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Après Mickey Mouse et Popeye, Betty Boop s’invite dans l’horreur : "Boop", le film qui va déchirer votre enfance
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Betty Boop troque ses talons hauts contre une hache : le film Boop promet de transformer l’icône des années 1930 en cauchemar sanglant. Entre vengeance misogyne et critique sociale, cette réinvention horrifique, portée par la réalisatrice Devanny Pinn, s’annonce comme l’un des projets les plus audacieux du American Film Market 2024 — et pourrait bien relancer la tendance des "dark reboots" de personnages publics.
A retenir :
- Betty Boop devient une tueuse : le film Boop réinvente l’icône en serial killer assoiffée de vengeance, avec une esthétique mêlant animation vintage et gore ultra-réaliste.
- Un casting horrifique : Devanny Pinn (Satanic) incarne Boop, entourée de Spencer Breslin (Disney’s The Kid) et Eva Hamilton (Terrifier 2), sous la direction de Jared Cohn (The Price of Revenge).
- Une critique sociale déguisée : le scénario, écrit par Jose Prendes et Josh Ridgway, utilise l’horreur pour dénoncer l’exploitation des femmes dans l’industrie du divertissement des années 1930.
- Un tournage mystérieux : tourné dans un théâtre abandonné de Los Angeles, le film mise sur des décors réels pour amplifier son atmosphère oppressante — et son budget modeste.
- La guerre des droits : alors que Betty Boop est dans le domaine public depuis 2024, le projet doit éviter les poursuites de Fleischer Studios, qui détient encore des marques déposées liées au personnage.
1930–2024 : Comment Betty Boop, symbole de séduction, est devenue une icône féministe malgré elle
Créée en 1930 par Max Fleischer et Grim Natwick, Betty Boop incarnait à l’origine une flapper espiègle, mélange de naïveté et de sensualité. Son design — robe courte, talons hauts, voix aiguë — reflétait les stéréotypes de l’époque, mais aussi une certaine liberté pour les femmes. Pourtant, derrière son sourire se cachait une réalité moins glamour : les animatrices étaient payées trois fois moins que leurs homologues masculins, et Fleischer Studios imposait des contrats draconiens. "Betty était une prison dorée", confiait en 1987 l’historienne Linda Simensky, spécialiste de l’animation classique.
Le paradoxe de Betty Boop réside dans son héritage. D’un côté, elle fut la première femme autonome du dessin animé — sans petit ami fixe, contrairement à Minnie Mouse. De l’autre, son personnage fut censuré dès 1934 par le Code Hays, qui jugeait sa tenue "trop suggestive". Une hypocrisie que le film Boop entend exploiter. "Nous montrons ce qu’on lui a volé : sa voix, son corps, son histoire", explique le scénariste Josh Ridgway dans une interview à Variety.
Le projet s’inscrit dans une tendance plus large : celle des "dark reboots" de personnages publics. Après Winnie the Pooh: Blood and Honey (2023) et Mickey’s Mouse Trap (annoncé pour 2025), Boop pousse le concept plus loin en liant horreur et critique sociale. Une stratégie risquée, mais qui pourrait séduire un public lassé des remakes nostalgiques.
Dans les coulisses de Boop : un tournage maudit et des intestins (beaucoup d’intestins)
Tourné en 20 jours dans un théâtre abandonné du quartier d’Echo Park (Los Angeles), Boop a failli ne jamais voir le jour. Le réalisateur Jared Cohn révèle que l’équipe a dû composer avec des "problèmes de moisissures et des rats gros comme des chats". Pourtant, ces conditions ont servi l’ambiance du film : "Les acteurs jouaient vraiment la peur. Pas besoin d’effets sonores pour les cris — ils étaient réels."
La scène clé du film — où Betty Boop éviscère un podcasteur avec un micro — a nécessité 12 prises et 3 litres de faux sang. "Devanny Pinn a insisté pour faire elle-même les effets de maquillage", confie le chef opérateur Mark Smith. Résultat : une séquence d’ouverture si violente qu’elle a fait s’évanouir un assistant sur le plateau.
Le budget ? 1,8 million de dollars, soit 10 fois moins qu’un blockbuster moyen. Pour compenser, l’équipe a utilisé des décors naturels (le théâtre était déjà hanté, selon les rumeurs locales) et des costumes recyclés des années 1930. Une contrainte qui a forcé la créativité : "Nous avons transformé des vieilles affiches de Betty Boop en accessoires macabres", explique la costumière Elena Ruiz.
Betty Boop vs. Fleischer Studios : la bataille juridique qui pourrait tout faire annuler
Depuis le 1er janvier 2024, Betty Boop est officiellement dans le domaine public aux États-Unis. Pourtant, Fleischer Studios — qui détient toujours des marques déposées sur son logo et sa silhouette — pourrait bloquer la sortie de Boop. "Ils ne peuvent pas interdire le personnage, mais ils peuvent attaquer pour atteinte à leur image", explique l’avocat David Fox, spécialiste du droit d’auteur.
Le précédent de Winnie the Pooh: Blood and Honey (2023) montre que les studios tolèrent ces projets… tant qu’ils ne nuisent pas à leurs propres licences. Mais Boop est différent : son ton féministe et violent pourrait être perçu comme une attaque directe contre l’héritage de Fleischer. "Si Disney avait fait ça avec Mickey, ils auraient déjà envoyé des lettres d’avocat", ironise un producteur anonyme.
Pour se protéger, l’équipe de Boop a modifié certains éléments :
- La voix de Betty est plus grave que l’originale (pour éviter les poursuites pour "copie fidèle").
- Son design inclut des cicatrices absentes des dessins animés.
- Le titre Boop (et non Betty Boop) contourne les marques déposées.
Une stratégie qui a fonctionné pour The Wolf of Snow Hollow (2020), mais qui reste risquée. "Si Fleischer décide de frapper fort, ce film pourrait finir au tribunal avant même d’arriver en salles", avertit Fox.
Pourquoi Boop pourrait devenir le film culte de 2025 (ou un fiasco absolu)
Avec son mélange d’horreur body, de critique sociale et de nostalgie pervertie, Boop a tout pour devenir un phénomène. Plusieurs facteurs jouent en sa faveur :
- L’effet "Winnie the Pooh" : le succès surprise du film horrifique (15M$ de recettes pour 100k$ de budget) a prouvé qu’il existait un marché pour ces réinventions.
- Le casting : Devanny Pinn, star montante de l’horreur indie, attire déjà une communauté fidèle.
- Le timing : sorti en octobre 2025 (prévu), le film bénéficierait de la période Halloween.
Mais les risques sont réels :
- Le public divisé : les fans de Betty Boop originale pourraient boycotter le film.
- La concurrence : Mickey’s Mouse Trap (2025) et Bambi: The Reckoning (annoncé) satureront le marché.
- La censure : la scène des intestins pourrait valoir au film un NC-17, limitant sa diffusion.
Pour Jose Prendes, scénariste, le succès dépendra de la "capacité à choquer sans tomber dans le gratuit". Un équilibre délicat, comme le prouve l’échec de The Banana Splits Movie (2019), trop timide pour les fans d’horreur, trop violent pour les nostalgiques.
L’héritage maudit des dessins animés : quand l’innocence devient une arme
Boop s’inscrit dans une lignée de projets qui détournent l’innocence pour créer de l’horreur. Cette tendance, née avec Who Framed Roger Rabbit (1988) et son sous-texte noir, a explosé avec :
- Felix the Cat’s Twisted Tales (2001) — premier dessin animé horrifique basé sur un personnage public.
- Steamboat Willie (2015, court-métrage) — Mickey Mouse en tueur psychopathe.
- I’m Not a Mouse (2022) — Minnie Mouse en victime de trafic.
Mais Boop va plus loin en liant horreur et féminisme intersectionnel. "Betty était une victime de son époque. Nous en faisons une bourreau — mais une bourreau justifiée", explique Devanny Pinn. Une approche qui rappelle Revenge (2017) ou Ready or Not (2019), où la violence féminine est cathartique.
Reste une question : cette tendance est-elle durable ? Pour Léa Morel, critique à Les Inrockuptibles, "ces films sont des symptômes d’une époque où la nostalgie est devenue toxique. On ne veut plus des héros de notre enfance — on veut les détruire pour se libérer d’eux." Une thèse que Boop pourrait illustrer… ou contredire.
Avec Boop, Betty Boop passe du statut de sex symbol des années 1930 à celui de figure vengeuse du XXIe siècle. Plus qu’un simple film d’horreur, le projet interroge notre rapport aux icônes : et si leur innocence n’avait jamais été qu’une illusion ? Entre procès potentiels, défis créatifs et enjeux sociétaux, une chose est sûre : ce film ne laissera personne indifférent.
Son sort dépendra désormais de deux facteurs : la réaction de Fleischer Studios (qui pourrait tout bloquer) et celle du public (qui devra choisir entre nostalgie et subversion). Une chose est certaine : après Boop, plus personne ne regardera les vieux dessins animés de la même manière.
À suivre lors du American Film Market 2024, où les premiers acheteurs découvriront si cette réinvention est un chef-d’œuvre… ou un cauchemar logistique.

