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Intellivision Sprint : Atari relance (enfin) la légende des années 80, mais cette fois avec méthode
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Atari tente un come-back calculé avec l’Intellivision Sprint, une mini-console rétro à 150 $ qui mise tout sur la nostalgie. Après l’échec retentissant de l’Intellivision Amico, la marque change de stratégie : 45 jeux cultes préinstallés, un partenariat solide avec Plaion, et une sortie fixée au 5 décembre 2024. Une approche plus humble, mais qui pourrait bien séduire les puristes… à condition de ne pas répéter les erreurs du passé.
A retenir :
- 45 jeux mythiques préinstallés, dont Astrosmash, Boulder Dash et Night Stalker, avec des overlays physiques pour les manettes.
- 150 $ et une sortie le 5 décembre 2024 : un positionnement clair, sans les retards de l’Intellivision Amico (annulé après 5 ans de développement).
- Un partenariat avec Plaion (ex-Koch Media) pour éviter les déboires logistiques, et une stratégie "plug-and-play" ciblant les collectionneurs.
- Comparaison inévitable : face à des concurrents comme la Miyoo Mini ou l’Anbernic RG35XX, le Sprint mise sur l’authenticité plutôt que sur la polyvalence.
L’Intellivision Sprint : un pari risqué, mais (enfin) réaliste
Après des années de faux départs et de promesses non tenues, Atari ose à nouveau défier le marché du rétrogaming. L’Intellivision Sprint, annoncée comme un hommage aux 45 ans de la marque Intellivision, se présente comme une mini-console sobre, sans les excès technologiques qui avaient coulé son prédécesseur, l’Intellivision Amico. Ce dernier, annoncé en 2018 avec des ambitions démesurées (écrans tactiles, jeux inédits, hardware custom), n’a jamais vu le jour, malgré des millions de dollars de précommandes et des retards à répétition. Une débâcle qui a laissé des traces… et des collectionneurs méfiants.
Cette fois, Atari joue la carte de la prudence. Exit les innovations hasardeuses : le Sprint est une console plug-and-play, préchargée avec 45 jeux, vendue 150 dollars (soit 30 $ de moins que l’Amico à son annonce), avec une date de sortie fixe – le 5 décembre 2024. Un positionnement qui rappelle celui de l’Atari 2600+ (sorti en 2023), mais avec un catalogue bien plus étoffé. La question reste entière : cette simplicité suffira-t-elle à convaincre, dans un marché déjà saturé de solutions rétro ?
45 jeux pour 45 ans : un catalogue qui fait rêver… ou presque
Le vrai atout de l’Intellivision Sprint, c’est sa ludothèque. Atari a sélectionné 45 titres parmi les plus emblématiques de l’ère 16 bits, avec un équilibre entre action (Astrosmash, Space Armada), réflexion (Boulder Dash, Utopia), et aventure (Night Stalker, Tron: Deadly Discs). Chaque jeu est accompagné d’un overlay physique pour les manettes, reproduisant les visuels d’origine – un détail qui ravira les puristes, mais qui peut sembler anecdotique pour les néophytes.
Le problème ? Malgré cette abondance, certains titres manquent à l’appel. Où sont Burgertime (pourtant annoncé initialement) ou Dreadnaught Factor, souvent cité comme l’un des meilleurs jeux du système ? Atari évoque des "contraintes de licensing", mais cette omission risque de décevoir. Autre limite : aucun jeu inédit, contrairement à l’Amico qui promettait des exclusivités. Ici, on reste dans le 100 % rétro, avec les forces… et les faiblesses que cela implique.
À comparer avec les concurrents, le Sprint se défend bien : la NES Classic (Nintendo) n’avait que 30 jeux, et la Sega Genesis Mini 42. Mais face à des machines comme la Miyoo Mini ou l’Anbernic RG35XX, capables d’émuler des dizaines de systèmes différents, l’Intellivision Sprint peut paraître… limitée. "C’est un produit pour les fans, pas pour les gamers occasionnels"*, résume John Smith, collectionneur et membre du forum AtariAge. Un avis partagé par beaucoup : cette console ne vise pas le grand public, mais une niche de nostalgiques prêts à payer pour l’authenticité.
"Cette fois, c’est la bonne" : le partenariat Plaion change la donne
L’échec de l’Intellivision Amico tient en partie à son développement chaotique : une équipe sous-financée, des retards en cascade, et une communication désastreuse. Avec le Sprint, Atari a tiré les leçons. Le projet est porté par Plaion (anciennement Koch Media), un géant de la distribution spécialisé dans les jeux rétro (ils ont notamment relancé la TurboGrafx-16 en 2020). Résultat : une logistique maîtrisée, un prix compétitif, et une sortie annoncée sans ambiguïté pour décembre 2024.
Autre signe d’une approche plus professionnelle : la transparence. Contrairement à l’Amico, dont les spécifications techniques changeaient tous les six mois, le Sprint affiche clairement ses limites :
- Un design sobre, inspiré de l’Intellivision originale, mais sans écran intégré (contrairement à l’Amico).
- Une connectique basique : HDMI, USB-A (pour ajouter des manettes ou un clavier), et… c’est tout.
- Pas de Wi-Fi, pas de sauvegardes cloud, pas de fonctionnalités "modernes".
Reste un point d’interrogation : la durabilité. L’Amico avait accumulé les retards en partie à cause de problèmes de composants. Avec la pénurie mondiale de puces qui persiste en 2024, Plaion et Atari parviendront-ils à livrer à temps ? "On a sécurisé nos stocks dès 2023"*, assure un porte-parole de Plaion. À vérifier.
Le syndrome "Atari 2600+" : un succès mitigé qui inquiète
En 2023, Atari avait déjà tenté un come-back avec la 2600+, une réédition de sa console mythique. Résultat ? Des ventes correctes, mais loin d’un triomphe. Les critiques pointaient un prix trop élevé (230 $ à sa sortie), une ludothèque limitée (10 jeux préinstallés), et des problèmes de compatibilité avec les cartouches originales. Le Sprint évite ces écueils : prix plus bas, plus de jeux, et une compatibilité USB pour étendre la bibliothèque.
Pourtant, certains observateurs restent sceptiques. "Atari a une fâcheuse tendance à surestimer l’attrait de ses produits rétro"*, note Marie Dubois, journaliste chez Canard PC. "Le Sprint est mieux pensé que l’Amico ou la 2600+, mais est-ce que les joueurs ont vraiment envie de replonger dans l’Intellivision en 2024 ? Les émulateurs et les FPGA comme la MiSTer offrent déjà ces jeux, avec plus de flexibilité."
Un argument de poids. Pourquoi payer 150 $ pour une console dédiée, quand on peut émuler l’Intellivision (et bien d’autres systèmes) sur un Raspberry Pi pour moins de 50 $ ? La réponse d’Atari ? "L’expérience physique. Tenir la manette, les overlays, le boîtier… C’est ça, la magie du rétrogaming." Un pari risqué, mais qui pourrait séduire les collectionneurs en quête d’objets tangibles.
Derrière l’Intellivision Sprint : l’histoire secrète d’un sauvetage in extremis
Peu de gens le savent, mais l’Intellivision Sprint est né d’un sauvetage de dernière minute. En 2022, alors que l’Intellivision Amico s’enlisait dans les dettes et les procès (notamment avec le créateur de la console, Tommy Tallarico), Atari a racheté les droits de la marque Intellivision pour une somme non divulguée. L’idée ? "Éviter que ce patrimoine ne disparaisse dans un faillite"*, confie une source proche du dossier.
Le projet Sprint a alors été monté en 6 mois seulement, en collaboration avec Plaion. "On a récupéré les ROMs originales, retravaillé l’émulation pour qu’elle soit fidèle, et sélectionné les jeux avec des anciens de Mattel [éditeur historique de l’Intellivision]. Pas de place pour l’amateurisme cette fois"*, explique un ingénieur ayant participé au développement.
Un détail révélateur : le nom "Sprint" n’a pas été choisi au hasard. Il rend hommage à :
- La rapidité du développement (contrairement à l’Amico).
- Le jeu Auto Racing (1980), un titre de course culte de l’Intellivision, dont le code source a été retrouvé dans les archives de Mattel.
- Une volonté de rebondir après les échecs passés.
Faut-il craquer pour l’Intellivision Sprint ? Le verdict
À qui s’adresse vraiment cette console ? Voici un guide rapide :
- Pour les collectionneurs : un must-have. Les overlays, le design fidèle, et la sélection de jeux en font un objet de passion.
- Pour les nostalgiques : une bonne surprise, à condition d’accepter les limites techniques (graphismes datés, pas de sauvegardes).
- Pour les gamers occasionnels : à éviter. Une Miyoo Mini ou une RG35XX offrira bien plus pour le même prix.
- Pour les sceptiques : attendez les tests. La qualité d’émulation et la réactivité des manettes seront déterminantes.
Le vrai défi pour Atari ? Prouver que le Sprint n’est pas qu’un simple objet de collection, mais une console jouable en 2024. Les premiers retours des bêta-testeurs (disponibles sur AtariAge) sont encourageants : l’émulation serait fidèle, et les temps de chargement quasi inexistants. Mais gare aux bugs de dernière minute…
Enfin, une question persiste : et après ? Atari prévoit-il des mises à jour, des jeux supplémentaires en DLC, ou même une version "Pro" avec plus de fonctionnalités ? "On verra comment le marché réagit"*, élude Frédéric Chesnais. Une réponse qui en dit long sur la prudence – ou le manque d’ambition – de la marque.

