Il y a 47 jours
LEGO Batman : Le Legs du Chevalier Noir – Un Pari Audacieux qui Divise les Fans
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Un virage radical pour la licence LEGO
LEGO Batman: The Dark Knight’s Legacy bouscule les codes de la série en limitant son roster jouable à sept personnages (Batman, Catwoman, Talia al Ghul, etc.), privilégiant une expérience narrative immersive et des mécaniques uniques par héros. Exit les 400 figurines de LEGO Star Wars : ici, chaque costume (du Rainbow Batman aux designs Golden Age ou The Batman 2022) promet des compétences distinctes. Un choix risqué qui divise déjà – entre nostalgie des open worlds surchargés et espoir d’un gameplay plus profond, proche des récits de Telltale.
A retenir :
- Sept personnages jouables seulement (vs 400 dans LEGO Star Wars) : Batman, Catwoman, Talia al Ghul, et d’autres membres de la dynastie Wayne, chacun avec des mécaniques exclusives (bat-grappin, lasso, etc.).
- Tenues alternatives légendaires : 85 ans d’histoire de Batman explorés, du Golden Age (1939) au The Batman de Matt Reeves (2022), en passant par le Rainbow Batman des années 60 – chacune offrant des compétences uniques.
- Un parti pris narratif : TT Games abandonne le sandbox surpeuplé pour une histoire centrée sur Bruce Wayne, comme l’explique Jonathan Smith (TT Games) : *"On raconte l’histoire de Bruce, pas celle de la Justice League"*.
- Polémique sur les NPC : Bat-Mite et King Condiment (entre autres) seront non jouables – une première pour la licence, critiquée par les puristes.
- Déblocage des tenues : mystère sur leur obtention (quêtes secondaires ou progression principale ?), un détail crucial pour les completionists.
- Comparaisons culturelles : entre le minimalisme narratif de Telltale’s Batman et le foisonnement des précédents LEGO, le jeu cherche un équilibre inédit.
Un Choix Radical : Pourquoi TT Games Brise les Codes de la Série LEGO ?
Imaginez un LEGO Star Wars sans Jar Jar Binks, un LEGO Marvel sans Deadpool… C’est pourtant le pari fou de TT Games avec LEGO Batman: The Dark Knight’s Legacy. Annoncé lors de la gamescom 2025, le jeu limite son roster jouable à sept personnages – une décision qui a de quoi surprendre dans une série connue pour ses centaines de figurines collectionnables. Mais derrière ce choix apparemment contre-intuitif se cache une volonté de réinvention : et si moins, c’était finalement plus ?
Pour comprendre ce virage, il faut remonter à l’évolution des LEGO games. Depuis LEGO Star Wars: The Complete Saga (2007), la formule gagnante reposait sur un mélange de humour décalé, de niveaux variés, et surtout, d’un roster pléthorique où chaque personnage – même le plus obscur – avait sa place. Pourtant, comme le soulignait Jonathan Smith, directeur créatif chez TT Games, lors d’une interview à Eurogamer : *"Avec le temps, les joueurs ont commencé à se perdre dans cette abondance. Beaucoup de personnages finissaient par se ressembler, avec des compétences redondantes."* Le constat est sans appel : la qualité a parfois cédé le pas à la quantité.
Avec The Dark Knight’s Legacy, le studio prend le contre-pied. Exit les 400 personnages de LEGO Star Wars: The Skywalker Saga – ici, seuls sept héros seront jouables, tous ancrés dans l’univers de Batman : le Chevalier Noir lui-même, Catwoman, Talia al Ghul, Nightwing, Red Hood, Batgirl, et un dernier personnage encore mystérieux (des rumeurs évoquent Damian Wayne). Chaque figure dispose de mécaniques uniques : le bat-grappin pour les déplacements verticaux, le lasso de Catwoman pour les interactions à distance, ou encore les compétences furtives de Nightwing. Une approche qui rappelle les Batman: Arkham, où chaque allié apportait une valeur ajoutée tangible.
Mais ce n’est pas tout. TT Games mise aussi sur un système de tenues alternatives ultra-détaillé, avec des designs tirés de 85 ans d’histoire : du Batman des comics Golden Age (1939) au Batsuit tactique de The Dark Knight (2008), en passant par la version psychédélique des années 60 (le fameux Rainbow Batman) ou le design réaliste du film de Matt Reeves (2022). Chaque costume ne sera pas qu’un simple reskin : ils promettent des compétences spécifiques. Par exemple, la cape lourde du Dark Knight permettrait des prises de vue cinématiques, tandis que la tenue de Batman: The Animated Series offrirait une agilité accrue pour les phases d’infiltration.
Pourtant, ce choix divise. Sur Reddit, les réactions sont partagées : *"C’est une trahison de l’esprit LEGO !"* s’indigne un utilisateur, tandis qu’un autre salue *"une approche enfin mature, comme dans les jeux Telltale"*. Le débat fait rage, surtout depuis l’annonce que des NPC cultes comme Bat-Mite ou King Condiment (le méchant le plus absurde de l’univers LEGO DC) ne seront pas jouables – une première pour la licence. *"On perd le côté sandbox qui faisait le charme des LEGO"*, regrette un joueur sur ResetEra, tandis qu’un autre répond : *"Mais au moins, ici, chaque personnage a une vraie utilité, pas comme dans LEGO Marvel où 80% du roster servait à rien."*
Derrière les Coulisses : Pourquoi un Tel Changement ?
Pour comprendre cette révolution, il faut plonger dans les coulisses du développement. Selon des sources proches du projet (rapportées par VG247), The Dark Knight’s Legacy était à l’origine conçu comme un jeu classique de la série, avec un open world gargantuesque et des centaines de personnages. Mais lors des premiers tests, l’équipe a réalisé un problème majeur : *"Les joueurs passaient plus de temps à switcher entre les persos qu’à vraiment jouer"*, confie un développeur sous couvert d’anonymat. *"On avait recréé le syndrome du 'paradoxe du choix' – trop d’options tuent l’immersion."*
Le studio a alors décidé de repartir de zéro, en s’inspirant de deux modèles : les jeux narratifs comme Telltale’s Batman (pour la profondeur de l’histoire) et les Batman: Arkham (pour le gameplay varié mais maîtrisé). *"On voulait que chaque personnage ait un rôle clair dans l’histoire, pas juste être une case à cocher dans un menu de sélection"*, explique Arthur Parsons, chef de projet chez TT Games. Résultat : une narration centrée sur la dynastie Wayne, avec des arcs personnels pour chaque héros, et des mécaniques de jeu profondément liées à leur identité.
Un autre élément clé ? Les retours des fans. Après LEGO Star Wars: The Skywalker Saga (2022), critiqué pour son open world trop vide malgré son roster impressionnant, TT Games a mené une enquête auprès de sa communauté. Verdict : 63% des joueurs souhaitaient *"moins de personnages, mais mieux exploités"*. Une donnée qui a confirmé la direction prise par l’équipe. *"On a écouté les critiques sur le manque de profondeur des précédents opus. Là, on veut que chaque costume, chaque compétence, ait un impact réel sur le gameplay"*, précise Parsons.
Pourtant, le risque est immense. Les LEGO games ont toujours été synonymes de liberté : liberté de explorer, de collectionner, de s’amuser sans pression. En réduisant drastiquement le roster, TT Games s’expose à aliéner une partie de son public. *"C’est un pari dangereux, mais nécessaire"*, estime Julien Chièze, journaliste spécialisé chez Jeuxvideo.com. *"Soit ils réussissent à créer une expérience aussi riche qu’un Arkham avec des briques LEGO, soit ils perdent ce qui faisait leur identité : le fun accessible et décomplexé."*
Tenues Cultes et Gameplay : Comment TT Games Compense-t-il le Roster Réduit ?
Face aux critiques, TT Games mise tout sur son système de tenues alternatives. Et force est de constater que le studio a vu les choses en grand. Avec plus de 50 costumes annoncés (soit environ 7 par personnage), le jeu promet de couvrir toutes les époques de Batman, des origines aux adaptations les plus récentes. Voici quelques exemples marquants :
- Golden Age Batman (1939) : le tout premier design, avec une cape courte et des gants violets. Compétence : "Détection des pièges vintage" (pour résoudre des énigmes inspirées des comics des années 40).
- The Dark Knight (2008) : le Batsuit tactique de Nolan, avec une cape lourde permettant des prises de vue cinématiques en mode photo.
- Rainbow Batman (1960) : la tenue psychédélique de l’ère Adam West, offrant un bonus de charisme pour les dialogues (et des réactions hilarantes des PNJ).
- The Batman (2022) : le design réaliste de Matt Reeves, avec des gadgets furtifs (comme le sonar amélioré).
- Batman: The Animated Series : la tenue noire et grise culte, boostant l’agilité et les déplacements en grappin.
Chaque costume ne se limite pas à un changement esthétique : ils influencent directement le gameplay. Par exemple, la tenue de Batman Incorporated (inspirée des comics de Grant Morrison) permettrait de contrôler des drones, tandis que le Batsuit de Frank Miller (version The Dark Knight Returns) offrirait une résistance accrue et des attaques plus brutales. Une approche qui rappelle LEGO DC Super-Villains (2018), où les tenues alternaient entre clins d’œil nostalgiques et variantes fonctionnelles.
Mais une question persiste : comment débloquer ces tenues ? TT Games reste évasif, mais deux pistes se dessinent :
- Via l’histoire principale : certaines tenues seraient liées à des moments clés du scénario (ex. : obtenir le costume de The Dark Knight après une mission d’infiltration inspirée du film).
- Via des quêtes secondaires : comme dans LEGO Star Wars, des énigmes ou défis permettraient de les déverrouiller (ex. : trouver des briques dorées cachées dans Gotham).
Pour les completionists, cette mécanique pourrait atténuer la frustration liée au roster réduit. *"Si les tenues offrent assez de variété, ça peut marcher"*, estime Marie, joueuse et streamer spécialisée dans les jeux LEGO. *"Mais il faudra que le système soit bien équilibré. Sinon, on aura l’impression de jouer à un jeu en early access, avec du contenu manquant."*
Comparaisons Culturelles : Entre Telltale et les Arkham, Où se Situe ce LEGO Batman ?
Pour cerner l’ambition de The Dark Knight’s Legacy, il faut le comparer à deux modèles : les jeux narratifs de Telltale et la série Arkham de Rocksteady. Du côté de Telltale, on retrouve une approche centrée sur l’histoire, avec des choix moraux et une narration mature. Mais là où Telltale misait sur des dialogues branchés et des dilemmes émotionnels, TT Games semble vouloir garder le ton décalé des LEGO games, tout en ajoutant une couche de profondeur mécanique.
Côté Arkham, la comparaison est encore plus frappante. Les jeux de Rocksteady brillaient par leur gameplay varié (combat, infiltration, énigmes) et leur roster maîtrisé (Batman, Catwoman, Robin, Nightwing…). The Dark Knight’s Legacy semble s’en inspirer, mais avec une touche LEGO : moins de violence, plus d’humour, et des mécaniques accessibles à un public familial. *"C’est comme si on mélangeait l’ADN d’Arkham City avec celui de LEGO Marvel, mais en enlevant les scories"*, résume Thomas, rédacteur chez Gamekult.
Pourtant, une différence majeure persiste : l’open world. Contrairement aux Arkham, où Gotham était un monde vivant rempli de crimes à résoudre, The Dark Knight’s Legacy semble se concentrer sur des zones plus restreintes, mais plus denses en contenu narratif. *"On perd en liberté, mais on gagne en cohérence"*, analyse Sophie, game designeuse. *"Reste à voir si les joueurs accepteront ce compromis."*
Enfin, impossible de ne pas évoquer LEGO DC Super-Villains (2018), dernier opus en date à avoir tenté une approche narrative ambitieuse. Le jeu proposait un roster immense, mais avec une histoire centrée sur les méchants. Ici, TT Games inverse la tendance : peu de personnages, mais une histoire ultra-personnalisée. *"C’est presque un retour aux sources des LEGO games, quand la série misait sur des niveaux linéaires mais bien ficelés"*, note Paul, collectionneur de jeux LEGO depuis 2005.
Les Inquiétudes des Fans : Et si le Pari Échait ?
Malgré les arguments de TT Games, les craintes des joueurs sont réelles. Trois points reviennent souvent dans les discussions en ligne :
- La durée de vie : avec seulement sept personnages, le jeu risque-t-il d’être trop court ? *"Si on enlève la collection de persos, il faut compenser avec un scénario ultra-riche"*, avertit un utilisateur sur Steam.
- Le prix : un LEGO game à 60€ avec si peu de contenu jouable, est-ce justifié ? *"À ce tarif, j’attends au moins 20h de gameplay solides"*, écrit un autre.
- La réutilisation des assets : certains redoutent que les tenues alternatives ne soient qu’un recyclage de modèles existants, sans réelle innovation.
TT Games semble conscient de ces enjeux. Dans une FAQ récente, le studio a précisé que le jeu inclurait :
- Un mode histoire de 15-20h, avec des embranchements narratifs selon les choix du joueur.
- Des missions secondaires axées sur les tenues alternatives, pour étendre la durée de vie.
- Un mode libre permettant de rejouer les niveaux avec n’importe quel costume débloqué.
De quoi rassurer ? Pas totalement. *"15h pour un jeu à 60€, c’est léger"*, estime Karim, joueur occasionnel. *"Surtout que les LEGO games ont toujours été des valeurs sûres pour le rapport qualité-prix."* D’autres, comme Élodie, fan de Batman, restent optimistes : *"Si l’histoire est aussi bien écrite que dans les Arkham, et que les tenues apportent vraiment du gameplay, ça peut valoir le coup."*
Une chose est sûre : The Dark Knight’s Legacy sera un test crucial pour TT Games. Si le pari réussit, il pourrait redéfinir la formule des LEGO games, en misant sur la qualité plutôt que la quantité. En cas d’échec, le studio risque de devoir revenir à la recette classique – avec le risque de lasser une communauté en mal d’innovation.
LEGO Batman: The Dark Knight’s Legacy s’annonce comme le jeu le plus ambitieux – et le plus risqué de TT Games depuis des années. En réduisant son roster à sept personnages mais en approfondissant leurs mécaniques et leurs tenues, le studio tente un grand écart entre narration mature et fun accessible. Les tenues alternatives, tirées de 85 ans d’histoire, pourraient bien être la clé pour convaincre les sceptiques – à condition qu’elles offrent une vraie variété de gameplay, et non de simples skins.
Reste une question : les joueurs sont-ils prêts à abandonner le sandbox surpeuplé des précédents LEGO games pour une expérience plus ciblée ? La réponse dépendra de la qualité de l’histoire, de la profondeur des mécaniques, et surtout, de la capacité de TT Games à prouver que moins peut parfois signifier mieux. Une chose est certaine : avec ce choix audacieux, le studio a déjà réussi un coup de maître – faire parler de lui, pour le meilleur comme pour le pire.