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Battlefield 6 : L'Anticheat Radical qui Exclut des Joueurs PC – Un Prix Trop Élevé ?
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Il y a 40 jours

Battlefield 6 : L'Anticheat Radical qui Exclut des Joueurs PC – Un Prix Trop Élevé ?

Pourquoi Battlefield 6 risque de laisser des milliers de joueurs PC sur le carreau

À quelques jours de sa sortie, Battlefield 6 impose un anticheat sans compromis : Secure Boot, TPM 2.0 et disque en GPT deviennent obligatoires. Des exigences qui, selon la Steam Hardware Survey (2024), pourraient exclure 15 % des configurations PC – un chiffre alarmant pour un titre censé unifier la communauté. DICE, soutenu par EA, défend ces mesures comme une « nécessité absolue » pour éradiquer la triche, à l’image d’Activision avec Call of Duty: Black Ops 7. Pourtant, l’exemple de Warzone, où les fraudeurs persistent malgré des outils similaires, interroge : et si ce remède était pire que le mal ?

A retenir :

  • 15 % des joueurs PC pourraient être exclus à cause des exigences Secure Boot/TPM 2.0/GPT (source : Steam Hardware Survey 2024), une première pour un AAA.
  • DICE admet que ces mesures « empêcheront certains de jouer » (Christian Buhl, directeur technique), mais les juge « indispensables » après les 500 000 bannissements de Battlefield 2042 en 2023.
  • Un accès niveau noyau et un programme antitriche "robuste" sont promis, mais l’efficacité reste incertaine : Warzone (mêmes outils) compte toujours des milliers de fraudeurs actifs.
  • Contrairement à Counter-Strike 2 (VAC moins intrusif), Battlefield 6 mise sur une approche radicale, au risque de fragmenter sa base de joueurs dès le lancement.

Un Lancement sous Tension : Quand l’Anticheat Deviens un Mur

Imaginez acheter un jeu attendu depuis des années, pour découvrir que votre PC – pourtant performant – ne peut tout simplement pas le lancer. C’est le scénario qui guette des milliers de joueurs avec Battlefield 6. Contrairement à ses prédécesseurs, le titre de DICE impose désormais l’activation du Secure Boot (une fonctionnalité de sécurité du BIOS), du TPM 2.0 (module de plateforme sécurisée), et un disque système en format GPT. Des termes techniques qui, pour beaucoup, sonnent comme une barrière infranchissable.

Christian Buhl, directeur technique chez DICE, a reconnu auprès d’Eurogamer que ces contraintes « empêcheront certains de jouer » – une situation qu’il qualifie de « franchement regrettable ». Pourtant, le studio reste intransigeant : ces mesures sont présentées comme un « mal nécessaire » pour lutter contre la triche, fléau récurrent des FPS multijoueurs. Une position qui rappelle étrangement celle d’Activision avec Call of Duty: Black Ops 7, où les mêmes exigences (TPM 2.0 et Secure Boot) ont déjà suscité la polémique.

Le problème ? Selon la Steam Hardware Survey (2024), près de 15 % des configurations PC ne remplissent pas ces critères par défaut. Un chiffre qui pourrait se traduire par des centaines de milliers de joueurs exclus dès le premier jour. Pire : ces exigences touchent disproportionnellement les utilisateurs moins techniques, ceux-là mêmes qui forment souvent le cœur d’une communauté de jeu grand public.


« On nous demande de choisir entre sécurité et accessibilité. Mais à quel prix ? », s’interroge Marc L., un joueur français dont le PC (pourtant équipé d’un Ryzen 7 et d’une RTX 3060) n’est pas compatible avec le GPT. Son cas n’est pas isolé : les forums Reddit et Battlefield regorgent de témoignages similaires, où des joueurs découvrent, stupéfaits, que leur matériel – parfois haut de gamme – est incompatible sans manipulations complexes.

Derrière les Murs Techniques : La Guerre Invisible contre les Fraudeurs

Pour comprendre cette décision radicale, il faut remonter à l’été 2023, lorsque Battlefield 2042 a battu des records… de triche. Plus de 500 000 comptes bannis en quelques mois, des serveurs infestés de cheaters utilisant des aimbots et des wallhacks indétectables. Un désastre pour l’expérience de jeu, et une tache indélébile sur la réputation d’EA. Christian Buhl l’admet sans détour : « Nous sommes en guerre. Une guerre sans fin. »

La réponse de DICE ? Un système antitriche "robuste", combinant :

  • Secure Boot : empêche le chargement de logiciels non signés au démarrage, compliquant l’injection de cheats.
  • TPM 2.0 : module matériel dédié à la sécurité, utilisé pour chiffrer les données et vérifier l’intégrité du système.
  • Accès niveau noyau : l’anticheat s’exécute au plus profond du système, là où les tricheurs agissent habituellement.
  • Disque GPT : un format de partition plus sécurisé que le MBR traditionnel, moins vulnérable aux manipulations.
« Rien n’est infaillible, mais ces outils rendent la triche bien plus difficile à exécuter et plus facile à détecter », explique Buhl. Une approche qui rappelle celle de Riot Games avec Vanguard (pour Valorant), ou d’Activision avec RICOCHET (pour Call of Duty).

Pourtant, l’histoire récente montre que ces mesures ne sont pas une panacée. Malgré un arsenal similaire, Warzone reste un terrain de jeu privilégié pour les fraudeurs, avec des dizaines de milliers de comptes bannis chaque mois. « On ne gagne jamais définitivement », reconnaît Buhl – une lucidité qui contraste avec l’intransigeance des exigences imposées aux joueurs légitimes.


Le paradoxe ? Ces mesures pourraient pénaliser davantage les joueurs honnêtes que les tricheurs déterminés. « Les cheaters trouveront toujours des failles. En revanche, un joueur lambda qui ne peut pas activer Secure Boot ? Lui, il est exclu à vie », résume Thomas R., modérateur sur le subreddit r/Battlefield. Une critique qui fait écho aux débats autour de Denuv (l’anti-piratage controversé de Denuvo), souvent pointé du doigt pour ses impacts sur les performances sans garantir une protection totale.

Comparaisons Clivantes : Quand les Autres FPS Font Différemment

À l’heure où Battlefield 6 mise sur la fermeté, d’autres géants du FPS adoptent des stratégies plus nuancées. Prenons Counter-Strike 2 : Valve y utilise son VAC (Valve Anti-Cheat), un système moins intrusif qui ne nécessite ni TPM 2.0 ni Secure Boot. Résultat ? Une accessibilité maximale, au prix d’une détection parfois moins réactive. « Nous préférons bannir après coup plutôt que d’exclure des joueurs avant même qu’ils ne jouent », expliquait un porte-parole de Valve en 2023.

À l’inverse, Call of Duty: Warzone a opté pour une approche similaire à celle de Battlefield 6, avec des résultats mitigés. Malgré RICOCHET et ses exigences matérielles, le jeu reste inondé de cheaters, comme en témoignent les nombreux rapports de joueurs sur Twitter et YouTube. « Ils ont construit un mur… mais les tricheurs ont simplement acheté une échelle », ironise Jérémy "Shroud" Griner, streamer et ancien pro de CS:GO.

Alors, pourquoi DICE persiste ? La réponse tient peut-être dans les chiffres. Selon EA, les fraudes ont coûté à Battlefield 2042 près de 20 % de sa base de joueurs active en 6 mois – un hémorragie que le studio ne peut se permettre de répéter. « Si nous devons sacrifier 5 % de joueurs pour sauver 95 % de l’expérience, le calcul est vite fait », confie une source interne sous couvert d’anonymat.


Reste une question cruciale : ces 5 % (voire 15 % selon Steam) sont-ils vraiment un sacrifice acceptable ? Pour Nicolas "Gotaga" Orengo, streamer et ambassadeur EA, la réponse est non : « Un jeu qui exclut des joueurs avant même de leur donner une chance, c’est une erreur stratégique. La triche, on la combat autrement. »

Beta Ouverte : Un Aperçu des Tensions à Venir

La beta ouverte de Battlefield 6, lancée en septembre 2024, a servi de test grandeur nature pour ces mesures antitriche. Résultat ? Un succès mitigé. D’un côté, les serveurs ont enregistré des pics de fréquentation record (plus de 300 000 joueurs simultanés sur Steam), preuve d’un engouement intact. De l’autre, les forums ont explosé sous les plaintes :

  • Problèmes de compatibilité : des joueurs bloqués par des erreurs liées au TPM ou au Secure Boot.
  • Performances altérées : certains rapportent des latences accrues, possiblement liées à l’anticheat niveau noyau.
  • Manque de clarté : les messages d’erreur sont jugés trop techniques pour une aide efficace.

EA a réagi en publiant un guide détaillé pour activer manuellement ces paramètres, mais beaucoup estiment que la charge mentale imposée est déraisonnable. « Je ne devrais pas avoir à bidouiller mon BIOS pour jouer à un AAA en 2024 », s’indigne Sophie M., joueuse occasionnelle.

Pourtant, parmi les hardcore fans, l’opinion est plus nuancée. « Oui, c’est chiant. Mais si ça signifie moins de cheaters en match compétitif, je prends », tempère Alexandre "Dridri" D., joueur professionnel sur Battlefield V. Un avis qui reflète le clivage au sein de la communauté : entre ceux qui privilégient l’accessibilité et ceux qui exigent l’intégrité des parties.


Le vrai test aura lieu au lancement officiel, prévu le 18 octobre 2024. Si les chiffres de vente restent solides (les précommandes sont déjà 30 % supérieures à celles de Battlefield 2042), la rétention des joueurs sera le vrai indicateur. Car un jeu qui exclut une partie de son public dès le départ prend un risque majeur : celui de devenir élitiste, et de perdre son âme grand public.

Et Si la Solution Venait d’Ailleurs ? Les Alternatives Ignorées

Face à la polémique, certains experts interrogent : et si DICE avait trop misé sur la technologie, au détriment d’autres solutions ? Plusieurs pistes, moins intrusives, ont fait leurs preuves ailleurs :

  • L’IA comportementale : utilisée par Easy Anti-Cheat (Fortnite, Apex Legends), elle détecte les anomalies de jeu (mouvements impossibles, taux de précision surnaturels) sans exige de modifications matérielles.
  • Les serveurs dédiés renforcés : comme dans Hell Let Loose, où les admins humains complètent les outils automatisés.
  • Le "trust factor" : inspiré de CS:GO, ce système classe les joueurs selon leur historique (rapports, heures de jeu) et les regroupe avec des pairs de confiance similaire.
  • Les bannissements matériels : comme le fait Blizzard avec Overwatch 2, en bloquant les comptes et le matériel utilisé pour tricher.

« DICE a choisi la voie de la force brute. Dommage, car des solutions plus intelligentes existent », estime Julien Kaibeck, expert en cybersécurité et joueur de FPS. Pour lui, l’obsession du « zéro triche » est une illusion dangereuse : « Aucun système n’est invincible. En revanche, on peut rendre la triche si coûteuse et si risquée que ça n’en vaut plus la peine. Sans punir les joueurs honnêtes. »

Un avis partagé par Ubisoft, qui a récemment annoncé un nouvel anticheat pour Rainbow Six Siegesans exigences matérielles. « Notre priorité, c’est que 100 % de nos joueurs puissent lancer le jeu. Ensuite, on traque les fraudeurs. », déclarait un porte-parole en août 2024.


Battlefield 6 se retrouve donc à un carrefour : celui d’un choix philosophique. Privilégier la sécurité absolue (et ses exclusions collatérales), ou miser sur un équilibre plus inclusif, comme le font Valve ou Ubisoft. Dans un marché où la fidélisation est reine, ce pari pourrait s’avérer décisif – en bien comme en mal.

Le 18 octobre, Battlefield 6 franchira le pas, avec dans ses bagages un anticheat aussi ambitieux que clivant. Entre les 15 % de joueurs potentiellement exclus et les promesses d’une expérience « enfin propre », le débat fait rage. Une chose est sûre : DICE et EA ont choisi leur camp. Celui d’une sécurité radicale, quitte à sacrifier une partie de leur audience. Pourtant, l’histoire des FPS montre que la triche, comme l’hydre, repousse toujours. Warzone, Valorant, CS:GO… tous ont dû composer avec des fraudeurs, malgré des arsenaux technologiques comparables. Alors, Battlefield 6 parviendra-t-il là où les autres ont échoué ? Ou ces mesures draconiennes ne feront-elles que creuser un fossé entre les joueurs, au moment même où le titre cherche à les réunir ? Une certitude : les prochains mois seront déterminants. Si les serveurs restent propres et que les exclusions se limitent à la marge annoncée, le pari pourrait payer. Dans le cas contraire, Battlefield 6 risque de rester dans les mémoires comme le jeu qui a trop demandé… pour pas grand-chose.
L'Avis de la rédaction
Par Celtic
DICE nous vend un *Battlefield* blindé comme un coffre-fort suisse, sauf que la moitié des joueurs ont oublié la combinaison. *"On a besoin de votre TPM, c’est pour votre bien"*, qu’ils disent. Sauf que ton PC, lui, il a juste envie de jouer à la baballe, pas de passer un contrôle d’identité. **Okey**, on lutte contre les cheaters… mais à force de verrouiller la porte, on finit par enfermer les invités aussi. *"La fin justifie les moyens"*, qu’on nous sort. Sauf que quand la fin, c’est un lobby à moitié vide et des mecs qui râlent sur Reddit, la *utopie* du "jeu clean" commence à sentir le roussi. **Protip** : si ton anticheat a plus de prérequis qu’un MMO coréen, t’as peut-être merdé dans l’équation. *"Relax, c’est pour ton bien."* — **Big Brother, probablement.**

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Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Celtic