Xbox Game Pass Ultimate : Microsoft augmente les prix et retire un avantage clé, les joueurs s’indignent

Une augmentation qui passe mal : +50 % pour le Game Pass Ultimate, mais à quel prix ?

Depuis son lancement, l’Xbox Game Pass Ultimate s’est imposé comme une référence dans l’univers du gaming, offrant un accès illimité à un catalogue de jeux en constante expansion, des exclusivités jour 1, et des avantages comme les réductions sur les achats en boutique. Pourtant, la récente annonce de Microsoft a de quoi surprendre : le géant américain augmente le tarif de son abonnement phare de 50 %, le faisant passer de **12,99 € à 19,99 € par mois** en Europe. Une hausse justifiée, selon la firme, par l’ajout de nouveaux services, dont l’intégration de Fortnite Crew (d’une valeur de 12 €/mois) et des améliorations majeures du cloud gaming.

Mais dans l’ombre de cette annonce, un détail a échappé à l’attention des médias lors de la première communication : la suppression pure et simple de la réduction de 10 % sur les Call of Duty Points et les BlackCell bundles. Un avantage qui permettait aux joueurs réguliers de la franchise d’économiser sur leurs achats de contenus additionnels (skins, passes de combat, armes cosmétiques…). Pour beaucoup, cette réduction était un argument majeur pour rester abonné au Game Pass Ultimate, surtout à l’approche de nouveaux opus comme Call of Duty: Black Ops 7.

Le timing de cette suppression est d’autant plus mal choisi qu’elle intervient en pleine bêta multijoueur de Black Ops 7, accessible depuis le 26 septembre pour les détenteurs du Game Pass Ultimate (et les précommandes). Une période où les joueurs sont traditionnellement incités à investir dans des packs de personnalisation ou des passes de combat pour préparer leur expérience en ligne. Sans la réduction habituelle, ces achats deviennent mécaniquement plus chers – un détail qui n’a pas échappé à la communauté.

"On nous prend pour des porte-monnaie" : la colère des joueurs et le symbole Mr. Krabs

Sur les réseaux sociaux, la réaction a été immédiate. Les joueurs n’ont pas hésité à comparer Microsoft à Mr. Krabs, le célèbre crabe avide de la série Bob l’Éponge, symbole d’une cupidité assumée. Les memes se multiplient, mettant en parallèle la hausse des tarifs et les 27,2 milliards de dollars de bénéfices enregistrés par Microsoft au dernier trimestre. Un chiffre astronomique, qui contraste avec la suppression d’un avantage sans contrepartie tangible pour les abonnés.

"Ils nous augmentent le prix en nous disant que c’est pour ajouter du contenu, mais en réalité, ils nous retirent un avantage qui nous faisait économiser. Où est la logique ? Et en plus, ils battent des records en Bourse… On se fait avoir en beauté."
— Un joueur sur Reddit, sous le pseudonyme "CODeurFurieux"

Le malaise est d’autant plus profond que cette décision s’inscrit dans un contexte économique tendu pour les joueurs : hausse des prix des consoles (la Xbox Series X a vu son tarif augmenter de 50 € en 2023), inflation générale, et licenciements massifs dans l’industrie (plusieurs milliers de postes supprimés chez Microsoft, Activision, et d’autres studios en 2024). Pourtant, côté actionnaires, tout va pour le mieux : Microsoft a brièvement franchi la barre des 4 000 milliards de dollars de valorisation boursière en juin 2024, devenant la deuxième entreprise au monde à atteindre ce seuil après Nvidia.

Un paradoxe qui n’échappe pas aux observateurs. Comme le souligne Julien Chièze, journaliste spécialisé dans l’économie du jeu vidéo :

"Microsoft joue sur deux tableaux : d’un côté, elle communique sur une hausse 'justifiée' par l’ajout de valeur, de l’autre, elle retire un avantage historique sans en parler. C’est une stratégie risquée, surtout quand on sait que les joueurs de Call of Duty sont parmi les plus engagés – et les plus dépensiers – de l’écosystème Xbox."

Black Ops 7 et Fortnite Crew : une équation commerciale qui ne convainc pas

Pour justifier la hausse de tarif, Microsoft mise sur l’intégration de Fortnite Crew dans le Game Pass Ultimate. Un argument qui peine à convaincre, surtout auprès des joueurs de Call of Duty. En effet, Fortnite cible principalement un public jeune et occasionnel, moins enclin aux microtransactions régulières que les vétérans de la franchise Call of Duty, habitués à investir dans des passes de combat à 10 € ou des skins à 20 €.

Le problème ? La suppression de la réduction sur les Call of Duty Points touche précisément cette catégorie de joueurs, ceux qui dépensent le plus. Pire, elle intervient alors que la bêta publique de Black Ops 7 doit s’ouvrir le 5 octobre, une période clé où les joueurs découvrent le jeu et sont incités à acheter des contenus pour personnaliser leur expérience. Sans la réduction, ces achats deviennent moins attractifs – un comble pour un éditeur qui mise justement sur les revenus récurrents des microtransactions.

À titre de comparaison, la concurrence ne se prive pas de jouer la carte des réductions :

• PlayStation Plus offre jusqu’à 20 % de réduction sur les achats en boutique pour ses abonnés Premium.
• EA Play propose des 10 % de réduction permanente sur les points FIFA/FC, en plus d’un accès anticipé aux nouveautés.
• Ubisoft+ inclut des réductions exclusives sur les DLC d’Assassin’s Creed ou Rainbow Six.

Dans ce paysage, la décision de Microsoft apparaît comme un contre-sens stratégique, surtout quand on sait que Call of Duty représente une part majeure des revenus de l’écosystème Xbox. Selon les derniers chiffres d’Activision, la franchise a généré plus de 3 milliards de dollars en 2023, dont une grande partie grâce aux microtransactions.

Derrière les chiffres : une logique financière qui interroge

Pour comprendre cette décision, il faut regarder du côté des objectifs financiers de Microsoft. Malgré des bénéfices records, la division Xbox reste moins rentable que d’autres segments du groupe (comme le cloud Azure ou les logiciels professionnels). En 2023, le gaming a représenté 15,4 milliards de dollars de revenus pour Microsoft, soit seulement 7 % de son chiffre d’affaires total. Une goutte d’eau comparée aux 211 milliards de dollars de revenus annuels du groupe.

Dans ce contexte, chaque levier pour augmenter la marge est exploité. La hausse du Game Pass Ultimate et la suppression des réductions sur les Call of Duty Points s’inscrivent dans cette logique : maximiser les revenus récurrents tout en limitant les coûts. Pourtant, le risque est réel : mécontenter une base de joueurs fidèles, surtout quand la concurrence est aussi agressive.

Un détail révélateur : selon des sources internes citées par Bloomberg, moins de 20 % des abonnés au Game Pass Ultimate utilisaient régulièrement la réduction sur les Call of Duty Points. Un chiffre qui pourrait expliquer pourquoi Microsoft a jugé ce retrait "acceptable". Mais pour les joueurs concernés – souvent les plus engagés et les plus dépensiers –, c’est une trahison.

"Ils ont fait leurs calculs : si seulement 20 % des abonnés utilisent cette réduction, autant la supprimer et augmenter le prix pour tout le monde. C’est du pur profit à court terme, sans vision long terme pour fidéliser."
— Un ancien employé de Xbox, sous couvert d’anonymat

Et maintenant ? Les joueurs ont-ils des alternatives ?

Face à cette hausse, certains joueurs envisagent de résilier leur abonnement, surtout ceux qui ne jouent pas à Fortnite et qui voient peu d’intérêt dans les autres ajouts. D’autres cherchent des solutions pour limiter la casse :

• Acheter des cartes cadeaux Xbox à prix réduit (via des sites comme Cdkeys ou Instant Gaming) pour bénéficier de crédits à moindre coût.
• Attendre les promotions : Microsoft propose parfois des offres pour le Game Pass Ultimate (ex. : 3 mois à 20 € au lieu de 60 €).
• Se tourner vers le Game Pass standard (sans les avantages Ultimate) à 9,99 €/mois, même si cela signifie perdre l’accès aux exclusivités jour 1.
• Profiter de la bêta de Black Ops 7 sans acheter de DLC, en espérant que Microsoft revienne sur sa décision (peu probable, mais pas impossible sous la pression).

Reste une question : cette hausse marquera-t-elle un tournant pour le Game Pass, ou s’agit-il d’un ajustement ponctuel ? Une chose est sûre : les joueurs, eux, n’ont pas fini de faire entendre leur mécontentement.