Il y a 51 jours
Thunderbolts : Pourquoi l’affiche retouchée de Disney+ fait polémiquer (et ce que ça révèle sur le MCU)
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Pourquoi l’affiche des Thunderbolts sur Disney+ fait-elle autant parler ? Entre armes effacées, Taskmaster disparue et un ton adouci, les modifications du visuel original soulèvent des questions sur la stratégie de Marvel. Avec seulement 382M$ de recettes (contre 1,15Md$ pour Civil War), ce choix marketing interroge : censure familiale ou tentative de sauver un MCU en perte de vitesse ? Décryptage d’un scandale qui en dit long sur l’avenir des héros Marvel.
A retenir :
- Armes et Taskmaster effacés : L’affiche Disney+ des Thunderbolts supprime le pistolet de Yelena, le fusil de Bucky et le personnage de Taskmaster, pourtant central dans les bandes-annonces. Une censure décriée par les fans.
- 382M$ de recettes : Un score décevant pour un blockbuster MCU (budget : 180M$), loin des 1,15Md$ de Captain America: Civil War. Symptôme d’un "Marvel Fatigue" ou d’un marketing incohérent ?
- Stratégie Disney en question : Entre édulcoration forcée pour le public familial et relance sur le streaming (sortie le 27 août), Marvel tente-t-il de gommer ses échecs (The Marvels, Ant-Man 3) ?
- Un ton sombre trahi : Le film assume une violence et une ambiguïté morale rares dans le MCU… mais son affiche non. Deux poids, deux mesures qui cristallisent la colère des fans.
Quand une affiche de film devient le symbole d’une crise créative, il y a de quoi s’inquiéter. C’est pourtant ce qui arrive aux Thunderbolts, dernier blockbuster Marvel en date, dont la version retouchée pour Disney+ a déclenché une vague de critiques sans précédent. Entre armes effacées, personnage disparu et ton incohérent, ces modifications révèlent bien plus qu’un simple choix esthétique : elles exposent les doutes d’un studio en pleine recomposition, tiraillé entre son héritage "adulte" et les impératifs d’un géant familial comme Disney.
Photoshop et polémiques : Quand l’affiche des Thunderbolts devient un symbole
Tout a commencé avec un détail… qui en dit long. Sur l’affiche originale des Thunderbolts, Bucky Barnes (le Soldat de l’Hiver) brandissait son fusil emblématique, tandis que Yelena Belova (la nouvelle Veuve Noire) tenait un pistolet, rappelant leur passé violent et leur statut d’anti-héros. Sur la version Disney+, plus rien : Bucky lève un doigt en l’air comme un professeur distrait, Yelena serre le poing dans une pose vaguement déterminée, et Taskmaster – pourtant mise en avant dans les trailers – a purement et simplement disparu du cadre.
Pour les fans, c’est la goutte d’eau. "On nous vend un film sombre avec des personnages ambivalents, et on nous ressort une affiche qui ressemble à une pub pour un dessin animé", s’indigne @MCU_Theories, compte Twitter suivi par plus de 500K abonnés. Le pire ? Les scènes incriminées existent toujours dans le film : les armes sont bien présentes à l’écran, et Taskmaster, bien que reléguée à un rôle mineur, y apparaît bel et bien. Alors, pourquoi ce deux poids, deux mesures ?
Marvel a-t-il cédé à la pression de Disney pour adoucir son image auprès des familles ? La théorie est plausible. En 2016, Deadpool avait subi le même traitement pour sa diffusion sur les plateformes du groupe, ses armes étant remplacées par des… licornes. Plus récemment, les Guardians of the Galaxy ont vu leurs blasters retirés des attractions des parcs Disney. Mais contrairement à ces exemples, les Thunderbolts ne sont pas un film pour enfants. Avec son exploration de la rédemption forcée, ses trahisons et son humour noir, le film assume un ton bien plus mature que la moyenne du MCU. Effacer ses symboles, c’est trahir son ADN.
"On nous prend pour des idiots" : La colère des fans et l’hypothèse du "Marvel Fatigue"
Sur Reddit, le thread dédié à l’affiche retouchée a accumulé plus de 12 000 commentaires en 48h, avec des réactions allant de l’"incroyable manque de respect" à des mémes comparant Marvel à "un parent qui cache les couteaux avant une fête d’enfants". Mais au-delà de l’anecdote, cette polémique révèle un malaise plus profond : celui d’un public lassé par les incohérences du studio.
Avec 382 millions de dollars de recettes mondiales (pour un budget de 180M$), les Thunderbolts ne sont pas un échec financier… mais ils sont loin des standards du MCU. À titre de comparaison, Captain America: Civil War (2016), qui explorait déjà des conflits internes entre héros, avait rapporté 1,15 milliard. Pire : le film arrive après The Marvels (203M$), Ant-Man 3 (476M$) et Eternals (402M$) – une série de déceptions commerciales qui interroge.
Pourtant, les critiques étaient plutôt positives (72% sur Rotten Tomatoes), saluant un scénario plus audacieux et des dynamiques de groupe bien écrites. Alors, pourquoi ce désamour ? Deux pistes :
- Le "Marvel Fatigue" : Après 15 ans de films et séries, le public serait saturé par un univers devenu trop prévisible.
- Un marketing chaotique : Entre le renommage tardif en "Nouveaux Vengeurs", la promotion trompeuse de Taskmaster (réduite à un caméo) et ces affiches retouchées, Marvel a perdu le fil de sa narration.
"Ils ne savent plus à quel public ils s’adressent", résume Julien, 28 ans, fan de la première heure. "Soit ils assument le ton adulte, soit ils font du Spider-Man pour enfants. Mais là, c’est ni l’un ni l’autre."
Derrière l’affiche : Une crise créative qui dépasse les Thunderbolts
Cette polémique n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans une série de décisions controversées qui ont émaillé le MCU ces dernières années :
- Les reshoots à répétition : Ant-Man 3 et The Marvels ont subi des modifications de dernière minute, altérant leur cohérence.
- Les promesses non tenues : Le "Multiverse Saga" annoncé en grande pompe a été abandonné sans explication.
- L’édulcoration forcée : Les scènes post-générique de WandaVision ont été censurées sur Disney+ dans certains pays.
Pour Mark Hughes, journaliste chez Forbes et spécialiste Marvel, ces retouches sont "le symptôme d’un studio qui panique. Après les échecs récents, ils tentent de contrôler leur image à tout prix, même si ça signifie renier leurs propres choix artistiques." Une stratégie risquée, surtout à l’approche d’Avengers: Doomsday (2026), qui devra relancer la machine après cette période trouble.
Ironie de l’histoire : en voulant tout plaire à tout le monde, Marvel risque de ne plus plaire à personne. Les fans "hardcore" se sentent trahis par ces compromis, tandis que le grand public, lui, boude les salles. Résultat, le studio mise désormais sur le streaming : les Thunderbolts sortiront sur Disney+ le 27 août, avec une affiche qui, cette fois, ne choquera personne… mais ne passionnera personne non plus.
Et maintenant ? L’avenir (incertain) des Thunderbolts et du MCU
Alors, que reste-t-il des Thunderbolts après cette polémique ? Officiellement, le film doit servir de tremplin pour Avengers: Doomsday, où l’équipe devrait jouer un rôle clé. Mais avec des recettes en demi-teinte et une communication désastreuse, rien n’est moins sûr.
Trois scénarios se dessinent :
- Le sauvetage par le streaming : Si les Thunderbolts cartonnent sur Disney+, Marvel pourrait leur offrir une saison 2 sous forme de série (à l’image de Agents of SHIELD).
- L’abandon discret : Comme pour Eternals, le studio pourrait enterrer le projet sans faire de vagues, en recyclant les personnages ailleurs.
- Le reboot forcé : Avec un nouveau réalisateur (après le départ de Jake Schreier pour des "désaccords créatifs"), Marvel pourrait relancer l’équipe dans un futur Phase 6.
Une chose est sûre : cette affaire d’affiche est révélatrice des défis qui attendent le MCU. Entre l’héritage des films solo (plus sombres, plus personnels) et les impératifs d’une franchise familiale, Marvel devra choisir son camp… ou risquer de perdre les deux.
En attendant, les fans ont déjà trouvé un exutoire : les affiches alternatives. Sur les réseaux, des centaines de versions "restorées" circulent, réintégrant armes et Taskmaster. Preuve que si Marvel oublie son public, celui-ci, lui, n’a pas oublié Marvel.
Le 27 août, les Thunderbolts débarqueront sur Disney+ avec une affiche qui, espère Marvel, ne fera ni chaud ni froid. Mission accomplie ? Pas sûr. Car en gommant les aspérités de son film, le studio a aussi effacé ce qui faisait son identité : un mélange audacieux de violence, d’humour et de complexité morale.
Cette polémique pose une question simple, mais cruciale : Marvel a-t-il encore le droit d’être adulte dans un univers Disney ? La réponse déterminera peut-être l’avenir du MCU… et celui des héros que des millions de fans ont appris à aimer, armes et défauts compris.