Borderlands 4 : Le Triomphe Commercial Éclipsé par des Polémiques Techniques

Un Décollage Fulgurant, Malgré les Ombres

Le 10 octobre 2025 restera gravé dans l’histoire de Gearbox Software : Borderlands 4 a pulvérisé tous les records de la franchise aux États-Unis, avec un démarrage commercial 30 % supérieur à celui de Borderlands 3 (2019). Selon les données de Circana (ex-NPD), le jeu s’est classé 3ᵉ titre le plus vendu de l’année en à peine quelques semaines, un exploit rare pour une licence déjà bien établie. Sur Xbox Series X|S, il a trusté la première place des ventes, tandis que sur PC (via Epic Games Store et Steam), il a dominé les charts malgré des début chaotiques. Même sur PlayStation 5, où la concurrence est féroce, il a réussi à se hisser sur le podium.

Pourtant, ce succès masquait une réalité moins reluisante : des problèmes d’optimisation récurrents sur PC, avec des chutes de FPS, des bugs graphiques et des plantages aléatoires. Les joueurs n’ont pas tardé à exprimer leur mécontentement sur les forums et réseaux sociaux, certains allant jusqu’à demander des remboursements. La réponse de Randy Pitchford, PDG de Gearbox, a alors enflammé les débats. Dans un tweet devenu viral, il a minimisé les critiques en suggérant aux mécontents de "se faire rembourser" plutôt que de réclamer des correctifs. Une sortie maladroite qui a alimenté la colère des fans, avant qu’un patch d’urgence ne soit finalement déployé une semaine plus tard.

Ce contraste entre triomphe commercial et désillusion technique résume parfaitement le parcours mouvementé de ce quatrième opus. Comme le souligne Jason Schreier (Bloomberg) : "Borderlands 4 prouve que même les franchises les plus solides peuvent trébucher sur des détails techniques, surtout quand l’arrogance remplace l’écoute." Un avis partagé par une partie de la communauté, même si les ventes continuent de grimper.

"100 Millions" : Un Cap Symbolique à Portée de Main

Avec plus de 6 millions d’exemplaires vendus en un mois, Borderlands 4 propulse la franchise vers un objectif mythique : 100 millions de jeux écoulés depuis le premier opus en 2009. Un chiffre qui placerait la saga parmi les licences les plus rentables du jeu vidéo, aux côtés de Call of Duty ou Grand Theft Auto. Pour y parvenir, Gearbox compte sur une stratégie éprouvée : les contenus post-lancement.

Le premier DLC narratif, annoncé pour le 20 novembre 2025, promet d’étendre l’aventure avec de nouveaux donjons, ennemis et mécaniques de jeu. Une recette qui avait déjà fait ses preuves avec Borderlands 3, dont les extensions comme Bounty of Blood (2020) ou Director’s Cut (2021) avaient doublé le temps de jeu moyen des joueurs. Selon les données internes de Gearbox, ces DLC avaient généré des pics de connexions multipliés par deux après chaque sortie, prouvant leur efficacité pour maintenir l’engagement.

Cependant, un nuage noir persiste : l’absence de date pour la version Nintendo Switch 2. Initialement prévue pour accompagner le lancement, celle-ci a été reportée sine die, sans explication officielle. Une décision d’autant plus surprenante que la Switch originale avait accueilli Borderlands Legendary Collection (2020) avec un succès relatif. Les joueurs Nintendo, habitués aux ports tardifs, espéraient mieux cette fois-ci… en vain.

Derrière les Chiffres : La Machine Gearbox à l’Épreuve

Pour comprendre ce mélange de succès éclatant et de ratés évitables, il faut plonger dans les coulisses de Gearbox. Depuis le rachat par Embracer Group en 2021, le studio texan a connu une croissance fulgurante, mais aussi des tensions internes. Plusieurs anciens employés, sous couvert d’anonymat, ont confié à Kotaku que le développement de Borderlands 4 avait été "rushé en fin de production", avec des équipes épuisées par des crunchs répétés (heures supplémentaires imposées).

Un contexte qui explique peut-être les problèmes techniques initiaux, mais aussi la communication hasardeuse de Randy Pitchford. Le PDG, connu pour son franc-parler, a souvent été critiqué pour son manque d’empathie envers les joueurs. Son tweet sur les remboursements n’est qu’un exemple parmi d’autres : en 2019, il avait déjà suscité la polémique en qualifiant les critiques de Borderlands 3 de "pleurnicheries de gamers gâtés". Une attitude qui, malgré les excuses ultérieures, continue de diviser la communauté.

Pourtant, les chiffres donnent raison à Gearbox… du moins en apparence. Car si les ventes sont au rendez-vous, la fidélisation des joueurs reste un défi. Selon SteamDB, le pic de joueurs simultanés a chuté de 40 % en deux semaines, un signe que les problèmes techniques ont eu un impact durable. Le DLC de novembre sera donc crucial pour relancer l’intérêt, à l’image de ce qu’avait réussi Tiny Tina’s Wonderlands (2022) avec ses extensions.

Et Maintenant ? Les 3 Scénarios pour la Suite

À court terme, trois issues semblent possibles pour Borderlands 4 :

1. Le Scénario Optimiste : Le DLC de novembre comble les lacunes techniques, relance les ventes, et la version Switch 2 sort début 2026. La franchise atteint les 100 millions et prépare déjà un spin-off (un Borderlands 5 ou un nouveau Tiny Tina).

2. Le Statut Quo : Les ventes se stabilisent autour de 8-9 millions, les joueurs PC restent mécontents, et la Switch 2 est annulée. Gearbox se concentre sur d’autres projets (Duke Nukem ? Homeworld 3 ?), laissant Borderlands en pause.

3. Le Pessimiste : Les problèmes techniques persistent, le DLC déçoit, et les ventes s’effondrent. La franchise perd de sa superbe, et Embracer Group réduit ses investissements. Un scénario peu probable, mais pas impossible si Gearbox ne corrige pas ses erreurs.

Pour l’instant, le studio semble miser sur le premier scénario. Lors d’une récente interview avec IGN, un porte-parole a confirmé que "toutes les ressources étaient mobilisées pour le DLC de novembre", présenté comme "le plus ambitieux de l’histoire de la licence". De quoi redonner espoir aux fans… à condition que les promesses soient tenues.

Borderlands 4 vs. la Concurrence : Un Combat Inégal ?

Dans un marché saturé de looter-shooters (Destiny 2, Warframe, The Division), Borderlands 4 a su se démarquer grâce à son humour déjanté et son style artistique unique. Pourtant, la concurrence ne reste pas les bras croisés :

• Destiny 2 : The Final Shape (2024) a relancé l’intérêt pour la licence Bungie, avec des mécaniques de build plus profondes que Borderlands.

• Helldivers 2 (2024) a prouvé qu’un coopératif accessible pouvait cartonner sans besoin d’un budget XXL.

• Marvel’s Wolverine (2026) menace de capter l’attention des joueurs avec son mélange d’action et de narration.

Face à ces rivaux, Borderlands 4 mise sur sa fidélité à l’ADN de la saga : des milliards d’armes générées procéduralement, un humour potache et des personnages hauts en couleur. Mais pour durer, il devra innover, notamment sur le contenu endgame, souvent critiqué pour son manque de variété dans les opus précédents.