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Furtivo : le thriller d’Apple TV+ suspendu après des accusations de plagiat – une polémique qui rappelle
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Pourquoi Furtivo, le nouveau thriller d’Apple TV+ avec Benoît Magimel et Mélanie Laurent, a-t-il été brutalement suspendu ? Accusée de plagier le roman Shoot de Douglas Fairbairn, la série soulève des questions troublantes sur l’originalité des productions de la plateforme. Entre similitudes narratives frappantes et précédents embarrassants comme The Morning Show, cette affaire pourrait bien ternir la réputation jusqu’ici irréprochable d’Apple en matière de droits d’auteur.
A retenir :
- Furtivo, la série policière d’Apple TV+ avec Benoît Magimel et Mélanie Laurent, accusée de plagiat du roman Shoot (2018) de Douglas Fairbairn : lancement reporté sans date.
- Des parallèles troublants : trame identique (affrontement mortel entre chasseurs, fuite paranoïaque), atmosphère psychologique et structure narrative quasi superposables.
- Un précédent qui pèse : après The Morning Show (2021), accusé d’emprunts à Top of the Morning, Apple TV+ doit gérer une nouvelle crise de crédibilité.
- Enjeu juridique majeur : contrairement à The Morning Show (inspiré de faits réels), Furtivo reproduirait une fiction protégée, ce qui aggrave les accusations.
- Apple TV+ dans l’embarras : la plateforme, réputée pour sa rigueur sur les droits d’auteur, devra prouver que les ressemblances sont fortuites… ou assumer un manquement rare.
Il était censé être l’un des thrillers français les plus attendus de 2024. Furtivo, la nouvelle série policière d’Apple TV+ avec Benoît Magimel et Mélanie Laurent, devait marquer les esprits avec son ambiance oppressante et son scénario haletant. Pourtant, à quelques semaines de sa sortie prévue, la production a été brutalement suspendue, plongeant la plateforme dans une polémique aussi soudaine qu’embarrassante. En cause ? Des accusations de plagiat portant sur des similitudes trop frappantes avec le roman Shoot (2018) de l’écrivain écossais Douglas Fairbairn.
Pour Apple TV+, habituée à briller avec des productions originales comme Silo ou Severance, l’affaire prend des allures de cauchemar communicationnel. D’autant que ce n’est pas la première fois que la plateforme se retrouve au cœur d’une telle controverse. En 2021, The Morning Show avait déjà été accusé d’avoir puisé sans mention dans Top of the Morning, un essai de Brian Stelter sur les coulisses de Good Morning America. Mais cette fois, les enjeux sont bien plus sérieux : Shoot n’est pas un récit journalistique, mais une œuvre de fiction protégée par le droit d’auteur, et les points communs avec Furtivo sont trop nombreux pour être anodins.
Un scénario "déjà-vu" : quand Furtivo ressemble étrangement à Shoot
Au cœur de la polémique, une trame narrative quasi identique entre les deux œuvres. Dans Furtivo, Franck (Benoît Magimel) et ses amis chasseurs se retrouvent pris dans une embuscade inexplicable lors d’une battue en forêt. Un coup de feu claque, un homme meurt, et s’ensuit une fuite éperdue, un pacte de silence, puis une paranoïa collective qui ronge peu à peu le groupe. Dans Shoot, le héros Rex et son équipe vivent exactement la même séquence : une rencontre fortuite avec des chasseurs rivaux, un tir mortel, une cavale désespérée, et cette peur lancinante d’une vengeance qui pourrait frapper à tout moment.
Les parallèles ne s’arrêtent pas là. Les deux œuvres partagent :
• Une atmosphère de tension psychologique où la culpabilité et la méfiance transforment les personnages en proies,
• Une structure en spirale où chaque décision aggrave la situation,
• Un thème central : la désintégration d’un groupe sous le poids d’un secret inavouable.
Le problème ? Shoot n’a jamais été adapté à l’écran, et son auteur, Douglas Fairbairn, n’a jamais été contacté par les producteurs de Furtivo. Une coïncidence qui fait tache, surtout pour une plateforme comme Apple TV+, réputée pour son respect scrupuleux des droits d’auteur. Comme le souligne un proche du dossier sous couvert d’anonymat : "Quand on voit à quel point les scènes clés se ressemblent, même l’ordre des événements, il y a de quoi s’interroger. Soit c’est un hasard incroyable, soit… il y a eu un problème en amont."
"The Morning Show" et maintenant Furtivo : Apple TV+ accumule les controverses
Cette affaire rappelle étrangement le scandale qui avait ébranlé The Morning Show en 2021. La série, star de la plateforme avec Jennifer Aniston et Reese Witherspoon, avait été accusée d’avoir largement puisé dans Top of the Morning, un livre-enquête de Brian Stelter sur les dérives de Good Morning America. Bien qu’Apple TV+ ait toujours nié toute inspiration directe, les similitudes thématiques (harcèlement, rivalités en coulisses, crise médiatique) et structurelles (arcs narratifs des personnages) avaient alimenté les débats pendant des mois.
Mais la comparaison s’arrête là. Car si The Morning Show s’inspirait de faits réels (même non crédités), Furtivo serait accusé de reproduire une intrigue fictive, ce qui change radicalement la donne sur le plan juridique. "Plagier un essai, c’est grave. Plagier un roman, c’est potentiellement un délit caractérisé", explique Me Sophie Martin, avocate spécialisée en propriété intellectuelle. D’autant que Shoot n’est pas un best-seller méconnu : le livre a été salué par la critique à sa sortie en 2018, notamment pour son réalisme psychologique et sa construction narrative implacable.
Pour Apple TV+, l’enjeu est de taille. La plateforme, qui mise depuis son lancement sur des productions haut de gamme et éthiquement irréprochables, se retrouve aujourd’hui acculée à la défense. Doit-elle reconnaître une erreur et négocier avec Douglas Fairbairn ? Ou tenter de prouver que les ressemblances relèvent du hasard, au risque de passer pour une entreprise en déni ? Une source interne confie : "La direction est sous pression. Si on avoue une faute, ça ouvre la porte à des poursuites. Si on nie, on risque de perdre toute crédibilité."
Derrière Furtivo : un réalisateur sous le feu des critiques
Au centre de la tempête, le réalisateur français Cédric Anger, connu pour des films comme La French (2014) ou Le Brio (2017). Si son nom est souvent associé à des projets ambitieux, il a aussi été critiqué par le passé pour son approche parfois "trop libre" des influences. En 2016, son film La Mécanique de l’ombre avait déjà suscité des interrogations sur d’éventuels emprunts à des thrillers politiques américains.
Contacté par nos soins, l’entourage de Cédric Anger a refusé de commenter l’affaire, se contentant de rappeler que "le cinéma est un art d’inspirations croisées". Une réponse qui a le mérite de la prudence, mais qui ne suffit pas à calmer les esprits. D’autant que plusieurs scénaristes français, sous le couvert de l’anonymat, s’interrogent : "Comment une équipe entière – réalisateur, scénaristes, producteurs – n’a pas vu ces ressemblances ? Soit ils n’ont pas lu Shoot, soit ils ont fermé les yeux. Dans les deux cas, c’est problématique."
Du côté des acteurs, le silence est assourdissant. Ni Benoît Magimel ni Mélanie Laurent n’ont réagi publiquement, laissant Apple TV+ gérer seule la crise. Une attitude qui en dit long sur la gêne ambiante : dans le milieu, on murmure que les deux stars auraient été "mises devant le fait accompli", le tournage étant déjà bien avancé lorsque les premières rumeurs de plagiat ont émergé.
Que va devenir Furtivo ? Trois scénarios possibles
Avec un lancement reporté sine die, l’avenir de la série est plus incertain que jamais. Plusieurs hypothèses circulent dans les coulisses d’Apple TV+ :
1. La réécriture express
La plateforme pourrait exiger des modifications majeures du scénario pour gommer les points communs avec Shoot. Une solution coûteuse et risquée : "Réécrire un thriller en urgence, c’est comme essayer de rattraper un train en marche. Soit ça marche, soit ça donne un résultat bancal", estime un scénariste expérimenté.
2. L’accord à l’amiable
Apple TV+ pourrait négocier avec Douglas Fairbairn pour obtenir les droits d’adaptation a posteriori, ou lui verser une compensation. Une issue probable, mais qui reviendrait à admettre une faute – et ouvrirait la porte à d’autres réclamations.
3. L’abandon pur et simple
Dans le pire des cas, la série pourrait être purement et simplement enterrée, comme ce fut le cas pour The Banker (2020), retardé puis finalement sorti discrètement après des accusations de diffamation. Un scénario catastrophe pour Apple, qui a investi des millions de dollars dans Furtivo.
Quelle que soit la décision, une chose est sûre : cette affaire laisse des traces. Pour les observateurs, elle révèle une faille dans le processus de validation des projets chez Apple TV+. "Quand on voit le soin qu’ils mettent d’habitude à vérifier les droits, ce coup-ci, c’est comme si tout le monde avait baissé la garde", note un producteur concurrent.
Plagiat dans le cinéma : un phénomène plus fréquent qu’on ne le pense
Si l’affaire Furtivo fait grand bruit, elle n’est pas isolée. L’histoire du cinéma regorge d’exemples de plagiats avérés ou supposés :
• Avatar (2009) a été accusé de reprendre des éléments de Dances with Wolves et même d’un roman de science-fiction peu connu, The Moon and the Sun.
• The Shape of Water (2017) a valu à Guillermo del Toro une plainte pour plagiat de la pièce Let Me Hear You Whisper (1969).
• En France, Intouchables (2011) a été traîné en justice pour des similitudes avec un livre autobiographique.
Pourtant, rares sont les affaires qui aboutissent à des condamnations. "Le droit d’auteur protège les œuvres contre la copie servile, mais les idées générales ou les thèmes ne sont pas brevetables", rappelle Me Martin. Dans le cas de Furtivo, tout dépendra de l’ampleur des emprunts : s’agit-il de coïncidences structurelles ou d’une reprise caractère par caractère ?
Une chose est sûre : cette polémique arrive à un mauvais moment pour Apple TV+. Alors que la plateforme tente de conquérir le marché européen avec des productions locales (comme Liaison avec Vincent Cassel), une telle affaire risque de refroidir les talents français, déjà méfiants envers les géants américains. "Qui va vouloir travailler avec eux si on peut se retrouver accusé de plagiat sans l’avoir voulu ?", s’interroge un agent artistique parisien.

