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Fortnite : 7 000 niveaux en 82 jours – Quand le grind extrême défie la logique du jeu
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Il y a 15 heures

Fortnite : 7 000 niveaux en 82 jours – Quand le grind extrême défie la logique du jeu

Un exploit légal, mais absurde : 7 000 niveaux en 1 700 heures de bot lobbies

A retenir :

  • Terns pulvérise un record inouï : 7 000 niveaux en une saison, après 82 jours de jeu intensif (1 700+ heures) en exploitant les bot lobbies – une méthode officiellement autorisée par Epic Games.
  • Un exploit 100% légitime, mais 0% utile : les récompenses s’arrêtent au niveau 200, et tout est réinitialisé en fin de saison. "C’est pathétique", jugent certains joueurs.
  • Les bot lobbies, conçus pour les débutants, sont devenus l’arme secrète des grinders : un mode Reload vidé de son âme compétitive, transformé en usine à XP.
  • Derrière ce record se cache un problème plus large : les classements truqués par des clans exploitant des failles, forçant Epic à un chat et souris sans fin.
  • Débat brûlant : jusqu’où un jeu comme Fortnite peut-il tolérer ces dérives sans sacrifier son intégrité ?

Imaginez passer plus de 70 jours complets – sans dormir, sans pause – à enchaîner les parties d’un même jeu. C’est l’équivalent de ce qu’a réalisé Terns, un joueur de Fortnite qui vient d’atteindre le niveau 7 000 en une seule saison. Un exploit qui, sur le papier, semble hors norme. Pourtant, derrière les chiffres impressionnants se cache une réalité bien moins glorieuse : celle d’un grind extrême, vidé de sens, et qui interroge sur les limites mêmes d’un battle royale comme Fortnite.

7 000 niveaux : un record qui ne sert… à rien

Atteindre le niveau 7 000 dans Fortnite, c’est comme courir un marathon pour recevoir… une médaille en plastique. Les récompenses tangibles s’arrêtent au niveau 200 : pas de skin exclusif, pas d’avantage en jeu, juste un chiffre qui clignote sur un écran avant de disparaître à la fin de la saison. "C’est comme collectionner des cailloux sur une plage, puis les jeter à la mer trois mois plus tard", résume un joueur sur Reddit. Pourtant, Terns a bel et bien consacré 1 700 heures – soit 70 jours à temps plein – à cette quête.

Son secret ? Les bot lobbies, ces parties où les adversaires sont remplacés par des IA, conçues à l’origine pour aider les nouveaux joueurs. Une fonctionnalité officiellement soutenue par Epic Games, mais détournée en machine à XP par les grinders les plus acharnés. "Je jouais surtout en mode Reload", explique Terns, un format où l’absence de résistance humaine permet d’enchaîner les kills et les objectifs sans le moindre défi. Résultat : une mécanique répétitive, presque hypnotique, où le plaisir du jeu laisse place à une obsession des chiffres.

Sur les réseaux, les réactions sont partagées. Certains saluent la persévérance ("Respect pour le temps investi !"), d’autres y voient une dérive inquiétante ("C’est ça, la définition de l’addiction"). Un streamer connu, Ninja, a même ironisé : "Si t’as rien de mieux à faire de ta vie, pourquoi pas. Mais bon, à 7 000 niveaux, t’as toujours pas de copine, par contre." Une pointe d’humour qui masque une question sérieuse : jusqu’où un jeu peut-il pousser ses joueurs à sacrifier leur temps réel pour des récompenses virtuelles éphémères ?

"On est en 2024, et Fortnite récompense encore le grind le plus stupide"

Ce qui frappe avec l’exploit de Terns, c’est son caractère parfaitement légal. Contrairement à d’autres jeux comme Warzone ou Apex Legends, où les développeurs sanctionnent activement le farming abusif, Epic Games tolère – voire encourage – ces pratiques. Les bot lobbies existent depuis des saisons, et le mode Reload, avec ses vagues d’ennemis faciles, est devenu un terrain de jeu privilégié pour les grinders.

Pourtant, cette tolérance a un coût. "Fortnite n’est plus un battle royale, c’est une usine à XP", dénonce un joueur sur Twitter. D’autres pointent du doigt l’absence de contrepartie : "À quoi bon grinder si tout est réinitialisé après ? Même les jeux free-to-play comme Genshin Impact offrent des récompenses permanentes." Le système actuel pousse les joueurs à répéter les mêmes actions – tuer des bots, compléter des quêtes basiques – sans jamais leur donner l’impression d’avancer vraiment.

Et puis, il y a l’aspect compétitif. Dans un battle royale, l’adversaire, c’est normalement… un autre humain. Or, avec les bot lobbies, l’essence même du genre est pervertie. "C’est comme s’entraîner pour un marathon en courant sur un tapis roulant à 5 km/h", compare un analyste. Le skill n’entre plus en compte : seule compte la capacité à rester éveillé et à cliquer le plus longtemps possible.

Derrière le record, l’ombre des classements truqués

L’exploit de Terns, aussi impressionnant soit-il, n’est qu’un arbre qui cache la forêt. Car dans l’ombre, des dizaines de joueurs trichent ouvertement pour dominer les classements. "Il y a des clans entiers qui utilisent des glitches pour monter en niveau", révèle Terns lui-même. Des failles comme le "XP share" (partage d’XP entre comptes) ou l’"AFK farming" (laisser son personnage immobile pour accumuler des points) sont monnaie courante.

Epic Games tente de colmater les brèches, mais c’est un jeu du chat et de la souris sans fin. "Dès qu’ils patchent une faille, une nouvelle apparaît", explique un modérateur de la communauté. Résultat : les vrais joueurs compétitifs se retrouvent noyers dans une mer de stats gonflées artificiellement. "Les classements sont devenus une blague", résume un pro de l’esport.

Dans ce contexte, le record de Terns, bien que légal, semble presque anecdotique. "Au moins, lui, il a fait l’effort de jouer", ironise un membre de son Discord dédié au grind. Mais jusqu’à quand cette communauté de passionnés pourra-t-elle résister à la tentation de basculer vers des méthodes moins… honêtes ?

Fortnite à la croisée des chemins : accessibilité vs. intégrité

Le cas de Terns soulève une question fondamentale : jusqu’où un jeu comme Fortnite peut-il aller dans l’accessibilité sans sacrifier son intégrité compétitive ? D’un côté, les bot lobbies permettent aux nouveaux joueurs de s’amuser sans se faire écraser par les vétérans. De l’autre, ils ouvrent la porte à des exploits comme celui-ci, où le skill n’a plus sa place.

Des jeux comme Valorant ou League of Legends ont choisi une voie plus stricte : limiter le farming, sanctionner les abus, et récompenser davantage le temps de jeu qualitatif que quantitatif. Fortnite, lui, semble encore hésiter. "Epic a peur de frustrer sa base de joueurs casuels", analyse un expert. Pourtant, à force de tolérer ces dérives, le jeu risque de perdre ce qui a fait son succès : un mélange unique de fun, de compétition et de créativité.

Et puis, il y a la question du sens. "À quoi bon passer 1 700 heures sur un jeu si c’est pour obtenir quelque chose qui n’a aucune valeur ?", interroge un psychologue spécialisé dans les addictions aux jeux vidéo. Pour Terns, la réponse est simple : "C’était un défi personnel." Mais pour beaucoup, ce genre d’exploit symbolise surtout l’absurdité d’un système qui récompense l’obsession bien plus que le talent.

Dans les coulisses du grind : quand Fortnite devient un second travail

Pour comprendre comment on en arrive là, il faut plonger dans le quotidien de ces grinders extrêmes. Terns, comme beaucoup d’autres, a organisé sa vie autour de Fortnite. "Je dormais 4-5 heures par nuit, je mangeais devant mon écran, et j’avais un tableau Excel pour suivre ma progression", confie-t-il. Son Discord, où une centaine de membres échangent des tips pour optimiser leur XP, ressemble à une salle de trading : on y parle stratégies, horaires de pic d’XP, et méthodes pour éviter les bans.

Certains vont encore plus loin. Comme Mark (pseudo modifié), qui a transformé son salon en "ferme à XP" : deux PC, deux comptes, et des macros pour automatiser certaines actions. "Je gère ça comme un business", explique-t-il. Pourtant, malgré des journées de 12-14 heures, il admet que "le retour sur investissement est quasi nul". Alors, pourquoi continuer ? "Parce que c’est devenu une routine. Et puis… y’a toujours l’espoir qu’Epic ajoute un jour des récompenses pour les hauts niveaux."

Un espoir bien mince. Car pour l’instant, Fortnite semble se contenter de regarder ces joueurs s’épuiser pour… rien. "C’est comme si Nike organisait un marathon, mais ne donnait de médaille qu’aux 200 premiers, et effaçait tous les records à la fin", compare un journaliste spécialisé. Le système est conçu pour pousser à l’addiction, sans jamais vraiment récompenser l’effort.

Terns a beau détenir un record historique, son exploit ressemble surtout à un symptôme : celui d’un jeu où le grind a pris le pas sur le plaisir, où les classements sont truqués, et où les joueurs les plus dévoués finissent par tourner en rond. Fortnite a toujours su se réinventer, mais cette fois, c’est peut-être son modèle même qu’il faut repenser.

Une chose est sûre : la prochaine fois que vous verrez un joueur afficher fièrement son niveau 7 000, souvenez-vous que derrière ce chiffre se cachent des nuits blanches, des repas sautés, et une question lancinante : à quoi bon ?

L'Avis de la rédaction
Par Nakmen
Terns, c'est un peu comme si tu jouais à "Super Mario Bros" en mode "Speedrun" pendant 70 jours d'affilée. Impressionnant, mais est-ce vraiment du jeu ?
Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Nakmen

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