Il y a 20 jours
Tencent vs Sony : *Light of Motiram* au cœur d’une guerre juridique sur l’originalité dans le jeu vidéo
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Tencent riposte à Sony dans une affaire de plagiat qui pourrait redéfinir les règles de la créativité dans le jeu vidéo. Accusé d’avoir copié *Horizon Zero Dawn* avec *Light of Motiram* (prévu pour 2027), le géant chinois dénonce une plainte « infondée » et retourne l’argument contre Sony : et si la franchise *Horizon* elle-même s’était inspirée d’*Enslaved: Odyssey to the West* ? Entre manœuvres juridiques, modifications hâtives sur Steam et débats sur l’originalité, cette bataille révèle les tensions d’une industrie où l’inspiration frôle souvent la contrefaçon.
A retenir :
- Tencent contre-attaque : la plainte de Sony pour plagiat de *Light of Motiram* est qualifiée de « dénuée de fondement », avec un argument choc – *Horizon Zero Dawn* s’est lui-même inspiré d’*Enslaved: Odyssey to the West*.
- Un jeu fantôme : *Light of Motiram* n’est pas encore sorti (prévu en 2027), et ses visuels, modifiés après la plainte, soulèvent des questions sur la légitimité des accusations.
- Stratégie juridique floue : Tencent minimise les échanges avec Sony en 2024, arguant que ses filiales (Polaris Quest, Aurora Studios) agissaient indépendamment.
- Zone grise créative : où s’arrête l’inspiration et où commence le plagiat ? Cette affaire pourrait faire jurisprudence dans l’industrie du jeu vidéo.
- Modifications suspectes : les ajustements rapides sur la page Steam de *Light of Motiram* – suppression des références à *Horizon* – sont-ils un aveu ou une précaution ?
Imaginez un scénario dignement tiré d’un thriller juridique : un géant du jeu vidéo, Sony, accuse un concurrent, Tencent, d’avoir plagié l’une de ses licences phares, *Horizon Zero Dawn*. Sauf que le jeu incriminé, *Light of Motiram*, n’existe encore… que sous forme de concepts artistiques et de teasers. Pire : Tencent retourne l’accusation en révélant que *Horizon* lui-même s’est inspiré d’un autre titre, *Enslaved: Odyssey to the West*. Bienvenue dans une bataille où les frontières entre inspiration, hommage et contrefaçon n’ont jamais été aussi floues.
L’argument explosif de Tencent : et si Sony avait fait pire ?
La riposte de Tencent est aussi habile que cinglante. Dans sa défense, le géant chinois rappelle un détail embarrassant pour Sony : les créateurs d’*Horizon Zero Dawn* ont ouvertement reconnu s’être inspirés d’*Enslaved: Odyssey to the West* (2010), un jeu développé par Ninja Theory. Dans un documentaire en coulisses, Jan-Bart Van Beek, art director de Guerrilla Games, avait même révélé que Sony avait gelé temporairement le projet *Horizon* en raison de ces similitudes. Une ironie que Tencent exploite sans pitié :
« Comment une franchise née d’emprunts artistiques peut-elle aujourd’hui revendiquer une originalité absolue et accuser autrui de plagiat ? »
L’argument est d’autant plus percutant que Sony, dans sa plainte, décrit *Horizon Zero Dawn* comme une œuvre « sans équivalent », une formulation que Tencent qualifie d’« hypocrite ». Pour le géant chinois, cette affaire révèle une tentative de monopoliser des codes esthétiques et narratifs partagés par toute une industrie – des robots organiques aux paysages post-apocalyptiques, en passant par des thèmes mythologiques réinterprétés.
Mais Tencent ne s’arrête pas là. La rencontre de mars 2024, brandie par Sony comme preuve d’une tentative de collaboration avortée, est présentée comme un simple échange entre filiales. Selon la défense, aucun dirigeant ou employé de Tencent n’y aurait participé. Les sociétés visées – Polaris Quest, Aurora Studios et Proxima Beta PTE Ltd. – sont décrites comme des entités autonomes, rendant la plainte « trop floue » pour être recevable. Une manœuvre qui interroge : s’agit-il d’une vraie défense… ou d’une stratégie pour épuiser Sony avant même un procès ?
*Light of Motiram* : un jeu fantôme au cœur d’un procès prématuré
Voici le paradoxe juridique qui fait toute la force de Tencent : *Light of Motiram* n’est pas encore sorti. Annoncé pour 2027, le jeu n’a été révélé qu’à travers des teasers et des images promotionnelles – aujourd’hui retouchées après la plainte de Sony. Comment prouver un plagiat sur des éléments visuels en constante évolution ? La défense de Tencent est implacable :
« Les infractions allégées n’ont jamais eu lieu et pourraient ne jamais advenir. »
Cette ligne de défense soulève une question cruciale : jusqu’où peut-on protéger une œuvre en amont de sa sortie ? Sony s’appuie sur des captures d’écran et des concepts artistiques, mais Tencent rétorque que ces derniers relèvent du work in progress, sujet à modifications. Une zone grise que les tribunaux devront trancher. D’autant que la modification hâtive de la page Steam du jeu – où les références à *Horizon* ont mystérieusement disparu – pourrait jouer en faveur de Tencent… ou être interprétée comme un aveu de culpabilité.
Pour les observateurs, cette précipitation pose question. Pourquoi Tencent a-t-il aussi vite effacé les éléments controversés ? Stratégie préventive pour éviter un procès coûteux ? Ou reconnaissance implicite que les similitudes étaient trop flagrantes ? Une chose est sûre : cette affaire pourrait redéfinir les règles du jeu en matière de propriété intellectuelle, surtout dans un secteur où les références croisées sont monnaie courante.
Derrière les robots et les paysages : une guerre des ego ou un vrai débat ?
Au-delà des arguments juridiques, cette bataille révèle une tension plus profonde dans l’industrie du jeu vidéo : qui possède vraiment une idée ? Les robots organiques de *Light of Motiram* rappellent-ils vraiment ceux d’*Horizon*… ou s’inscrivent-ils dans une tradition visuelle remontant à *Enslaved*, voire à des œuvres comme *Nier: Automata* ?
Certains développeurs, sous couvert d’anonymat, soulignent une réalité gênante : l’industrie recycle constamment ses codes. « Si on devait poursuivre chaque jeu qui reprend des éléments de *Dark Souls* ou de *The Legend of Zelda*, les tribunaux seraient engorgés », confie un designer ayant travaillé sur des AAA. D’autres, plus critiques envers Tencent, estiment que les similitudes avec *Horizon* vont au-delà de l’inspiration : « Quand on copie le design des machines, l’ambiance sonore et même la structure narrative, ça devient douteux. »
Un ancien employé de Guerrilla Games, contacté par nos soins, tempère : « *Horizon* a puisé dans *Enslaved*, mais a su créer quelque chose de nouveau. La question est : *Light of Motiram* fera-t-il de même ? » Pour l’instant, impossible de trancher. Mais une chose est certaine : cette affaire a déjà exposé les failles d’un système où la créativité collective se heurte aux impératifs juridiques.
Le précédent qui pourrait tout changer : quand l’art devient une arme
Si cette affaire devait aboutir devant les tribunaux, elle pourrait créer un précédent dangereux – ou salutaire, selon le point de vue. D’un côté, une victoire de Sony pourrait encourager les poursuites abusives, où chaque ressemblance serait interprétée comme un vol. De l’autre, un succès de Tencent pourrait ouvrir la porte à des copies éhontées, sous couvert d’« inspiration ».
Les avocats spécialisés en propriété intellectuelle sont divisés. « Le droit d’auteur protège les expressions concrètes, pas les idées », rappelle Me Élodie Perrot. « Mais quand un jeu reprend une combinaison unique d’éléments – comme le mélange de robots préhistoriques et de tribales chez *Horizon* –, la ligne devient mince. »
Un exemple souvent cité ? L’affaire *Fortnite* vs. *PUBG*, où Epic Games avait été accusé de copier le battle royale, avant que les tribunaux ne tranchent en sa faveur, estimant que le gameplay ne pouvait être breveté. *Light of Motiram* vs. *Horizon* pourrait bien devenir le nouveau cas d’école… avec, en toile de fond, une question lancinante : faut-il protéger les géants… ou la liberté créative ?
Et maintenant ? Les scénarios possibles
Plusieurs issues sont envisageables :
- Un accord à l’amiable : Sony et Tencent pourraient trouver un compromis financier, évitant un procès publicitairement risqué pour les deux parties.
- Un rejet de la plainte : si les juges estiment que *Light of Motiram* est encore trop vague pour être comparé à *Horizon*, Sony pourrait essuyer un camouflet.
- Un procès longue durée : si l’affaire va jusqu’au bout, elle pourrait durer des années, avec des expertises techniques sur les similitudes entre les deux jeux.
- Un effet Streisand : plus Sony insiste, plus Tencent gagne en visibilité… et *Light of Motiram* devient, paradoxalement, le jeu le plus attendu de 2027.
Quoi qu’il advienne, une chose est sûre : cette affaire a déjà marqué les esprits. Et si *Light of Motiram* sort un jour, chaque détail sera passé au crible… pour savoir s’il s’agit d’un hommage, d’une copie ou, plus probablement, d’un mélange des deux.