Destiny 2 : Renegades promet de réduire la corvée du niveau de Puissance

Le Portail, ce bourreau des cœurs : comment Bungie a brisé l'équilibre de Destiny 2

Depuis le lancement d'Edge of Fate en juin 2024, le Portail – ce menu centralisé introduisant un système de scoring pour les activités – est devenu le deus ex machina de la progression dans Destiny 2. Problème : son algorithme favorisait outrageusement les nouveaux équipements (armures et armes d'Edge of Fate), reléguant au placard des années de butin méticuleusement collectionné. "Les joueurs se sentaient punis pour avoir utilisé leurs builds préférés", explique un développeur sous couvert d'anonymat. Pire, les activités historiques comme les raids de La Reine des Presages ou les donjons de La Sorcière Reine offraient des récompenses si dérisoires qu'elles en devenaient inutiles pour optimiser son niveau de Puissance.

Les données parlent d'elles-mêmes : selon Destiny Tracker, 87% des Gardiens actifs en août 2024 se concentraient exclusivement sur les activités du Portail, délaissant même les contenus narratifs comme la campagne d'Edge of Fate. "On a créé un monstre", reconnaît Luke Smith, directeur du jeu chez Bungie, lors d'un entretien avec IGN. La réaction des joueurs ne s'est pas fait attendre : le subreddit r/DestinyTheGame a vu exploser les posts tagués "#FixTheGrind", avec des joueurs partageant des captures d'écran de 100 heures de jeu pour gagner seulement +2 niveaux de Puissance.

Le pire ? Le système de tiers (1 à 5) introduit avec Edge of Fate, où un équipement Tier 1 devenait obsolète face à un Tier 5 en quelques semaines. "C'était comme si Bungie nous disait : 'Tout ce que vous avez accompli avant 2024 ne compte plus'", s'indigne Datto, streamer historique de la communauté. Les donjons, autrefois piliers de l'endgame, offraient désormais des récompenses Tier 1 ou 2, soit l'équivalent de contenu "facile" selon les standards actuels.

Face à ce tollé, Bungie a dû admettre une erreur de design : le Portail était censé simplifier la progression, pas la rendre punitive. D'où les annonces de Renegades, qui marquent un retour en arrière partiel. Mais la confiance des joueurs, elle, sera plus longue à reconstituer.

Renaissance des raids et donjons : quand le passé redevient l'avenir

La mesure phare de Renegades ? Tous les raids et donjons verront leur butin automatiquement rehaussé à Tier 3, avec les versions "épique" (comme Désert Perpétuel en mode Maître) offrant du Tier 4 ou 5. Une décision qui rappelle étrangement le "système de Puissance flexible" de Destiny 1, où les activités anciennes restaient pertinentes grâce à des mises à jour régulières. "On revient à une logique de 'contenu evergreen'", explique un designer chez Bungie, faisant référence aux mécaniques qui traversent les extensions sans devenir obsolètes.

Pour comprendre l'ampleur du changement, il faut remonter à 2019, quand Bungie a introduit les mods saisonniers avec L'Ombre du Trépas. À l'époque, les joueurs pouvaient personnaliser leur équipement via des mods liés aux saisons, mais ceux-ci expiraient après quelques mois. Résultat : une fatigue des joueurs et un sentiment de gaspillage. Avec Renegades, Bungie semble enfin avoir tiré les leçons : les armes Légendaires pourront être mises à niveau via un nouveau système (détails à venir), évitant ainsi de devoir chasser sans cesse le même fusil à pompe en Tier 5.

Autre nouveauté cruciale : la fin du "featured gear" pour la plupart des activités. Ce système, qui accordait un bonus de score aux joueurs utilisant les dernières armes/armures, sera remplacé par une liste élargie incluant tous les Exotiques. "Enfin, je pourrai ressortir mon Gjallarhorn sans me sentir handicapé !" s'enthousiasme Gladd, joueur professionnel et figure de la scène PvE. Les exceptions concerneront les activités narratives liées à Renegades (comme la nouvelle campagne), où Bungie souhaite encourager l'utilisation des nouveaux équipements thématiques.

Côté technique, les donjons bénéficieront d'un remaniement des affixes (modificateurs de difficulté) pour les rendre plus cohérents avec les standards actuels. Par exemple, le donjon La Chute du Champion (2023) verra ses ennemis ajustés pour correspondre aux niveaux de Puissance de Renegades, avec des récompenses recalibrées. Une façon de réconcilier vétérans et nouveaux joueurs, ces derniers ayant souvent du mal à trouver des groupes pour du contenu "old-gen".

Exotiques et Supers : quand Bungie répare (enfin) ses erreurs

Si le niveau de Puissance et le Portail ont volé la vedette, deux autres annonces de Renegades méritent l'attention : le gel des nerfs inutiles et le retour en grâce des Supers originels. Depuis La Sorcière Reine (2022), Bungie avait pris l'habitude d'ajuster (souvent à la baisse) les armes Exotiques et les capacités de classe sans toujours justifier ces changements. Le cas du Queensbreaker – un fusil à arc Exotique – est emblématique : nerfé à trois reprises en 2024 pour des raisons de "métagame", il est désormais temporairement restauré à sa version précédente, le temps que l'équipe réévalue sa "philosophie des ajustements".

Côté Supers, les sous-classes lancées avec Destiny 2 vanilla (2017) – comme le Foudre de l'Arc (Titan) ou le Chaos Reach (Chasseur) – vont recevoir des buffs en deux vagues. La première interviendra en octobre 2024 (via une mise à jour gratuite), et la seconde accompagnera le lancement de Renegades. "On veut que chaque Super ait sa place, que ce soit en PvE ou en Crucible", déclare un responsable du gameplay. Une promesse qui rappelle les ajustements massifs de Forsaken (2018), quand Bungie avait redonné de la viabilité aux sous-classes sous-utilisées comme le Voide du Sentinelle.

Pour les armes Exotiques, la stratégie est plus nuancée. Si les nerfs "non critiques" sont gelés, Bungie maintient sa politique de restrictions ciblées pour les contenus compétitifs. Par exemple, certaines armes (comme le Lorentz Driver) pourraient être interdites lors de la course mondiale pour le premier donjon de Renegades, une tradition où les équipes s'affrontent pour terminer l'activité en premier. "On ne veut pas que la méta soit dictée par une seule arme", justifie un développeur.

Enfin, une rumeur persistante (non confirmée par Bungie) évoque le retour des Exotiques "perdus", comme le D.A.R.C.I. (fusil à impulsion) ou le Whisper of the Worm (fusil de précision), absents depuis Au-delà de la Lumière (2020). Si cette information se confirme, ce serait un coup de maître pour séduire les nostalgiques, tout en comblant les trous dans l'arsenal actuel.

Renegades et l'héritage de Star Wars : quand la fiction inspire le gameplay

Si les ajustements techniques sont cruciaux, Renegades se distingue aussi par son cadre narratif inédit, inspiré de l'univers Star Wars. Dès les premières révélations, Bungie a insisté sur l'influence des contrebandiers et mercenaires de la galaxie lointaine, très loin... Une thématique qui rappelle les arcs de Han Solo ou Boba Fett, mais aussi des jeux comme Star Wars: Outlaws (Ubisoft, 2024). "On explore les zones grises de Destiny", explique le directeur narratif, Ethan Couch, en référence aux factions neutres comme les Renégats de la Ceinture.

Concrètement, cette inspiration se traduira par :

• Un nouveau hub social : Une station spatiale inspirée de Mos Eisley, où les Gardiens pourront interagir avec des PNJ ambivalents (marchands d'armes, informateurs).
• Des quêtes "morales" : Certains choix auront un impact sur les récompenses, à l'image des systèmes de réputation de The Witcher 3.
• Un équipement "hors-la-loi" : Des armes et armures aux designs usés et bricolés, avec des perks uniques (ex. : bonus de dégâts contre les ennemis "corrompus").

Cette direction narrative n'est pas sans risque. En 2021, l'expansion 30e Anniversaire avait divisé la communauté avec son ton trop "léger" (mini-jeu Gjallarhorn, donjon festif). "Cette fois, on mise sur du lore sombre et adulte", promet un scénariste, évoquant des thèmes comme la trahison et la survie en marge de la Cité. Une approche qui rappelle Destiny 1 : La Chute du Roi (2015), souvent cité comme le sommet narratif de la franchise.

Côté gameplay, l'influence Star Wars se ressentira aussi dans les nouveaux ennemis : des Pirates de la Ceinture équipés de boucliers cinétiques (comme les droïdes de La Guerre des Clones), ou des Chasseurs de Primes utilisant des tactiques de guérilla. "On a étudié les combats de Mandaloriens pour les animations", révèle un animateur, soulignant l'attention portée aux mouvements réalistes (roulades, couvertures dynamiques).

L'après-Renegades : vers un Destiny 2 plus équilibré (ou un nouveau fiasco ?)

Si les annonces de Renegades sont prometteuses, la communauté reste méfiante. "On a déjà entendu ces promesses avec Edge of Fate", rappelle Ehroar, un streamer spécialisé dans les raids. Le vrai test sera la mise en œuvre : combien de temps faudra-t-il pour monter de Puissance ? Les anciennes activités seront-elles vraiment compétitives face au Portail ? Et surtout, Bungie parviendra-t-il à éviter les nerfs arbitraires qui ont miné la confiance des joueurs en 2024 ?

Un élément clé à surveiller : l'économie des ressources. Avec la possibilité de mettre à niveau les armes Légendaires, Bungie introduit une nouvelle monnaie (non détaillée). "Si c'est aussi grindy que les Nucleus de la Sorcière Reine, ça va être la révolte", prévient un modérateur de r/DestinyLore. Autre inquiétude : le déséquilibre PvP. En Crucible, les armes Tier 5 pourraient dominer le méta, forçant les joueurs à farmer des heures pour rester compétitifs.

Du côté des concurrents, l'œil est aussi rivé sur Renegades. Warframe (Digital Extremes) a récemment simplifié sa progression avec The New War, tandis qu'Anthem 2.0 (en développement) mise sur un système de butin 100% personnalisable. "Destiny 2 doit prouver qu'il peut évoluer sans aliéner ses vétérans", analyse Paul Tassi, journaliste chez Forbes. La balle est dans le camp de Bungie.

Enfin, une question persiste : et après ? Renegades est présentée comme une "expansion majeure", mais Bungie a déjà confirmé qu'un nouveau Destiny (Destiny 3 ?) est en développement. "Est-ce qu'ils vont répéter les mêmes erreurs en 2026 ?" s'interroge un ancien employé du studio sous anonymat. La réponse dépendra de la capacité de l'équipe à écouter les retours – une leçon qu'ils semblent enfin avoir apprise.