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Dispatch : quand l’esprit Telltale renaît de ses cendres et séduit 2 millions de joueurs
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Avec plus de 2 millions de joueurs conquis, Dispatch confirme le retour en grâce des anciens de Telltale. Ce mélange audacieux de simulation de bureau et de comédie super-héroïque, porté par un casting cinq étoiles et une écriture mordante, s’impose comme l’une des surprises majeures de 2025. Entre gestion chaotique d’une équipe de héros dysfonctionnels et intrigues narratives aux rebondissements jouissifs, le titre d’AdHoc Studio prouve que l’héritage des jeux narratifs n’a pas fini de faire parler de lui.
A retenir :
- 2 millions de joueurs en quelques mois : un succès fulgurant pour ce jeu indie aux allures de blockbuster narratif.
- Un casting exceptionnel mêlant stars hollywoodiennes (Aaron Paul, Jeffrey Wright) et figures du gaming (Laura Bailey, Matthew Mercer).
- Nommé "Meilleur Jeu Indie Débutant" aux Game Awards 2025, face à des concurrents bien plus établis.
- Un gameplay hybride unique : stratégie de gestion + choix narratifs façon Telltale, le tout saupoudré d’humour absurde.
- L’inspiration inattendue de Dispatch : un spot Pepsi des années 90 avec Cindy Crawford pour le design de Malevola !
La résurrection des cendres de Telltale : comment AdHoc Studio a relevé le défi
Quand Telltale Games a fermé ses portes en 2018 après des années de succès (The Walking Dead, The Wolf Among Us), beaucoup ont cru que l’ère des jeux narratifs ambitieux touchait à sa fin. Pourtant, dans l’ombre, d’anciens développeurs du studio planchaient déjà sur un projet fou : Dispatch. Fondé en 2020 par Kevin Bruner (co-fondateur de Telltale) et une poignée de vétérans, AdHoc Studio avait une mission claire : "Réinventer le jeu narratif sans sacrifier la profondeur ou l’humour", confie un proche du projet. Quatre ans plus tard, le pari semble gagné : avec un modèle économique sobre (épisodique, sans microtransactions) et une identité visuelle décalée, Dispatch a séduit plus de 2 millions de joueurs en à peine six mois.
Le secret ? Un mélange explosif entre gestion simulationniste (à la Papers, Please) et récit interactif façon Telltale, le tout enveloppé dans une esthétique comic book assumée. "On voulait que les joueurs ressentent le chaos d’un open-space de super-héros, où les egos surdimensionnés se heurtent aux réalités bureaucratiques", explique Derek Stratton, directeur artistique du jeu. Résultat : une expérience où l’on alterne entre décisions stratégiques (qui envoyer sur une mission ?) et dialogues hilarants (gérer les crises de nerfs de Malevola, la démoniaque inspirée des top models des années 90).
Techniquement, Dispatch repose sur une version modifiée de l’Unity Engine, optimisée pour des chargements fluides entre les segments narratifs et les phases de gestion. Les développeurs ont aussi mis l’accent sur l’accessibilité : sous-titres personnalisables, options de difficulté pour les segments stratégiques, et même un mode "sans stress" pour ceux qui veulent profiter de l’histoire sans pression. "On a appris de nos erreurs chez Telltale. Ici, pas de bugs à gogo ni de sorties précipitées", assure un développeur sous couvert d’anonymat.
Malevola, Aaron Paul et Cindy Crawford : les coulisses d’un casting cinq étoiles
Si Dispatch marque les esprits, c’est aussi grâce à son casting vocal exceptionnel. Parmi les noms les plus prestigieux :
- Aaron Paul (Jesse Pinkman dans Breaking Bad) : incarne Barry "The Bulwark", un super-héros vieillissant en crise existentielle.
- Laura Bailey (Aloy dans Horizon, Abby dans The Last of Us Part II) : prête sa voix à Seraphina, l’ange gardienne cynique.
- Jeffrey Wright (Westworld, Batman) : campe Le Directeur, figure mystérieuse aux motivations troubles.
- Erin Yvette (streamer et actrice) et Jacksepticeye : apportent une touche "gaming" à l’équipe.
Mais la vraie surprise vient de Malevola, la démoniaque sexy au look rétro. Dans une interview à IGN, Derek Stratton a révélé que son design s’inspirait d’un spot Pepsi des années 90 mettant en scène Cindy Crawford : "On voulait un mélange de séduction old-school et de menace surnaturelle. Les années 90, c’était l’âge d’or des supermodels – et des démons dans les comics !". Le personnage, interprété par une actrice encore non dévoilée, est déjà devenu culte pour ses répliques cinglantes et son attitude de "diva infernale".
Côté écriture, l’équipe a collaboré avec des scénaristes de Rick and Morty et The Venture Bros. pour peaufiner l’humour absurde du jeu. "On a organisé des sessions d’impro avec les doubleurs pour capturer des réactions naturelles. Aaron Paul a improvisé 70% de ses répliques !", raconte un membre de l’équipe. Résultat : des dialogues qui respirent la spontanéité, loin des lignes trop écrites des jeux narratifs classiques.
Stratégie et chaos : quand la gestion d’équipe rencontre les super-pouvoirs
Au cœur de Dispatch se trouve un système de gestion hybride qui rappelle Two Point Hospital, mais avec une touche super-héroïque. Le joueur incarne un nouveau manager au sein de la Division des Réponses aux Urgences Paranormales (DRUP), une agence gouvernementale chargée de gérer les crises surnaturelles. Chaque jour, il faut :
- Assigner les héros aux missions (un vampire pour une éruption de loups-garous ? Un téléporteur pour un braquage ?).
- Gérer les ressources : budget serré, équipement à upgrading, et bureaux à entretenir.
- Apaiser les egos : chaque personnage a des traits de personnalité qui influencent ses performances (ex : Malevola refuse de travailler avec des "saints-surnaturels").
- Prendre des décisions narratives : vos choix affectent les relations entre personnages et l’évolution de l’histoire.
Le jeu se distingue par son système de conséquences dynamiques. Par exemple, envoyer un héros non préparé à une mission peut déclencher une "crise de réputation", tandis qu’un bon appariement déverrouille des scènes bonus. "On a créé plus de 500 combinaisons possibles riant aux interactions entre personnages. Même après 50 heures, les joueurs découvrent encore des dialogues inédits", précise un game designer.
Côté technique, les missions sont générées via un algorithme qui prend en compte :
- Le niveau de menace (de "nuisance mineure" à "apocalypse imminente").
- Les affinités des héros (certains sont plus efficaces contre des types de menaces spécifiques).
- L’humeur du bureau : un environnement toxique réduit l’efficacité de 30% !
Les joueurs les plus stratégiques peuvent débloquer des pouvoirs de gestion (ex : "Motivation Divine" pour booster temporairement une équipe) via un arbre de compétences. Un système qui rappelle XCOM, mais avec une touche de comédie absurde.
Nomination aux Game Awards : comment un jeu indie défie les géants
En novembre 2025, Dispatch a créé la surprise en étant nommé dans la catégorie "Meilleur Jeu Indie Débutant" aux Game Awards, aux côtés de titres comme Hollow Knight: Silksong ou The Plucky Squire. Une reconnaissance d’autant plus remarquable que le jeu est développé par une équipe de seulement 25 personnes, contre des centaines pour ses concurrents.
Plusieurs facteurs expliquent ce succès critique :
- L’écriture : saluée pour son équilibre entre humour et profondeur (thèmes comme le burn-out ou la quête de sens).
- L’innovation gameplay : peu de jeux osent mélanger gestion et narration aussi habilement.
- L’accessibilité : contrairement à beaucoup de jeux narratifs, Dispatch séduit aussi les joueurs occasionnels.
- Le marketing viral : les extraits de dialogues (surtout ceux de Malevola) ont inondé TikTok et Twitter.
Pourtant, tous les critiques ne sont pas unanimes. Certains reprochent au jeu son rythme inégal (des phases de gestion parfois répétitives) ou son manque de variété dans les missions en fin de partie. "C’est un jeu qui brille par ses dialogues et son ambiance, mais qui peine à renouveler ses mécaniques sur la durée", note Julien Chièze (jeuxvideo.com). À l’inverse, Laura Kate Dale (The Verge) le qualifie de "chef-d’œuvre narratif qui redéfinit ce qu’un jeu indie peut accomplir".
Côté ventes, les chiffres parlent d’eux-mêmes :
PlateformeVentes (estimées)Part de marché PC (Steam/GOG)1,2 million60% PlayStation 5500 00025% Xbox Series X|S300 00015%Avec un budget initial de 3 millions de dollars (contre 50 à 100 millions pour un AAA classique), Dispatch prouve qu’un jeu narratif peut être à la fois rentable et innovant sans sacrifier sa âme indie.
L’héritage de Telltale et l’avenir d’AdHoc Studio : vers une nouvelle ère du jeu narratif ?
Le succès de Dispatch pose une question cruciale : et si la fermeture de Telltale avait été le catalyseur d’une renaissance du jeu narratif ? Contrairement à son prédécesseur, AdHoc Studio a évité les pièges qui ont coulé Telltale :
- Pas de surproduction : des épisodes sortis à un rythme soutenable (1 tous les 2 mois).
- Un modèle économique sain : prix unique (29,99€), sans DLC ou season pass.
- Une équipe réduite mais expérimentée : pas de turnover massif comme chez Telltale en 2017-2018.
Le studio travaille déjà sur un projet non annoncé, décrit comme un "thriller psychologique en monde ouvert". "On veut explorer d’autres genres tout en gardant notre ADN : des personnages profonds et un humour noir", tease Kevin Bruner. Parallèlement, des rumeurs évoquent une extension pour Dispatch centrée sur les origines de Malevola, ainsi qu’une version Nintendo Switch prévue pour 2026.
Plus largement, Dispatch pourrait inspirer une nouvelle génération de jeux hybrides. Des studios comme Devolver Digital ou Annapurna Interactive ont déjà exprimé leur intérêt pour des projets similaires. "Le jeu prouve qu’il y a un public pour des expériences narratives qui osent sortir des sentiers battus", analyse Ben Kuipers, analyste chez Newzoo.
Enfin, le jeu a aussi un impact culturel inattendu. Des fans ont lancé des campagnes de cosplay (notamment pour Malevola), tandis que des universitaires étudient son approche de la satire des milieux professionnels. "Dispatch est bien plus qu’un jeu : c’est une critique hilarante et touchante de notre rapport au travail", estime Sophie Prasad, sociologue des médias.
Avec Dispatch, AdHoc Studio a accompli l’impossible : ressusciter l’esprit de Telltale tout en évitant ses écueils. En mêlant gestion chaotique, humour mordant et profondeur narrative, le jeu s’impose comme une révélation de 2025, prouvant qu’un petit studio peut rivaliser avec les géants du secteur. Son succès commercial (2 millions de joueurs) et critique (nomination aux Game Awards) envoie un message clair à l’industrie : les joueurs réclament des expériences audacieuses, pas des formules éculées.
Au-delà des chiffres, Dispatch marque un tournant. Il démontre que les jeux narratifs peuvent innover sans renier leur héritage, et que l’humour – même absurde – n’est pas incompatible avec des thèmes sérieux comme le burn-out ou la quête de sens. Alors que AdHoc Studio prépare déjà son prochain projet, une question persiste : combien de temps avant que les majors ne tentent de copier cette recette magique ?
Une chose est sûre : avec son mélange unique de stratégie, de comédie et de cœur, Dispatch a posé une pierre angulaire dans l’histoire des jeux indépendants. Et si Malevola et ses collègues dysfonctionnels ont encore beaucoup à nous dire, une chose est certaine – l’ère des super-héros de bureau ne fait que commencer.

