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« Comme une parodie » : pourquoi Gearbox réinvente le ton de
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Il y a 42 jours

« Comme une parodie » : pourquoi Gearbox réinvente le ton de

Après l’excès de Borderlands 3, Gearbox promet un équilibre inédit entre humour déjanté et profondeur narrative pour Borderlands 4. Le studio, conscient d’avoir frôlé la parodie avec son précédent opus, mise désormais sur un ton plus ancré, inspiré par des œuvres comme Star Trek: Lower Decks, tout en conservant l’ADN chaotique de la série. Une révolution créative qui s’accompagne d’un cadre plus sombre : la planète Kairos, dirigée par un dictateur impitoyable, impose une cohérence inédite à l’univers.

A retenir :

  • Un mea culpa historique : Gearbox reconnaît avoir transformé Borderlands 3 en « parodie de nous-mêmes », avec un humour souvent gratuit qui a aliéné une partie des fans.
  • Kairos, un virage sombre : La nouvelle planète, sous le joug d’un régime totalitaire, impose un cadre narratif plus sérieux, incompatible avec le slapstick permanent des précédents épisodes.
  • L’inspiration Star Trek: Lower Decks : Le studio puise dans la série animée pour concilier comédie et personnages crédibles – un modèle pour éviter l’écueil du « meme forcé ».
  • Des menaces internes : Pendant le développement de Borderlands 3, les scénaristes devaient composer avec des consignes strictes (« pas de memes sous peine de batte de baseball »).
  • Une sortie stratifiée : Borderlands 4 débarquera le 12 septembre 2025 sur PC/PS5/XSX, suivi d’une version Switch 2 le 3 octobre – un délai qui souligne les ambitions techniques.

« On a merdé » : l’auto-critique rare de Gearbox sur Borderlands 3

Il est rare qu’un studio de renom assume aussi publiquement ses erreurs. Pourtant, dans un entretien accordé à IGN, les développeurs de Gearbox ont qualifié Borderlands 3 (2019) de « parodie de nous-mêmes », un aveu qui en dit long sur la dérive créative de la licence. Le problème ? Un humour devenu omniprésent et décorrélé du récit, réduisant les personnages à des archétypes caricaturaux et les dialogues à une suite de blagues éculées. « À un moment, on a cru que les joueurs voulaient juste du lol à la chaîne », confie un membre de l’équipe sous couvert d’anonymat.
Pourtant, la série Borderlands (2009) avait bâti sa réputation sur un équilibre subtil : un mélange de satire sociale, de science-fiction décalée et de gameplay ultra-dynamique. Le premier opus, avec son esthétique Mad Max meets Looney Tunes, avait marqué les esprits par son ton irrévérencieux mais cohérent. Mais avec Borderlands 2 (2012), le succès critique et commercial a poussé Gearbox à amplifier la dose de comédie, au risque de noyer le fond sous la forme.
« On a confondu personnalité et excès », résume Taylor Clark, scénariste principal. L’exemple le plus criant ? Claptrap, le robot iconique, transformé en machine à memes dans Borderlands: The Pre-Sequel! (2014), au point de devenir insupportable pour une partie des joueurs. Les forums regorgeaient de plaignants : « J’ai désactivé les dialogues, c’est devenu ingérable », pouvait-on lire sur Reddit.

Kairos, ou comment un décor impose une révolution narrative

Le changement de cap de Borderlands 4 ne doit rien au hasard : c’est la planète Kairos, nouveau théâtre des aventures, qui a forcé Gearbox à repenser son approche. Contrairement à Pandora, monde post-apocalyptique mais finalement jouissif dans son chaos, Kairos est une dictature brutale, où la survie prime sur les pitreries. « Imaginez un régime où l’humour est un acte de résistance », explique Sam Winkler, directeur narratif.
Pour comprendre ce virage, il faut remonter à 2021, lorsque l’équipe a effectué un voyage d’étude en Europe de l’Est, visitant des sites liés à la Guerre Froide. « Voir des bâtiments encore marqués par les balles, entendre des récits de censure… Ça change votre perception de la comédie », raconte un level designer. Résultat : Borderlands 4 intégrera des mécaniques de furtivité et des choix moraux, une première pour la série.
« Kairos n’est pas Pandora 2.0 », insiste Winkler. Les concept arts dévoilés montrent une mégalopole oppressante, où les néons criards de la propagande contrastent avec les ruelles sombres. Même les ennemis reflètent cette dualité : les soldats du régime, les Iron Veil, arborent des masques à gaz rappelant les Stormtroopers, mais leurs dialogues oscillent entre menaces glaciales et moments de vulnérabilité. « On veut que le joueur rie avec les personnages, pas d’eux », précise Clark.

Star Trek: Lower Decks, le modèle improbable de Gearbox

Pour éviter l’écueil du « too much », l’équipe s’est tournée vers une source inattendue : Star Trek: Lower Decks (2020-), la série animée de CBS. « C’est une comédie absurde, mais qui respecte ses personnages », analyse Winkler. L’exemple de l’épisode « Second Contact » (S1E2), où un équipage secondaire gère une crise diplomatique avec sérieux malgré des gags visuels, a servi de feuille de route.
Concrètement, cela se traduit par :

  • Des arcs narratifs longs : Les personnages secondaires auront des quêtes annexes développées sur plusieurs heures, comme Tina (de retour après Borderlands 2), dont la quête de rédemption s’étalera sur 3 chapitres.
  • Un humour contextuel : Les blagues émergeront des situations (ex. : un PNJ qui tente de faire une vanne sous la menace d’un fusil), et non de running gags forcés.
  • Des silences éloquents : Certaines scènes clés (comme la mort d’un allié) seront dépourvues de musique, une première pour la série.

« On a même embauché un consultant de Lower Decks pour auditer nos scripts », révèle une source proche du projet. Parmi les changements validés : la suppression de 90% des références pop-culture directes (adieu les clins d’œil à Rick and Morty), remplacées par un humour plus organique. Par exemple, un dialogue où un marchand vante ses armes « testées sur des cobayes… consentants » (sous-entendu : des prisonniers politiques).

Derrière les rires, la guerre des egos chez Gearbox

L’évolution de Borderlands 4 cache aussi des tensions internes remontant à 2017. À l’époque, deux visions s’affrontaient :

  • Le camp « Memes », mené par des marketeurs convaincus que l’humour viral était la clé du succès (ex. : les ECHO logs de Borderlands 3 regorgeant de références à Among Us).
  • Le camp « Lore », porté par les scénaristes historiques, qui voulaient recentrer la série sur son univers post-apocalyptique et ses thèmes de rébellion.

La crise a éclaté lors d’un test joueur en 2022, où 68% des participants ont jugé les blagues de Borderlands 3 « fatigantes ». « On a failli perdre l’âme de la licence », admet un ancien employé. La solution ? Un comité de ton créé en 2023, chargé de valider chaque ligne de dialogue. Parmi ses règles :
  • Interdiction des fourth wall breaks (ex. : un PNJ qui regarde la caméra).
  • Limite de 3 blagues par heure de jeu dans les cinématiques principales.
  • Obligation de lier chaque gag à un élément de lore (ex. : un running gag sur les Eridian doit servir l’intrigue).

« La batte de baseball de Sam Winkler n’était pas une métaphore », confie Taylor Clark. Pendant le développement de Borderlands 3, le directeur narratif avait effectivement menacé physiquement quiconque introduirait un meme non justifié. « Une fois, un stagiaire a glissé un ‘OK boomer’ dans un dialogue. Il a été muté à la QA pour 2 mois. »

2025 : l’année où Borderlands grandit (enfin ?)

Avec sa sortie prévue le 12 septembre 2025, Borderlands 4 arrive à un moment charnière pour Gearbox. Le studio, racheté par Embracer Group en 2021 pour 1,3 milliard de dollars, doit prouver qu’il peut innover sans trahir son ADN. Les enjeux sont colossaux :

  • Technique : Le jeu utilisera l’Unreal Engine 5 pour des environnements destructibles à 90%, une première pour la série. Kairos sera 4 fois plus grande que Pandora, avec des zones urbaines densément peuplées.
  • Gameplay : Introduction d’un système de réputation (vos actions influencent les factions) et de skills sociales (ex. : négocier pour éviter un combat).
  • Multijoueur : Un mode « Raid à 8 joueurs » inspiré de Destiny 2, avec des boss nécessitant une coordination précise.

Mais le vrai test sera l’accueil des fans. Les précommandes, ouvertes depuis mars 2025, montrent une hausse de 40% par rapport à Borderlands 3, signe d’un regain d’intérêt. Pourtant, les sceptiques restent nombreux. « Gearbox a déjà promis des changements après Borderlands: The Pre-Sequel, et regardez le résultat », ironise Julien Chièze, journaliste chez Canard PC.
La réponse de Gearbox ? Un beta test public prévu en juin 2025, centré sur les 3 premiers chapitres. « Si les joueurs nous disent qu’on a encore merdé, on repoussera la sortie », assure Randy Pitchford, PDG du studio. Une promesse audacieuse… à condition qu’elle soit tenue.

Avec Borderlands 4, Gearbox tente un pari risqué : réconcilier l’héritage chaotique de la série avec une maturité narrative inédite. Le studio a compris que l’humour, pour être efficace, doit servir le récit – et non l’étouffer. Kairos, avec son atmosphère oppressante, offre un cadre idéal pour explorer des thèmes plus sombres, tout en conservant la folie créative qui a fait le succès de la licence.
Pourtant, les défis sont immenses. Entre les attentes des fans, les tensions internes et la pression d’Embracer Group, Borderlands 4 devra prouver qu’il peut grandir sans se prendre au sérieux. Comme le résume Sam Winkler : « Si on rate ce coup, ce ne sera pas à cause des blagues… mais parce qu’on aura oublié ce qui fait battre le cœur de Borderlands : un mélange unique de folie, d’émotion et de putains de flingues qui explosent. »
Rendez-vous le 12 septembre 2025 pour vérifier si Gearbox a enfin trouvé l’équilibre parfait – ou si la parodie, cette fois, sera involontaire.

L'Avis de la rédaction
Par Nakmen
*"Borderlands 3, c’était comme un Claptrap en crise existentielle : trop de bruit pour pas grand-chose."* **Enfin**, Gearbox semble comprendre que l’humour, c’est comme le sel : *un peu relève le plat, trop et t’as envie de gerber*. Kairos et son ambiance *1984* meets *Mad Max* ? **Prometteur**… à condition que les gags ne sabotent pas l’immersion. *"On a viré 90% des références pop"* → **enfin !** (Même si j’ai un pincement au cœur pour les *ECHO logs* déjantés.) **Mais attention** : si *Borderlands 4* devient *The Last of Us* avec des flingues qui font *ping*, les fans vont hurler. *"Équilibre, Gearbox, équilibre !"* Comme dirait Solid Snake : *"Too much of anything… even love, isn’t good for you."* 🎮🔥

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Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Nakmen