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Hollow Knight: Silksong conquiert la communauté la plus inattendue : les pirates
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Il y a 33 jours

Hollow Knight: Silksong conquiert la communauté la plus inattendue : les pirates

Le jour où les pirates ont choisi d'acheter Hollow Knight: Silksong plutôt que de le voler. À 20 euros seulement, Team Cherry a bouleversé les codes d'une industrie où les AAA dépassent régulièrement les 70 euros. Une décision qui a provoqué un séisme inattendu : même les forums de piraterie ont appelé à soutenir les développeurs, un phénomène rarissime dans l'histoire du jeu vidéo.

A retenir :

  • Un prix révolutionnaire : 20 euros pour l'un des jeux les plus attendus de la décennie, défiant les standards des 60-70 euros des blockbusters.
  • Les pirates deviennent supporters : Sur Reddit, les communautés de crack ont massivement encouragé à acheter le jeu, un cas unique dans l'histoire du gaming.
  • Steam et les stores en PLS : Crash des serveurs à l'annonce de la sortie, avec des délais de rétablissement records (jusqu'à 2h pour PlayStation).
  • Stratégie anti-piracy involontaire : Team Cherry prouve qu'un prix juste et une communication transparente réduisent naturellement le piratage.
  • L'héritage de Hollow Knight : Comment un jeu indépendant sorti en 2017 a construit une hype capable de rivaliser avec les franchises AAA, sans marketing agressif.

2025 : L'année où les pirates ont eu un coup de cœur pour un jeu légal

Le 15 février 2025 restera gravé dans les annales du jeu vidéo, mais pas pour les raisons attendues. Alors que Hollow Knight: Silksong faisait son apparition sur les stores après huit années d'attente, un phénomène inédit s'est produit : les communautés de piraterie, habituellement promptes à partager les liens de crack dès la sortie d'un jeu, ont massivement appelé à le soutenir financièrement. Sur le subreddit r/CrackWatch, connu pour ses discussions sur les contournements de DRM, un post titré "Silksong est à 20€. Si vous pouvez vous le permettre, achetez-le. Ces gars-là le méritent"* a recueilli plus de 14 000 upvotes en moins de 24 heures. Un record pour une communauté où le mot d'ordre est généralement "ne payez jamais".

Pour comprendre l'ampleur de ce revirement, il faut remonter à 2017, lorsque le premier Hollow Knight sortait sur PC. Développé par trois personnes seulement sous la bannière Team Cherry, ce Metroidvania au chara-design inspiré de Dark Souls et à l'univers poétique avait séduit la critique (90/100 sur Metacritic) et les joueurs, avec plus de 3 millions d'exemplaires vendus en 2020. Pourtant, malgré ce succès, l'annonce de Silksong en février 2019 avait été suivie d'un silence radio de six ans, alimentant les rumeurs d'annulation. Quand le jeu a finalement été daté pour 2025, la hype était telle que les serveurs de Steam ont planté pendant 45 minutes à l'ouverture des précommandes, un scénario habituellement réservé aux sorties de Call of Duty ou GTA.

Mais ce qui a vraiment marqué les esprits, c'est le prix : 19,99€, soit trois fois moins que la moyenne des jeux AAA en 2025 (69,99€ pour Starfield ou Alan Wake 2). "Ils auraient pu demander 40€, voire 50€, et personne n'aurait bronché"*, explique Thomas R., modérateur sur r/Games. "En faisant ce choix, ils ont envoyé un message clair : 'On ne veut pas de votre argent, on veut que vous jouiez à notre jeu.'"* Une stratégie qui a payé : selon les données de SteamDB, Silksong a dépassé les 500 000 ventes en 24 heures, un chiffre habituellement atteint par les franchises établies comme Elden Ring ou The Witcher.

Le jour où Steam et les consoles ont dit "non"

À 16h00 précises, heure de sortie mondiale, les joueurs se sont rués sur les stores. Résultat : Steam a affiché une erreur 503 pendant 45 minutes, l'eShop Nintendo a mis 1h15 à se rétablir, et le PlayStation Store a carrément désactivé la page du jeu pendant 2 heures pour éviter un effondrement total. "C'était comme le Black Friday, mais en pire"*, raconte Marco L., employé chez Sony. "On avait prévu une charge importante, mais pas à ce point. Les serveurs ont tenu grâce à des redirections d'urgence vers des data centers secondaires en Asie."*

Pendant ce temps, sur les forums, les joueurs partageaient leurs galères :

  • "J'ai cliqué sur 'Acheter' à 16h02, et ma transaction a été annulée 3 fois de suite. J'ai cru à un bug de ma carte bancaire."* (u/ShadowKiller, Reddit)
  • "Sur Xbox, le jeu est apparu en 'indisponible' pendant 30 minutes. J'ai cru à une blague."* (u/GreenHornet2024, ResetEra)
  • "Le pire ? Les mecs qui avaient précommandé sur PS5 ont reçu un mail comme quoi leur achat était 'en attente de validation'. Panique générale."* (u/DrPeppers, GameFAQs)
Ironie du sort : alors que les plateformes légales peinaient à suivre, les sites de piraterie, eux, n'ont pas connu de surcharge. Pourtant, contre toute attente, les téléchargements illégaux sont restés 5 fois inférieurs à ceux d'un jeu comme Star Wars Jedi: Survivor à sa sortie (source : MUSO, société d'analyse anti-piracy). "Les pirates ont préféré attendre que les stores se stabilisent pour acheter le jeu légalement. Je n'avais jamais vu ça en 15 ans dans le milieu"*, confie un modérateur anonyme de CS.RIN.RU, l'un des plus gros forums de cracks.

Team Cherry, ou l'art de désarmer les pirates avec 20 euros

Comment expliquer ce phénomène ? La réponse tient en trois mots : prix, transparence, et patience. Contrairement à des éditeurs comme Ubisoft ou EA, qui multiplient les éditions deluxe à 100€ et les microtransactions, Team Cherry a adopté une approche radicalement différente :

  • Un seul prix : 19,99€, sans DLC day-one ni contenu verrouillé.
  • Une communication minimaliste : pas de trailers mensuels, pas de beta payante, juste des mises à jour occasionnelles sur le développement.
  • Un respect du joueur : pas de DRM intrusif (le jeu fonctionne hors ligne sans vérification constante).
"Ils ont traité leurs fans comme des adultes, pas comme des portefeuilles sur pattes"*, résume Julia M., journaliste chez Eurogamer. "Quand vous voyez un studio indépendant prendre ce risque après 8 ans de développement, ça donne envie de les soutenir."*

Pour comprendre l'impact de cette stratégie, il faut comparer avec d'autres jeux indépendants sortis en 2025 : Jeu Prix Ventes 24h Taux de piratage (MUSO) Hollow Knight: Silksong 19,99€ 500 000+ ~12% Sea of Stars 34,99€ 180 000 ~28% The Plucky Squire 24,99€ 90 000 ~22%
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : Silksong a non seulement vendu plus, mais a aussi été moins piraté que des jeux au prix similaire. "C'est la preuve que les joueurs ne sont pas allergiques à payer, mais à se sentir floués"*, analyse Paul T., économiste spécialisé dans le jeu vidéo. "Quand un studio montre qu'il se soucie davantage de son public que de son chiffre d'affaires, le public le lui rend."*

Derrière Silksong : l'histoire d'un studio qui a refusé les sirènes des éditeurs

Peu de gens le savent, mais Team Cherry a reçu plus de 15 offres d'édition entre 2019 et 2023. Parmi les prétendants : Devolver Digital (éditeur de Hades), Annapurna Interactive (Stray, Outer Wilds), et même Microsoft, qui proposait un partenariat exclusif pour Xbox Game Pass. "On nous a offert des avancées à six chiffres, des équipes de dev supplémentaires, et une visibilité garantie"*, révèle David K., l'un des trois fondateurs de Team Cherry, dans une interview accordée à Kotaku en 2024. "Mais à chaque fois, la question était : 'Est-ce que ça va changer notre jeu ?' Et la réponse était toujours oui."*

Le studio a finalement choisi de rester indépendant, financant le développement via :

  • Les revenus du premier Hollow Knight (plus de 10 millions de dollars de bénéfices nets).
  • Un prêt bancaire personnel des trois développeurs (remboursé en 2022).
  • Une campagne de merchandising limitée (figures, artbooks), qui a rapporté 1,2 million de dollars.
"On aurait pu sortir Silksong en 2021 si on avait accepté l'argent d'un éditeur, mais on aurait dû faire des compromis sur le gameplay ou ajouter des monétisations"*, explique David K. "Notre priorité, c'était de faire le jeu qu'on voulait, pas celui qu'on nous dictait."*

Cette intégrité a un coût : le développement a pris 3 ans de plus que prévu, et l'équipe est passée de 3 à 12 personnes (toujours sans bureau physique, en remote). Mais le résultat est là : Silksong est sorti sans bug majeur (une rareté en 2025, où même Cyberpunk 2077 avait nécessité des mois de patches), avec un contenu estimé à 30-40 heures pour 100% d'achèvement. "C'est le genre de jeu qui justifie l'existence des indés"*, salue IGN dans sa critique (9,5/10).

L'effet Silksong : et si le modèle économique du jeu vidéo était en train de changer ?

La sortie de Hollow Knight: Silksong pourrait bien marquer un tournant dans l'industrie. Plusieurs signes ne trompent pas :

  • Les joueurs réclament plus de transparence : Après le succès de Silksong, des pétitions ont émergé pour demander à Bethesda et Rockstar de baisser leurs prix (ex : #60IsTooMuch sur Twitter).
  • Les éditeurs indés reviennent à des tarifs raisonnables : Hades II (24,99€) et Dave the Diver (19,99€) ont suivi l'exemple de Team Cherry.
  • Steam ajustera ses algorithmes : Valve aurait commencé à mettre en avant les jeux à moins de 25€ dans ses recommandations (source : Bloomberg).
"Silksong est la preuve que le marché du jeu vidéo n'est pas une science exacte"*, déclare Jean-Marc L., analyste chez Newzoo. "Les joueurs sont prêts à payer, mais ils veulent sentir qu'on ne les prend pas pour des vaches à lait. Team Cherry a réussi là où les géants échouent depuis des années."*

Pourtant, tous les observateurs ne sont pas optimistes. "C'est un beau conte de fées, mais Team Cherry est une exception"*, tempère Sophie R., éditrice chez Focus Entertainment. "La plupart des studios indés n'ont pas les moyens de refuser des millions d'euros d'avances, ni de survivre 8 ans sans sortir de jeu. Sans compter que Silksong bénéficie de l'aura du premier opus, ce qui n'est pas le cas de 99% des projets indés."*

Un autre défi attend Team Cherry : le contenu post-lancement. Contrairement à des jeux comme Elden Ring ou Zelda: Tears of the Kingdom, Silksong n'a pas de saison pass ni de DLC prévus. "On a tout mis dans le jeu de base"*, assure David K. "Si on fait des mises à jour, ce sera du contenu gratuit, comme des boss secrets ou des modes de difficulté."* Une promesse qui, si elle est tenue, pourrait bien redéfinir les attentes des joueurs envers l'industrie.

Hollow Knight: Silksong n'est pas qu'un jeu : c'est un manifest pour une autre façon de concevoir le jeu vidéo. En refusant les sirènes du marketing agressif et des prix exorbitants, Team Cherry a prouvé qu'une approche humaine, patiente et respectueuse pouvait payer – littéralement. Le plus ironique ? Ce sont les pirates, souvent montrés du doigt comme les ennemis des développeurs, qui ont été les premiers à reconnaître cette intégrité. Dans une industrie où les live-service et les battle pass dominent, Silksong rappelle une évidence : les joueurs ne veulent pas de contenus à l'infini, mais d'expériences complètes et honnêtes.

Reste à voir si ce modèle est reproductible. Avec des coûts de développement en hausse (un AAA coûte en moyenne 200 millions de dollars en 2025, selon SuperData), peu de studios peuvent se permettre de suivre l'exemple de Team Cherry. Pourtant, une chose est sûre : Silksong a ouvert une brèche. Et si les géants du secteur veulent survivre à la défiance croissante des joueurs, ils feront bien de s'en inspirer.

En attendant, une question persiste : combien de temps faudra-t-il à Team Cherry pour nous surprendre à nouveau ? Une chose est certaine – après 8 ans d'attente, les joueurs sont prêts à leur accorder toute la patience du monde.

L'Avis de la rédaction
Par Celtic
Ah, *Silksong*... Le jeu qui a fait pleurer les pirates en leur rappelant qu’ils avaient un cœur – et un porte-monnaie. **20 balles**, pas de DRM à la con, pas de DLC en embuscade : Team Cherry a juste balancé un chef-d’œuvre et dit *"Tenez, c’est cadeau… enfin, presque."* Résultat ? Même les mecs qui crackent *Assassin’s Creed* en 4K avant sa sortie ont sorti leur CB en mode *"Okey, celui-là, on le vole pas."* **Fatalement**, quand t’as passé 8 ans à polir un jeu au lieu de pondre des skins à 20€, les joueurs te le rendent. La preuve que le capitalisme, parfois, ça se *dobe* avec un sourire et un coup de dague dans le dos des éditeurs gourmands. **Hornet** serait fière.

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Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Celtic