Il y a 54 jours
Dragon Age: Origins – Le Remaster Impossible ou l’Occasion Manquée de BioWare ?
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Pourquoi Dragon Age: Origins, chef-d’œuvre du RPG, ne bénéficiera probablement jamais d’un remaster ?
Malgré une demande persistante des fans et le succès retentissant de Mass Effect Legendary Edition (10M+ ventes, 130M$ de revenus), le projet se heurte à un double mur :• Technique : Son moteur Eclipse Engine (obsolète, basé sur des scripts Python) exige une réécriture quasi totale pour supporter le 4K ou les éclairages modernes.
• Financier : EA refuse d’allouer un budget dédié, malgré la rentabilité prouvée des remasters. Pire, la direction imposerait aux équipes de BioWare de *"trouver l’argent ailleurs"*, comme révélé par d’anciens employés.
Résultat : Un paradoxe industriel où un jeu culte et rentable reste prisonnier de l’inertie corporative et de l’héritage technologique.
A retenir :
- Moteur maudit : L’Eclipse Engine de Dragon Age: Origins (2009), conçu en interne par BioWare, est incompatible avec les outils modernes de remastering, contrairement à l’Unreal Engine utilisé pour Mass Effect.
- Coût prohibitif : Un remaster équivaudrait à un remake partiel, avec une réécriture du code Python et des scripts – un investissement que ni EA ni BioWare ne veulent assumer, malgré les 130M$ générés par Mass Effect Legendary Edition.
- Stratégie incompréhensible : Alors que les remasters sont rentables (ex. : Crash Bandicoot N. Sane Trilogy, Final Fantasy VII Remake), EA bloque le projet, imposant aux équipes de "se débrouiller avec les moyens existants".
- Solutions alternatives : Les mods communautaires (comme Dragon Age: Redesigned) tentent de moderniser le jeu, mais butent sur des limites techniques – preuve que seul un remaster officiel pourrait sauver ce classique.
- Un héritage en péril : Sans intervention, Origins risque de devenir injouable sur les systèmes modernes, effaçant l’un des meilleurs RPG de l’histoire – une tragédie pour les fans et l’industrie.
1998–2009 : La Naissance d’un Mythe (et de son Fardeau Technologique)
Imaginez un jeu développé comme un projet passion, sans penser à sa postérité. C’est exactement ce qu’a été Dragon Age: Origins (2009), né des cendres de Baldur’s Gate et conçu par une équipe de BioWare encore imprégnée de l’esprit "old-school" des RPG papier. À l’époque, personne ne parlait de 4K, de ray tracing, ou même de compatibilité future. Le moteur Eclipse Engine, créé sur mesure pour ce jeu, était une merveille d’ingénierie… pour 2009.
Problème : Contrairement à l’Unreal Engine (utilisé pour Mass Effect et maintenu par Epic Games), l’Eclipse Engine était un système fermé, optimisé pour des configurations matérielles d’une autre époque. *"C’était comme construire une cathédrale avec des outils de menuisier"*, confiait en 2022 un ancien programmeur de BioWare. Les scripts en Python, les animations pré-calculées, et l’architecture monolithique rendaient déjà les patches difficiles… Alors un remaster ?
Aujourd’hui, ce moteur est un fossile numérique. Les outils modernes de remastering (comme ceux utilisés pour Star Wars: Knights of the Old Republic) ne peuvent pas l’interpréter. *"C’est comme essayer de faire tourner Windows 11 sur un ordinateur des années 90"*, résumait Mark Darrah, ex-directeur de la franchise. Pire : les fichiers sources originaux ont partiellement disparu, victimes de réorganisations internes chez EA. Un cauchemar logistique avant même de parler d’art ou de gameplay.
Le Succès des Autres : Pourquoi Mass Effect a eu droit à son Remaster (et pas Dragon Age)
En 2021, Mass Effect Legendary Edition sortait et pulvérisait les records : 10 millions d’exemplaires vendus en un an, 130 millions de dollars de revenus (source : NPD Group), et une vague de nostalgie qui a relancé toute la licence. Alors pourquoi Dragon Age: Origins, autre fleuron de BioWare, reste-t-il abandonné ?
La réponse est purement technique :
- Mass Effect utilisait l’Unreal Engine 3, un moteur documenté, modulaire, et toujours supported par Epic Games. Les studios externes (comme Blind Squirrel) ont pu travailler dessus sans tout réécrire.
- Dragon Age: Origins repose sur un moteur maison, obsolète, et non standardisé. Même les mods communautaires (comme Dragon Age: Redesigned) doivent contourner ses limitations plutôt que les résoudre.
Résultat : Un remaster de Origins coûterait aussi cher qu’un nouveau jeu, sans la garantie d’un retour sur investissement. *"EA voit ça comme un pari risqué"*, expliquait un développeur sous anonymat. Pourtant, les fans sont là : en 2023, Dragon Age: Origins se vendait encore à plus de 50 000 exemplaires par an sur Steam (source : SteamSpy), preuve d’un marché toujours actif.
"Trouvez l’Argent Ailleurs" : La Politique Absurde d’EA
Voici le scandale : EA refuse de financer le remaster, mais ne l’interdit pas non plus. En 2017, une équipe interne de BioWare avait proposé un projet de remaster low-cost, en collaborant avec un studio de modding externe. La réponse de la direction ? *"Si vous voulez le faire, trouvez l’argent ailleurs."*
Incroyable, non ? Une entreprise qui possède l’une des licences les plus rentables du RPG moderne (avec Inquisition à 800M$ de revenus) refuse d’investir quelques millions pour moderniser son jeu le plus acclamé. Pourtant, les exemples de succès ne manquent pas :
- Final Fantasy VII Remake (2020) : 5,3M ventes en 3 jours.
- Resident Evil 2 Remake (2019) : 4M ventes en une semaine.
- Crash Bandicoot N. Sane Trilogy (2017) : 10M ventes en 2 ans.
*"C’est comme si Netflix refusait de restaurer The Sopranos parce que la pellicule est abîmée"*, s’indignait un journaliste de Kotaku en 2022. D’autant que les joueurs sont prêts à payer : une pétition pour un remaster a recueilli plus de 200 000 signatures, et les mods graphiques (comme Ultimate DAO Texture Pack) sont téléchargés des millions de fois.
Les Solutions de Rechange : Mods, Remakes Fan-Made, et l’Espoir Ténu d’un Miracle
Face à l’inaction d’EA, la communauté a pris les choses en main. Des projets comme :
- Dragon Age: Redesigned (2020) : Un mod qui améliore les textures, les éclairages, et les modèles 3D… mais reste limité par le moteur original.
- Dragon Age: Origins – Ultimate Edition (en développement) : Une tentative de remake non officiel par des fans, mais qui pourrait être bloquée par EA pour raisons légales.
- Project Skyblivion (pour The Elder Scrolls) : La preuve que des passionnés peuvent moderniser un jeu… mais avec des années de travail et des moyens limités.
*"On fait ce qu’on peut, mais sans accès aux fichiers sources, c’est comme sculpter un diamant avec un couteau en plastique"*, expliquait Sinistar, moddeur derrière Redesigned. Le pire ? Ces initiatives prouvent la demande, mais aussi l’incapacité d’EA à capitaliser dessus.
Il reste une lueur d’espoir : en 2023, des rumeurs évoquaient un remaster "secret" confié à un studio externe (peut-être Sabre Interactive, responsable de World War Z). Mais sans confirmation officielle, les fans doivent se contenter de spéculations… et de prier pour que BioWare se réveille.
Le Paradoxe de Dragon Age : Un Jeu Trop Cultivé pour Être Sauvé ?
Voici l’ironie ultime : Dragon Age: Origins est trop important pour être oublié… mais trop complexe pour être sauvé. Son héritage pèse sur BioWare :
- C’est le jeu qui a redéfini le RPG occidental après Baldur’s Gate.
- Son système de dialogues et de choix moraux a inspiré des dizaines de titres (The Witcher 3, Divinity: Original Sin 2).
- Son univers (les Tévinters, les Qunaris, les Grises Gardes) est devenu un pilier de la fantasy moderne.
Pourtant, sans remaster, ce chef-d’œuvre est condamné à disparaître. Les nouvelles générations de joueurs ne voudront (ou ne pourront) pas lancer un jeu en 720p, avec des bugs liés à Windows 11 et des mécaniques datées. *"C’est comme laisser Citizen Kane pourrir dans un entrepôt parce que la pellicule est fragile"*, s’alarme David Gaider, scénariste historique de la saga.
Alors, que faire ? Les options sont limitées :
- Attendre un miracle : Qu’EA change soudain d’avis (peu probable).
- Soutenir les mods : Même imparfaits, ils gardent le jeu vivant.
- Espérer un remake fan-made… avant qu’EA ne l’écrase légalement.
En attendant, Dragon Age: Origins reste un fantôme glorieux – un rappel que même les meilleurs jeux peuvent être victimes de leur propre succès, et de l’aveuglement corporatif.
Dragon Age: Origins mérite mieux qu’un oubli forcé. Entre un moteur ingérable, une direction d’EA myope, et des fans prêts à tout pour le sauver, ce remaster impossible est devenu le symbole d’une industrie qui préfère parfois tuer ses légendes plutôt que de les célébrer.
Pourtant, l’histoire n’est pas finie. Les rumeurs persistent, les mods progressent, et la pression des joueurs grandit. Peut-être qu’un jour, les portes des Tévinters s’ouvriront à nouveau… en 4K, cette fois. En attendant, une chose est sûre : ce combat vaut la peine d’être mené. Parce que certains jeux ne sont pas juste des produits – ce sont des héritages.