Clair Obscur: Expedition 33 – La Symphonie Vidéo-Ludique Qui Électrise la France en Moins d’Heure

L’Éclair Symphonique : Quand 45 Minutes Suffisent à Tout Vendre

Imaginez la scène : 9h00 précises, ce matin du 12 octobre 2025. Les serveurs de billetterie s’allument, et en moins de temps qu’il n’en faut pour terminer un donjon dans Expedition 33, la tournée parisienne Clair Obscur: A Painted Symphony affiche complet. 45 minutes. Un record qui laisse les organisateurs Sandfall Games et les fans entre euphorie et frustration. "On savait que la demande serait forte, mais de là à tout vendre en un temps aussi court…", confie une source proche du studio. Pour les retardataires, une poignée de places supplémentaires sera libérée ce jeudi 17 octobre – une goutte d’eau dans un océan d’attente.

Ce succès foudroyant n’est pas un hasard. Depuis sa sortie en mars 2024, Clair Obscur: Expedition 33 a marqué les esprits par son univers onirique et son système de combat tactique, mais c’est sa bande originale qui a propulsé le jeu au rang de phénomène culturel. Classée n°1 du Billboard Classical Albums en mai 2025, elle a dominé les charts pendant 6 semaines consécutives, un exploit rare pour une œuvre liée à un jeu vidéo. Le morceau Lumière, avec ses 21 millions de streams sur Spotify, est devenu un hymne générationnel, partagé massivement sur TikTok sous le hashtag #Expedition33OST.

Mais pourquoi un tel engouement ? "La musique d’Expedition 33 n’est pas juste un fond sonore, elle raconte une histoire", explique Marie-Louise Dupont, critique musicale chez Soundtrack Dream. "Chaque thème est lié à un personnage, un lieu, ou une émotion clé du jeu. Écouter L’Ombre de Soi [un autre titre phare], c’est revivre la quête de Léa, l’héroïne, et ses doutes." Une dimension narrative qui a séduit bien au-delà des joueurs, attirant des mélomanes habituellement éloignés de l’univers gaming.

2026 : L’Année Où Expedition 33 Conquiert le Monde

Si Paris a été le point de départ, l’ambition de Sandfall Games est clairement internationale. Une tournée mondiale est officiellement annoncée pour 2026, avec des rumeurs persistantes sur des dates à Londres (Royal Albert Hall), Berlin (Philharmonie), et New York (Carnegie Hall). "Nous voulons créer une expérience universelle, tout en adaptant chaque concert à la culture locale", déclare Thomas Leroy, directeur artistique de la tournée. À Berlin, par exemple, des discussions seraient en cours avec la chorale de la Radio allemande (Rundfunkchor Berlin) pour intégrer des chants en allemand dans certains morceaux.

Pourtant, des défis logistiques se dressent. Coordonner des orchestres symphoniques dans plusieurs pays, synchroniser les projections visuelles (qui incluront des extraits du jeu et des animations inédites), et gérer les attentes des fans – certains réclament déjà des concerts en Asie – ne sera pas une mince affaire. Sans compter la pression sur Alexandre "Kero" Zekri, qui devra peut-être réarranger certaines partitions pour s’adapter aux spécificités acoustiques des salles. "Chaque lieu a son âme, et la musique doit résonner avec elle", confie-t-il dans une interview accordée à GameSoundCon.

Et la France dans tout ça ? Si Paris a été la première étape, d’autres villes hexagonales pourraient être ajoutées. Lyon (avec son Auditorium Orchestre National) et Bordeaux (où la scène gaming est en plein essor) sont dans les starting-blocks. "Nous étudions toutes les options, mais rien n’est encore acté", tempère Sandfall Games. Une chose est sûre : après avoir dominé les charts, la BO d’Expedition 33 s’apprête à faire vibrer les salles – et les cœurs – à travers le monde.

Derrière les Partitions : Comment Kero Zekri a Réinventé la Musique de Jeu Vidéo

Pour comprendre l’impact de cette bande originale, il faut remonter à sa genèse. Alexandre "Kero" Zekri, connu pour son travail sur Assassin’s Creed Valhalla, a été approché par Sandfall Games dès 2022 avec une mission claire : "Créez une musique qui soit à la fois épique et intime, comme le jeu." Le résultat ? Une fusion inédite entre :

• Orchestrations classiques (violons, violoncelles, cuivres) pour les moments épiques,
• Électro atmosphérique (synthétiseurs, nappes sonores) pour les phases d’exploration,
• Chants polyphoniques (inspirés des traditions bulgares et géorgiennes) pour les scènes émotionnelles.

"J’ai voulu que chaque note raconte quelque chose", explique Kero. "Lumière, par exemple, commence par un simple piano, puis les cordes entrent progressivement, comme si le joueur découvrait un monde." Une approche qui rappelle les leitmotivs de Hans Zimmer, mais avec une touche minimaliste qui lui est propre.

Le secret de son succès ? Une collaboration étroite avec les développeurs. Contrairement à beaucoup de jeux où la musique est ajoutée a posteriori, ici, Kero a travaillé en parallèle avec l’écriture du scénario. "Quand j’ai composé L’Écho des Ombres [le thème du boss final], je connaissais déjà chaque détail de l’affrontement, explique-t-il. "La musique anticipe les émotions du joueur, elle ne les suit pas." Une synchronicité rare qui a valu à la BO d’être nominée aux Game Audio Network Guild Awards 2025 dans pas moins de 4 catégories.

Et deman ? Kero Zekri ne cache pas son envie d’aller plus loin. "J’aimerais explorer des collaborations avec des artistes locaux pour chaque ville de la tournée. Imaginez Lumière réinterprétée avec des instruments traditionnels japonais à Tokyo, ou des percussions africaines à Johannesburg." Une idée qui, si elle se concrétise, pourrait faire de cette tournée bien plus qu’un simple concert – une célébration mondiale de la diversité musicale.

Immersion Totale : Quand le Jeu Devient Concert (et Vice Versa)

Assister à Clair Obscur: A Painted Symphony, ce n’est pas juste écouter de la musique. C’est plonger dans l’univers du jeu. Grâce à un système de projections 3D développé en partenariat avec Ubisoft Motion Pictures, les spectateurs verront défiler :

• Des cinématiques inédites créées pour l’occasion,
• Des extraits de gameplay synchronisés avec la musique,
• Des animations abstraites représentant les thèmes clés du jeu (comme la dualité lumière/obscurité).

"Nous voulons que le public ressente ce que les joueurs ont vécu", explique Élodie Martin, responsable des effets visuels. "Quand les violons montent dans La Chute d’Icare, des feux d’artifice numériques explosent à l’écran. C’est une expérience sensorielle complète."

Mais est-ce que ça marche ? Les premières répétitions, menées avec l’Orchestre National d’Île-de-France, ont laissé les invités sans voix. "J’ai eu des frissons quand les chœurs sont entrés dans Le Chant des Exilés", témoigne Jérémie L., un bêta-testeur présent. "C’était comme revivre le jeu, mais en mieux." Preuve que le pari de Sandfall Games – transformer une BO en spectacle vivant – est en passe d’être gagné.

Un modèle pour l’avenir ? Si la tournée est un succès, elle pourrait ouvrir la voie à d’autres concerts gaming immersifs. Déjà, des rumeurs évoquent un projet similaire pour The Last of Us Part III, ou même une tournée commune entre plusieurs franchises. "Les joueurs veulent vivre leurs jeux différemment", analyse Sophie Dubois, sociologue des médias. "Expedition 33 prouve que la musique peut être ce lien émotionnel entre le virtuel et le réel."

L’Ombre au Tableau : Les Défis et Critiques de l’Aventure Symphonique

Pourtant, tout n’est pas rose dans cette symphonie parfaite. Certains puristes remettent en question le côté "trop commercial" de l’opération. "C’est bien joli, mais à 89€ la place, on est plus dans le business que dans l’art", s’agace Lucien R., un mélomane interviewé par Libération. D’autres, comme la critique Isabelle Morel, pointent un déséquilibre entre les morceaux : "Certains titres, comme L’Appel du Vide, sont sublimes, mais d’autres sonnent un peu trop génériques pour justifier un concert entier."

Autre écueil : la logistique. Organiser une tournée mondiale avec des orchestres différents à chaque étape risque de créer des inégalités de qualité. "Un orchestre philharmonique n’a pas le même son qu’un ensemble de chambre", rappelle Pierre-Yves Duval, chef d’orchestre. "Il faudra adapter les arrangements pour chaque formation, sous peine de décevoir." Sans compter les problèmes techniques : synchroniser les projections avec la musique en temps réel sera un défi de taille, surtout dans des salles aux acoustiques variables.

Enfin, la question de l’accessibilité se pose. Avec des billets à partir de 65€ (et jusqu’à 150€ pour les places VIP), beaucoup de fans, surtout les plus jeunes, pourraient être exclus de l’expérience. "J’ai 17 ans, je n’ai pas les moyens", déplore Emma T., une joueuse assidue. Sandfall Games a annoncé des tarifs réduits pour les étudiants, mais cela suffira-t-il ? "La culture devrait être accessible à tous, pas réservée à une élite", estime Nicolas F., professeur de musique.

Réponse du studio : "Nous sommes conscients de ces enjeux, et nous travaillons sur des solutions", assure Thomas Leroy. Parmi les pistes évoquées :

• Des concerts en streaming pay-per-view à prix réduit,
• Des partenariats avec des écoles de musique pour des ateliers gratuits,
• Une version "light" de la tournée dans des salles plus petites (et moins chères).

"Notre but n’est pas de monétiser à outrance, mais de créer des souvenirs", conclut-il. Une promesse qui sera scrutée de près par les fans.

Le Mot de la Fin : Quand le Virtuel Devient Réel (et Vice Versa)

Au-delà des polémiques et des défis, une chose est sûre : Clair Obscur: Expedition 33 – A Painted Symphony a déjà marqué l’histoire. Non seulement parce qu’elle a vendu ses billets en 45 minutes, ou parce que sa BO a dominé les charts classiques, mais parce qu’elle représente un changement de paradigme : et si les jeux vidéo devenaient une source majeure de culture musicale ?

"Nous ne sommes plus dans l’ère où la musique de jeu était considérée comme de la "sous-culture"", affirme Alexandre "Kero" Zekri. "Avec Expedition 33, nous avons prouvé qu’elle pouvait toucher des millions de personnes, au même titre qu’un film ou un opéra." Une vision partagée par Sandfall Games, qui voit dans cette tournée une opportunité de légitimer encore davantage l’art vidéo-ludique.

Alors, à quoi s’attendre en 2026 ? Si les répétitions parisiennes sont un indicateur, les spectateurs peuvent espérer :

• Une setlist équilibrée, mêlant morceaux épiques (La Bataille des Deux Lunes) et pièces intimistes (Le Souffle de Léa),
• Des surprises scénographiques, comme l’apparition de personnages du jeu en hologramme,
• Une interaction avec le public, via une appli dédiée permettant de voter pour des morceaux bis.

"Ce ne sera pas juste un concert, ce sera une célébration", promet Thomas Leroy. Une célébration qui, si tout va bien, réécrira les règles des bandes originales de jeux vidéo – et peut-être, à terme, celles de la musique classique elle-même.