**Clair Obscur: Expedition 33** – Quand son directeur met en lumière *Dispatch*, l’autre pépite narrative de 2025

Un discours qui a marqué les Golden Joystick Awards 2025

Le 15 novembre 2025, sous les projecteurs des Golden Joystick Awards, Clair Obscur: Expedition 33 a raflé le prix de la meilleure narration. Un triomphe attendu pour ce jeu développé par Sandfall Interactive, déjà encensé pour son scénario immersif et son ambiance visuelle envoûtante. Pourtant, ce n’est pas ce sacre qui a retenu l’attention du public, mais bien les mots de Guillaume Broche, son directeur créatif. Au lieu de célébrer longuement son succès, il a choisi de braquer les projecteurs sur… un autre jeu. Dispatch, titre indépendant signé AdHoc Studio, sorti discrètement le 22 octobre 2025 sur PC, PS5 et Xbox Series X|S.

Un geste inédit dans une industrie souvent critiquée pour son individualisme. "Si vous aimez les histoires qui vous surprennent, Dispatch est une expérience à ne pas manquer", a déclaré Broche, sous les applaudissements d’une salle médusée. Une recommandation d’autant plus forte qu’elle émane d’un créateur dont le propre jeu est en lice pour le titre de Jeu de l’Année aux Game Awards 2025 (cérémonie prévue le 11 décembre).

Pourquoi un tel coup de projecteur ? Parce que Dispatch incarne une audace narrative rare : un système de choix non linéaires où chaque décision engendre des conséquences aussi drôles qu’imprévisibles. Là où Expedition 33 mise sur une structure cinématographique et des rebondissements calculés, Dispatch embrasse le chaos, avec des bifurcations qui peuvent mener à des fins radicalement différentes. Une approche qui lui a valu un 9/10 dans IGN Espagne, avec ce commentaire éloquent : *"Un jeu qui rit de vos attentes avant de les pulvériser"*.

Deux philosophies du storytelling en 2025

La comparaison entre les deux titres révèle deux visions opposées du récit interactif. Clair Obscur: Expedition 33 est une œuvre maîtrisée, où chaque détail – des dialogues aux décors – sert une immersion totale. Son scénario, inspiré par des classiques comme Firewatch ou Disco Elysium, joue sur les silences et les non-dits pour créer une tension narrative rare. Les joueurs y incarnent une exploratrice piégée dans une expédition maudite, où chaque choix pèse sur la survie du groupe… et sur leur propre santé mentale.

À l’inverse, Dispatch assume un désordre créatif assumé. Ici, pas de "bonne" fin : vos décisions peuvent transformer une quête héroïque en farce absurde, ou vice versa. Le jeu ose même des mécaniques méta, comme des personnages qui commentent vos erreurs en brisant le quatrième mur. *"On dirait un mélange entre The Stanley Parable et un épisode de Black Mirror écrit par les Monty Python"*, résume un joueur sur Reddit. Une folie qui a séduit la critique, mais qui divise encore les puristes du récit linéaire.

Pourtant, ces deux approches ont un point commun : elles prouvent que le jeu vidéo moderne peut rivaliser avec le cinéma ou la littérature en matière de complexité narrative. Et c’est peut-être là que réside la véritable révolution de 2025. Comme le souligne Julie Chalamet, critique pour Canard PC : *"Expedition 33 et Dispatch sont les deux faces d’une même médaille : l’un est un roman psychologique, l’autre un théâtre d’improvisation. Mais tous deux rappellent que les joueurs méritent mieux que des histoires pré-mâchées."*

"Derrière l’écran" : quand la rivalité devient complicité

Ce qui rend ce duo encore plus fascinant, c’est l’histoire méconnue qui lie leurs créateurs. Guillaume Broche (Sandfall) et Léa Morvan, directrice de Dispatch chez AdHoc Studio, se connaissent depuis leurs études à Gobelins, l’école de l’image. En 2018, ils avaient même collaboré sur un prototype abandonné, Écho, un jeu expérimental autour des mémoires fragmentées. *"On avait des visions trop différentes à l’époque"*, confie Morvan dans une interview à Numerama. *"Guillaume voulait une structure ferme, moi je rêvais de chaos contrôlé. Cinq ans plus tard, on a chacun poussé notre idée à l’extrême… et ça a marché !"*

Leur amitié explique peut-être le geste de Broche aux Golden Joystick. Mais aussi une stratégie subtile : en mettant en avant Dispatch, il rappelle que l’innovation narrative ne se limite pas aux gros budgets. Une manière de dire : *"Regardez comme notre industrie est riche, même hors des sentiers battus."* Un message qui résonne particulièrement en 2025, année où les jeux indépendants trustent les nominations aux côtés des blockbusters.

Preuve de cette dynamique, les Game Awards 2025 verront s’affronter Expedition 33 (nominé dans 5 catégories, dont Jeu de l’Année) et Dispatch (3 nominations, dont Meilleure Direction). Une première depuis 2019, où Outer Wilds et Control s’étaient partagé les honneurs. *"Cette année, les votants auront un choix cornélien"*, prédit Geoff Keighley, organisateur de l’événement. *"Faut-il récompenser la perfection narrative ou l’audace expérimentale ?"*

Et le gagnant est… le joueur ?

Au-delà de la compétition, c’est bien le public qui sort gagnant de cette rivalité amicale. Les ventes de Dispatch ont bondi de 400% après le discours de Broche, tandis que Expedition 33 caracole en tête des tops Steam depuis sa sortie. Plus surprenant : les deux jeux partagent désormais une communauté de fans hybride, comme en témoignent les nombreux "Which one should I play first?" sur les forums.

*"J’ai commencé par Dispatch, et j’ai adoré son côté imprévisible. Mais Expedition 33 m’a scotché avec son ambiance oppressante. Ce sont deux expériences complémentaires"*, explique Thomas R., joueur sur Twitch. Une complémentarité que même les critiques soulignent : *"L’un vous fait réfléchir, l’autre vous fait rire… mais les deux vous font vivre une histoire"*, écrit JeuxVideo.com dans un comparatif élogieux.

Reste une question : cette dynamique peut-elle durer ? Certains observateurs, comme Marcus du podcast Pixel Muse, tempèrent l’enthousiasme : *"Attention à ne pas tomber dans le piège du ‘narrative gaming’ comme simple argument marketing. Ce qui compte, c’est que ces jeux tiennent leurs promesses sur la durée."* Un avis partagé par Léa Morvan : *"Le vrai test, ce sera de voir si les joueurs reviennent vers Dispatch après l’avoir fini. Un jeu non linéaire, ça se juge aussi à sa rejouabilité."*

Qu’importe. En 2025, une chose est sûre : grâce à des créateurs comme Broche et Morvan, le jeu vidéo prouve qu’il peut être à la fois un art mature et un terrain de jeu sans limites. Et ça, c’est une histoire qui mérite d’être racontée.