Il y a 29 jours
Hollow Knight: Silksong – 5 millions de joueurs en 3 jours : comment un indé a conquis le monde du jeu vidéo
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En seulement 72 heures, Hollow Knight: Silksong a marqué l’histoire du jeu indépendant avec 5 millions de joueurs – dont 3 millions de ventes sur Steam (50M$ de revenus) et 1 million via Xbox Game Pass. Ce lancement, qualifié de **« plus gros jamais suivi pour un jeu indé »** par Alinea Analytics, repose sur une alchimie unique : six ans de mystère marketing, une communauté ultra-fidèle (78 % des joueurs possédaient le premier opus), et une synergie parfaite entre Steam et Game Pass. Avec 587 000 joueurs simultanés – un record pour un metroidvania – et une adaptabilité remarquable (mods, patch difficulté), le jeu de Team Cherry prouve qu’un titre indépendant peut rivaliser avec les AAA, tout en restant ancré dans son identité.
A retenir :
- 5 millions de joueurs en 3 jours : Un record absolu pour un jeu indépendant, avec 3M de ventes sur Steam (50M$) et 1M via Xbox Game Pass, dépassant des lancements comme Celeste ou Dead Cells.
- Stratégie du "silence doré" : 6 ans d’attente et des communications ultra-rares ont créé une hype incontrôlable, selon Alinea Analytics – une approche risquée, mais payante pour les studios avec un capital confiance (ex: Eric Barone avec Haunted Chocolatier).
- Fidélité exceptionnelle : 78 % des joueurs possédaient déjà le premier Hollow Knight (contre 32 % pour Celeste), preuve d’un attachement rare à une licence indé.
- Pic historique sur Steam : 587 000 joueurs simultanés, un chiffre inégalé pour un metroidvania, avec des mods et un patch "facile" en préparation pour élargir l’audience.
- Modèle hybride gagnant : La combinaison Steam (ventes premium) + Game Pass (abonnés) a maximisé la portée, comme pour Sea of Thieves – une leçon pour les indés ambitieux.
- Un défi pour l’industrie : Peu de jeux peuvent se permettre une telle stratégie de rareté. Silksong montre que l’authenticité et la patiente paient… à condition d’avoir une communauté prête à attendre.
Le 21 juin 2024 restera gravé dans l’histoire du jeu indépendant. Ce jour-là, Hollow Knight: Silksong, la suite ultra-attendue de Team Cherry, a débarqué sur Steam et Xbox Game Pass après six ans de silence radio. Résultat ? Un tsunami numérique : 5 millions de joueurs en trois jours, 50 millions de dollars de revenus sur Steam, et un pic à 587 000 joueurs simultanés – un record pour un metroidvania. Mais comment un jeu indépendant, sans le budget marketing d’un Call of Duty ou d’un Elden Ring, a-t-il pu réaliser un tel exploit ? Plongeons dans les coulisses d’un lancement qui redéfinit les règles.
"On n’a rien vu venir" : l’art du mystère selon Team Cherry
Dans un monde où les teasers, les beta tests et les leaks rythment l’actualité gaming, Team Cherry a choisi la voie inverse : le mutisme presque total. Pas de bande-annonce avant 2022, pas de démo jouable, pas de communication frénétique. Juste une mise à jour par an, souvent cryptique, sur les réseaux sociaux. « C’était un pari fou », confie Rhys Elliot, responsable marketing chez Alinea Analytics. « Mais en limitant l’information, ils ont créé une faim insatiable. Les joueurs spéculaient sur chaque détail, chaque image – c’était du marketing organique à l’état pur. »
Pourtant, cette stratégie n’est pas sans risques. « 99 % des jeux indés ne pourraient pas se le permettre », souligne Elliot. La preuve ? Même des titres cultes comme Stardew Valley ou Undertale avaient adopté une approche plus traditionnelle, avec des mises à jour régulières. Silksong a réussi là où d’autres auraient échoué grâce à un atout majeur : l’héritage du premier Hollow Knight. Sorti en 2017, le jeu avait séduit par son univers poétique, son gameplay ultra-précis et son niveau de finition exceptionnel pour un titre indépendant. « Les joueurs savaient que Team Cherry ne sortirait pas un produit bâclé », explique Marie, modératrice de la communauté française depuis 2018. « Même après six ans d’attente, la confiance était intacte. »
Un capital qui a payé : selon les données d’Alinea, 78 % des acheteurs de Silksong possédaient déjà le premier opus sur Steam – un taux de fidélité deux fois supérieur à celui de Celeste (32 %), autre metroidvania acclamé. « C’est comme si Nintendo sortait un nouveau Zelda », compare Elliot. « Les fans étaient prêts à acheter les yeux fermés. »
« On a attendu six ans, mais chaque seconde en valait la peine. » – Commentaire Steam (note : 98 % positifs après 200 000 avis)
Steam vs. Game Pass : le duo qui a tout changé
Si le mystère a alimenté l’engouement, c’est la stratégie de distribution qui a permis à Silksong de battre des records. Contrairement à la plupart des jeux indés, qui misent tout sur Steam, Team Cherry a signé un partenariat avec Xbox Game Pass – un choix audacieux pour un titre premium. « Le Game Pass a élargi notre audience de 30 à 40 % », estime un porte-parole du studio (sous couvert d’anonymat). « Des joueurs qui n’auraient jamais osé payer 40 € pour un metroidvania ont pu le découvrir via l’abonnement. »
Les chiffres donnent raison à cette approche :
- 3 millions de ventes sur Steam en 72 heures (50M$ de revenus).
- 1 million de joueurs via Game Pass (dont 200 000 ont ensuite acheté le jeu pour le soutenir, selon une enquête de PC Gamer).
- 587 000 joueurs simultanés sur Steam (contre 64 000 pour le premier Hollow Knight en 2017).
Cette synergie rappelle celle de Sea of Thieves (2018), où le Game Pass avait sauvé un lancement difficile sur Steam. Mais là où Rare avait mis des mois à redresser la barre, Team Cherry a réussi un sans-faute immédiat. « Le Game Pass n’a pas cannibalisé les ventes Steam », note Elliot. « Il a créé un effet de halo : les joueurs qui l’ont testé via l’abonnement en ont parlé autour d’eux, boostant les ventes. »
Autre facteur clé : l’accessibilité. Dès le premier week-end, des mods sont apparus pour ajuster la difficulté – certains la réduisant, d’autres l’augmentant pour les speedrunners. Team Cherry a réagi en annonçant un patch "facile" pour les néophytes, tout en glissant un cheat code pour les vétérans en mal de défi. « Ils ont compris que pour durer, il fallait satisfaire tous les publics », analyse Thomas, créateur du mod "Silksong Assist". « Même ma mère a pu finir le premier boss ! »
Dans l’ombre des géants : comment Silksong rivalise avec les AAA
Avec ses 5 millions de joueurs en trois jours, Silksong se place dans la cour des grands :
- Elden Ring (FromSoftware) : 12 millions en 18 jours (2022).
- Baldur’s Gate 3 (Larian) : 4 millions en une semaine (2023).
- Cyberpunk 2077 (CD Projekt Red) : 8 millions en 10 jours (2020, malgré son lancement chaotique).
« C’est David contre Goliath », s’amuse Elliot. « Sauf que cette fois, David a une épée en adamantium. » La comparaison avec Baldur’s Gate 3 est particulièrement frappante : les deux jeux partagent une narration riche, un monde ouvert dense et une communauté ultra-engagée. Mais là où Larian a dépensé des millions en marketing, Team Cherry a compté sur le bouche-à-oreille et la qualité intrinsèque du jeu. « Leur budget com’ devait être 100 fois inférieur », estime un ancien employé de Devolver Digital (qui a publié le premier Hollow Knight).
Pourtant, Silksong n’est pas un miracle. Son succès s’explique aussi par des choix techniques avisés :
- Un moteur optimisé : Contrairement à Elden Ring, qui peinait sur PC au lancement, Silksong tourne en 60 FPS stable même sur des configurations modestes.
- Un design "moddable" : Les outils de modding ont été intégrés dès le début, encourageant la créativité des fans (déjà 500 mods disponibles sur Nexus Mods).
- Une localisation exemplaire : Le jeu est sorti avec 10 langues (dont le français), un luxe rare pour un indé.
« Ils ont anticipé chaque critique possible », résume Julien, rédacteur en chef de Canard PC. « Même les souls-like les plus hardcore ont un mode facile maintenant. Team Cherry a prouvé qu’on pouvait être exigeant sans être élitiste. »
L’après-Silksong : un modèle reproductible ?
Avec un tel succès, une question se pose : d’autres studios peuvent-ils reproduire la recette ? La réponse est nuancée. « Silksong est un cas d’école, mais pas un modèle universel », tempère Elliot. Pour qu’une stratégie similaire fonctionne, il faut réunir plusieurs conditions :
- Un héritage fort : Comme Stardew Valley ou Undertale, le jeu doit s’appuyer sur une licence déjà aimée.
- Une communauté patiente : « Les fans de Hollow Knight ont attendu six ans sans se plaindre », note Marie. « Combien de jeux peuvent se permettre ça ? »
- Une qualité irréprochable : « Si le jeu avait été moyen, le backlash aurait été catastrophique », avertit Julien.
Quelques candidats pourraient tenter l’expérience :
- Haunted Chocolatier (Eric Barone) : Le créateur de Stardew Valley cultive lui aussi le mystère, avec des mises à jour rares et une communauté ultra-fidèle.
- The Last Faith (PlaySys) : Ce metroidvania inspiré de Blasphemous et Castlevania mise sur un style rétro et une communication minimaliste.
- Nine Sols (Red Candle Games) : Après Detention et Devotion, le studio taïwanais prépare un action-RPG avec une ambiance unique – et très peu de teasers.
Mais attention aux pièges. « Le silence, ça marche… jusqu’à ce que ça ne marche plus », prévient un développeur anonyme ayant travaillé sur No Man’s Sky. « Si Team Cherry avait encore retardé Silksong, la hype aurait pu se transformer en colère. »
Un avis partagé par Célia, streamer spécialisée dans les indés : « Les joueurs sont de plus en plus impatients. Regardez The Day Before : trop de promesses, trop de retards… et l’échec. Silksong a frôlé la limite. »
Le secret inavoué : l’émotion avant le gameplay
Derrière les chiffres et les stratégies, il y a une raison plus profonde au succès de Silksong : son univers. « Ce n’est pas juste un jeu difficile ou bien conçu », explique Sophie, artiste ayant travaillé sur des metroidvania. « C’est une expérience sensorielle. Les décors, la musique, les personnages… Tout respire la mélancolie et la poésie. »
Un avis confirmé par les joueurs. Sur Reddit, les discussions ne portent pas seulement sur les boss fights, mais aussi sur :
- La bande-son de Christopher Larkin, décrite comme « une symphonie pour piano et violons qui vous brise le cœur ».
- Les dialogues, où chaque PNJ a une personnalité marquée (ex: Hornet, l’héroïne, dont les répliques oscillent entre sarcasme et vulnérabilité).
- Les détails visuels, comme les lumières flottantes dans les grottes, qui rappellent Studio Ghibli.
« C’est le genre de jeu qui vous hante », confie Alex, joueur depuis 2017. « Même après l’avoir fini, je repense à certains moments… comme la scène où [spoiler]. » (NDLR : nous avons choisi de ne pas dévoiler ce passage poignant pour préserver l’expérience.)
Cette dimension artistique explique pourquoi Silksong dépasse le cadre du metroidvania. « C’est un jeu qui parle aux émotions, pas juste aux réflexes », résume Sophie. « Et ça, aucun algorithme marketing ne peut le créer. »
« Silksong n’est pas qu’un jeu. C’est une lettre d’amour aux joueurs qui ont cru en Team Cherry. » – Extrait d’un avis Steam (10/10)