Il y a 15 jours
Fortnite : Le mode Delulu vire au cauchemar – des milliers de bannissements en 48h
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Un mode social qui tourne au vinaigre
Lancé comme une innovation pour renforcer les interactions entre joueurs, le mode **Delulu** de *Fortnite* a rapidement révélé son côté obscur. En à peine 48 heures, **Epic Games** a dû suspendre des milliers de comptes pour propos haineux, harcèlement et discriminations, transformant l’expérience sociale en un cas d’école sur les limites de la modération dans les jeux massivement multijoueurs. Entre réactions d’urgence et solutions à long terme, le géant du gaming tente de sauver un mode qui divise.A retenir :
- Le mode **Delulu**, avec son **chat vocal proximal**, a déclenché une **vague de toxicité** sans précédent dans *Fortnite*, forçant **Epic Games** à bannir **des milliers de comptes** en deux jours.
- Les joueurs dénoncent des **insultes ciblées** (accents, genre, âge) et une **modération inégale**, certains subissant des sanctions pour des propos anodins tandis que d’autres, clairement toxiques, passent entre les mailles du filet.
- Inspiré de jeux comme *DayZ* ou *Warzone*, *Fortnite* mise sur la **spontanéité sociale**, mais peine à trouver l’équilibre entre **immersion** et **sécurité**, un défi que des titres comme *Apex Legends* ou *Rocket League* gèrent différemment.
- Pour l’instant, **Delulu** n’est accessible que **les week-ends**, une mesure temporaire pendant qu’Epic Games affine ses outils, notamment une **IA de modération** similaire à celle de *Valorant*.
- La **toxicité en ligne** reste un fléau majeur : selon *Newzoo* (2024), **68 % des joueurs** quittent un jeu à cause de comportements hostiles. *Fortnite* doit agir vite pour éviter l’hémorragie.
- Prochain test crucial : le week-end du **26 au 29 septembre**, où la communauté et les modérateurs seront sous haute tension.
Un mode social qui part en vrille
Imaginez un *Fortnite* où, en plein combat, vous entendez soudain la voix d’un adversaire se moquer de votre accent, ou pire, proférer des insultes racistes. C’est le scénario cauchemardesque que des milliers de joueurs ont vécu dès le lancement du mode **Delulu**, une nouveauté censée **révolutionner les interactions sociales** dans le battle royale. Avec son **chat vocal proximal**, ce mode permet aux joueurs de discuter spontanément, qu’ils soient alliés ou ennemis, à condition d’être à proximité dans le jeu. Une idée séduisante sur le papier, mais qui a rapidement viré au désastre.
Dès les premières heures, les signalements ont afflué. Sur **Reddit**, les témoignages se multiplient : des joueurs harcelés pour leur **genre**, leur **âge**, ou leur **origine**, des équipes entières ciblées par des propos discriminatoires, et une ambiance générale qui rappelle les pires heures des chats vocaux non modérés. *"C’est comme si on avait ouvert les portes de l’enfer"*, résume un joueur sur le subreddit *r/FortniteCompetitive*. Pire encore, certains streamers ont diffusé en direct des extraits de conversations où des joueurs **minoritaires** étaient pris pour cible, amplifiant la polémique.
Le problème n’est pas nouveau : des jeux comme *Among Us* ou *Call of Duty: Warzone* ont déjà connu des dérives similaires avec leurs systèmes de communication. Mais *Fortnite*, avec ses **230 millions de joueurs mensuels** (chiffres 2024), agit comme un **amplificateur géant**. Ce qui aurait pu rester un incident isolé dans un jeu de niche devient ici une **crise communautaire** à l’échelle mondiale. Et pour Epic Games, la pression est immense : comment concilier **liberté d’expression**, **immersion sociale** et **sécurité** dans un environnement aussi vaste et diversifié ?
Epic Games contre-attaque : bannissements massifs et modération express
Face à l’ampleur des dérives, la réponse d’**Epic Games** a été aussi rapide que radicale. Dès le **21 septembre**, le studio a publié un communiqué sur **X (ex-Twitter)**, rappelant les règles et simplifiant la procédure de signalement. Désormais, il suffit de cliquer sur l’onglet *Voice Chat* dans le menu latéral, puis de sélectionner *"Report Conversation"* pour alerter les modérateurs. Une démarche volontairement accessible, mais qui contraste avec l’**ampleur des sanctions** : en **48 heures seulement**, des **"mille et des comptes"** (selon les termes d’Epic) ont été suspendus, un record pour un mode encore en phase expérimentale.
Pour éviter que la situation ne dégénère davantage, Epic a également pris une décision **stratégique** : limiter l’accès à **Delulu aux week-ends**. Une mesure qui permet à la fois de **réduire l’exposition** des joueurs à la toxicité et de donner aux équipes techniques le temps d’ajuster leurs outils. Parmi les pistes envisagées, l’utilisation d’une **IA de modération en temps réel**, similaire à celle déployée dans *Valorant* par **Riot Games**. Cette technologie, bien que coûteuse, analyse les conversations vocales pour détecter les propos haineux et agir instantanément. Une solution qui pourrait s’avérer indispensable pour un mode où **l’interaction spontanée est au cœur du gameplay**.
Pourtant, cette approche soulève des questions. Certains joueurs dénoncent déjà des **sanctions abusives**, affirmant avoir été bannis pour des propos anodins ou des malentendus. À l’inverse, d’autres pointent du doigt des **comportements toxiques répétés** qui échappent encore aux radars. *"J’ai signalé un joueur qui insultait systématiquement les femmes, et son compte est toujours actif trois jours après"*, témoigne une joueuse sur les forums officiels. **L’équilibre est fragile**, et Epic Games devra affiner ses algorithmes pour éviter les **faux positifs** tout en traquant efficacement les véritables harceleurs.
Delulu : une innovation mal calibrée ?
À y regarder de plus près, le mode **Delulu** n’est pas une révolution, mais plutôt une **synthèse d’idées existantes**. Des jeux comme *DayZ* ou *Call of Duty: Warzone* utilisent depuis longtemps des systèmes de **communication proximale** pour renforcer l’immersion. La différence ? Ces titres misent souvent sur des **serveurs privés** ou des **filtres stricts** pour limiter les abus. *Fortnite*, lui, a choisi une approche **grand public**, avec tous les risques que cela comporte.
*"Le problème, c’est que Fortnite est un jeu pour tous, y compris pour les enfants. Ajouter un chat vocal non filtré, c’est comme leur tendre un micro dans une arène de gladiateurs"*, analyse **Thomas Veilleux**, spécialiste des communautés gaming. D’autres jeux ont opté pour des solutions plus restrictives : *Apex Legends* limite le chat vocal aux **équipes préformées**, tandis que *Rocket League* **désactive par défaut les microphones** en mode solo. *Delulu*, au contraire, mise tout sur la **spontanéité**, avec pour seule protection une modération **réactive** plutôt que préventive. Un pari risqué, surtout quand on sait que **68 % des joueurs** (selon *Newzoo*, 2024) citent la **toxicité** comme raison principale pour abandonner un jeu.
Pourtant, Epic Games semble déterminé à faire de **Delulu** une réussite. *"Nous croyons en une expérience sociale riche, mais pas au prix du respect"*, a déclaré un porte-parole du studio. Reste à savoir si les ajustements techniques suffiront à rassurer une communauté de plus en plus **méfiante**. Certains joueurs proposent déjà des pistes : un **système de réputation**, comme dans *Overwatch 2*, où les comportements toxiques répétés entraînent des restrictions progressives, ou encore un **filtre parental renforcé** pour les comptes mineurs.
Derrière les coulisses : comment Epic Games gère (ou pas) la modération
Ce qui se joue avec **Delulu**, c’est bien plus qu’un simple mode expérimental. C’est un **test grandeur nature** pour les capacités d’Epic Games à gérer une communauté aussi massive que diversifiée. Or, depuis des années, les joueurs reprochent au studio son **manque de transparence** sur les questions de modération. Contrairement à **Riot Games** (qui publie régulièrement des rapports sur les sanctions dans *League of Legends*) ou **Valve** (avec son système de modération communautaire dans *CS2*), Epic reste **discret** sur ses méthodes.
Pourtant, les enjeux sont colossaux. En 2023, une étude de l’**Université de York** révélait que **42 % des joueurs de battle royale** avaient déjà été victimes de harcèlement en ligne. Dans *Fortnite*, ce chiffre pourrait bien être plus élevé, compte tenu de la **jeunesse du public** (35 % des joueurs ont moins de 18 ans, selon *SuperData*). Face à ce constat, certains experts appellent Epic à **collaborer avec des associations** spécialisées dans la lutte contre le cyberharcèlement, comme **e-Enfance** en France ou **The Cybersmile Foundation** aux États-Unis.
Autre piste : **l’éducation**. Des jeux comme *Roblox* ou *Minecraft* intègrent désormais des **modules de sensibilisation** pour les jeunes joueurs, leur apprenant à reconnaître et signaler les comportements toxiques. Une approche que *Fortnite* pourrait adopter, d’autant que le jeu est souvent **la première expérience en ligne** pour des millions d’enfants. *"On ne peut pas juste bannir et espérer que ça suffise. Il faut éduquer, prévenir, et créer une culture du respect"*, insiste **Marie-Laure Lemineur**, psychologue spécialisée dans les addictions aux jeux vidéo.
Le week-end du 26 septembre : un test décisif
Après une première semaine chaotique, tous les regards se tournent vers le **prochain week-end (26-29 septembre)**, où **Delulu** sera de nouveau accessible. Epic Games a promis des **améliorations**, mais sans donner de détails précis. Les joueurs, eux, sont partagés : certains, **nostalgiques des débuts de Fortnite** où les interactions étaient plus limitées (et donc plus sûres), réclament purement et simplement la **suppression du mode**. D’autres, plus optimistes, espèrent que les ajustements porteront leurs fruits.
*"Si Epic arrive à nettoyer Delulu, ça pourrait devenir quelque chose d’incroyable. Mais s’ils échouent, ce sera un désastre pour la réputation du jeu"*, prédit **Alex "GoldenBoy" Mendez**, streamer et ancien joueur pro. Les enjeux dépassent largement *Fortnite* : si un jeu aussi populaire **échoue à maîtriser la toxicité**, quel espoir pour les autres titres multijoueurs ? La réponse pourrait bien se jouer dans les prochains jours.
En attendant, une chose est sûre : **Delulu** a déjà marqué l’histoire de *Fortnite*, mais pas pour les raisons espérées. Au lieu d’être célébré comme une **révolution sociale**, il est devenu le symbole des **défis insurmontables** de la modération dans les jeux en ligne. À Epic Games de prouver qu’il peut transformer cette **crise en opportunité** – avant que les joueurs ne tournent définitivement le dos à l’expérience.