Hytale : 16 Minutes de Gameplay Brut et un Retour en Fanfare – Le Projet Phénix du Sandbox

Le Retour d’un Mort-Vivant : Comment Hytale a Échappé à l’Oubli

En 2018, une bande-annonce de Hytale faisait sensation : un sandbox narratif mêlant l’exploration libre de Minecraft à des donjons générés façon Diablo, le tout enveloppé dans une esthétique cartoon soignée. Le projet, porté par le studio Hypixel (célèbre pour ses serveurs Minecraft), était rapidement racheté par Riot Games… avant de sombrer dans les limbes en 2021, victime de priorités stratégiques. Les fans, laissés sur leur faim, croyaient le jeu enterré à jamais.

Pourtant, en décembre 2023, une surprise de taille : Simon Collins-Laflamme, cofondateur d’Hypixel et ancien directeur créatif de Hytale, annonçait avoir racheté les droits du jeu à Riot. Un coup de poker audacieux, presque romantique – comme si Peter Molyneux décidait soudain de ressusciter Fable. Mais cette fois, pas de promesses en l’air : Collins-Laflamme a immédiatement partagé 16 minutes de gameplay brut, filmées sur le moteur d’origine, bugs et tout. Une démarche anti-marketing, assumée comme un "premier pas vers la rédemption".

Pourquoi un tel choix ? "Les joueurs méritent la vérité, même si elle est laide", explique-t-il dans un post sur les réseaux sociaux. Une philosophie qui rappelle celle de Dean Hall (créateur de DayZ), où la transparence devient un outil de reconstruction de confiance. Reste une question : ce gameplay "sans fard" suffit-il à relancer l’engouement ?

16 Minutes qui Font Réver… ou Douter

Le footage, disponible sur YouTube, plonge dans un monde ouvert généré procéduralement, où se côtoient villages médiévaux, donjons sombres et paysages luxuriants. Les mécaniques clés y sont visibles :

• Un système de combat plus dynamique que Minecraft, avec des esquives, des parades et des combinaisons d’attaques rappelant Terraria.
• Des donjons procéduraux aux pièges et énigmes variés, évoquant The Binding of Isaac en 3D.
• Des outils de modding intégrés, permettant de créer ses propres quêtes, objets, voire mondes – une promesse centrale depuis 2018.
• Une narration environnementale : des livres disséminés, des PNJ bavards, et une ambiance sonores immersive (composée par C418, le musicien de Minecraft).

Pourtant, le spectacle n’est pas parfait. Les bugs graphiques (textures manquantes, clipping) et les animations parfois rigides trahissent un développement encore en cours. "C’est un build de 2021, presque inchangé", précise Collins-Laflamme. Un aveu qui divise : pour certains, c’est la preuve d’une honnêteté rare ; pour d’autres, comme le streamer Dream, "ça fait amateur pour un jeu qui a levé des millions".

Le plus surprenant ? Malgré ces défauts, le charme opère. La génération procédurale crée des surprises à chaque coin de forêt, et le système de craft avancé (avec des recettes à découvrir via l’expérimentation) rappelle Valheim. "Si ils arrivent à polir ça, ça peut devenir un monstre", commente AngryJoe dans sa réaction vidéo.

Derrière les Coulisses : Une Course contre la Montre

Depuis le rachat, l’équipe – désormais forte de 30 développeurs (dont d’anciens de Ubisoft Montréal et BioWare) – travaille "24/7" pour préparer une version en accès anticipé. Mais le défi est colossal :

• Rattraper 5 ans de retard : Des jeux comme Core Keeper (sorti en 2022) ou Dinkum ont comblé une partie du vide laissé par Hytale.
• Éviter le syndrome "No Man’s Sky" : Un lancement trop prématuré pourrait tuer définitivement la hype.
• Gérer les attentes : La communauté, bien que ravie, reste méfiante après l’abandon de Riot.

Pour y parvenir, Collins-Laflamme mise sur une stratégie inspirée de Dreamlight Valley :

• Des mises à jour mensuelles avec des extraits de gameplay et des Q&A en direct.
• Un programme de bêta fermée dès mi-2024, réservé aux anciens contributeurs du Kickstarter (2018).
• Une collaboration avec des moddeurs pour co-créer du contenu dès l’accès anticipé.

"On ne veut pas d’un jeu parfait, mais d’un jeu vivant", résume-t-il. Une approche qui rappelle celle de Star Citizen… en espérant éviter ses travers.

Hytale vs. la Concurrence : Un Combat à Armes Inégales ?

En 2024, le marché du sandbox est plus saturé que jamais. Voici comment Hytale se positionne :

Jeu Points Forts Faiblesses Avantage d’Hytale Minecraft Modding illimité, communauté massive Graphismes datés, narration absente Narration intégrée + combats dynamiques Valheim Survie immersive, monde cohérent Contenu limité en late-game Donjons procéduraux + outils de création Core Keeper Progression addictive, style rétro Manque de profondeur narrative Univers plus riche + modding avancé

Le vrai atout d’Hytale ? Son hybridation : un mélange de sandbox, de RPG et de jeu de donjon qui n’a pas d’équivalent direct. "C’est comme si on avait croisé Minecraft, Diablo et Skyrim dans un blender", résume le site PC Gamer. Reste à voir si cette alchimie séduira au-delà des early adopters.

Un risque persiste : celui de trop promettre. En 2018, Hytale était présenté comme "le successeur de Minecraft". Aujourd’hui, Collins-Laflamme tempère : "On vise d’abord une expérience solide, pas une révolution". Une prudence qui contraste avec l’audace des débuts… mais qui pourrait sauver le projet.

Le Mot de la Fin : Un Pari qui Mérite d’Être Suivi

Entre nostalgie (pour les fans de 2018), scepticisme (face aux bugs visibles) et excitation (pour le potentiel créatif), Hytale suscite des émotions contradictoires. Une chose est sûre : ce retour est l’une des plus belles histoires de résilience du jeu indépendant ces dernières années.

Les prochains mois seront cruciaux. Si l’équipe parvient à :

• Livrer une version jouable en accès anticipé d’ici fin 2024,
• Maintenir un dialogue transparent avec la communauté,
• Éviter les promesses irréalistes (le syndrome "Early Access éternel"),

Alors Hytale pourrait bien devenir le comeback de l’année. Dans le cas contraire, il rejoindra la longue liste des jeux cultes jamais sortis – un sort que personne ne souhaite à ce projet trop beau pour mourir.