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Stephen King vs. Marvel/DC : "Leur violence aseptisée est une trahison du cinéma"
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Il y a 33 jours

Stephen King vs. Marvel/DC : "Leur violence aseptisée est une trahison du cinéma"

Pourquoi Stephen King déteste les films de super-héros – et ce que *La Longue Marche* (14 novembre) va changer

Le maître de l’horreur Stephen King s’en prend avec virulence aux blockbusters Marvel et DC, accusant leur violence désincarnée d’être une "masturbation visuelle" hypocrite. Alors que ces films détruisent des villes entières sans montrer une goutte de sang (pour conserver leur précieux sésame PG-13), King exige un cinéma viscéral et honnête – comme dans La Longue Marche, son adaptation à venir (14 novembre), promise sans compromis. Entre rentabilité (2,8 milliards pour Avengers: Endgame) et réalisme (619 millions pour Logan, classé R), les studios ont choisi leur camp. Mais le public est-il prêt à suivre King dans les coulisses sanglantes de ses histoires ?

A retenir :

  • Choc verbal : King qualifie les films de super-héros de *"presque pornographiques"* pour leur violence sans conséquences, comparant New York en ruines à un "théâtre d’ombres" où tout est suggéré, rien montré.
  • PG-13 vs R : Le classement PG-13 (ex. Avengers) rapporte 4 fois plus qu’un film R (ex. Logan), expliquant pourquoi Marvel évite le sang… sauf dans Deadpool, où c’est le langage (et non la violence) qui justifie la restriction.
  • La Longue Marche (14/11) : King promet un film "sans filet", fidèle à son roman où la survie se paie en souffrance visible – un pari risqué face à un public habitué aux destructions indolores.
  • James Gunn, l’exception : Son Suicide Squad (PG-13) pousse les limites du gore "acceptable", mais reste dans les clous… contrairement à Joker (R), dont l’ambiance oppressante a limité son box-office US à 335 millions.
  • Le dilemme des studios : Un film R réduit l’audience de 50%, mais John Wick prouve qu’un public adulte et fidèle existe – à condition de ne pas être un super-héros, synonyme de famille et happy end.
  • Provocation finale : Pour King, les blockbusters sont un *"parc d’attractions moralement neutre"* où la mort n’est qu’un effet spécial… alors que dans la vraie vie (et ses livres), "les cicatrices restent".

"C’est de la masturbation visuelle" : quand Stephen King attaque le cinéma des super-héros

Imaginez New York en ruines, des gratte-ciels s’effondrant comme des châteaux de cartes, des vagues de poussière avalant des milliers de vies… et pas une seule goutte de sang. Pas un cri étouffé sous les décombres, pas un corps broyé sous les gravats. Juste des explosions en CGI, propres comme un coup de balai après la fête. Pour Stephen King, ce spectacle – celui des films Marvel et DC – relève de l’"escroquerie artistique". Dans une interview au UK Times, l’écrivain n’y va pas par quatre chemins : *"Vous voyez des villes entières réduites en miettes, mais pas une trace de souffrance humaine. C’est presque pornographique."*

Le mot est lâché : pornographique. Pas au sens sexuel, bien sûr, mais dans l’idée d’une excitation visuelle sans âme, d’un frisson qui se contente de chatouiller les rétines sans jamais ébranler les consciences. Pour le père de Ça et Shining, cette violence aseptisée est une trahison du septième art. *"Si vous ne montrez pas les conséquences, à quoi bon filmer la destruction ?"*, lance-t-il, rappelant son exigence absolue lors de l’adaptation de La Longue Marche : "Pas de censure, pas de mensonge par omission."

Derrière cette critique, une philosophie du cinéma en opposition totale avec celle des studios. Marvel et DC, eux, jouent la carte de la prudenza : leurs films, classés PG-13 (déconseillés aux moins de 13 ans), évitent soigneusement tout ce qui pourrait choquer – ou pire, faire basculer le film en R (interdit aux mineurs non accompagnés). Résultat ? Des guerres intergalactiques où les lasers tranchent des armées sans laisser de cadavres, des batailles titanesques où les bâtiments s’écroulent en poussière numérique, comme dans un rêve sans réveil.

Seule exception notable : Deadpool, classé R… mais pas pour sa violence (qui reste étrangement cartoon), plutôt pour son langage fleuri et ses blagues adultes. Une ironie qui n’échappe pas à King : *"Ils acceptent les fuck, mais pas le sang. Comme si un juron était plus dangereux qu’une ville en feu sans victimes."*


// À lire aussi : Pourquoi "Logan" (R) a marqué un tournant dans les films de super-héros – sans convaincre les studios

PG-13 : la classification qui vaut des milliards (et tue le réalisme)

Derrière cette polémique, une équation financière implacable : en 2023, Avengers: Endgame (PG-13) a engendré 2,8 milliards de dollars de recettes mondiales. Dans le même temps, Logan – salué pour son audace crue et son classement R – n’a rapporté *"que"* 619 millions. Un écart qui s’explique simplement : le PG-13 ouvre les portes des salles à tous les adolescents, là où le R les en ferme plus de la moitié.

Prenez The Dark Knight (2008) : malgré son ton sombre et ses scènes de torture, Christopher Nolan a soigneusement évité le classement R, permettant au film de franchir la barre du milliard de dollars. À l’inverse, Joker (2019), avec sa violence psychologique et physique, a dû se contenter de 335 millions sur le sol américain – un score honorable, mais loin des sommets atteints par les Avengers.

Pour les studios, le choix est donc rapide et brutal : *"Préférez-vous un film qui rapporte 3 milliards et que tout le monde peut voir, ou un film qui en rapporte 1 et qui divise ?"*, résume un cadre de Disney sous couvert d’anonymat. James Gunn, réalisateur de The Suicide Squad, a tenté de pousser les limites du PG-13 avec des scènes de gore à peine suggérées… mais même lui n’a pas osé franchir le Rubicon du R. *"On m’a clairement dit : ‘Si tu veux garder ton budget, tu restes en PG-13’"*, confie-t-il.

Un dilemme moral se pose alors : et si cette violence édulcorée était en train de désensibiliser les spectateurs ? *"Quand on montre une guerre sans morts, on apprend aux gens que la guerre n’a pas de prix"*, s’alarme King. Le cinéma devient un parc d’attractions, où les enjeux sont planétaires, mais où les victimes restent invisibles.

La Longue Marche : le test ultime du "cinéma honnête"

C’est dans ce contexte que sortira, le 14 novembre, La Longue Marche – l’adaptation du roman éponyme de King, où 100 adolescents marchent jusqu’à la mort pour gagner un prix mystérieux. Contrairement aux super-héros, ici, la souffrance sera visible. *"Pas de trucages, pas de mensonges"*, promet l’écrivain, qui a exigé un contrôle total sur le tournage.

Le film sera-t-il classé R ? *"Probablement"*, sourit King. *"Mais ce n’est pas le classement qui compte, c’est l’honnêteté. Si les gens veulent voir des gamins mourir pour de vrai – pas comme des pixels, mais comme des êtres humains –, alors ils iront le voir. Sinon, ils resteront avec leurs Avengers en plastique."*

Un pari risqué, mais qui trouve des échos chez d’autres cinéastes. Darren Aronofsky (Mother!) ou David Cronenberg (Crimes of the Future) défendent eux aussi un cinéma où le corps et l’esprit paient le prix de l’histoire. *"Le public n’est pas stupide"*, insiste Cronenberg. *"Il sait faire la différence entre un spectacle vide et une expérience qui le marque."*

Reste une question : qui a raison ? Les studios, qui misent sur des recettes records avec des films sans aspérités ? Ou King, qui parie sur l’intelligence des spectateurs, prêts à accepter un cinéma plus dur, mais plus vrai ?

Super-héros vs réalisme : et si le public avait déjà choisi ?

Les chiffres semblent donner raison aux studios. Pourtant, des exceptions existent. La franchise John Wick, classée R, a transformé un budget modeste (44 millions pour le premier volet) en un phénomène culturel (460 millions pour le dernier opus). Preuve qu’un public adulte et exigeant existe.

Mais les super-héros, eux, restent prisonniers de leur ADN familial. *"Un film Marvel, c’est comme un burger chez McDonald’s"*, résume un critique du New Yorker. *"Tu sais exactement ce que tu vas manger, et ça ne te surprendra jamais."* King, lui, propose un repas à l’ail et au piment – celui qui laisser des traces, bien après la dernière bouchée.

Alors, le 14 novembre, les spectateurs oseront-ils ouvrir les yeux ? Ou préféreront-ils, une fois de plus, les fermer devant l’écran rassurant des happy ends sans cicatrices ?

Dans les coulisses : quand King a failli faire classer R… un épisode de "The Stand"

Peu de gens le savent, mais en 1994, Stephen King a failli provoquer un séisme télévisuel. Alors qu’il supervisait l’adaptation de The Stand pour ABC, il a insisté pour inclure une scène où un personnage se tire une balle dans la bouche – un suicide filmé en plan serré, avec sang et cervelle à l’écran.

*"La chaîne a paniqué"*, se souvient un technicien présent sur le plateau. *"Ils ont dit à King : ‘On ne peut pas diffuser ça à 21h !’ Il a répondu : ‘Alors diffusez-le à minuit. Ou ne le diffusez pas. Mais ne me demandez pas de mentir.’"* Finalement, la scène a été censurée, mais King a obtenu une victoire symbolique : le droit de tourner une version non édulcorée, sortie plus tard en DVD.

Cet épisode révèle une constante chez l’écrivain : le refus du compromis. Que ce soit pour The Stand, La Longue Marche, ou même Misery (dont la scène du marteau sur les chevilles a failli valoir un X au film), King se bat pour que l’horreur reste réelle. *"Si tu veux faire peur, il faut montrer la douleur. Sinon, c’est comme raconter une blague sans la chute."*

Aujourd’hui, avec La Longue Marche, il réitère son défi. Et cette fois, personne ne pourra l’arrêter.

Le 14 novembre, La Longue Marche sera bien plus qu’un film – ce sera un test grandeur nature pour le cinéma contemporain. Stephen King ne se contente pas de critiquer les super-héros : il propose une alternative radicale, où la violence a un visage, un corps, une conséquence. Face à lui, les studios de Marvel et DC continuent de miser sur des destructions indolores, des guerres sans morts, des batailles sans cicatrices. Deux visions du cinéma s’affrontent : l’une lisse et rentable, l’autre brutale et nécessaire.

Reste une question, lancinante : et si King avait raison depuis le début ? Et si, en effaçant les traces de leurs combats, les super-héros nous apprenaient, sans le vouloir, à fermer les yeux sur le monde réel ?

La réponse, peut-être, se cachera dans le silence des salles, le 14 novembre. Ou dans leur vide.

L'Avis de la rédaction
Par Celtic
*"Écoutez, les gars, si Stephen King compare vos films à une séance de *zeubi* visuel, c’est pas un compliment. Le pire ? Il a raison. Vos villes s’effondrent en confettis numériques, vos héros sauvent le monde sans même saloper leur costume, et vous appelez ça du cinéma ? Moi j’appelle ça un *screenshot* de *Fortnite* en 4K. *"La violence sans conséquences, c’est comme un burger sans viande : ça se vend, mais ça nourrit personne."* — Tonton Ben, *Les Dents de la Mer* (version bootleg).*"*

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Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Celtic