Hollow Knight: Silksong explose les comptes avec 4,2 millions de ventes – un phénomène qui relance toute la saga

Un lancement historique pour un jeu indépendant

Quand Hollow Knight: Silksong a enfin pointé le bout de son aiguillon le 6 septembre 2024, après sept années d’attente et des reports à répétition, les joueurs étaient prêts à bondir. Mais personne – pas même Team Cherry, le studio australien derrière la saga – n’aurait pu prédire l’ampleur du raz-de-marée. Selon les données compilées par GameDiscoverCo et confirmées par plusieurs analystes, le jeu aurait déjà franchi la barre des 4,2 millions de ventes sur PC et consoles, hors performances sur Xbox Game Pass (estimées à 1,5 million de téléchargements).

Sur Steam, la plateforme reflète cet engouement avec 3,2 millions d’exemplaires vendus en à peine trois semaines, un chiffre qui place Silksong parmi les meilleurs lancements de l’histoire du store pour un titre indépendant. À titre de comparaison, des blockbusters comme Elden Ring (FromSoftware) ou Stardew Valley (ConcernedApe) avaient mis des mois à atteindre des volumes similaires. Les versions PlayStation 5/4 et Nintendo Switch complètent le tableau avec 500 000 ventes combinées, malgré une concurrence féroce en cette période de sorties AAA.

Mais le vrai choc vient des retombées indirectes. Comme l’a révélé Alinea Analytics, la sortie de Silksong a relancé les ventes de l’original (Hollow Knight, 2017) de manière spectaculaire : 205 000 copies supplémentaires en une semaine, propulsant le jeu à la 4ᵉ place du top hebdomadaire Steam. Un exploit d’autant plus remarquable que le premier opus totalisait déjà 15 millions de ventes avant cette résurgence. "C’est un cas d’école de l’effet franchise dans l’industrie du jeu indépendant", commente Simon Carless, analyste chez GameDiscoverCo. "Très peu de sagas parviennent à maintenir un tel niveau d’engagement sur le long terme, surtout sans soutien marketing massif."

Pour David Ariznavarreta, cofondateur de Team Cherry, ce succès valide une approche artistique avant tout : "Nous avons toujours cru en un jeu conçu avec passion, sans compromis. Voir les joueurs répondre aussi massivement, des années après le premier opus, c’est à la fois humilitant et incroyablement motivant." Une philosophie qui tranche avec les stratégies commerciales agressives de certains éditeurs, et qui semble payer.

Game Pass, Steam, et consoles : une stratégie multiplateforme payante

Contrairement à beaucoup de jeux indépendants qui misent sur une plateforme principale, Silksong a adopté une stratégie de sortie ambitieuse : Steam (PC), Xbox Game Pass (day one), PlayStation, et Nintendo Switch. Un pari risqué pour un studio de la taille de Team Cherry, mais qui s’avère gagnant.

Sur Xbox, l’intégration au Game Pass a permis au jeu d’atteindre un public bien plus large que sa niche habituelle. Bien que Microsoft n’ait pas communiqué de chiffres officiels, les estimations tablent sur 1,5 million de téléchargements en trois semaines – un score exceptionnel pour un titre non développé en interne. "Le Game Pass agit comme un multiplicateur de visibilité", explique un porte-parole de Xbox. "Des jeux comme Silksong y trouvent une seconde vie, surtout quand ils bénéficient d’une hype aussi forte."

Côté PlayStation et Switch, les 500 000 ventes peuvent sembler modestes en comparaison, mais elles confirment l’attrait transgénérationnel de la licence. Sur Switch, notamment, le jeu profite de l’absence de concurrence directe dans le genre métroidvania ces derniers mois. "Les joueurs Nintendo sont fidèles aux expériences bien conçues, et Silksong coche toutes les cases", note un analyste de NPD Group.

Enfin, Steam reste le cœur de l’écosystème : avec 3,2 millions de ventes, le jeu y réalise l’un des meilleurs démarrages de 2024, devant des titres comme Helldivers 2 ou Palworld. Un exploit d’autant plus impressionnant que Silksong est un jeu en 2D, dans un marché dominé par les productions 3D et open-world. Preuve que l’art direction, l’écriture, et le gameplay restent des critères majeurs pour les joueurs, bien au-delà des effets visuels.

"L’Effet Silksong" : quand une suite fait renaître son prédécesseur

Voilà le phénomène le plus fascinant de cette sortie : Silksong n’a pas seulement cartonné pour lui-même, il a aussi redonné un second souffle à Hollow Knight (2017). Selon les données de SteamDB, le premier opus a vu ses ventes multipliées par 20 la semaine suivant la sortie de la suite, avec un pic à 205 000 exemplaires – un chiffre qui le place devant des nouveautés comme Black Myth: Wukong sur la même période.

Comment expliquer un tel engouement, sept ans après la sortie initiale ? Plusieurs facteurs entrent en jeu :

• L’attente interminable : les joueurs ont eu le temps de découvrir (ou redécouvrir) l’original en prévision de la suite.
• L’effet nostalgie : les streamers et créateurs de contenu ont massivement relancé des parties de Hollow Knight pour préparer leur audience.
• La qualité intemporelle : le jeu n’a pas pris une ride, avec un game design et une direction artistique toujours salués comme des références.
• Le bouche-à-oreille : les nouveaux joueurs, attirés par Silksong, se tournent vers le premier opus pour comprendre l’univers.

Résultat : la franchise Hollow Knight cumule désormais plus de 19 millions de ventes (15M pour le premier, 4,2M pour la suite), un chiffre astronomique pour un studio indépendant. "C’est comme si Dark Souls 3 avait relancé les ventes de Demon’s Souls", compare un journaliste de PC Gamer. "Sauf que ici, tout est fait par une poignée de développeurs passionnés."

Et les retombées ne s’arrêtent pas aux ventes. Sur Twitch, Silksong a dominé les top jeux pendant deux semaines, avec des pics à 150 000 spectateurs simultanés. Les mods et créations de fans (musiques, arts, théories lore) ont aussi explosé, prouvant que l’univers de Hollow Knight est devenu une culture à part entière.

Derrière le succès : le secret d’un studio qui refuse les compromis

Comment un studio de trois personnes (à l’origine) a-t-il pu créer l’une des franchises les plus influentes du jeu indépendant ? La réponse tient en trois mots : vision, patience, et intégrité.

Contrairement à beaucoup de développeurs qui cèdent aux pressions des éditeurs ou aux tendances du marché, Team Cherry a toujours refusé de précipiter Silksong. "Nous aurions pu sortir le jeu plus tôt, mais il n’aurait pas été à la hauteur de nos standards", confie William Pellen, l’un des trois piliers du studio. Cette obsession du détail se retrouve dans chaque aspect du jeu :

• Un level design méticuleux : chaque zone de Silksong est conçue pour offrir une expérience unique, avec des mécaniques de déplacement inédites.
• Une bande-son envoûtante : composée par Christopher Larkin, elle est déjà considérée comme l’une des meilleures OST de 2024.
• Un lore profond et mystérieux : l’univers de Hollow Knight continue de fasciner, avec des théories et des interprétations qui alimentent les discussions depuis des années.
• Un respect des joueurs : pas de microtransactions, pas de contenu payant post-lancement, juste un jeu complet dès le day one.

Cette approche "old school" – où la qualité prime sur la quantité – a créé un lien de confiance avec la communauté. "Les joueurs savent que quand Team Cherry sort quelque chose, c’est parce que c’est prêt", résume un modérateur du subreddit Hollow Knight, qui compte désormais plus de 1 million d’abonnés.

Et le studio ne compte pas s’arrêter là. Dans une interview récente, David Ariznavarreta a laissé entendre que "l’histoire de Hollow Knight n’est pas terminée", alimentant les spéculations sur un troisième opus ou des contenus supplémentaires pour Silksong. Une chose est sûre : avec un tel succès, Team Cherry a désormais les moyens de ses ambitions.

Un impact qui dépasse le jeu vidéo

Hollow Knight: Silksong n’est pas qu’un succès commercial – c’est aussi un phénomène culturel. Preuve en est : le jeu a été cité dans des médias généralistes comme The Guardian ou Le Monde, qui y voient une "œuvre d’art interactive". Les cosplays de Hornet (l’héroïne) ont envahi les conventions, et les fan arts pullulent sur les réseaux sociaux.

Même l’industrie prend note. Des studios comme FromSoftware (Dark Souls) ou Supergiant Games (Hades) ont salué publiquement le travail de Team Cherry. "Silksong prouve qu’un jeu peut être à la fois exigeant et accessible, profond et fun", a déclaré Greg Kasavin, directeur de Supergiant. "C’est une leçon pour nous tous."

Enfin, le jeu a aussi un impact éducatif : des écoles d’art et de game design l’utilisent désormais comme étude de cas pour enseigner le level design, la narration environnementale, ou la création de boss mémorables. "C’est rare qu’un jeu indépendant ait une telle influence sur la formation des futurs développeurs", note un professeur de Gobelins, l’école de l’image.

Bref, Silksong n’est pas qu’un jeu – c’est un monument. Et si l’on en croit les réactions, il pourrait bien rester dans les mémoires aussi longtemps que son prédécesseur.