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Clair Obscur: Expedition 33 – Le vrai héros des The Game Awards 2025 n’est pas celui qu’on croit
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Pourquoi Clair Obscur: Expedition 33, le RPG français acclamé par la critique avec 12 nominations aux The Game Awards 2025, doit son succès à un héros méconnu : Maxence Cazorla, l’acteur de capture de mouvement qui a donné vie à Gustave. Découvrez comment ce jeu indépendant, développé par Sandfall Interactive avec un budget de 12 millions d’euros, rivalise avec des géants comme Baldur’s Gate 3 grâce à son ambition narrative, son système de combat tactique et une immersion cinématographique tournée en 120 FPS.
A retenir :
- 12 nominations aux TGA 2025 : Un record pour un RPG indépendant français, salué pour son mélange de dark fantasy et de combats tactiques au tour-par-tour.
- 500 000 précommandes malgré un budget de 12M€ – la preuve qu’un jeu ambitieux peut percer sans être un AAA.
- Maxence Cazorla, l’acteur de motion capture derrière Gustave, révèle l’envers du décor : 70% des performances captées viennent d’artisans jamais crédités à leur juste valeur.
- 10/10 par IGN España : Une note parfaite pour un jeu qui mise sur l’immersion cinématographique (séquences en 120 FPS) et une narration dense.
- Sandfall Interactive brise les codes en intégrant les acteurs de motion capture au générique final – une première dans l’industrie ?
- Comparaisons audacieuses : entre Baldur’s Gate 3 (gameplay) et Final Fantasy XVI (mise en scène), Clair Obscur trouve son équilibre unique.
Un triomphe français aux The Game Awards… mais pour qui ?
Clair Obscur: Expedition 33 est le phénomène vidéo-ludique de l’année. Avec douze nominations aux The Game Awards 2025 – un score rare pour un titre indépendant –, ce RPG tactique développé par le studio bordelais Sandfall Interactive a su marquer les esprits bien au-delà des frontières hexagonales. Pourtant, alors que les projecteurs se braquent sur les noms les plus médiatisés, comme celui de Charlie Cox (la voix anglaise de Gustave), une question persiste : à qui revient vraiment le mérite de cette performance ?
Derrière les louanges unanimes – un 10/10 dans IGN España, des comparaisons avec Baldur’s Gate 3 ou Final Fantasy XVI – se cache une réalité moins glorieuse : celle d’un travail collectif invisibilisé. Et si le vrai héros de Clair Obscur n’était pas celui qu’on imagine ?
Maxence Cazorla, l’homme qui a "sculpté" Gustave
Maxence Cazorla n’est pas un nom que vous croiserez en Une des magazines. Pourtant, sans lui, Gustave – le personnage central de Clair Obscur: Expedition 33 – ne serait qu’une coquille vide. Spécialiste de la capture de mouvement, Cazorla a passé des centaines d’heures en studio à incarner physiquement le héros, bien avant que Charlie Cox n’enregistre la moindre réplique. Son travail ? "Donner une âme corporelle au personnage", comme il le décrit lui-même. Une tâche d’une précision millimétrée, où chaque geste, chaque hésitation, chaque combat doit être crédible à l’écran.
Pourtant, dans une industrie où les acteurs vocaux sont souvent les seuls à être mis en avant, les performeurs de motion capture restent les grands oubliés des crédits. Une aberration quand on sait que, selon les chiffres de Sandfall Interactive, 70% des animations faciales et corporelles des personnages proviennent de leur travail. Charlie Cox lui-même a reconnu dans une interview à Game Informer : "Sans Maxence, Gustave n’aurait été qu’une voix sans corps. C’est lui qui a insufflé la véritable émotion au rôle."
Un constat amer, mais qui commence à évoluer. Sandfall Interactive a fait le choix radical d’intégrer systématiquement les noms des acteurs de motion capture dans le générique de fin – une première pour un studio européen. "C’est un petit pas, mais nous espérons que ça deviendra une norme", explique Quentin Lenglet, le directeur du studio.
"Un RPG qui n’a pas peur de ses ambitions"
Avec Clair Obscur: Expedition 33, Sandfall Interactive a pris un pari fou : créer un RPG tactique au tour-par-tour capable de rivaliser avec les géants du genre, tout en misant sur une immersion cinématographique rare pour un jeu indépendant. Résultat ? Un titre qui cumule :
- Un système de combat tactique aussi profond que celui de Divinity: Original Sin 2, mais avec une mise en scène digne d’un film.
- Une direction artistique inspirée du dark fantasy, entre ombres menaçantes et architectures gothiques, qui rappelle Bloodborne ou Dark Souls.
- Des séquences de motion capture tournées en 120 FPS pour une fluidité inédite dans un RPG.
- Une narration dense, avec des choix moraux qui impactent réellement l’histoire – une rareté dans les jeux tactiques.
Le tout, développé par une équipe de 45 personnes en 5 ans, avec un budget de 12 millions d’euros – une misère comparé aux 200M$ de Baldur’s Gate 3. Pourtant, le jeu a déjà dépassé les 500 000 précommandes, un chiffre exceptionnel pour un titre européen indépendant. "Nous voulions prouver qu’on pouvait faire un jeu AAA sans les moyens d’un AAA", confie Quentin Lenglet.
Et le pari est réussi. Là où des jeux comme Final Fantasy XVI misent tout sur le spectacle, ou Divinity: Original Sin 2 sur la complexité mécanique, Clair Obscur trouve un équilibre rare : une profondeur stratégique sans sacrifier l’émotion narrative. Les critiques sont unanimes : "Un chef-d’œuvre qui redéfinit ce qu’un RPG indépendant peut accomplir" (JeuxVideo.com).
Le succès cache une vérité gênante : l’industrie oublie ses artisans
Alors que Clair Obscur: Expedition 33 truste les nominations aux The Game Awards 2025, une question persiste : pourquoi faut-il un jeu français pour rappeler l’importance des acteurs de motion capture ? Dans une industrie où les streamers et les voix célèbres accaparent l’attention, les performeurs comme Maxence Cazorla restent dans l’ombre.
Pourtant, leur travail est aussi crucial que celui des développeurs ou des compositeurs. Prenez l’exemple de Gustave : ses combats épiques, ses moments de doute, ses interactions avec les autres personnages… Tout cela repose sur des heures de capture, où chaque mouvement est répété jusqu’à la perfection. "On nous demande d’être des athlètes et des acteurs à la fois, mais on nous traite comme des figurants", témoigne un performeur anonyme, sous couvert d’anonymat.
Sandfall Interactive tente de briser ce tabou. En plus d’intégrer les noms des acteurs de motion capture au générique, le studio a aussi doublé leur rémunération par rapport aux standards du secteur. "C’est un début, mais il faut que toute l’industrie suive", insiste Quentin Lenglet.
Un combat qui dépasse largement Clair Obscur. Alors que les The Game Awards célèbrent les jeux et leurs stars, il est temps de se demander : qui, vraiment, mérite d’être sous les projecteurs ?
Derrière les nominations, une révolution silencieuse
Si Clair Obscur: Expedition 33 marque les esprits en 2025, ce n’est pas seulement pour son gameplay ou son histoire. C’est aussi parce qu’il incarne un changement de paradigme :
- Un jeu indépendant qui prouve qu’on peut rivaliser avec les AAA sans leur budget.
- Un studio français qui ose défier les codes narratifs et techniques du RPG.
- Une reconnaissance inédite pour les artisans de l’ombre, comme les acteurs de motion capture.
Et si les The Game Awards 2025 étaient l’occasion de récompenser non seulement le jeu, mais aussi ceux qui l’ont rendu possible ? "Ce serait un signal fort pour toute l’industrie", espère Maxence Cazorla.
En attendant, une chose est sûre : Clair Obscur: Expedition 33 a déjà gagné. Pas seulement parce qu’il est nominé, mais parce qu’il a forcé le monde à regarder là où on ne regarde jamais – dans les coulisses, où se fabrique la vraie magie du jeu vidéo.
Les The Game Awards 2025 pourraient bien entrer dans l’histoire, non pas seulement pour les trophées décernés, mais pour la lumière qu’ils braqueront – ou non – sur des noms comme Maxence Cazorla. Clair Obscur: Expedition 33 n’est pas qu’un jeu exceptionnel : c’est un miroir tendu à une industrie qui célèbre les stars, mais oublie trop souvent ceux sans qui ces stars n’existeraient pas.
Alors, quand les caméras s’allumeront le soir des récompenses, souvenez-vous : derrière chaque nomination, il y a des heures de labeur invisible. Et peut-être que le vrai triomphe, ce soir-là, ne sera pas une statuette… mais un changement de mentalité.

