Il y a 51 jours
Superman (2025) : James Gunn frôle les 600M$, mais le DCU mise sur la synergie plutôt que sur les records
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Avec 594,5M$ en six semaines, Superman (2025) de James Gunn confirme son statut de succès nord-américain (331M$) mais peine à égaler Man of Steel (2013) à l’international. Une performance qui révèle la stratégie audacieuse du DCU : privilégier la synergie (sortie digitale liée à Peacemaker S2) et la fidélisation des fans plutôt que des records mondiaux. À l’inverse, Marvel, avec Les 4 Fantastiques (468,7M$), voit son hégémonie s’effriter – un contraste saisissant entre deux modèles.
A retenir :
- Superman (2025) à 594,5M$ en 6 semaines : 331M$ en Amérique du Nord (meilleur que Man of Steel), mais 263,5M$ à l’international (vs 379,1M$ en 2013).
- Stratégie DCU : Sortie digitale anticipée (15 août) pour capitaliser sur Peacemaker S2 (HBO Max) – un pari sur l’écosystème plutôt que sur le box-office pur.
- Comparatif Marvel : Les 4 Fantastiques (468,7M$) en difficulté, tandis que Avengers: Doomsday (2026) devra sauver la franchise.
- Deux visions opposées : Le ton léger de Gunn (DCU) vs le style épique de Snyder (Man of Steel), avec des résultats contrastés.
- Rentabilité vs blockbuster : Gunn assume un film *"rentable sans être planétaire"*, une approche réaliste pour le DCU.
Le 10 août 2025 restera une date clé pour le DC Extended Universe (DCEU) – ou plutôt le DCU, comme le rebaptise James Gunn. Avec 594,5 millions de dollars engrangés en six semaines d’exploitation, son Superman s’apprête à franchir le cap symbolique des 600M$, une performance qui, sur le papier, semble solide. Pourtant, derrière ces chiffres se cache une réalité plus nuancée : celle d’un succès à deux vitesses, porté par l’Amérique du Nord mais freiné à l’international. Et surtout, celle d’une stratégie radicalement différente de celle de son prédécesseur, Man of Steel (2013).
Un box-office contrasté : L’Amérique du Nord sauve les meubles
À première vue, les 331 millions de dollars récoltés sur le sol américain constituent une victoire éclatante pour Warner Bros. et James Gunn. Pour la première fois depuis The Dark Knight Rises (2012), un film DC dépasse la barre des 300M$ en Amérique du Nord – un exploit d’autant plus remarquable que Man of Steel, porté par Henry Cavill, n’avait "que" totalisé 291M$ dans la région. Mais l’international, lui, résiste.
Avec 263,5M$ hors États-Unis, Superman (2025) accuse un retard de 115,6M$ par rapport à son aîné. Plusieurs explications :
1. L’absence d’une star mondiale : Henry Cavill, malgré des critiques mitigées, avait une aura internationale indéniable, notamment en Europe et en Asie.
2. Un ton moins "universel" : Le film de Gunn, plus léger et humoristique, séduit moins les marchés traditionnellement attirés par les blockbusters sombres et épiques (comme la Chine, où Man of Steel avait engrangé 63M$).
3. Une concurrence accrue : L’été 2025 a vu sortir Misión Imposible: Sentencia Final (596,5M$) et Avengers: Secret Wars (1,3 Md$), captant une partie de l’attention.
Pourtant, James Gunn assume ce déséquilibre. Dans une interview accordée à Variety, il a balayé les critiques : *« Les attentes de 700M$ étaient déconnectées de la réalité. Nous avons livré un film rentable, cohérent avec notre vision, et qui prépare l’avenir du DCU. »* Une vision long-termiste, donc, où le box-office n’est qu’un indicateur parmi d’autres.
"On ne construit pas un univers en un seul film" : La stratégie écosystème du DCU
La vraie innovation de Superman (2025) ne réside pas dans ses recettes, mais dans sa stratégie de synergie. Dès le 15 août, soit seulement six semaines après sa sortie en salles, le film sera disponible en digital et VOD – une décision audacieuse, voire risquée. Pourquoi un tel choix ?
La réponse s’appelle Peacemaker. La saison 2 de la série, diffusée sur HBO Max à partir du 20 août, s’inscrit directement dans la continuité du film. En accélérant la sortie digitale, Warner Bros. mise sur un effet de halo : les fans qui auront vu (ou revu) Superman seront immédiatement plongés dans l’univers de Christopher Smith / Peacemaker, interprété par John Cena. Une manœuvre qui rappelle la stratégie de Disney+ avec WandaVision (2021) et Loki (2021), où séries et films s’entremêlent pour fidéliser l’audience.
*« C’est une façon de garder les fans engagés entre les sorties ciné »*, explique un analyste de BoxOffice Pro. *« Gunn et Safran [PDG de DC Studios] jouent la carte de la consistance plutôt que du coup d’éclat. »* Un pari qui pourrait payer : les abonnements à Max (ex-HBO Max) ont bondi de 12% depuis l’annonce de la sortie digitale, selon Samba TV.
Marvel en perte de vitesse : Le contraste saisissant avec les 4 Fantastiques
Alors que le DCU semble trouver son rythme, Marvel Studios traverse une zone de turbulence. Les 4 Fantastiques : Premiers Pas, sorti le 14 juillet, stagne à 468,7M$ après quatre semaines – un score loin des 500M$ espérés, et surtout, inférieur à celui de Superman... alors que le budget du film Marvel était 30% plus élevé (220M$ contre 185M$).
Les raisons de ce déclin ?
• Une fatigue des fans : Après Deadpool & Wolverine (1,1 Md$ en 2024), l’univers Marvel peine à innover.
• Des critiques acerbes : Les 4 Fantastiques n’a obtenu que 62% sur Rotten Tomatoes, contre 85% pour Superman.
• Un manque de cohérence : Contrairement au DCU, qui construit méthodiquement son univers, Marvel multiplie les projets sans fil conducteur clair.
*« Marvel a perdu son facteur surprise »*, résume un cadre de Disney sous couvert d’anonymat. *« Ils misaient sur la nostalgie avec les 4 Fantastiques, mais sans offrir quelque chose de nouveau. Gunn, lui, assume un ton différent et une vision claire – même si ça déplaît à certains. »*
Superman vs Man of Steel : Deux philosophies, deux héritages
Pour comprendre les performances de Superman (2025), il faut revenir à son prédécesseur. Man of Steel (2013), réalisé par Zack Snyder, était un film sombre, presque philosophique, où Superman était dépeint comme un messie tourmenté. Un choix qui avait divisé, mais qui avait séduit à l’international, notamment grâce à :
• Des scènes d’action spectaculaires (la bataille de Smallville, la destruction de Metropolis).
• Une bande originale épique signée Hans Zimmer.
• L’aura de Henry Cavill, alors en pleine ascension post-The Tudors.
James Gunn, lui, a opté pour une approche plus légère, plus "humaine". Son Superman est moins un dieu que un héros accessible, avec ses doutes et ses faiblesses. *« Je voulais un film où on a envie de passer du temps avec Clark Kent, pas seulement avec Superman »*, avait-il expliqué lors de la CinemaCon 2024. Un parti pris qui a séduit la critique (85% sur Rotten Tomatoes) mais moins le grand public international, habitué à un Superman plus "mythique".
Résultat : Un film plus rentable en Amérique du Nord (où le public est plus réceptif aux comédies et aux héros "démocratisés"), mais moins performant ailleurs. *« C’est le prix à payer pour une réinvention »*, estime Gunn. *« On ne peut pas plaire à tout le monde en même temps. »*
Et maintenant ? L’avenir du DCU et le défi Avengers: Doomsday
Avec Superman, James Gunn a posé la première pierre de son DCU. Les prochaines étapes ?
• Peacemaker S2 (août 2025) : Un test pour la synergie séries/films.
• The Authority (2026) : Un film plus sombre qui pourrait élargir l’audience internationale.
• Supergirl: Woman of Tomorrow (2027) : Un projet féminin qui mise sur la diversité.
Du côté de Marvel, tous les yeux sont tournés vers Avengers: Doomsday (mai 2026). Avec un budget estimé à 350M$, le film devra relancer la machine après les déceptions de 2024-2025. *« Si Doomsday échoue, Marvel devra revoir toute sa stratégie »*, prévient un analyste de Deadline. *« Le DCU, lui, a déjà prouvé qu’il pouvait rebondir. »*
En attendant, Superman (2025) continue sa course. Même s’il ne bat pas de records, il a accompli l’essentiel : redonner confiance dans l’avenir de DC. *« Ce n’est pas une fin, c’est un début »*, comme le dit Superman lui-même dans le film. Une phrase qui résume à elle seule la philosophie de James Gunn.