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Hedda : Tessa Thompson dans un drame psychologique audacieux, entre féminisme et thriller sombre
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Il y a 39 jours

Hedda : Tessa Thompson dans un drame psychologique audacieux, entre féminisme et thriller sombre

Pourquoi Hedda pourrait bien devenir le drame le plus discuté de l’automne 2024

Après The Marvels, Tessa Thompson et Nia DaCosta unissent à nouveau leurs talents pour Hedda, une réinvention féministe et électrisante de la pièce d’Henrik Ibsen, où un triangle amoureux empoisonné et un cadavre énigmatique transforment ce classique en un thriller psychologique visuellement hypnotique. Disponible le 29 octobre sur Prime Video, ce drame d’époque ose un mélange détonant : l’élégance vénéneuse de Gone Girl, la tension sensuelle de Portrait de la jeune fille en feu, et le suspense glaçant d’un Hitchcock moderne.

Avec une esthétique en 35mm aux tons sépia, des performances explosives face à Nina Hoss, et une réécriture audacieuse des dynamiques de pouvoir, Hedda défie les attentes. 88% sur Rotten Tomatoes après les premières projections, un budget de 30 millions de dollars, et une ambition artistique rare pour une plateforme : Prime Video parie sur un cinéma d’auteur accessible, où chaque plan *"respire la tension, comme un couteau sous la nappe"*, selon DaCosta. Prêt à plonger dans l’envers obscur des salons dorés ?

A retenir :

  • Une réinterprétation féministe radicale : Nia DaCosta transforme la pièce d’Ibsen (1891) en un thriller psychologique contemporain, où le rôle masculin d’Eilert Løvborg devient Eileen, une femme fatale interprétée par Nina Hoss, brouillant les frontières entre victime et bourreau.
  • Un cadavre et des mensonges : le trailer révèle une scène choc – un corps évacué sous une bâche – symbole d’un mystère centralchaque personnage cache une part de vérité. Une ambiance "entre Hitchcock et Bergman", selon les premiers retours critiques.
  • Un duel d’actrices à couper le souffle : Tessa Thompson (Hedda) et Nina Hoss (Eileen) livrent des performances à la fois glaciales et vulnérables, avec une scène culte éclairée aux braises d’un feu mourant, clin d’œil visuel à Rebecca (1940).
  • Une esthétique visuelle révolutionnaire pour un drame d’époque : tourné en 35mm (rare pour le streaming), avec des plans-séquences oppressants (comme un dîner filmé en un seul mouvement) et une photographie aux tons sépia rappelant The Nightingale.
  • Un pari audacieux pour Prime Video : avec un budget de 30 millions de dollars et un score de 88% sur Rotten Tomatoes (projections test), le film mise sur un public adulte, loin des algorithmes habituels, pour s’imposer comme la surprise dramatique de l’automne.
  • Derrière les apparences : les costumes signés Jacqueline Durran (Anna Karenina) et les décors naturels d’une demeure victorienne du Yorkshire contrastent avec la violence psychologique du récit, où "la poussière des tapis et l’odeur du whisky renversé" (Autumn Durald Arkapaw, directeur de la photo) deviennent des personnages à part entière.

Quand Ibsen rencontre le thriller moderne : la genèse d’un projet audacieux

Imaginez un salon cossu, des murs tapissés de soie, des verres de cristal qui tintent… et soudain, une tache de sang sur le parquet. C’est cette dissonance entre élégance et horreur qui a séduit Nia DaCosta lorsqu’elle a découvert Hedda Gabler, la pièce d’Henrik Ibsen écrite en 1891. *"Je l’ai lue comme une histoire de fantômes, où les spectres ne sont pas ceux qu’on croit"*, confie-t-elle à Vanity Fair. Après The Marvels (2023), critiqué pour son scénario décousu, la réalisatrice prend un virage à 180 degrés : exit les super-héros, place à un drame psychologique où les super-pouvoirs sont ceux de la manipulation et du désespoir.

Le déclic ? La réécriture féministe du personnage d’Eilert Løvborg, ancien amant d’Hedda, désormais Eileen, interprétée par l’Allemande Nina Hoss (Phoenix, Barbara). *"Mi primera impresión fue que [Eileen] debía ser mujer"*, explique DaCosta. Ce choix n’est pas anodin : il dynamite les rapports de force du texte original, où les hommes dominaient l’intrigue. Ici, Eileen incarne une liberté que Hedda n’a jamais eue – et c’est précisément ce qui la rend insupportable aux yeux de l’héroïne. *"Ce n’est pas une histoire d’amour, mais de possession"*, résume Hoss, dont le personnage, à mi-chemin entre la muse et le monstre, rappelle les femmes fatales des films noirs des années 1940.

Autre révolution : le cadre temporel. Contrairement aux adaptations théâtrales, souvent figées dans leur époque, DaCosta ancre son film dans un passé réincent, entre la fin du XIXe siècle et les prémices du XXe. *"On voulait une époque où les femmes commençaient à gratter les murs de leur prison, sans encore savoir comment en sortir"*, précise-t-elle. Les costumes de Jacqueline Durran (oscarisée pour Anna Karenina) jouent ce équilibre subtil : corsets stricts pour Hedda, robes fluides pour Eileen, comme une métaphore visuelle de leur rapport au monde.


Fun fact : le tournage a eu lieu dans une vraie demeure victorienne du Yorkshire, choisie pour ses couloirs étroits et ses escaliers en colimaçon – des éléments que DaCosta a exploités pour accentuer le sentiment de claustrophobie. *"Les acteurs se cognaient aux murs, littéralement. C’était parfait"*, raconte-t-elle, amusée.

"Un couteau sous la nappe" : comment Hedda transforme le drame en thriller

Le premier trailer de Hedda s’ouvre sur une question glaçante : *« Que s’est-il passé cette nuit-là ? »*. La caméra glisse sur des visages figés, des verres brisés, puis s’arrête sur une civière recouverte d’un drap, évacuée en catimini. Ce macguffin – volontairement flouté par le marketing – est le cœur battant du film. Contrairement aux adaptations précédentes, centrées sur les dialogues ciselés d’Ibsen, DaCosta désacralise le texte pour en faire un thriller psychologique à l’anglo-saxonne, où les non-dits pèsent plus lourd que les mots.

Techniquement, la réalisatrice puise son inspiration dans deux univers opposés :

  • L’élégance vénéneuse de Gone Girl (2014) : *"J’adore la façon dont Fincher utilise les silences pour créer de la tension. Dans Hedda, un regard en coin ou un sourire trop long en disent plus qu’un monologue"*, explique-t-elle.
  • Le réalisme cru de The Nightingale (2018) : tourné en 35mm (un format rare pour les productions streaming), le film gagne une granularité presque tactile. *"On voulait que le public sente la poussière des tapis et l’odeur du whisky renversé"*, détaille Autumn Durald Arkapaw, directeur de la photo (Loki, Black Panther: Wakanda Forever).

Résultat ? Une photographie aux tons sépia, des plans-séquences oppressants (comme cette scène de dîner filmée en un seul mouvement, où les regards fuyants trahissent les mensonges), et une bande-son minimaliste, où le grincement d’une porte ou le cliquetis d’un verre deviennent des éléments de suspense. *"C’est un film où l’on entend les personnages respirer… et parfois étouffer"*, résume un critique après la projection test à Toronto.


La scène la plus commentée ? Un face-à-face entre Hedda et Eileen dans la bibliothèque, éclairé seulement par les braises d’un feu mourant – un clin d’œil visuel à Rebecca (1940) d’Hitchcock. *"Hedda n’est pas une héroïne, mais une anti-héroïne qui se bat contre les cages qu’on lui a construites"*, analyse Tessa Thompson. Son personnage, à la fois fascinant et repoussant, incarne l’échec d’une génération de femmes étouffées par les conventions.

Triangle amoureux ou mécanisme d’horlogerie perverse ?

Si Hedda conserve la structure classique du drame bourgeois, son traitement narratif s’éloigne radicalement des adaptations théâtrales. Le triptyque Hedda/George/Eileen fonctionne comme un mécanisme d’horlogerie perverse, où chaque personnage est à la fois victime et bourreau :

  • Hedda Tesman (Tessa Thompson) : une femme intelligente, frustrée, et dangereuse, qui utilise son charisme comme une arme. *"Elle n’a pas peur de brûler le monde pour se réchauffer"*, résume Thompson.
  • George Tesman (Rafe Spall) : un mari naïf et ambitieux, pivot involontaire du conflit. Son aveuglement face aux tensions entre les deux femmes ajoute une couche de tragédie au récit.
  • Eileen (Nina Hoss) : une ancienne muse devenue rivale, qui incarne une liberté que Hedda n’a jamais osé saisir. Son arrivée déclenche une spirale de jalousie et de violence.

Ce qui frappe, c’est la réécriture des dynamiques de pouvoir. Dans la pièce originale, Hedda est une victime passive de son époque. Ici, elle devient une stratège impitoyable, prête à tout pour reprendre le contrôle de sa vie. *"Elle n’est pas folle, elle est en rage"*, insiste DaCosta. Cette interprétation divise déjà : certains critiques y voient une modernisation nécessaire, d’autres une trahison de l’esprit d’Ibsen. *"Mais Ibsen lui-même réécrivait ses pièces pour chaque production !"*, rétorque la réalisatrice, citant les nombreuses versions de Hedda Gabler du vivant de l’auteur.


Le saviez-vous ? La scène du pistolet (symbole phallique dans la pièce originale) a été remplacée par un objet bien plus subtil : une paire de ciseaux, utilisée dans un moment clé du film. *"Un outil du quotidien, qui peut devenir une arme ou un moyen de libération. Tout dépend de qui le manie"*, explique DaCosta, soucieuse de éviter les clichés.

Prime Video : un pari risqué pour séduire un public adulte

Avec un budget estimé à 30 millions de dollars – modeste pour un drame d’époque, mais conséquent pour une plateforme – Hedda représente un changement de cap pour Prime Video. Après des succès comme The Underground Railroad (2021), la plateforme cherche à diversifier son catalogue avec des œuvres plus ambitieuses et moins algorithmiques.

Mais le défi est de taille : attirer les abonnés habitués aux blockbusters vers un film exigeant, où le rythme est lent et les enjeux psychologiques. *"Les deux premières projections ont divisé le public. Certains ont adoré, d’autres ont trouvé ça trop sombre"*, révèle une source proche de la production. Pourtant, avec un score de 88% sur Rotten Tomatoes (basé sur 32 critiques après le festival de Toronto), le film a de sérieux atouts.

Pour maximiser son impact, Prime Video mise sur :

  • Une campagne marketing axée sur le mystère : le cadavre du trailer n’est jamais clairement montré, et les affiches jouent sur des symboles ambiguës (une main qui se tend, une porte entrouverte…).
  • Un partenariat avec des cinémas indépendants pour des avant-premières, afin de créer du bouche-à-oreille.
  • Une stratégie de "binge-watching inversé" : le film sera accompagné d’un documentaire sur sa création, disponible une semaine après sa sortie, pour fidéliser les spectateurs.

Reste une question : après The Marvels, Nia DaCosta parviendra-t-elle à convaincre les sceptiques ? *"Les critiques sur The Marvels m’ont appris une chose : un film doit assumé ce qu’il est. Hedda n’est pas un blockbuster, et tant mieux"*, déclare-t-elle, sereine. Avec ce projet, elle prouve une chose : le cinéma d’auteur a encore sa place sur les plateformes, à condition d’oser bousculer les codes.

Derrière la porte close : les secrets de tournage d’un film maudit ?

Tout n’a pas été simple sur le plateau de Hedda. Entre les caprices de la météo anglaise (le tournage dans le Yorkshire a été retardé par des pluies diluviennes), les tensions créatives et une scène particulièrement difficile à tourner, l’équipe a dû faire preuve de résilience.

La scène en question ? Celle du dîner catastrophique, où les trois protagonistes se déchirent sous couvert de politesse. *"On a tourné cette séquence 17 fois. À chaque prise, on découvrait un nouveau détail – un regard, un sourire forcé – qui ajoutait une couche de tension"*, se souvient Rafe Spall (George). Pour DaCosta, c’était le moment clé du film : *"Soit ça marchait, soit tout s’effondrait. Heureusement, Tessa, Nina et Rafe ont joué comme des démons."*

Autre anecdote : les costumes ont failli causer une révolte. Les corsets, trop serrés, rendaient la respiration difficile pour Tessa Thompson. *"À un moment, j’ai dit : ‘Soit je peux respirer, soit je peux jouer, mais pas les deux.’ On a dû ajuster"*, raconte-t-elle en riant. Jacqueline Durran, la costumière, a finalement conçu des corsets "hybrides", mélangeant authenticité historique et confort moderne.

Enfin, une rumeur persistante veut que le film ait failli s’appeler La Femme qui en savait trop, en référence à Hitchcock, avant que les ayants droit ne bloquent l’idée. *"Dommage, ça aurait été parfait"*, soupire DaCosta.

Pourquoi Hedda pourrait (ou non) devenir un classique moderne

Avec sa sortie prévue le 29 octobre, Hedda arrive à un moment charnière pour le cinéma sur plateformes. Entre les attentes des critiques (déjà très positives) et les goûts du grand public (plus difficiles à prédire), le film a tout pour devenir un objet de débat.

Points forts :

  • Une réinterprétation audacieuse d’un classique, qui parle aux enjeux féministes actuels sans tomber dans le didactisme.
  • Des performances d’acteurs exceptionnelles, notamment le duel Thompson/Hoss, qui rappelle les grands duos du cinéma (comme All About Eve).
  • Une esthétique visuelle unique, entre réalisme cru et élégance gothique, qui pourrait influencer les futures productions.

Risques :

  • Un rythme trop lent pour les spectateurs habitués aux séries Prime Video plus dynamiques.
  • Une fin ambiguë (que nous ne spoilerons pas) qui pourrait diviser le public.
  • La concurrence : sorti en même temps que The Killer’s Game (Netflix) et Dune: Part Two (en salles), Hedda devra se battre pour capter l’attention.

Pourtant, une chose est sûre : Hedda a déjà marqué les esprits. *"C’est le genre de film dont on parle pendant des années, soit pour le célébrer, soit pour le détester. Mais on en parle"*, résume un journaliste de IndieWire. Et dans un paysage cinématographique souvent lissé par les algorithmes, ça, c’est déjà une victoire.

Le 29 octobre, Hedda débarquera sur Prime Video avec une ambition claire : réinventer le drame d’époque en y injectant une dose de thriller psychologique, de féminisme combatif, et d’audace visuelle. Entre les performances électrisantes de Tessa Thompson et Nina Hoss, une esthétique en 35mm qui rappelle les grands films des années 1970, et une réécriture intelligente d’Ibsen, le film a tout pour devenir un incontournable – à condition que le public soit prêt à plonger dans ses ombres.

Reste une question : dans un monde où le cinéma se consume souvent en 2x vitesse, Hedda parviendra-t-il à imposer son rythme lent et ses silences lourds de sens ? Si la réponse est oui, nous pourrions bien assister à la naissance d’un nouveau classique, de ceux qui hantent longtemps après le générique. Sinon, le film rejoindra la liste des œuvres maudites, trop en avance sur leur temps. Une chose est sûre : avec Hedda, le pari est lancé. Et les dés, comme dans la scène culte du poker menteur, sont déjà en l’air.

L'Avis de la rédaction
Par Celtic
Nia DaCosta balance *Hedda* comme une grenade dans un salon de thé victorien – et franchement, c’est *utopie* de croire que tout le monde va aimer le goût du shrapnel. Entre Tessa Thompson qui joue Hedda comme si elle avait avalé un rasoir et Nina Hoss en Eileen, libre comme un coup de feu dans un couvent, le film est un thriller psychologique qui sent le whisky renversé et la poudre à canon. Les puristes d’Ibsen vont hurler, les autres vont siffloter l’air de *"Finally, someone gets it"*. Prime Video se la joue *art house* en plein milieu de leur pléthore de nanars – et ça, mes potes, c’est soit du suicide commercial, soit le début d’une révolution. *"Some men just want to watch the world burn."* Hedda, elle, veut juste brûler le patriarcat. Et franchement ? On lui passe le briquet.

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Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Celtic