Actualité

Battlefield vers un rythme annuel ? Le pari risqué d'EA face à Call of Duty
Actualité

Il y a 51 jours

Battlefield vers un rythme annuel ? Le pari risqué d'EA face à Call of Duty

EA envisage un Battlefield annuel d’ici 2029-2030, s’inspirant du modèle Call of Duty – mais le pari est audacieux. Avec seulement 10 millions de ventes pour Battlefield 2042 (contre 30M+ pour chaque CoD), la franchise devra concilier rotation de trois studios (DICE, Ripple Effect, Criterion), limites du Frostbite Engine, et attentes d’un public exigeant (68 % privilégient la qualité, selon EA). Les bêtas prometteuses de Battlefield 6 (2025) relancent l’espoir, mais l’équation reste complexe : peut-on industrialiser l’immersion à grande échelle sans sacrifier l’ADN de la saga ?

A retenir :

  • Stratégie annuelle d’ici 2029-2030 : EA planifierait un Battlefield par an via une rotation de trois studios (DICE, Ripple Effect, Criterion), comme Call of Duty – mais avec un délai de 5 à 6 ans pour structurer la logistique (source : Insider Gaming, Michael Pachter).
  • Écart commercial abyssal : Call of Duty dépasse les 30 millions de ventes par opus (Activision Blizzard), tandis que Battlefield 2042 a peine atteint 10 millions (EA Financial Report 2022) – un risque financier majeur.
  • Le casse-tête technique : Le Frostbite Engine, malgré ses améliorations pour Battlefield 6, pourrait limiter les innovations sous un rythme annuel, à l’instar de FIFA avant son passage à Unreal Engine 5.
  • Les joueurs contre la cadence : 68 % des fans privilégient la qualité à la fréquence (enquête EA Play Live 2023), soulignant l’attachement à l’immersion et aux mécaniques de guerre à grande échelle.
  • Retour aux sources en 2025 : Les bêtas d’août 2024 pour Battlefield 6 (sortie octobre 2025) ont rassuré sur la fidélité à l’ADN de la saga, mais la pression sera forte pour maintenir ce niveau.
  • Comparaison Ubisoft : Comme Assassin’s Creed, qui a dû ajuster ses ambitions narratives pour tenir un rythme soutenu, Battlefield risque de devoir simplifier ses standards – un danger pour une franchise plébiscitée pour sa destruction environnementale.

Imaginez un monde où, chaque automne, un nouveau Battlefield débarque aux côtés du dernier Call of Duty. Un scénario qui pourrait bien devenir réalité d’ici 2029 ou 2030, si l’on en croit les révélations de l’analyste Michael Pachter, relayées par Insider Gaming. Electronic Arts plancherait sur un modèle de sortie annuelle pour sa franchise phare, calqué sur celui d’Activision – mais avec une différence de taille : un délai de cinq à six ans pour peaufiner la machine. Pourquoi un tel écart ? Parce que transposer le succès de Call of Duty à Battlefield relève moins de la copie que du grand écart industriel.

Le modèle Call of Duty : une machine bien huilée, mais incomparable

Depuis plus de quinze ans, Call of Duty domine le marché des FPS militaires avec une régularité de métronome : un opus par an, trois studios en rotation (Treyarch, Infinity Ward, Sledgehammer Games), et des ventes systématiquement supérieures à 30 millions d’exemplaires. Un modèle qui semble imparable, mais dont les coulisses révèlent une usine à jeux où chaque rouage est optimisé depuis des années. "Chez Activision, la rotation des équipes permet de maintenir un niveau de qualité stable, mais au prix d’une standardisation des processus créatifs", explique un ancien développeur sous couvert d’anonymat.


À l’inverse, Battlefield a toujours été porté par un studio unique : DICE, basé en Suède. Même avec l’apport récent de Ripple Effect (ex-DICE LA) et Criterion Games (spécialiste des effets visuels), la franchise manque cruellement de cette expérience industrialisée. "Passer d’un cycle de 3-4 ans à un rythme annuel, c’est comme transformer un atelier d’artisan en chaîne de montage du jour au lendemain", compare un expert du secteur. Sans compter que Battlefield 2042, sorti en 2021, a écoulé seulement 10 millions d’unités – un chiffre trois fois inférieur à celui de Call of Duty: Vanguard la même année.

"On ne fabrique pas un Battlefield comme un Call of Duty" : le défi de l’ADN

Si les deux franchises partagent un terrain commun – les FPS militaires –, leurs philosophies divergent radicalement. Call of Duty mise sur des campagnes cinématiques et un multijoueur ultra-compétitif, tandis que Battlefield a bâti sa réputation sur :

  • Des batailles à 128 joueurs (contre 64 pour CoD),
  • Une destruction environnementale totale (murs, ponts, bâtiments),
  • Des véhicules terrestres et aériens intégrés au gameplay,
  • Une approche plus tactique, moins arcade.


Le problème ? Ces éléments exigent un niveau de détail technique bien supérieur. Le Frostbite Engine, moteur maison de DICE, a d’ailleurs montré ses limites avec Battlefield 2042, où les bugs de collision et les problèmes de netcode ont émaillé le lancement. "Un cycle annuel signifierait probablement des compromis sur la destruction ou la taille des cartes, deux piliers de la série", craint un moddeur historique de la communauté.


Les bêtas ouvertes de Battlefield 6 (août 2024) ont pourtant redonné espoir : fluidité retrouvée, fidélité à l’ADN des opus classiques (Bad Company 2, Battlefield 3), et une immersion sonore saluée. Mais comme le souligne un testeur professionnel : "Une bêta, c’est une promesse. Tenir cette promesse chaque année, avec des équipes en rotation et des deadlines serrées, c’est une autre paire de manches."

Le syndrome Assassin’s Creed : quand la quantité étouffe la qualité

L’histoire se répète souvent dans l’industrie. Prenez Assassin’s Creed : après avoir adopté un rythme annuel en 2009, Ubisoft a dû réviser ses ambitions face à la lassitude des joueurs. Unity (2014) et Syndicate (2015) ont souffert de bugs à répétition, tandis que Origins (2017) a marqué un retour en grâce… après une pause de deux ans pour repenser la formule.


Pour Battlefield, le risque est similaire. 68 % des fans interrogés lors de l’EA Play Live 2023 ont clairement indiqué privilégier la qualité à la fréquence – un signal fort pour une franchise où chaque détail compte. "Les joueurs de Battlefield ne veulent pas d’un CoD bis. Ils veulent des cartes immenses, des mécaniques de squad profondes, et cette sensation unique de chaos organisé", résume un streamer spécialisé.


Autre écueil : la fatigue des développeurs. Chez DICE, les conditions de travail ont déjà fait polémique lors du développement de Battlefield V (2018), avec des reports en cascade et des crunchs (heures supplémentaires forcées) dénoncés. Un rythme annuel aggraverait nécessairement cette pression, comme l’a confirmé une source interne : "Sans embauches massives et une refonte des pipelines, c’est ingérable."

2025, année test : Battlefield 6 comme laboratoire

Tout se jouera donc avec Battlefield 6, prévu pour octobre 2025. Ce nouvel opus, annoncé comme un retour aux sources, servira de test grandeur nature pour évaluer la capacité d’EA à :

  • Coordonner trois studios (DICE en lead, Ripple Effect et Criterion en support),
  • Stabiliser le Frostbite Engine pour éviter les bugs de lancement,
  • Innover sans sacrifier la destruction ou l’échelle des combats,
  • Convaincre les joueurs après l’échec relatif de 2042.


Les enjeux sont colossaux. Si Battlefield 6 parvient à dépasser les 15 millions de ventes et à fidéliser les joueurs sur le long terme (via un battle pass et des mises à jour régulières), EA pourrait accélérer son plan. À l’inverse, un nouvel échec commercial ou critique enterrerait définitivement l’idée d’un rythme annuel.


Un détail intrigue cependant : selon des fuites internes, Battlefield 6 aurait initialement été prévu pour 2024, avant d’être repoussé d’un an. Un report stratégique ? Ou le signe que même EA doute de sa capacité à tenir la cadence ? "Ils ont vu ce qui est arrivé à 343 Industries avec Halo Infinite. Personne ne veut répéter ça", glisse un journaliste proche du dossier.

Et si EA visait autre chose ? La théorie du "service game"

Une hypothèse circule parmi les analystes : et si le rythme annuel n’était qu’un leurre pour masquer une stratégie bien plus ambitieuse ? Call of Duty a déjà entamé sa transition vers un modèle de jeu-as-a-service avec Warzone et des mises à jour constantes. Battlefield pourrait emboîter le pas en :

  • Lançant un nouvel opus tous les 2-3 ans, mais avec des extensions majeures en année intermédiaire (ex : Battlefield: Pacific en 2027, Battlefield: Modern Combat en 2028),
  • Unifiant les communautés via un Battlefield Hub centralisé (comme Destiny 2),
  • Monétisant davantage les cosmétiques et battle passes pour financer le développement.


Cette approche hybride permettrait de conserver la qualité tout en maintenant un flux de contenu régulier. "EA a vu comment Rockstar a géré GTA Online. Ils veulent leur propre machine à cash, mais sans brûler leurs studios", analyse un économiste du jeu vidéo. Reste à savoir si les joueurs, attachés à l’idée d’un jeu complet à l’achat, accepteront ce virage.

Le mot de la fin : un pari à 1 milliard de dollars

En 2021, Battlefield 2042 avait coûté plus de 200 millions de dollars à développer (sans compter le marketing). Passer à un rythme annuel signifierait un investissement multiplié par trois ou quatre, soit près d’1 milliard de dollars sur un cycle de cinq ans. Un budget pharaonique, même pour EA.


Pourtant, l’éditeur n’a pas le choix : dans un marché dominé par Call of Duty, Fortnite, et bientôt Marathon (le nouveau FPS de Bungie), Battlefield doit innover ou disparaître. La question n’est plus de savoir si EA tentera le pari annuel, mais comment elle compte s’y prendre sans répéter les erreurs du passé.


Une chose est sûre : les joueurs auront le dernier mot. Et d’après les chiffres, ils préfèrent encore attendre un chef-d’œuvre que de se voir proposer un menu annuel standardisé.

Entre l’ambition démesurée d’EA et les attentes intransigeantes des fans, Battlefield se retrouve à un carrefour historique. Le succès des bêtas de Battlefield 6 prouve que la recette magique existe toujours – à condition de lui laisser le temps de mijoter. Un rythme annuel ? Peut-être. Mais seulement si EA accepte de réinventer sa cuisine, plutôt que de se contenter de réchauffer les plats de Call of Duty. Octobre 2025 sera un premier test. La vraie réponse, elle, ne viendra qu’en 2029… si les studios tiennent jusque-là.
L'Avis de la rédaction
Par Nakmen
*"Un Battlefield annuel ? Autant demander à un char d’assaut de faire du slalom entre les caddies d’un Carrefour un samedi après-midi !* DICE a déjà du mal à pondre un jeu stable tous les 4 ans, alors en mode *usine à saucisses*… *"On ne fabrique pas un Battlefield comme un Call of Duty"*, c’est pas moi qui le dis, c’est la logique. Et les joueurs non plus, d’ailleurs : 68% préfèrent la qualité à la quantité – un score qui fait mal pour EA, habituée à vendre du rêve en boîte *annuelle*. Le pire ? Si ça foire (et *il y a fort à parier que oui*), on se retrouvera avec des *Battlefield* en kit, montés à la va-vite comme un meuble IKEA sans notice. *"Mais c’est où le marteau, là ?!"* – tout joueur après 3 crashs en 5 minutes. Bref, EA ferait mieux de se concentrer sur un *BF6* solide en 2025… et arrêter de rêver en 4K 120fps. *"Slow is smooth, smooth is fast."* – Solid Snake, probablement.

Ils en parlent aussi

Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Nakmen