Hora Punta 4 : Quand la politique relance une saga culte après 18 ans d'absence

1998-2024 : Comment une saga culte pourrait renaître de ses cendres

Imaginez : 1998. Hora Punta débarque sur les écrans, mélange explosif de comédie déjantée et d’action pure, porté par le duo mythique Jackie Chan et Chris Tucker. Le film, réalisé par Brett Ratner, devient un phénomène mondial, engendrant deux suites (2001, 2007) et marquant toute une génération. Puis… plus rien. Après un 3ᵉ volet aux recettes décevantes (256,5 M$ en 2007, contre 347,4 M$ pour le 2ᵉ), la saga semble définitivement enterrée.

Pourtant, en 2024, contre toute attente, Hora Punta 4 refait surface. Pas grâce à un scénario révolutionnaire ou à une demande massive des fans, mais à cause d’un imbroglio politico-financier qui dépasse largement Hollywood. Derrière ce retour improbable : Larry Ellison, cofondateur d’Oracle et actionnaire majoritaire de Paramount, proche de Donald Trump. Ce dernier, nostalgique des blockbusters des années 90, aurait personnellement poussé Ellison à relancer la franchise. Une manœuvre qui s’inscrit dans une stratégie plus large de consolidation des studios, alors que Paramount négocie le rachat de Warner Bros. Discovery – actuel détenteur des droits d’Hora Punta.

Ironie de l’histoire : ce n’est pas l’envie des studios ou des réalisateurs qui pourrait sauver la saga, mais bien des calculs politiques et une vision très personnelle du cinéma. Comme le souligne The Guardian, l’administration Trump voit dans ces films un symbole d’un "Hollywood sans filtre", où l’action et la comédie fusionnaient sans complexe moral ou artistique. Un modèle à l’opposé des productions actuelles, souvent critiquées pour leur approche plus "politiquement correcte".

Trump, Ellison et Ratner : un trio explosif pour relancer la franchise

Comment en est-on arrivé là ? Tout commence avec David Ellison, fils de Larry et actuel dirigeant de Paramount. Proche de Trump, il aurait été directement encouragé par l’ex-président à ressusciter des franchises comme Hora Punta ou Contacto sangriento (1997), autre blockbuster des années 90. Pour Trump, ces films représentent "l’âge d’or du cinéma américain", une époque où les studios osaient tout – y compris des blagues limite et des cascades réelles, sans CGI excessif.

Problème : les droits d’Hora Punta sont toujours chez Warner Bros.. D’où l’idée d’un rachat massif, qui permettrait à Paramount de récupérer la licence. Mais ce n’est pas tout. Pour que le projet aboutisse, il faudrait aussi convaincre Brett Ratner, réalisateur historique de la saga… et figure ultra-controversée. Accusé de harcèlement sexuel en 2017 (affaire qui a failli mettre fin à sa carrière), Ratner a depuis fait un retour discret, notamment via des projets indépendants. Son implication dans Hora Punta 4 serait un coup de poker : un come-back médiatique, mais aussi un risque énorme pour Paramount, déjà critiquée pour ses choix éthiques discutables.

Jackie Chan et Chris Tucker, eux, semblent partants. En décembre 2022, Chan évoquait des "discussions avancées", tandis que Tucker assurait : "Ce sera le meilleur de la saga". Pourtant, depuis, le silence règne. À 71 ans pour Chan et 54 ans pour Tucker, la question n’est plus seulement artistique, mais physique. Peuvent-ils encore incarner ces personnages hyperactifs, mélange de kung-fu et de réplique cinglantes ? Les fans, eux, restent sceptiques. Comme le résume un utilisateur sur Reddit : "Sans l’énergie folle des premiers films, Hora Punta 4 ne sera qu’une pâle copie, même avec Trump derrière."

"On ne refait pas 1998" : les défis d’un comeback improbable

Au-delà des enjeux politiques et des egos, Hora Punta 4 se heurte à une réalité implacable : le cinéma a changé. Dans les années 90, un film comme Hora Punta pouvait miser sur :
• Un humour politiquement incorrect (blagues racistes, stéréotypes assumés).
• Des cascades réelles, sans CGI, avec Jackie Chan risquant sa vie à chaque scène.
• Un rythme effréné, où l’action primait sur l’intrigue.

Aujourd’hui ? Les normes ont évolué. Les blagues de Hora Punta 2 (comme la parodie des triades chinoises) feraient scandale. Les cascades de Chan, autrefois révolutionnaires, seraient remplacées par des effets numériques. Et le public, habitué aux univers cinématographiques ultra-travaillés (Marvel, DC), accepterait-il un film aussi "brut de décoffrage" ?

Autre écueil : l’alchimie du duo. Dans les trois premiers volets, Chan et Tucker fonctionnaient comme un couple comique parfait – le sérieux asiatique et l’Américain exubérant. Mais 18 ans plus tard, leur dynamique a-t-elle survécu ? Tucker, moins présent au cinéma ces dernières années, peut-il encore incarner ce bad boy hilarant ? Chan, lui, a ralenti son rythme, privilégiant des rôles plus posés (Le Voyage en Occident, 2023). Sans compter que leur public cible, les 20-35 ans des années 2000, a maintenant 40 ans… et des attentes différentes.

Enfin, il y a la question artistique. Même si Ratner revenait, son style "blockbuster tape-à-l’œil" semble décalé en 2024. Comme le note le critique Mark Kermode (BBC) : "Hora Punta, c’était du cinéma fast-food : efficace sur le moment, mais qui ne vieillit pas bien. En vouloir une suite aujourd’hui, c’est comme demander un nouveau McDonald’s des années 90… sans se soucier des goûts actuels."

Derrière les projecteurs : quand Hollywood devient un échiquier politique

Ce qui rend Hora Punta 4 fascinant, c’est moins le film en lui-même que ce qu’il représente : un symbole de la mainmise croissante de la politique sur le cinéma. Trump n’est pas le seul à vouloir influencer Hollywood. En 2023, le gouverneur de Floride Ron DeSantis a promis des subventions pour les films "patriotes", tandis que des sénateurs républicains ont critiqué les productions "trop woke". Dans ce contexte, Hora Punta deviendrait un étendard : celui d’un cinéma "dépolitisé", où l’action prime sur les messages.

Pourtant, l’ironie est totale. Car si Trump veut un retour aux "films sans complexe", Hora Punta 4 serait justement hyper-politisé :
• Son existence même dépendrait d’un rachats de studios motivé par des intérêts partisans.
• Son réalisateur, Ratner, est une figure clivante, symbole des dérives d’Hollywood #MeToo.
• Son casting (Chan, star en Chine mais critiquée pour ses positions pro-Pékin) pourrait créer des tensions géopolitiques.

Résultat ? Un film qui, s’il voit le jour, sera scruté sous toutes ses coutures – bien loin de l’insouciance des premiers Hora Punta. Comme le résume un producteur sous couvert d’anonymat : "Si ce projet aboutit, ce ne sera pas grâce au talent ou à une bonne idée, mais parce qu’il arrange des gens très puissants. Et ça, c’est peut-être la chose la plus années 2020 qui soit."

Et si le vrai scénario était ailleurs ?

Alors, Hora Punta 4 sortira-t-il un jour ? Les probabilités restent faibles. Même avec l’appui de Trump et d’Ellison, plusieurs obstacles subsistent :
• Warner Bros. n’a aucune raison de lâcher les droits sans une offre mirobolante.
• Jackie Chan et Chris Tucker devront prouver qu’ils ont encore l’énergie (et l’envie) de se lancer dans une aventure aussi physique.
• Le public acceptera-t-il un film aussi rétro, dans un paysage ciné dominé par les super-héros et les franchises dark ?

Pourtant, l’hypothèse n’est pas totalement folle. Dans un Hollywood en crise (grèves des scénaristes, baisse des entrées en salles), les studios cherchent désespérément des valeurs sûres. Et Hora Punta, malgré ses défauts, reste une marque forte, associée à une époque où le cinéma faisait encore rêver sans prise de tête. Comme le dit un cadre de Paramount : "Si on arrive à recréer ne serait-ce que 10% de la magie des premiers films, ce sera déjà un miracle. Et avec l’aide de Trump, pourquoi pas ? Après tout, c’est lui le roi des miracles… improbables."

Une chose est sûre : si Hora Punta 4 voit le jour, ce ne sera pas un film comme les autres. Ce sera un objet politique, un symbole d’une époque révolue, et peut-être le premier blockbuster de l’ère où la Maison Blanche écrit (indirectement) les scénarios. En attendant, une question persiste : et si le vrai Hora Punta 4, c’était cette histoire folle de rebondissements… sans même qu’un seul plan ne soit tourné ?