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Assassin’s Creed : Netflix dévoile son protagoniste mystérieux et son pari audacieux pour relancer la saga
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Netflix relance Assassin’s Creed avec une série ambitieuse : un acteur émergent, un scénario inédit et un budget pharaonique pour effacer l’échec du film de 2016. Décryptage d’un pari risqué, entre fidélité à la licence et innovation narrative.
A retenir :
- Toby Wallace, star montante de Bikeriders et The Society, incarne le héros mystérieux de la série – un choix radicalement différent de Michael Fassbender en 2016.
- Un scénario original (10M€/épisode) qui réinvente la guerre Assassins vs Templiers, avec des séquences de parkour cinématographiques inspirées des jeux.
- Les showrunners de Narcos: Mexico et Homecoming promettent une intrigue conspirationniste immersive, loin des clichés du film critiqué.
- Un parcours semé d’embûches : comment éviter les pièges de l’adaptation (manque de profondeur, rythme inégal) tout en séduisant les fans ?
- Comparaison inédite : pourquoi cette série pourrait devenir le "The Witcher" des jeux Ubisoft – ou un nouveau fiasco.
Imaginez un monde où la Renaissance italienne côtoie des complots modernes, où chaque saut périlleux depuis un clocher pourrait changer le cours de l’Histoire. C’est ce mélange enivrant que promet la série Assassin’s Creed de Netflix, enfin sortie de l’ombre après cinq ans de développement secret. Et son premier coup d’éclat ? Confier le rôle principal à Toby Wallace, un acteur australien de 29 ans dont le visage est encore méconnu du grand public. Un choix qui en dit long sur les ambitions – et les risques – de cette adaptation.
Un visage neuf pour une franchise en quête de rédemption
Exit les stars hollywoodiennes. Après l’échec cuisant du film Assassin’s Creed (2016) avec Michael Fassbender – 35% sur Rotten Tomatoes, un box-office décevant (240M$ pour un budget de 125M$) –, Netflix mise sur l’inattendu. Toby Wallace, révélé dans Bikeriders: La ley del asfalto (2024) où il incarnait un rebelle motard, et remarqué dans The Society (Netflix, 2019) pour son jeu nuancé, représente un pari osé. "Nous voulions un acteur qui puisse incarner à la fois la vulnérabilité et la détermination féroce d’un Assassin", confiait récemment une source proche de la production à Variety.
Son profil tranche avec celui de Fassbender : là où le vétéran imposait une présence écrasante, Wallace apporte une fraîcheur juvénile et une physicalité athlétique (il a suivi un entraînement intensif en parkour pour le rôle). "Il a cette capacité à passer de la douceur à la violence en une seconde, comme Ezio dans les jeux", analyse Julien Chièze, spécialiste des adaptations de jeux vidéo. Reste une question cruciale : son charisme suffira-t-il à porter une série où l’équilibre entre action et intrigue historique sera déterminant ?
Fun fact : Wallace a avoué être un fan de la franchise depuis Assassin’s Creed II (2009), mais n’avoir jamais joué à Valhalla – un détail qui a amusé les développeurs d’Ubisoft, impliqués en tant que consultants.
"Pas une adaptation, une réinvention" : le défi des showrunners
Roberto Patino (Narcos: Mexico) et David Wiener (Homecoming) ont un mot d’ordre : oublié le film de 2016. Leur série, dont le tournage a débuté en août 2024 entre l’Espagne et le Maroc, promet une intrigue inédite, tout en puisant dans les thèmes chers à la licence : la lutte entre libre arbitre et contrôle, les sociétés secrètes, et ces fameuses mémoires génétiques qui permettent de revivre le passé.
Le synopsis officiel évoque une "guerre secrète entre deux factions" – une formulation volontairement vague, mais qui rappelle la dualité Assassins/Templiers. "Nous explorons comment le pouvoir corrompt à travers les siècles, avec des personnages qui ignorent qu’ils sont des pions", explique Patino. Une approche qui rappelle The Witcher (autre adaptation réussie d’un jeu), où chaque saison explore un nouveau pan de l’univers.
Côté budget, les 10 millions d’euros par épisode (selon Deadline) permettront des décors historiques grandioses (une reconstitution de la Florence du XVᵉ siècle est prévue) et des séquences de parkour chorégraphiées par Bradley J. Fischer, coordinateur des cascades de John Wick 4. "Les fans reconnaîtront les mouvements iconiques, comme le 'leap of faith', mais avec une touche cinématographique inédite", promet-il.
Entre les jeux et la série : les pièges à éviter
L’ombre du film de 2016 plane toujours. Critiqué pour son scénario confus, ses dialogues pompeux ("Nothing is true, everything is permitted" répété ad nauseam) et son rythme inégal, il avait déçu autant les fans que les néophytes. La série devra donc naviguer entre plusieurs écueils :
- Trop fidélité = rigidité : Copier-coller les jeux (comme le film avec son Animus mal exploité) risquerait de lasser. La solution ? "Prendre des libertés, comme 'The Last of Us' avec ses personnages secondaires inédits", suggère Laura Jouve, critique chez Écran Large.
- Le syndrome "trop d’action, pas assez d’âme" : Les jeux brillent par leurs environnements immersifs et leurs personnages charismatiques (Ezio, Altaïr). La série devra trouver un équilibre, sous peine de devenir un "fast-food visuel".
- L’enjeu du "lore" : Les fans attendent des clins d’œil (la Pomme d’Éden, les First Civilization), mais les néophytes doivent comprendre l’histoire sans jouer aux jeux. Un casse-tête narratif.
Un détail révélateur : Ubisoft a imposé une clause dans le contrat stipulant que la série doit "respecter l’esprit des jeux sans en être une copie conforme". Un équilibre délicat, comme le souligne Jean-Karl Vernay, game designer sur Assassin’s Creed Origins : "Le danger, c’est de tomber dans le 'fanservice' ou, à l’inverse, de trahir ce qui fait l’identité de la franchise."
Derrière les caméras : les coulisses d’un tournage ambitieux
Le plateau de tournage, installé près de Séville, ressemble à un mélange entre un chantier archéologique et un parcours d’obstacles. Les acteurs suivent un entraînement digne des jeux : escalade, combat à l’épée, et même des cours d’italien du XVᵉ siècle pour les scènes en Florence. "Toby Wallace s’est cassé deux côtes pendant une cascade, mais il a refusé de ralentir le tournage", raconte un membre de l’équipe sous couvert d’anonymat.
Autre défi : les effets spéciaux. Contrairement aux jeux où l’Animus permet des transitions fluides entre passé et présent, la série utilise des procédés cinématographiques (filtres visuels, voix off) pour marquer ces changements. "On a testé 17 versions différentes pour la scène d’ouverture, où le héros 'plonge' dans ses souvenirs", confie un technicien.
Côté casting, les rumeurs évoquent :
- Léa Seydoux dans un rôle de Templière (non confirmé, mais son nom circule depuis des mois).
- Fahri Yardım (Barbarians) pour incarner un antagoniste charismatique.
- Une surprise : un caméo d’un personnage culte des jeux (Ezio ? Altaïr ?).
Pourquoi cette série pourrait (enfin) réussir là où le film a échoué
Trois atouts majeurs jouent en faveur de Netflix :
- Le format série : Contrairement au film (2h15 pour tout expliquer), une saison permet de développer les personnages et les intrigues secondaires. "On peut explorer la psychologie des Assassins, pas juste leurs combats", note Patino.
- L’expérience des showrunners : Wiener et Patino ont prouvé leur talent pour mêler action et profondeur psychologique (voir Homecoming ou Narcos).
- L’implication d’Ubisoft : Contrairement au film, où le studio était peu présent, ici, des écrivains des jeux (comme Darrell Gallagher, tête de Assassin’s Creed III) supervisent le scénario.
Reste un dernier défi : la date de sortie. Prévue pour fin 2025, la série arrivera après Assassin’s Creed Shadows (le nouveau jeu Ubisoft, annoncé pour novembre 2024). "Si le jeu est un succès, ça boostera la série. Sinon, ce sera un poids supplémentaire", analyse Thomas Veillet, journaliste chez JeuxVideo.com.
Une chose est sûre : avec son mélange d’action spectaculaire, de mystères historiques et d’un héros atypique, cette série a le potentiel pour devenir l’adaptation définitive d’Assassin’s Creed… ou un nouveau ratage retentissant. Les dés sont jetés.
Toby Wallace a désormais une pression immense sur les épaules : incarner un personnage qui doit à la fois séduire les 155 millions de fans des jeux (chiffres Ubisoft 2023) et conquérir un public plus large. Si la série parvient à capturer l’équilibre entre spectacle et substance qui fait le succès des jeux – ces moments où l’on se surprend à explorer une ville pendant des heures, juste pour le plaisir de l’immersion –, elle pourrait bien marquer un tournant. Sinon, elle rejoindra la longue liste des adaptations de jeux vidéo oubliées trop vite.
Une chose est certaine : après des années d’attente, Assassin’s Creed mérite enfin une adaptation à la hauteur de son univers. Et avec Netflix, les moyens sont là. Reste à voir si le talent sera au rendez-vous.

