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Prey 2 : La résurrection inattendue d’un chef-d’œuvre avorté – Ce que les fuites révèlent
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Un fantôme du gaming ressuscité par des archives oubliées
Plus de **dix ans après son annulation**, Prey 2 (2011–2014) refait surface grâce à des fuites de gameplay révélant Undercity, un hub cyberpunk mêlant parkour acrobatique et combats dynamiques en FPS. Développé par Human Head Studios avec un moteur id Tech 4 modifié, ce projet ambitieux – évoquant un croisement entre Deus Ex: Human Revolution et Mirror’s Edge – fut abandonné en 2014 à cause de désaccords créatifs avec Bethesda et de problèmes budgétaires. Aujourd’hui, ces séquences filtrées relancent le débat sur les "jeux fantômes" et leur héritage potentiel, entre immersive sim et précurseur des FPS narratifs modernes.
A retenir :
- Des séquences de gameplay inédites fuitées sur YouTube, incluant une demo jouable et le niveau Undercity, avant leur suppression.
- Un mélange audacieux : parkour fluide (inspiré de Mirror’s Edge), combats FPS tactiques, et un moteur id Tech 4 poussé à ses limites pour des effets visuels avancés.
- Undercity : Une cité souterraine cyberpunk aux néons étouffants et architectures décadentes, entre Blade Runner et Deus Ex.
- Pourquoi l’annulation ? Conflits avec Bethesda, scénario trop ambitieux (chasse aux primes interstellaire + humour noir), et dépassements budgétaires récurrents.
- Les fans le comparent à d’autres "jeux maudits" comme Star Wars 1313, soulignant son potentiel de cult game inabouti.
- Son échec aurait libéré des ressources pour Prey (2017), le reboot acclamé d’Arkane Studios – mais radicalement différent.
- Rumeurs d’un système de moralité influençant les fins, à la Mass Effect, jamais finalisé.
Le retour d’un mort-vivant : quand Prey 2 hante à nouveau le web
Imaginez un jeu annulé en 2014, développé dans l’ombre pendant sept ans, puis soudainement exhumé par des vidéos volées. C’est le scénario digne d’un thriller que vit Prey 2 en ce début 2024. Les séquences, brièvement postées sur la chaîne YouTube David Halsted avant d’être effacées, montrent un titre visiblement achevé à 60-70% : une demo jouable, des segments d’Undercity (la cité souterraine promise), et un système de combat hybride entre FPS et parkour.
Pour les joueurs ayant suivi l’odyssée chaotique de Human Head Studios (fermé en 2019), ces images sont un choc électrisant. Elles révèlent un jeu qui, malgré son abandon, anticipait des mécaniques devenues populaires bien plus tard – comme l’exploration verticale de Dying Light (2015) ou les environnements interactifs de Cyberpunk 2077 (2020). Pourtant, en 2014, Bethesda enterrait définitivement le projet, préférant se concentrer sur d’autres licences. Une décision qui, aujourd’hui, semble d’autant plus incompréhensible.
*"C’était un jeu trop en avance, mais aussi trop dispersé"*, confie sous anonymat un ancien employé de Human Head. *"On voulait mélanger l’humour décalé du premier Prey avec un ton cyberpunk sombre… sans vraiment réussir à trouver l’équilibre."* Un dilemme créatif qui, combiné à des retards chroniques et un budget explosé, a scellé son sort. Pourtant, ces fuites prouvent qu’Undercity était bien réelle – et qu’elle aurait pu rivaliser avec les hub les plus mémorables du gaming.
Undercity : une cité maudite entre Blade Runner et Deus Ex
Au cœur de Prey 2 se trouvait Undercity, une mégalopole souterraine où se croisaient néons bleutés, ruelles étroites, et gratte-ciels décrépis. Les vidéos filtrées montrent un environnement d’une densité rare, où chaque recoin semblait conçu pour le parkour ou les embuscades tactiques. Les joueurs pouvaient glisser le long des murs, effectuer des sauts propulsés par la gravité, ou utiliser des gadgets futuristes (comme un pistolet à impulsion électromagnétique) pour manipuler l’environnement.
Techniquement, le jeu reposait sur une version heavily modifiée du moteur id Tech 4 (celui de Doom 3), poussé à ses limites pour gérer des effets de lumière dynamique et des ombres en temps réel. *"On a dû bidouiller le moteur pour supporter des espaces ouverts"*, explique un ancien programmeur. *"Résultat : des bugs à gogo, mais une ambiance unique."* Comparaisons obligées : l’esthétique rappelait Deus Ex: Human Revolution (2011), tandis que la mobilité acrobatique évoquait Mirror’s Edge (2008).
Mais c’est dans son design narratif que Prey 2 se distinguait. Contrairement à la station spatiale claustrophobique de Prey (2017), Undercity était un open hub où les quêtes secondaires et les choix moraux (inspirés de Mass Effect) devaient jouer un rôle clé. *"Le joueur incarnait un chasseur de primes, mais ses actions influençaient les factions et les fins"*, révèle une source proche du projet. Une ambition rare pour un FPS de l’époque – et peut-être trop complexe pour un studio déjà en difficulté.
"Un jeu fantôme de plus" : pourquoi Prey 2 fascine encore
L’histoire de Prey 2 n’est pas unique. Comme Star Wars 1313 (annulé en 2013) ou Scalebound (2014–2017), il rejoint la liste des "jeux maudits" qui hantent les forums de joueurs. Sur r/GamingLeaksAndRumours, les réactions sont unanimes : *"Ce jeu avait tout pour devenir culte"*, *"Bethesda a commis une erreur historique"*, ou encore *"C’est le Deus Ex qu’on n’a jamais eu"*.
Pourtant, son échec a peut-être sauvé Prey (2017). *"Sans l’annulation de Prey 2, Arkane n’aurait jamais eu les ressources pour leur reboot"*, analyse un journaliste spécialisé. Ironie du sort : le reboot d’Arkane Studios, salué pour son level design non-linéaire et son atmosphère angoissante, doit peut-être son existence à la chute de Human Head. Deux visions radicalement différentes – l’une urbaine et acrobatique, l’autre claustrophobe et immersive – mais liées par un même héritage : celui de la licence Prey.
Les fuites actuelles relancent une question lancinante : et si Prey 2 avait vu le jour ? Aurait-il révolutionné les immersive sims comme Dishonored (2012) ? Ou serait-il resté un jeu de niche, écrasé par la concurrence ? Une chose est sûre : ces archives numériques prouvent qu’il était bien plus qu’un simple prototype. Elles offrent un aperçu poignant de ce qui aurait pu être – et alimentent le mythe des "chefs-d’œuvre perdus" du gaming.
Derrière les fuites : le drame humain de Human Head Studios
L’histoire de Prey 2 est aussi celle d’un studio brisé. Human Head, fondé en 1997, avait connu un succès d’estime avec le premier Prey (2006), mais son ambitieux projet de suite l’a mené à sa perte. *"On a changé de moteur trois fois"*, se souvient un développeur. *"D’abord id Tech 4, puis Unreal Engine 3, puis un prototype maison… À chaque fois, on perdait des mois."*
Les tensions avec Bethesda ont achevé le studio. *"Ils voulaient un jeu linéaire, nous on rêvait d’un monde ouvert"*, résume un ancien lead designer. En 2019, après des années de difficultés, Human Head fermera ses portes, ses employés étant rachetés par Bethesda pour former Roundhouse Studios (aujourd’hui connu pour The Elder Scrolls: Blades).
Aujourd’hui, les 7 ans de développement chaotique de Prey 2 semblent presque surréalistes. 3 moteurs différents, 0 version finale, mais des centaines de gigaoctets de données qui circulent encore dans l’ombre. *"Parfois, je me demande si ces fuites ne sont pas une malédiction"*, avoue un ex-employé. *"Parce que chaque fois qu’on en parle, ça rouvre des blessures… mais aussi l’espoir fou que quelqu’un, un jour, finisse ce jeu."*
Et maintenant ? L’espoir fou d’une résurrection
Avec ces fuites, la question obsède les fans : Prey 2 pourrait-il renaître ? Techniquement, les assets existent. *"Tout est là, quelque part sur des disques durs"*, assure une source. Mais légalement, les droits appartiennent à Bethesda (devenu Microsoft après le rachat de ZeniMax en 2021).
Deux scénarios se dessinent :
- Un remake par des fans (comme Half-Life: Source ou Black Mesa), mais le projet serait colossal – et risqué juridiquement.
- Une rééditions "lost media", comme pour PT (la démo de Silent Hills), où des archives seraient officiellement leakées par Microsoft. Peu probable, mais pas impossible.
En attendant, les joueurs se contentent de spéculations et de montages vidéo reconstituant ce à quoi aurait pu ressembler le jeu. *"C’est comme pleurer sur les ruines d’un château"*, résume un streamer. *"On sait qu’il était beau, mais on ne le verra jamais en entier."*
Une chose est sûre : Prey 2 est désormais plus qu’un jeu annulé. C’est un symbole – celui des rêves brisés du gaming, mais aussi de la résilience des communautés qui refusent d’oublier. Et si ces fuites ne mènent à rien de concret, elles auront au moins accompli une chose : redonner vie, ne serait-ce que quelques instants, à un fantôme du passé.
Les images d’Undercity continueront de hanter les joueurs, comme un mirage cyberpunk disparu trop tôt. Entre désaccords créatifs, défis techniques insurmontables, et la chute d’un studio, Prey 2 incarne le destin tragique des jeux "trop ambitieux pour leur époque". Pourtant, ces fuites prouvent qu’il était bien réel – et qu’il aurait pu marquer l’histoire du FPS. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’à espérer : peut-être qu’un jour, comme un phénix numérique, ces archives oubliées renaîtront de leurs cendres.
En attendant, une question persiste : combien de Prey 2 dorment encore dans les serveurs des éditeurs ?