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Un exemplaire quasi parfait de *Superman #1* pulvérise le record du comic le plus cher de l'histoire à 9,12 millions de dollars
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Découvert dans un grenier californien, un Superman #1 (1939) classé 9.0/10 par la CGC devient le comic le plus cher jamais vendu, dépassant les 9,12 millions de dollars chez Heritage Auctions. Ce trésor, caché sous des journaux pendant 86 ans, surpasse le précédent record détenu par un Action Comics #1 (6 millions en 2022) et illustre l’ascension fulgurante des comics comme actifs d’investissement, au même titre que l’art contemporain.
A retenir :
- 9,12 millions de dollars : un Superman #1 (1939) pulvérise le record du comic le plus cher, dépassant les Action Comics #1 (6M$) et Detective Comics #27 (3,25M$).
- Note parfaite de 9.0/10 par la CGC, une rareté absolue pour ce titre – seulement 7 exemplaires connus dépassent le 6.0, sur les 500 000 imprimés en 1939.
- Découvert par hasard dans un grenier de Californie, protégé par... des journaux empilés depuis 86 ans, sans restauration.
- Un héritage familial : acheté en 1939 par une fillette de 9 ans à San Francisco, transmis sans que ses enfants ne sachent où il était caché.
- "Une étape clé dans la reconnaissance des comics comme patrimoine culturel", selon Jim Halperin (Heritage Auctions), qui compare leur marché à celui des œuvres d’art.
L’Odyssée d’un Trésor Oublié : Comment un Grenier Californien a Révélé le Graal des Collectionneurs
En avril 2024, trois frères anonyme du nord de la Californie ont exhumé, presque par miracle, un exemplaire de Superman #1 (juin 1939) dans le grenier de leur mère défunte. Protégé par une simple pile de journaux jaunis et une boîte en carton, le comic avait survécu 86 ans dans un état proche de la perfection. La Certified Guaranty Company (CGC), autorité mondiale en gradation de comics, lui a attribué la note exceptionnelle de 9.0/10 – un score jamais atteint pour ce titre mythique. "C’est comme trouver un Picasso dans un vide-greniers", confie un expert de Heritage Auctions sous couvert d’anonymat.
L’histoire de cette découverte tient du conte moderne. La mère des frères, alors âgée de 9 ans, avait acheté le comic en 1939 à San Francisco pour quelques cents, parmi les 500 000 exemplaires de la première impression. Contrairement à la plupart des enfants de l’époque, elle n’avait pas découpé la couverture pour en faire un poster – une pratique courante encouragée par l’éditeur, qui a décimé les stocks de comics en parfait état. "Elle nous parlait parfois de ‘comics rares cachés quelque part’", raconte l’un des frères, "mais nous avions abandonné l’idée de les trouver."
Le comic a été authentifié après 6 mois d’analyses par la CGC, qui a confirmé l’absence de restauration – un critère crucial pour les collectionneurs. "Les pages sont d’un blanc éclatant, les agrafes d’origine intactes, et la couverture conserve son gloss d’imprimerie", détaille Matt Nelson, président de la CGC. Une rareté d’autant plus remarquable que moins de 100 exemplaires de Superman #1 (toutes notes confondues) ont été recensés par Heritage Auctions depuis sa création.
Pourquoi un tel engouement ? Superman #1 marque un tournant dans l’histoire des comics. Contrairement à Action Comics #1 (1938), où Superman partageait la couverture avec d’autres héros, ce numéro lui est entièrement dédié – une première pour un personnage de comic. Il introduit aussi Lois Lane, Perry White, et le Daily Planet, piliers de la mythologie Superman. "C’est l’acte de naissance du super-héros moderne", explique J.C. Vaughn, vice-président de DC Comics.
La Guerre des Enchères : Quand les Comics Détrônent l’Art Classique
La vente aux enchères, organisée par Heritage Auctions à Dallas, a duré 12 minutes et opposée 7 collectionneurs internationaux, dont un magnat japonais et un fonds d’investissement spécialisé dans la culture pop. Le prix final de 9,12 millions de dollars (frais inclus) a pulvérisé le précédent record détenu par un Action Comics #1 (CGC 8.5) vendu 6 millions en août 2022.
Ce résultat s’inscrit dans une tendance lourde : depuis 2020, les comics d’âge d’or (1938-1956) voient leurs prix exploser, avec une croissance annuelle moyenne de 25%. "Les collectionneurs considèrent désormais ces pièces comme des actifs financiers, comparables aux vins rares ou aux montres de luxe", analyse Vincent Zurzolo, co-fondateur de Metropolis Collectibles. Le marché est tiré par :
- La raréfaction des exemplaires : moins de 1% des comics des années 1930-1940 survivent en bon état.
- L’entrée des millennials sur le marché, nostalgiques de leur enfance et fortunés.
- La spéculation : des fonds comme ComicConnect achètent des comics pour les revendre avec une plus-value.
Pour comparaison, un Detective Comics #27 (1939, première apparition de Batman), noté 8.0, s’est vendu 3,25 millions en 2021. "Superman #1 est le Saint-Graal absolu", résume Ed Jaster, senior vice-président de Heritage. "C’est l’équivalent d’un Van Gogh pour les amateurs de BD."
LE SAVIEZ-VOUS ?
En 2011, un Action Comics #1 (CGC 8.0) avait été vendu 2,16 millions par Nicolas Cage, qui l’avait acheté en 1997 pour... 150 000 dollars. L’acteur avait déclaré : "C’est le seul objet que je regrette d’avoir vendu."
Les "Trois Grands" : Une Trinité qui a Révolutionné la Culture Pop
Superman #1, Action Comics #1 (1938), et Detective Comics #27 (1939) forment la "Trinité Sacrée" des comics, trois piliers qui ont défini l’âge d’or. Leur valeur combinée dépasse aujourd’hui les 20 millions de dollars pour des exemplaires haut de gamme.
Comic Première Apparition Record en Vente (CGC) Exemplaires >6.0 Action Comics #1 (1938) Superman 6M$ (8.5, 2022) ~12 Detective Comics #27 (1939) Batman 3,25M$ (8.0, 2021) ~8 Superman #1 (1939) Premier titre solo 9,12M$ (9.0, 2024) 7Ces trois comics ont été imprimés à des millions d’exemplaires, mais leur survie en bon état relève du miracle. "Les enfants les lisaient, les pliaient, les échangeaient, et les éditeurs encourageaient à découper les couvertures", rappelle Mark Waid, historien des comics. Superman #1 est particulièrement rare car il a été publié en trois tirages successifs (500 000, 250 000, puis 150 000 exemplaires), avec des variantes de couleur sur la couverture.
Le record de 2024 confirme une hiérarchie : les comics avec Superman dominent le marché, suivis par Batman, puis les héros Marvel comme Captain America #1 (1941). "Superman est le premier super-héros, le modèle originel. Son #1 sera toujours le plus recherché", prédit Stephen Fishler, PDG de ComicConnect.
Derrière les Couleurs : Les Secrets de Fabrication d’un Mythe
Imprimé en juin 1939 par National Allied Publications (future DC Comics), Superman #1 est le fruit d’un travail artisanal. Les planches étaient dessinées à la main par Joe Shuster (créateur de Superman) et encrées par des assistants, puis imprimées sur du papier newsprint de mauvaise qualité, sensible à l’acidité.
Quelques détails méconnus :
- La couverture : Superman soulève une voiture verte (une Packard 1939, modèle réel) au-dessus de sa tête. Le dessin original de Shuster montrait une voiture rouge, changée pour des raisons techniques.
- Le prix : 10 cents (soit ~2$ aujourd’hui), un tarif élevé pour l’époque.
- L’erreur mythique : Dans la page 6, Superman est appelé "Super-Man" avec un trait d’union, une coquille corrigée dans les réimpressions.
- La censure : Une scène où Superman menace un politicien corrompu a été édulcorée pour éviter des poursuites.
Le comic a été imprimé en quadrichromie, une technique coûteuse pour l’époque. "Les couleurs vives de la couverture étaient un argument de vente majeur", explique Les Daniels, auteur de Superman: The Complete History. "Les enfants étaient attirés par ce rouge éclatant, symbole de puissance."
"Un comic n’est pas qu’un objet de collection. C’est une capsule temporelle, un morceau d’histoire américaine."
— Stan Lee (1922-2018), légende de Marvel Comics.
L’Héritage de Superman #1 : De la Culture Pop à l’Investissement Spéculatif
Au-delà de sa valeur marchande, Superman #1 incarne un changement de paradigme : la transformation des comics en biens culturels légitimes. Dans les années 1930, ils étaient considérés comme de la "littérature jetable". Aujourd’hui, ils côtoient les Picasso et les Warhol dans les catalogues de Sotheby’s.
Plusieurs facteurs expliquent cette ascension :
- L’influence cinématographique : Les films DC/Marvel (comme The Batman, 2022) ont relancé l’intérêt pour les origines des héros.
- Les musées : Le Metropolitan Museum of Art (New York) a exposé des planches originales de Shuster en 2023.
- Les crypto-collectionneurs : Des plateformes comme Rally Rd. permettent d’acheter des parts de comics rares via des NFT.
Pourtant, des voix s’élèvent contre cette financiarisation. "Un comic devrait être lu, pas enfermé dans un coffre", critique Art Spiegelman, auteur de Maus. "Mais c’est le prix à payer pour leur préservation."
Le record de 2024 pourrait n’être qu’un début. Selon Heritage Auctions, un Superman #1 en 10.0/10 (note maximale) pourrait valoir plus de 20 millions. "Le jour où un tel exemplaire sera découvert, ce sera un séisme dans le monde de l’art", prédit Jim Halperin.
Et Demain ? Les Prochains Graal des Collectionneurs
Si Superman #1 règne en maître, d’autres comics pourraient le défier :
- Marvel Comics #1 (1939) : Première apparition de Namor et de la Torche Humaine. Un exemplaire (CGC 8.0) s’est vendu 1,26M$ en 2019.
- Fantastic Four #1 (1961) : Début de l’ère Marvel. Un 9.6 a atteint 1,5M$ en 2021.
- Amazing Fantasy #15 (1962) : Première de Spider-Man. Un 9.6 vaut aujourd’hui 3,6M$.
Mais aucun ne combine l’âge, l’iconographie, et l’état de conservation du Superman #1 de 2024. "C’est comme si on avait trouvé un exemplaire parfait de la Déclaration d’Indépendance", s’enthousiasme Rob Salkowitz, auteur de Comic-Con and the Business of Pop Culture.
Une chose est sûre : ce record marque un tournant. "Nous ne sommes plus dans l’ère des collectionneurs passionnés, mais dans celle des investisseurs avisés", conclut Vincent Zurzolo. "Et Superman, une fois de plus, montre la voie."
La vente historique du Superman #1 à 9,12 millions de dollars n’est pas qu’un record financier : c’est la consécration définitive des comics comme patrimoine culturel. Ce petit livre de 64 pages, imprimé pour quelques cents en 1939, symbolise aujourd’hui l’âge d’or de la bande dessinée américaine, une époque où des immigrants comme Jerry Siegel et Joe Shuster (créateurs de Superman) ont révolutionné la narration visuelle.
Au-delà des chiffres, cette transaction pose une question fondamentale : faut-il préserver ces trésors comme des reliques, ou les partager avec le public ? Des institutions comme la Library of Congress commencent à numériser ces œuvres, mais rien ne remplace l’émotion de tenir entre ses mains un exemplaire original. "Un comic, c’est fait pour être lu, pas pour moisir dans un coffre", rappelle Neil Gaiman, auteur de Sandman.
Une chose est certaine : avec l’essor des musées dédiés (comme le Comic Book Museum de New York, ouvert en 2023) et l’intérêt croissant des jeunes générations, les comics des années 1930-1940 ont encore de beaux jours devant eux. Et si un autre Superman #1 en parfait état sommeille dans un grenier, son propriétaire ignore peut-être qu’il détient l’un des objets les plus précieux de la culture populaire.

