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Clair Obscur: Expedition 33 – Comment un RPG français indépendant a bouleversé les Game Awards 2025
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Il y a 2 heures

Clair Obscur: Expedition 33 – Comment un RPG français indépendant a bouleversé les Game Awards 2025

Un coup de tonnerre dans l'industrie : quand un petit studio bordelais éclipse les géants du jeu vidéo.

A retenir :

  • Record historique : 12 nominations aux Game Awards 2025, dépassant Elden Ring (10) et Death Stranding 2 (7), pour un budget 40 fois inférieur.
  • L'innovation qui divise : Son système de "mémoires partagées" (choix impactant l'environnement pour tous les joueurs) est qualifié de "réinvention du RPG" par Eurogamer... mais certains y voient un "cauchemar pour les perfectionnistes".
  • Phénomène viral : +427% de ventes sur Steam en une semaine, #Expedition33 (1,2M de mentions), et des streamers comme Pokimane ou Asmongold qui en font un must-play malgré son côté niche.
  • Le pari fou de Sandfall : 30 développeurs, 5M€ de budget, et une esthétique pixel art psychédélique qui cache un récit philosophique inspiré de Borges et Lovecraft.
  • La question qui fâche : Et si les joueurs préféraient désormais l’audace narrative aux graphismes ultra-réalistes ?

11 décembre 2025 : la nuit où un jeu français a fait trembler l'industrie

Imaginez la scène : le Microsoft Theater de Los Angeles, temple des Game Awards, retient son souffle. Quand le présentateur annonce "Clair Obscur: Expedition 33, avec douze nominations cette année", un silence stupéfait envahit la salle. Puis les applaudissements crépitent, entrecoupés de murmures incrédules. Douze nominations. Pour un jeu indépendant. Développé par 30 personnes à Bordeaux. Avec un budget équivalent à 2,5% de celui de Call of Duty 2025.

Ce n'est pas juste un record – c'est un séisme. Le précédent détenteur, Elden Ring (10 nominations en 2022), était une collaboration entre FromSoftware et George R.R. Martin, avec des moyens colossaux. Ici, nous parlons d’un studio qui, il y a cinq ans, sortait son premier jeu, The Last Oasis, passé presque inaperçu. Alors, comment Sandfall Interactive a-t-il réalisé l’impossible ?

"On a misé sur ce que les AAA ne font plus" : la recette secrète de Sandfall

Dans leur bureau exigu du quartier Saint-Pierre à Bordeaux, l’équipe de Sandfall avait un mantra : "Faisons ce que les gros studios osent plus". Exit les open-worlds surchargés ou les séquences cinématiques interminables. Leur arme ? Une narration non-linéaire radicale, où chaque décision du joueur modifie durablement l’environnement – et pas seulement pour lui, mais pour tous les autres joueurs via des serveurs dédiés.

Prenez l’exemple du "Sanctuaire des Échos", une zone clé du jeu. Si un joueur y sacrifie un personnage secondaire pour obtenir un pouvoir, ce personnage disparaît à jamais pour tous les autres joueurs, même ceux qui n’ont pas encore atteint cette zone. "C’est comme si votre choix effaçait une page du livre pour tout le monde", explique Thomas G., lead designer, dans une interview à Canard PC. "Certains adorent cette idée. D’autres nous traitent de sadique."

Côté technique, le pari était risqué : un pixel art ultra-détaillé (chaque sprite compte jusqu’à 50 couches d’animation) couplé à un système de "mémoires collectives" qui nécessite une synchronisation constante des données. Résultat ? Des serveurs surchargés les premiers jours, et des joueurs qui ont cru à un bug quand leurs parties ont été impactées par des choix qu’ils n’avaient pas faits. "J’ai passé trois heures à chercher un PNJ… pour réaliser qu’un autre joueur l’avait tué deux jours plus tôt", raconte @LeRouquinGamer sur Twitter, entre rage et fascination.

L’effet papillon : quand les nominations transforment un jeu de niche en phénomène mondial

Avant les nominations, Clair Obscur: Expedition 33 se vendait honorablement : environ 15 000 exemplaires par mois, principalement en Europe. Après l’annonce des Game Awards ? +427% de ventes en 48h (source : SteamDB), avec un pic à 82 000 joueurs simultanés. Le jeu a même détrôné Baldur’s Gate 3 dans les tops ventes français – un exploit rare pour un titre sans licence connue.

Mais le vrai choc vient des réseaux sociaux. Le hashtag #Expedition33 a généré 1,2 million de mentions en une semaine, avec des débats enflammés sur :
"Est-ce que c’est juste si mon choix gâche l’expérience des autres ?"
"Pourquoi un jeu aussi beau graphiquement utilise du pixel art en 2025 ?"
"C’est du génie… ou une arnaque pour forcer le multi implicite ?"

Les streamers ont joué un rôle clé. Pokimane a qualifié le jeu de "plus stressant que Dark Souls" après avoir accidentellement condamné un village entier à cause d’un mauvais choix. Asmongold, lui, a lancé un défi à sa communauté : "Trouvez-moi un seul jeu où vos actions ont autant de poids". Résultat ? 500 000 vues sur ses vidéos dédiées, et une hype qui a contagionné même les joueurs habitués aux blockbusters.

Derrière le succès : 3 ans de galère, un burn-out, et un coup de poker littéraire

Ce que peu de gens savent, c’est que Clair Obscur: Expedition 33 a failli ne jamais exister. En 2022, après l’échec commercial de The Last Oasis, Sandfall était au bord de la faillite. "On avait trois mois de salaire en réserve", confie Célia M., la directrice artistique, à JeuxVideo.com. "On a tout misé sur un prototype inspiré d’une nouvelle de Borges, ‘Le Jardin aux sentiers qui bifurquent’, mélangée à l’horreur cosmique de Lovecraft."

Le déclic ? Une rencontre fortuite avec Hidetaka Miyazaki (créateur de Dark Souls) lors d’un salon à Tokyo. "Il nous a dit : ‘Votre idée de mémoires partagées est folle. Soit vous créez un chef-d’œuvre, soit un désastre. Mais essayez.’", raconte Thomas G.. Avec un budget serré, l’équipe a travaillé 70h/semaine pendant six mois, dormant parfois au studio. "On a failli craquer quand notre programmeur principal a fait un burn-out", avoue Célia. "Mais on savait qu’on tenait quelque chose."

Leur atout maître ? L’écriture. Le scénario, co-écrit avec l’auteur de SF Laurent Genefort, explore des thèmes comme la responsabilité collective et l’illusion du libre arbitre. "Chaque dialogue a été retravaillé 15 fois pour que les choix aient un poids émotionnel", précise la scénariste Élodie R.. "On voulait que les joueurs ressentent physiquement leurs décisions."

Le revers de la médaille : controverses et limites du "jeu vivant"

Pourtant, tout n’est pas rose. Certains joueurs dénoncent un système "trop punitif". Sur Metacritic, les avis sont polarisés :
92/100 pour PC Gamer ("Une œuvre révolutionnaire")
65/100 pour GameSpot ("Génial sur le papier, frustrant en pratique")

Les critiques pointent :
L’absence de "sauvegardes locales" : Impossible de revenir en arrière après un choix. "J’ai perdu 10h de jeu à cause d’un clic malencontreux", rage un joueur sur Reddit.
L’équilibre aléatoire : Si trop de joueurs font des choix "néfastes", le jeu peut devenir injouable pour les nouveaux arrivants.
Le côté "élitiste" : Son approche narrative complexe rebute les casual gamers.

Sandfall a réagi avec des mises à jour, comme un mode "Solo pur" (sans interactions multiplayers), mais certains puristes crient à la "trahison". "C’est comme mettre des roues à un vélo… ça défait toute la philosophie du jeu", commente @RetroFury sur Twitter.

Et maintenant ? L’héritage (déjà) cultissime d’Expedition 33

Qu’importe les controverses : Clair Obscur: Expedition 33 a déjà marqué l’histoire. Des rumeurs parlent d’une adaptation en série par A24 (les producteurs de Everything Everywhere All at Once), et des studios AAA comme Ubisoft ou Square Enix auraient contacté Sandfall pour des collaborations.

Plus surprenant : son influence sur d’autres jeux. CD Projekt Red aurait intégré des mécaniques similaires dans le DLC de Cyberpunk 2077, et FromSoftware explorerait des pistes pour Elden Ring 2. "Ils ont prouvé qu’on peut innover sans 200M$ de budget", salue Julien Chièze, journaliste à IGN France.

Quant à Sandfall, ils préparent déjà un nouveau projet, toujours dans l’univers de Clair Obscur, mais "encore plus ambitieux". "On ne veut pas être un one-hit wonder", déclare Thomas G.. "On veut changer le jeu vidéo." Après tout, ils l’ont déjà fait une fois.

Le 11 décembre 2025 restera comme le jour où un petit studio bordelais a prouvé que l’audace pouvait terrasser les géants. Clair Obscur: Expedition 33 n’est pas qu’un jeu – c’est une déclaration de guerre contre les conventions du secteur. Entre génie narratif et défauts assumés, il divise, fascine, et force l’industrie à se remettre en question.
Une chose est sûre : quand les historiens du jeu vidéo parleront des années 2020, ils citeront Elden Ring… et juste à côté, ce petit RPG français qui a osé défier les lois du genre. Et gagné.
L'Avis de la rédaction
Par Nakmen
Un jeu français qui fait trembler l'industrie ? C'est comme si un film de Pixar avait remporté un Oscar pour le meilleur film dramatique. Sandfall a prouvé que l'innovation n'a pas besoin de budget colossal. Leur pari sur une narration non-linéaire radicale a payé. C'est comme si un jeu de plateforme avait soudainement décidé de devenir un thriller psychologique.
Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Nakmen

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