de 2024 – pour le meilleur, ou pour le pire.
Derrière l’écran : les coulisses d’un tournage sous haute tension
Tourner un film en secret, avec un réalisateur sous le feu des projecteurs médiatiques et un sujet aussi sensible, relève de l’exploit. Plusieurs anecdotes filtrent des plateaux grecs :
- Des faux noms : le projet était officiellement présenté comme un "documentaire sur la guerre" pour éviter les fuites.
- Un tournage éclair : seulement 35 jours de tournage, avec des journées de 14h pour boucler le film avant que les rumeurs ne s’amplifient.
- Jon Voight en "coach" : l’acteur aurait joué un rôle clé pour maintenir le moral de l’équipe, notamment face aux tensions avec Singer.
- Un budget serré : environ 12 millions de dollars, financés par des investisseurs privés (dont certains liés au monde arabe, selon *The Hollywood Reporter*).
Et maintenant ? Trois scénarios possibles
Que peut-il advenir de ce film maudit avant même sa sortie ? Trois hypothèses :
- Le scénario "Cannes" : le film est présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2024, où il divise la critique mais attire l’attention des plateformes. Un Netflix ou un Amazon l’achète pour une sortie mondiale.
- Le scénario "Oscar" : malgré les polémiques, le film séduit les académies grâce à sa qualité technique et son audace narrative. Singer, ironie du sort, se retrouve nommé aux Oscars… sans pouvoir y assister.
- Le scénario "Disparition" : aucun distributeur ne prend le risque. Le film finit dans un coffre, comme tant d’autres projets trop dangereux. Singer, lui, disparaît à nouveau des radars.
Entre rédemption artistique et ultime scandale, le retour de Bryan Singer avec ce drame historique secret ressemble à un pari fou – celui d’un homme qui n’a plus rien à perdre, mais tout à prouver. Avec un sujet aussi explosif que la guerre du Liban, un casting de haut vol et une réalisation apparemment irréprochable, ce film a tout pour devenir l’un des événements cinématographiques de 2024… à condition qu’il trouve preneur.
Une chose est sûre : si Singer a choisi de revenir par la grande porte, c’est avec une œuvre qui ne laisse personne indifférent. Reste à savoir si le public – et l’industrie – seront prêts à lui tendre la main.