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DC Comics contre-attaque : John Constantine, le "Sorcier Suprême" qui défie Doctor Strange
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Il y a 1 jour

DC Comics contre-attaque : John Constantine, le "Sorcier Suprême" qui défie Doctor Strange

Pourquoi DC mise sur un sorcier maudit plutôt qu’un héros flamboyant ?

Alors que Marvel domine les écrans avec son Doctor Strange étincelant, DC Comics joue la carte de l’ombre en sacrant John Constantine comme son "Sorcier Suprême". Ce choix audacieux révèle une philosophie bien différente : là où Strange incarne l’ordre cosmique, Constantine, antihéros cynique aux méthodes troubles, préfère négocier avec les démons plutôt que les combattre. Entre héritage culte (le film de 2005 avec Keanu Reeves, la série TV) et rumeurs de retour dans le DCU, ce personnage ambigu pourrait bien redéfinir la magie au cinéma. Une stratégie risquée, mais typiquement DC.

A retenir :

  • Un titre controversé : DC officialise John Constantine comme "Sorcier Suprême", un rôle traditionnellement associé à Doctor Fate ou Zatanna, marquant une rupture avec les archétypes héroïques.
  • L’anti-Doctor Strange : Contrairement au maître des arts mystiques de Marvel, Constantine mise sur la ruse, les pactes dangereux et un cynisme assumé – une approche qui divise depuis 1985.
  • Un héritage transmedia : Du comic book au film culte de 2005 (36% sur Rotten Tomatoes, mais adulé depuis), en passant par la série NBC (2014-2015), Constantine prouve sa résilience hors des sentiers battus.
  • Retour imminent ? Keanu Reeves en négociations pour une suite dans le DCU de James Gunn, avec l’ambition de capturer enfin l’essence subversive du personnage.
  • Chiffres clés : 230M$ de recettes pour le film (vs 677M$ pour Doctor Strange), mais une influence culturelle disproportionnée, notamment auprès des fans de l’horreur surnaturelle.

"Un sorcier qui sent le soufre" : pourquoi Constantine incarne l’âme noire de DC

Imaginez un magicien qui fume comme un pompier, boit comme un trou, et négocie avec Lucifer comme on discute avec un vieux pote. Bienvenue dans l’univers de John Constantine, le "Sorcier Suprême" que DC Comics vient de sacrer officiellement – un titre qui sonne presque comme une provocation. Créé en 1985 par Alan Moore (le génial et torturé scénariste de Watchmen) et Stephen Bissette, ce personnage est né dans les pages de Swamp Thing, avant de devenir la star de sa propre série, Hellblazer. Contrairement à Doctor Fate ou Zatanna, autres magiciens de l’univers DC, Constantine n’a rien d’un héros flamboyant. C’est un antihéros pur jus : un exorciste londonien au sarcasme mordant, prêt à damner son âme (littéralement) pour sauver le monde… ou juste pour s’en sortir.

Son pouvoir ? Une combinaison explosive de connaissances occultes, de manipulation psychologique, et d’une capacité inquiétante à tricher avec la mort. Là où Doctor Strange invoque des sorts avec des gestes théâtraux, Constantine préfère les pactes ambigus et les solutions expéditives. "Il n’a pas de morale fixe, juste un code personnel tordu", résume Neil Gaiman, autre légende des comics qui a écrit pour le personnage. Cette ambiguïté est précisément ce qui le rend fascinant – et si différent des magiciens "classiques".


Preuve de son influence : en 2023, DC a officiellement désigné Constantine comme son Sorcier Suprême, un titre autrefois réservé à des figures plus "nobles". Une décision qui en dit long sur la stratégie de l’éditeur : miser sur des personnages complexes, imparfaits, voire caricaturalement humains. "Constantine est le miroir sombre de l’héroïsme", explique James Tynion IV, scénariste ayant travaillé sur le personnage. "Il rappelle que la magie a un prix… et que ce prix, c’est souvent son propre salut."

2005-2024 : l’étrange destin cinématographique d’un maudit

Si les comics ont fait de Constantine une icône, son passage au cinéma a été… mouvementé. En 2005, Keanu Reeves (alors en pleine période Matrix) endosse le trench-coat crasseux du sorcier pour un film réalisé par Francis Lawrence (Hunger Games). Le résultat ? Un nanar culte. Avec un score de 36% sur Rotten Tomatoes et des critiques mitigées ("Trop sombre pour les fans de super-héros, pas assez profond pour les amateurs d’horreur", Variety), le film aurait pu tuer la carrière ciné de Constantine. Pourtant, contre toute attente, il est devenu un objet de fascination.

Pourquoi cet échec apparent s’est-il transformé en succès posthume ? Plusieurs raisons :

  • L’esthétique gothique : Entre le Londres pluvieux, les démons stylisés et la BO signée Brian Tyler et Klaus Badelt, le film a créé une atmosphère unique, à mi-chemin entre le polar occulte et le film d’horreur.
  • Keanu Reeves : Malgré un accent britannique approximatif, l’acteur a su capturer l’ironie noire et la vulnérabilité du personnage. "Reeves a compris que Constantine n’est pas un héros, mais un survivant", note Mark Kermode, critique britannique.
  • Le public a changé : En 2005, les comics adaptés au cinéma devaient être grand public. Aujourd’hui, l’ère des antihéros (de Deadpool à Peacemaker) a rendu Constantine enfin à sa place.

Le film a même engendré une série TV éphémère (2014-2015, NBC), avec Matt Ryan dans le rôle-titre. Bien que annulée après une saison (13 épisodes), la série a été sauvée par les fans : une campagne massive (#SaveConstantine) a poussé Warner à intégrer le personnage dans Legends of Tomorrow (CW), où il est devenu un pilier. Preuve que Constantine, même malmené, refuse de mourir.

Doctor Strange vs. Constantine : le choc des philosophies magiques

Comparer Doctor Strange et John Constantine, c’est opposer deux visions du monde – et deux stratégies éditoriales. Chez Marvel, la magie est ordonnée, hiérarchisée, presque scientifique. Strange est un chirurgien devenu sorcier : il étudie, maîtrise, protège. Ses pouvoirs (le Shield of the Seraphim, les portails dimensionnels) sont des outils précis, au service d’un bien supérieur. "Strange incarne l’idéal du héros marvelien : un homme brisé qui se reconstruit par la discipline", analyse Brian Michael Bendis, scénariste ayant travaillé sur le personnage.

À l’inverse, Constantine représente le chaos contrôlé. Sa magie est sale, improvisée, souvent dangereuse. Il ne "maîtrise" pas les démons – il les manipule, les trompe, ou les utilise comme armes. Ses sorts ? Des bricolages occultes qui peuvent lui exploser à la figure. "Constantine est un junkie de la magie", résume Garth Ennis, scénariste emblématique de Hellblazer. "Il sait qu’il va en enfer, mais il continue à fumer en attendant le bus."


Cette dualité se retrouve dans leurs performances commerciales :

  • Doctor Strange (2016) : 677,7 millions de dollars au box-office, une franchise lancée, et Benedict Cumberbatch propulsé star.
  • Constantine (2005) : 230 millions de dollars "seulement", mais un impact culturel durable, une série, et des projets en développement.

Pour Kevin Feige (Marvel Studios), la magie doit être "accessible et spectaculaire". Pour DC, elle peut être moche, dangereuse, et moralement ambiguë. "Constantine est la preuve que DC ose prendre des risques", souligne Denis Villenueve (Dune, Blade Runner 2049), fan assumé du personnage. "C’est un personnage qui résiste à la standardisation."

"Le diable est dans les détails" : ce que le retour de Constantine révèle sur le DCU

Depuis 2022, les rumeurs enfient : Keanu Reeves serait en négociations avancées pour reprendre son rôle dans une suite située dans le DCU (l’univers cinématographique relancé par James Gunn et Peter Safran). Contrairement au premier film, cette fois, Constantine pourrait intégrer un univers partagé, avec des crossovers potentiels (imaginez-le face à Zatanna ou Swamp Thing…).

Mais attention : ce retour n’est pas gagné d’avance. Le premier film a souffert de :

  • Un ton incohérent : entre comédie noire et horreur gothique, le film ne savait pas où donner de la tête.
  • Un manque de fidélité : les fans de Hellblazer ont tiqué sur les libertés prises avec le lore (Constantine n’est pas un exorciste catholique dans les comics).
  • Un marketing raté : vendu comme un film d’action, alors que c’est avant tout une tragédie occulte.

Pour éviter ces écueils, Gunn et Safran misent sur :

  • Un ancrage dans le DCU : Constantine pourrait interagir avec la Justice League Dark (équipe de héros surnaturels), déjà évoquée dans les plans de DC.
  • Un ton plus adulte : inspirée par la série Hellblazer, la suite pourrait obtenir un rating R, comme The Batman (2022).
  • Un Constantine vieillissant : Keanu Reeves a 60 ans – une opportunité pour explorer la décadence et la rédemption du personnage.

"Ce qui m’intéresse, c’est de montrer un Constantine usé par des décennies de combat", explique une source proche du projet. "Un type qui a vu trop d’horreurs, fait trop de compromis, et qui se demande s’il mérite encore de se battre." Un angle bien loin des super-héros en collants – et c’est précisément ce qui rend le projet excitant.

Pourquoi Constantine est (plus que jamais) le sorcier dont nous avons besoin

Dans un paysage cinématographique saturé de héros parfaits et prévisibles, Constantine offre quelque chose de rare : de l’humanité crasse. Il ment, triche, fume trop, et passe son temps à négocier avec des entités qu’il méprise. Pourtant, quand il le faut, il se sacrifie – non par héroïsme, mais parce que "quelqu’un doit bien le faire".

Son retour potentiel arrive à point nommé :

  • L’ère des antihéros : Après Joker (2019), Peacemaker (2022), ou The Suicide Squad (2021), le public est prêt pour des personnages moraux ambivalents.
  • La montée de l’horreur "prestige" : Des films comme Hereditary ou The Witch ont prouvé qu’il y a un marché pour des récits occultes et psychologiques.
  • La lassitude des franchises : Après 10 ans de Marvel, les spectateurs cherchent des histoires plus personnelles, moins formatées.

"Constantine est le pont parfait entre le cinéma de super-héros et l’horreur adulte", estime Mike Flanagan (The Haunting of Hill House). "C’est un personnage qui peut parler aux fans de comics comme aux amateurs de True Detective."

Reste une question : DC osera-t-il aller jusqu’au bout ? Dans les comics, Constantine a :

  • Vendu son âme plusieurs fois (et l’a récupérée par la ruse).
  • Trahi ses alliés pour survivre.
  • Provoqué des catastrophes magiques en tentant de "réparer" les choses.

Autant de zones d’ombre qui font de lui un personnage unique – mais aussi un pari risqué pour un studio. "Si DC édulcore Constantine, ils perdent ce qui le rend spécial", avertit Warren Ellis, scénariste ayant travaillé sur Hellblazer. "C’est un sorcier, pas un super-héros. Il doit rester dangereux."

Entre les mains de James Gunn, connu pour son amour des outsiders (Guardians of the Galaxy, Peacemaker), Constantine pourrait enfin trouver sa place au soleil… ou du moins, sous une lumière tamisée par la fumée de ses Silk Cut. Si le projet aboutit, il ne s’agira pas d’un simple reboot, mais d’une réinvention : celle d’un personnage qui a toujours refusé les règles, même celles de son propre univers.

Dans un monde où la magie au cinéma rime souvent avec capes flottantes et incantations grandiloquentes, Constantine rappelle une vérité simple : parfois, le vrai pouvoir réside dans la ruse, la survie, et l’acceptation de ses propres faiblesses. Et ça, même Doctor Strange ne peut pas le nier.

Alors, prêt à vendre votre âme pour un billet de cinéma ?

L'Avis de la rédaction
Par Celtic
"Constantine, c'est le mec qui fume des clopes comme si c'était des bonbons, et qui négocie avec le Diable comme avec un pote. DC l'a sacré Sorcier Suprême, et c'est pas pour rien. Il est l'antihéros par excellence, le junkie de la magie qui sait qu'il va en enfer mais qui continue à fumer en attendant le bus. C'est ça qui le rend fascinant, et c'est ça qui fait qu'on a hâte de le voir revenir dans le DCU. Mais attention, DC, si vous édulcorez Constantine, vous perdez ce qui le rend spécial. Il doit rester dangereux, sinon c'est plus un sorcier, c'est un super-héros."
Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Celtic

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