Ball X Pit : le roguelite hybride qui explose les comptes avec 400 000 ventes en 7 jours

Un départ en trombe : quand le brick-breaker rencontre le roguelite

Imaginez un mélange entre Arkanoid, Vampire Survivors et Loop Hero, le tout boosté à l’adrénaline. C’est le pari fou de Ball X Pit, ce roguelite hybride qui défie les codes du genre. Développé par le studio indépendant Kenny Sun (connu pour son travail sur Downwell) et édité par Devolver Digital, le jeu propose une mécanique simple en apparence : détruire des briques pour récupérer des ressources, puis reconstruire sa cité futuriste, Ballbylon, entre chaque run. Mais c’est dans l’exécution que le titre se distingue.

Avec 70 unités de construction différentes, des 60 balles à fusionner et des personnages débloquables aux capacités uniques, Ball X Pit offre une profondeur stratégique rare pour un jeu aussi accessible. Les joueurs alternent entre des phases de combat effréné (où chaque balle rebondissante peut devenir une arme) et des moments de gestion tactique pour optimiser leur prochaine tentative. Résultat : une boucle de gameplay addictive, saluée par 95 % d’avis positifs sur Steam après seulement 4 000 retours.

Pour Thomas "Toma" Garry, streamer spécialisé dans les roguelites, "Ball X Pit a réussi là où d’autres ont échoué : il rend la reconstruction aussi gratifiante que l’action. On a l’impression de progresser même quand on meurt, et ça, c’est magique pour un roguelite." Un avis partagé par la communauté, qui a propulsé le jeu à la 4ᵉ place des titres les plus joués sur Steam Deck – un exploit pour un nouveau venu.

"Un jeu fait pour Twitch" : quand l’interactivité booste le buzz

Si les ventes parlent d’elles-mêmes (400 000 exemplaires en une semaine), c’est sur Twitch que Ball X Pit a véritablement explosé. Avec 1,3 million d’heures regardées et 5,6 millions de vues en replay, le titre a généré un buzz organique rare pour un jeu indépendant. La raison ? Une intégration Twitch native, permettant aux viewers d’interagir en direct avec la partie du streamer.

Concrètement, les spectateurs peuvent :

• Voter pour influencer les choix du streamer (quelle balle utiliser, quelle structure construire).
• Débloquer des bonus en temps réel via des objectifs communautaires.
• Participer à des défis qui modifient la difficulté ou les récompenses.

Une mécanique qui rappelle Twitch Plays Pokémon, mais en bien plus fluide. "C’est le premier roguelite où je me sens aussi impliqué en tant que viewer. On a l’impression de jouer à plusieurs, même si on ne tient pas la manette", explique Marine "Mimi" Dubois, modératrice pour plusieurs streamers francophones. Résultat : 1 400 joueurs ont déjà activé cette fonctionnalité, et des tournois communautaires commencent à émerger.

À titre de comparaison, Hades (l’un des roguelites les plus populaires de ces dernières années) avait mis plusieurs mois à atteindre un tel niveau d’engagement sur Twitch. Ball X Pit l’a fait en une semaine.

La recette du succès : une sortie multiplateforme (et un coup de pouce du Game Pass)

Autre facteur clé de ce démarrage fulgurant : une stratégie multiplateforme agressive. Dès le jour 1, Ball X Pit était disponible sur :

• PC (Steam, Epic Games Store).
• PS5 et Xbox Series X|S (avec une optimisation 120 FPS sur les versions next-gen).
• Nintendo Switch (et une version dédiée Switch 2 annoncée pour l’automne 2024).

Mais le vrai coup de maître, c’est son inclusion dans le Xbox Game Pass. Selon un rapport 2024 du NPD Group, 25 % des joueurs de roguelites découvrent le genre via des abonnements comme le Game Pass ou le PS Plus. En s’y intégrant dès le lancement, Ball X Pit a pu toucher une audience massive sans cannibaliser ses ventes – une équation parfaite.

Côté performances, le jeu brille aussi par son adaptation aux configurations nomades. Avec sa 4ᵉ place sur Steam Deck (devant des poids lourds comme Elden Ring ou Baldur’s Gate 3 en termes de joueurs actifs), il prouve que les roguelites peuvent séduire même en déplacement. "J’ai fait une run complète dans le métro. Le jeu est ultra-lisible même sur un petit écran, et les contrôles au pad sont impeccables", témoigne Julien, 28 ans, joueur assidu.

Derrière l’écran : Kenny Sun, l’homme qui voulait réinventer le brick-breaker

Pour comprendre l’ADN de Ball X Pit, il faut remonter à ses origines. Kenny Sun, son créateur, est un vétéran du jeu indépendant, ayant travaillé sur des titres comme Downwell ou Celeste (en tant que game designer). Son obsession ? "Créer un jeu où la destruction et la création s’équilibrent, comme dans un écosystème."

Le projet est né en 2021, lors d’un game jam où Kenny a prototypé un mélange entre brick-breaker et city-builder. "Au début, les joueurs ne comprenaient pas pourquoi ils devaient reconstruire après avoir tout cassé. Puis j’ai ajouté la narration autour de Ballbylon, cette cité en ruine qu’il faut sauver, et tout a cliqué", raconte-t-il dans une interview pour PC Gamer.

Le choix de Devolver Digital comme éditeur n’est pas anodin non plus. Connus pour leur soutien aux jeux innovants et décalés (Enter the Gungeon, The Messenger), ils ont permis à Kenny de peaufiner son concept sans pression commerciale. "Ils m’ont dit : ‘Fais le jeu que tu veux, on gère le reste.’ C’est rare dans l’industrie", confie-t-il.

Un pari risqué, mais gagnant : le budget de développement (estimé à 500 000 dollars) a été rentabilisé en moins de 48 heures grâce aux ventes et à l’engouement médiatique.

Et demain ? Contenus additionnels et esports communautaires

Avec un tel succès, la question des mises à jour se pose naturellement. Dans un AMA (Ask Me Anything) sur Reddit, Kenny Sun a confirmé que :

• Un mode coopératif (2 joueurs en local/online) est en développement.
• Des événements saisonniers avec des balles et structures inédites sont prévus.
• Une API ouverte permettra aux moddeurs de créer leurs propres niveaux.

Côté compétitif, des tournois Twitch Rivals sont déjà en discussion, avec une mécanique unique : les viewers pourraient parier des points de chaîne sur leur streamer préféré, ajoutant une couche sociale inédite.

Certains critiques, comme Jean-Kévin "JK" Laurent (rédacteur en chef de Canard PC), tempèrent cependant l’enthousiasme : "Le jeu est brillant, mais il manque encore un peu de variété dans les boss et les biomes. Si Kenny Sun veut éviter le syndrome ‘one-hit wonder’, il devra nourrir la communauté avec du contenu régulier." Un défi de taille, mais avec un tel départ, Ball X Pit a déjà toutes les cartes en main pour devenir un classique du genre.