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Il y a 15 ans, l’idée aurait semblé folle : cette adaptation anime pourrait tout révolutionner sur le streaming
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Après l’énorme succès de One Piece sur Netflix, une nouvelle adaptation live-action se prépare : My Hero Academia. Un projet audacieux qui, il y a encore 15 ans, aurait été accueilli avec scepticisme, voire mépris, après des échecs cuisants comme Dragon Ball Evolution. Mais cette fois, le créateur du manga, Kohei Horikoshi, est étroitement impliqué, ce qui laisse entrevoir un résultat fidèle à l’esprit original.
A retenir :
- My Hero Academia rejoint la liste des adaptations live-action après le triomphe de One Piece sur Netflix, avec une approche radicalement différente des échecs passés.
- Kohei Horikoshi, créateur du manga, supervise chaque décision : scénario, casting, et respect du canon, une première dans l’histoire des adaptations anime.
- Le scénariste Jason Fuchs promet une œuvre "authentique", à la fois fidèle aux fans et accessible aux néophytes, un équilibre rare.
- L’échec de Dragon Ball Evolution (2009) et Death Note (2017) a traumatisé les fans, mais One Piece a prouvé que les adaptations live-action pouvaient fonctionner.
- Un lien inattendu entre My Hero Academia et Naruto révélé par Horikoshi, suggérant une profondeur narrative accrue pour le film.
L’héritage maudit des adaptations live-action : entre traumatismes et renaissance
Il fut un temps où le simple mot "live-action" faisait frémir les fans de manga. L’année 2009 reste gravée comme un cauchemar avec la sortie de Dragon Ball Evolution, un film si éloigné de l’esprit de l’œuvre d’Akira Toriyama qu’il en est devenu une référence en matière d’échec. Les décors cheap, les dialogues ridicules et un casting mal choisi avaient scellé le sort des adaptations pour des années. Puis vinrent Death Note (2017), où Light Yagami devenait un Américain moyen dans un Seattle pluvieux, ou encore Cowboy Bebop (2021), annulé après une saison malgré un budget pharaonique. Le traumatisme était profond : les studios semblaient incapables de capturer l’âme des animes.
Pourtant, en 2023, One Piece a brisé la malédiction. La série Netflix, portée par un respect scrupuleux du matériel original et une collaboration étroite avec Eiichiro Oda, a séduit autant les puristes que les nouveaux spectateurs. Les recettes ? Un budget conséquent (plus de 15 millions par épisode), un casting méticuleux (Iñaki Godoy en Luffy), et surtout, l’implication directe du mangaka. Résultat : une note de 8,6/10 sur IMDb et un renouvellement pour une saison 2. C’est dans ce contexte que My Hero Academia entre en scène, avec une pression énorme… mais aussi une opportunité historique.
Comme le souligne Tetsuya Nomura, designer de Final Fantasy et fin connaisseur des adaptations, dans une interview pour Famitsu : "Le succès de One Piece a prouvé que la clé réside dans l’équilibre entre fidélité et innovation. Trop coller au manga étouffe la créativité ; s’en éloigner trahit les fans. Le défi est de trouver la juste mesure." Un avis que semble partager Jason Fuchs, scénariste de My Hero Academia, comme nous le verrons plus tard.
Kohei Horikoshi, gardien du temple : quand le créateur devient co-pilote
Contrairement à la plupart des adaptations, où les mangakas sont cantonnés à un rôle de figurants (voire ignorés), Kohei Horikoshi est au cœur du processus créatif. Dans une interview exclusive pour Entertainment Weekly, Jason Fuchs (scénariste de Wonder Woman et Ice Age) a révélé une dynamique inédite : "Il n’y a ni scénario figé, ni storyboards imposés. Kohei donne son avis sur tout, d’un simple hochement de tête à des retours détaillés. Sans son feu vert, rien n’avance." Une méthode qui rappelle celle d’Oda sur One Piece, mais poussée encore plus loin.
Cette implication sans précédent s’explique par l’attachement viscéral de Horikoshi à son œuvre. My Hero Academia, lancé en 2014, est devenu un phénomène mondial avec plus de 70 millions de copies vendues (chiffres Shueisha 2023). Le manga, qui mêle super-héros et quête d’identité, a séduit par sa profondeur psychologique et son univers cohérent. "Deku n’est pas un simple héros, c’est un symbole de résilience pour des générations de lecteurs", explique Marine Lormant, spécialiste des cultures pop japonaises à l’Université de Tokyo. "Trahir cet héritage serait une catastrophe."
Horikoshi a d’ailleurs révélé un détail surprenant : les liens entre My Hero Academia et Naruto. Dans une conférence au Japan Expo 2022, il a confessé s’être inspiré de l’arc de Pain (Naruto Shippuden) pour construire le personnage de All For One, l’antagoniste majeur de la série. "La notion de sacrifice et de destin m’a obsédé. Je voulais explorer comment un jeune sans pouvoir (Deku) pouvait incarner l’espoir face à un monstre comme All For One, tout comme Naruto face à Pain." Une révélation qui donne une dimension supplémentaire au film à venir.
Techniquement, le projet est ambitieux. Selon des sources proches de Legendary Pictures (producteur), le budget serait supérieur à 100 millions de dollars, avec des effets visuels confié à Weta Digital (à l’origine des effets de Avatar et Lord of the Rings). "Nous voulons éviter le syndrome ‘low-cost’ de Dragon Ball Evolution", confie un membre de l’équipe sous couvert d’anonymat. "Les pouvoirs (ou ‘Quirks’) de My Hero Academia nécessitent une approche hybride : des prosthétiques pour les costumes, mais des effets numériques pour les capacités surhumaines."
Entre fidélité et accessibilité : le pari risqué de Jason Fuchs
Jason Fuchs, scénariste du film, a un CV impressionnant (Wonder Woman, Pan, Ice Age), mais c’est sa passion pour My Hero Academia qui a convaincu Horikoshi. "Je suis fan depuis le premier chapitre. Quand j’ai su que le projet existait, j’ai harcelé Legendary jusqu’à ce qu’ils m’écoutent", avoue-t-il dans Variety. Sa mission ? "Créer quelque chose qui respecte le canon, mais qui parle aussi à ceux qui ne connaissent pas l’univers."
Un équilibre délicat. Les fans attendent des scènes cultes (le premier combat de Deku contre Kacchan, l’affrontement contre All For One), mais une adaptation trop littérale risquerait de perdre les néophytes. Fuchs mise sur trois piliers :
- L’émotion : "Le cœur de My Hero Academia, c’est la relation entre Deku et All Might. Si on rate ça, on rate tout."
- L’action : "Les combats doivent être spectaculaires, mais crédibles. On travaille avec des chorégraphes de Hong Kong (comme pour The Matrix)."
- L’humour : "L’équilibre entre comédie et drame est essentiel. Mineta et Bakugo ne peuvent pas être des caricatures."
Pour Christophe Ferreira, rédacteur en chef d’AnimeLand, "le vrai test sera le casting. Trouver un Deku crédible (physiquement frêle mais charismatique) et un All For One terrifiant est un casse-tête. Et il ne faut pas oublier les personnages secondaires comme Shoto Todoroki, dont le dualisme feu/glace est central." Les rumeurs évoquent Jacob Elordi (Euphoria) pour All Might, mais rien n’est confirmé.
Un autre défi : la durée. Fuchs a révélé que le film couvrirait les deux premières saisons de l’anime, soit jusqu’à l’arc "Hero Killer: Stain". "On ne peut pas tout mettre, mais on veut garder l’essence : la montée en puissance de Deku, l’ombre d’All For One, et l’idée que n’importe qui peut devenir un héros." Une approche qui rappelle celle de Harry Potter à l’École des Sorciers (2001), qui avait condensé le premier livre en gardant ses moments clés.
Les leçons de One Piece : ce que My Hero Academia doit (ou ne doit pas) reproduire
Le succès de One Piece sur Netflix a établi une feuille de route pour les adaptations futures. Voici ce que My Hero Academia peut en retenir :
- ✅ L’implication du créateur : Oda a relu chaque script et validé les designs. Horikoshi fait de même.
- ✅ Un ton équilibré : One Piece évite le mélodrame tout en gardant de l’émotion. My Hero Academia devra faire de même, surtout avec des personnages comme Bakugo, dont la colère peut virer au cliché.
- ✅ Des libertés créatives assumées : One Piece a modifié certains arcs (comme celui d’Arlong) pour fluidifier l’histoire. Fuchs pourrait faire de même avec des scènes comme le Festival Sportif, trop long pour un film.
- ❌ Éviter les anachronismes : One Piece a gardé son esthétique steampunk. My Hero Academia doit conserver son style urbain futuriste, sans tomber dans un Los Angeles générique.
- ❌ Ne pas sous-estimer les méchants : Le Joker de Nolan a marqué les esprits. All For One doit être aussi mémorable.
Mais il y a des pièges à éviter. Death Note (2017) a échoué parce qu’il a occidentalisé son histoire sans comprendre son essence. "Light n’est pas un anti-héros américain, c’est un génie japonais obsédé par la justice divine", analyse Thomas Lamarre, professeur à l’Université McGill. "My Hero Academia doit rester japonais dans son âme, même si les acteurs sont occidentaux."
Un autre écueil : la surcharge d’informations. Cowboy Bebop (2021) a tenté de tout expliquer (le passé de Spike, les origines de Vicious), perdant en mystère. "My Hero Academia a un lore riche, mais le film doit se concentrer sur Deku et sa quête", prévient Fuchs. "On gardera les Quirks et UA High, mais on évitera les digressions sur la société des héros."
L’impact potentiel : un tournant pour les adaptations anime ?
Si My Hero Academia réussit, les conséquences pourraient être majeures pour l’industrie. Voici pourquoi :
- 1. Une nouvelle ère pour les live-action : Après One Piece, un deuxième succès prouverait que les adaptations peuvent être rentables ET respectueuses. Les studios pourraient enfin abandonner les projets low-cost.
- 2. Un boost pour le manga : Comme pour Attack on Titan ou Demon Slayer, un film réussi relancerait les ventes. Horikoshi a d’ailleurs prévu un arc final pour 2024-2025.
- 3. Une porte ouverte pour d’autres franchises : Jujutsu Kaisen, Chainsaw Man, ou même Berserk pourraient suivre. "Les droits de Berserk sont un casse-tête, mais si My Hero Academia marche, tout devient possible", confie un agent de Kodansha.
- 4. Un changement de perception : Les fans pourraient enfin faire confiance aux adaptations. "Après 15 ans de déceptions, One Piece et peut-être My Hero Academia ont changé la donne", estime Laurent Lefèvre, critique pour Écran Large.
Mais il reste des risques. Un échec cuisant pourrait enterrer les projets live-action pour des années. "Les studios ont une mémoire courte, mais les fans, non", rappelle Cédric Littardi, auteur de "L’Âge d’Or des Anime". "Si My Hero Academia déçoit, on retournera à la case départ."
Enfin, il y a la question de l’audience cible. Les fans hardcore seront-ils satisfaits ? Les nouveaux spectateurs accrocheront-ils ? "One Piece a réussi parce qu’il a visé les deux", note Fuchs. "Notre objectif est le même : faire un film qui plaise au fan qui a lu les 30 tomes, mais aussi à celui qui découvre Deku pour la première fois."
My Hero Academia se prépare à écrire une nouvelle page de l’histoire des adaptations live-action. Entre l’héritage maudit de Dragon Ball Evolution et l’espoir né de One Piece, le film de Jason Fuchs et Kohei Horikoshi a tout pour devenir un tournant. Avec un budget colossal, une équipe technique de haut vol (Weta Digital), et surtout, l’implication sans précédent du créateur, les ingrédients sont réunis. Pourtant, le défi reste immense : capturer l’essence d’un manga qui a marqué des millions de lecteurs, tout en séduisant un public plus large.
Si le pari est réussi, les conséquences pourraient être historiques : une renaissance des adaptations anime, une revalorisation des mangakas dans le processus créatif, et peut-être même une nouvelle ère pour le cinéma de super-héros, loin des Marvel et DC. Mais en cas d’échec, le traumatisme de 2009 resurgirait, plus fort que jamais. Une chose est sûre : 2025 sera une année décisive. En attendant, les fans peuvent se rassurer avec une certitude : contrairement à Dragon Ball Evolution, ce film ne verra pas le jour sans l’aval de Kohei Horikoshi.
Reste une question : qui incarnera Deku à l’écran ? Les rumeurs vont bon train, mais une chose est certaine – le choix sera scruté comme jamais. Après tout, comme le dit All Might : "Un héros, c’est quelqu’un qui va au-delà de ses limites." À Netflix et Legendary de prouver qu’ils en sont capables.

