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Disney abandonne "The Aristocats" : le remake tant attendu annulé après des changements stratégiques
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Après les déboires de "Snow White" et les hésitations de Disney, le remake live-action de "The Aristocats" (1970) est officiellement abandonné. Le réalisateur Questlove, attaché au projet depuis 2021, a révélé cette décision lors d’un podcast, évoquant des changements répétés de direction et une stratégie floue du géant du divertissement. Un coup dur pour les fans, alors que le studio se recentre sur des projets plus rentables comme "Moana".
A retenir :
- Annulation confirmée : Questlove révèle que Disney a definitivement abandonné le remake de "The Aristocats", malgré trois ans de développement.
- Contexte financier tendu : Après l’échec de "Snow White" (205M$ de recettes), Disney revisite sa stratégie de remakes, privilégiant des titres à fort potentiel comme "Moana".
- Un projet musical ambitieux : Le réalisateur avait prévu un film riche en chansons, s’inspirant de l’héritage jazz du film original, avec une équipe créative déjà en place.
- Silence radio chez Disney : Aucune communication officielle n’a été faite, laissant planer le doute sur un éventuel retour futur du projet.
- Impact sur l’industrie : Cette annulation interroge sur l’avenir des remakes live-action, alors que les studios misent de plus en plus sur l’originalité et les franchises établies.
1970-2024 : L’héritage méconnu d’un classique Disney
Sorti en 1970, "The Aristocats" est souvent éclipsé par d’autres titres de l’âge d’or Disney, comme "The Jungle Book" (1967) ou "Robin Hood" (1973). Pourtant, ce film d’animation, dernier à être supervisé par Walt Disney lui-même avant sa mort, marque un tournant. Avec son style jazz signé par les légendes Floyd Huddleston et Al Rinker, et des voix iconiques comme celle de Phil Harris (O’Malley), il a séduit un public international, rapportant 55,7 millions de dollars à l’époque (soit environ 400M$ ajustés à l’inflation).
Le film raconte l’histoire de Duchesse, une chatte aristocrate, et de ses chatons, enlevés par un majordome malveillant avant d’être sauvés par Thomas O’Malley, un chat des rues. Un scénario simple, mais porté par une animation fluide et une bande-son entraînante, dont le tube "Everybody Wants to Be a Cat", nominé à l’Oscar de la meilleure chanson originale.
"The Aristocats était un film audacieux pour son temps, mélangeant humour, aventure et une touche de sophistication parisienne. C’est cette alchimie qui a inspiré des générations de cinéastes", confie Marie-Louise Khondji, historienne du cinéma d’animation.
Questlove et Disney : une collaboration avortée dans la tourmente
En février 2021, Disney annonce que Ahmir "Questlove" Thompson, musicien et réalisateur oscarisé pour "Summer of Soul" (2021), dirigera le remake live-action. Un choix logique : Questlove, passionné de jazz et de culture afro-américaine, semblait idéal pour moderniser l’univers musical du film. Pourtant, dès le départ, les signaux d’alerte étaient là.
Trois changements de direction en deux ans chez Disney ont ralenti le projet. Comme l’explique Questlove dans le podcast "Score" : "À chaque fois, je devais reprendre depuis zéro. La troisième fois, j’ai compris que Disney ne savait plus ce qu’ils voulaient. Entre les remakes qui coûtent cher et les résultats mitigés, ils hésitent." Les sources internes évoquent un budget initial de 120M$, jugé trop risqué après les performances décevantes de "The Little Mermaid" (2023) et "Snow White" (2024).
Le réalisateur avait pourtant une vision claire : un film hybride, mêlant prises de vues réelles et animation, avec des numéros musicaux ambitieux et une relecture des personnages pour coller aux attentes modernes. Eva Noblezada (miss Saigon) et Donald Glover étaient pressentis pour incarner Duchesse et O’Malley.
L’échec de "Snow White" : le déclencheur d’une remise en question
Le remake de "Snow White and the Seven Dwarfs", sorti en mars 2024, a été un désastre financier : 205,6M$ de recettes mondiales pour un budget estimé à 250M$. Un contraste saisissant avec "Lilo & Stitch" (2023), qui a dépassé le milliard grâce à son approche plus moderne et son humour décalé.
Les analystes pointent plusieurs raisons :
- Un public lassé : Les remakes live-action, autrefois bankables, souffrent d’une saturation du marché.
- Des choix artistiques contestés : La version 2024 de "Snow White" a été critiquée pour son manque d’audace et des effets spéciaux jugés "trop lisses".
- La concurrence des plateformes : Disney+ propose déjà les classiques en 4K, réduisant l’attrait des remakes.
"Les remakes ne marchent plus comme avant. Il faut soit innover radicalement, soit accepter de perdre de l’argent", estime Julien Morizet, expert en stratégie cinématographique. Dans ce contexte, "The Aristocats", malgré son potentiel musical, devenait un paris trop risqué.
Ce que l’annulation révèle sur la stratégie Disney
Depuis 2019, Disney a sorti 12 remakes live-action, avec des résultats inégaux :
FilmAnnéeBudget (M$)Recettes (M$)Rentabilité
The Lion King20192601 663✅
Aladdin20191831 050✅
Mulan202020070❌
Pinocchio2022150110❌
Snow White2024250205❌
La tendance est claire : seuls les titres iconiques (comme "The Lion King") ou ceux avec un public familial large (comme "Aladdin") rapportent. "The Aristocats", bien que culte, ne bénéficiait pas de la même notoriété mondiale. Disney se tourne désormais vers :
- Les suites de franchises : "Moana 2" (2024), "Frozen 3" (2026).
- Les contenus originaux : "Wish" (2023), "Strange World" (2022).
- Les acquisitions de licences : Marvel, Star Wars, et bientôt les droits de "Persepolis".
"Disney a compris qu’il fallait arrêter de piller son propre catalogue. Les remakes étaient une solution facile, mais plus maintenant", analyse Clara Dupont, journaliste à Les Échos.
Et maintenant ? L’avenir incertain des remakes Disney
Plusieurs projets sont encore en développement, mais leur sort est incertain :
- "Hercules" (avec Guy Ritchie) : en pré-production, mais aucun casting confirmé.
- "Bambi" : annoncé en 2020, aucune nouvelle depuis.
- "The Sword in the Stone" : Juan Carlos Fresnadillo attaché à la réalisation, mais le projet stagne.
Pour "The Aristocats", Questlove reste optimiste : "Si un jour Disney veut relancer le projet avec une vraie vision, je serai partant. Ce film mérite une seconde chance." En attendant, les fans peuvent se consoler avec :
- La version originale restaurée disponible sur Disney+ en 4K HDR.
- Le livre "The Art of The Aristocats" (éditions Disney), qui plonge dans les coulisses du film de 1970.
- Les rumeurs d’un spin-off animé centré sur les chatons, produit par Disney Television Animation.
Une chose est sûre : l’ère des remakes systématiques est révolue. Disney doit désormais innover ou disparaître, comme le résume Bob Iger dans une note interne : "Notre priorité est de créer des histoires qui résonnent avec les nouvelles générations, pas de répéter le passé."
L’annulation du remake de "The Aristocats" marque un tournant dans la stratégie de Disney. Après une décennie de remakes lucratifs mais critiqués, le studio semble enfin écouter les signes d’essoufflement du public. Pourtant, cette décision soulève une question : et si Disney avait raté une occasion de réinventer un classique méconnu ?
Questlove avait une vision audacieuse, mêlant jazz contemporain et hommage à l’animation traditionnelle. Son abandon reflète une industrie en pleine mutation, où la nostalgie ne suffit plus. Les fans devront se contenter des rumeurs de spin-offs ou d’une éventuelle résurrection du projet dans cinq ans… si Disney n’a pas définitivement tourné la page.
Une chose est certaine : l’ère des remakes faciles est terminée. Place désormais à l’originalité… ou à l’oubli.