Liam Hemsworth dans

Un héritage lourd à porter : quand Geralt change de visage

Quand Netflix a annoncé le départ d’Henry Cavill après trois saisons, c’est un peu l’univers de The Witcher qui a tremblé. L’acteur britannique avait marqué les esprits avec son interprétation physique et charismatique de Geralt de Riv, au point de devenir, pour beaucoup, le Sorceleur par excellence. Son départ, acté en 2022, a laissé un vide que Liam Hemsworth – connu pour Hunger Games et Independence Day: Resurgence – devait combler. Mission impossible ? Les premiers retours des fans, dès l’annonce du casting, ont été sans appel : "Ce n’est pas notre Geralt", "Il n’a ni la carrure ni le charisme de Cavill", "Netflix a encore tout gâché".

Pourtant, les attentes étaient immenses. The Witcher n’est pas une simple série : c’est une adaptation d’une saga littéraire culte (Andrzej Sapkowski), portée par des jeux vidéo qui ont redéfini le RPG moderne (The Witcher 3: Wild Hunt, élu Jeu de l’Année en 2015). Dans ce contexte, Hemsworth avait tout à prouver. Et les chiffres n’ont pas arrangé les choses : la saison 4, diffusée fin décembre 2023, a enregistré une baisse d’audience spectaculaire, avec 7,4 millions de spectateurs en quatre jours contre 18,5 millions pour la saison 2. Un signe que les fans, déçus par les changements (scénario, casting, rythme), commençaient à se détourner.

Mais voici le paradoxe : si les spectateurs lambda ont boude la série, un avis comptait plus que tous les autres. Celui de Doug Cockle, la voix officielle de Geralt depuis The Witcher 2: Assassins of Kings (2011) et surtout The Witcher 3. Pour les joueurs, Cockle est Geralt – ses intonations rauques, son humour sarcastique, sa façon de grogner un "Hmm…" sont devenus iconiques. Quand il parle, c’est comme si le Sorceleur lui-même donnait son verdict.

"Il a créé son propre Geralt" : le verdict qui pourrait tout changer

Dans un entretien accordé à GamesRadar, Doug Cockle a enfin brisé le silence. Et ses mots ont de quoi surprendre : "Liam a fait un travail remarquable. Il a su créer son propre Geralt, différent de celui d’Henry, mais tout aussi valable. C’est une performance réussie, avec ses propres nuances." Une déclaration qui pèse lourd, car Cockle n’est pas du genre à distribuer des compliments faciles. Son approbation signifie que Hemsworth a réussi là où beaucoup échouent : s’affranchir de l’ombre de son prédécesseur sans trahir l’essence du personnage.

Pour comprendre l’importance de ce soutien, il faut rappeler que Cockle incarne Geralt depuis plus de 12 ans. Il a donné vie au Sorceleur dans des dizaines d’heures de jeu, marquant des millions de joueurs. Quand il dit que Hemsworth a "capturé l’âme du personnage", ce n’est pas un simple encouragement – c’est une légitimation. D’autant que Cockle a précisé : "Il a compris que Geralt n’est pas qu’un guerrier bourru. C’est un homme marqué par la solitude, la morale ambiguë, et une certaine vulnérabilité. Liam a su montrer ça."

Bien sûr, tous les fans ne seront pas convaincus. Certains, attachés à la version Cavill, refusent toujours ce changement. Mais l’avis de Cockle pourrait faire basculer les indécis. Après tout, si la voix de Geralt lui-même valide Hemsworth, pourquoi ne pas lui donner une chance ?

Netflix persiste et signe : une saison 5 pour 2026, mais à quel prix ?

Malgré les critiques et la baisse d’audience, Netflix a confirmé le renouvellement de The Witcher pour une cinquième et dernière saison, prévue pour 2026. Un choix qui surprend, mais qui s’explique : la série reste un cash cow pour la plateforme, avec un univers étendu (le spin-off The Witcher: Blood Origin, les projets animés) et une base de fans fidèle, même réduite. Pourtant, le défi est colossal.

D’abord, il faudra redonner envie aux spectateurs. La saison 4 a été critiquée pour son rythme inégal, ses intrigues secondaires peu convaincantes, et un Geralt moins présent à l’écran. Hemsworth aura donc fort à faire pour imposer sa version du personnage, surtout avec seulement une saison pour conclure. Ensuite, il faudra clore l’histoire en beauté – un exercice périlleux, comme l’a montré le final décevant de Game of Thrones.

Doug Cockle, interrogé sur cette dernière saison, reste optimiste : "Je pense qu’ils ont une vision claire pour terminer l’histoire. Liam a encore des choses à explorer avec Geralt, notamment sa relation avec Ciri et Yennefer. Il y a un vrai potentiel." Des mots qui laissent espérer une évolution du personnage, peut-être plus proche des jeux vidéo, où Geralt est à la fois un père adoptif tourmenté et un héros pragmatique.

Mais le temps presse. Entre maintenant et 2026, Netflix devra réinventer la formule : moins de remplissage, plus de cohérence narrative, et surtout, un Geralt qui trouve enfin sa voix. Hemsworth a désormais une arme secrète : le soutien de Cockle. Reste à savoir s’il parviendra à convaincre les fans… avant qu’il ne soit trop tard.

Derrière les caméras : comment Liam Hemsworth a préparé son rôle (et pourquoi ça n’a pas suffi)

Pour incarner Geralt de Riv, Liam Hemsworth s’est plongé dans une préparation intensive. Contrairement à Henry Cavill, grand fan des jeux et des livres, Hemsworth a dû tout découvrir : l’univers de Sapkowski, les mécaniques des jeux, et surtout, l’attitude du Sorceleur. Dans une interview pour Variety, il a révélé avoir passé des semaines à étudier les mouvements de combat, la posture, et même… les "Hmm…" légendaires de Doug Cockle.

"Je voulais comprendre pourquoi Geralt est si aimé, a-t-il expliqué. Ce n’est pas juste un tueur de monstres. C’est un homme qui lutte contre son destin, qui protège ceux qu’il aime malgré son apparente froideur. J’ai essayé de montrer ça, même si je savais que les comparaisons avec Henry seraient inévitables."

Pourtant, malgré ces efforts, quelque chose a cloché. Les fans ont pointé du doigt un manque de chimie avec Freya Allan (Ciri) et Anya Chalotra (Yennefer), ainsi qu’un jeu d’acteur parfois trop lisse. Là où Cavill incarnait un Geralt brut et charismatique, Hemsworth a été perçu comme trop… polie. Un comble pour un Sorceleur !

Doug Cockle, lui, voit les choses différemment : "Liam a apporté une sensibilité nouvelle. Son Geralt est plus réfléchchi, moins impulsif. Est-ce que c’est fidèle aux livres ? Pas toujours. Mais est-ce que c’est intéressant ? Oui." Une analyse qui rejoint celle de certains critiques, comme IGN, qui a salué une "interprétation plus subtile, même si moins spectaculaire".

Alors, Hemsworth a-t-il simplement été victime d’un mauvais timing ? La saison 4 était-elle trop ambitieuse, diluant son personnage dans des intrigues secondaires ? Une chose est sûre : avec la saison 5, il n’aura plus le droit à l’erreur.

Et si le vrai problème n’était pas Hemsworth, mais Netflix ?

Ici, un débat fait rage parmi les fans : et si le problème ne venait pas de l’acteur, mais de l’adaptation elle-même ? Depuis le début, The Witcher sur Netflix a été critiqué pour :

• Un scénario décousu : la saison 1 a mélangé les timelines de façon confuse, perdant beaucoup de spectateurs.
• Des libertés prises avec les livres : des personnages clés modifiés, des intrigues réécrites, voire supprimées.
• Un rythme inégal : entre épisodes lents et combats mal filmés, l’équilibre est souvent rompu.
• Un manque de fidélité à l’esprit des jeux : là où CD Projekt Red a su capturer l’humour noir et la complexité morale de Geralt, la série peine à retrouver cette alchimie.

Henry Cavill lui-même, malgré son amour pour la saga, avait exprimé des réserves sur les choix narratifs. Dans une interview pour GQ, il avait avoué : "J’ai dû défendre certains aspects des livres face aux scénaristes. Parfois, ils voulaient aller dans une direction qui, selon moi, trahissait l’esprit de Sapkowski."

Liam Hemsworth arrive donc dans un contexte déjà miné. Même avec tout son talent, peut-il sauver une série qui semble avoir perdu sa boussole ? Doug Cockle le croit : "Si Netflix lui donne les bons outils – un scénario solide, des dialogues percutants –, il peut faire des étincelles. Mais il ne peut pas tout porter seul."

La balle est désormais dans le camp des scénaristes. La saison 5 sera-t-elle celle de la rédemption, ou le dernier clou dans le cercueil d’une adaptation ratée ? Une chose est sûre : avec le soutien de Cockle, Hemsworth a désormais une légitimité qu’on ne peut plus ignorer. Aux fans de décider s’ils lui accorderont une dernière chance.