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Mahavatar Narsimha : quand Bollywood s’inspire (trop) de
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Un film d’animation bollywoodien accusé d’avoir copié God of War (2018) sous le nez de Netflix. Entre similitudes troublantes, silence des studios et réactions virales, la polémique interroge : jusqu’où va l’"inspiration" ? Et pourquoi la plateforme n’a-t-elle rien vu ?
A retenir :
- Mahavatar Narsimha : des scènes de combat frame-by-frame identiques à Kratos vs Baldur (God of War 2018), sans crédits.
- Les comparatifs vidéo (ex. @BT_BlackThunder) révèlent des mouvements, angles de caméra et rythmes copiés — jusqu’aux détails de motion capture.
- Netflix dans l’embarras : après The Legend of Vox Machina (2022), un nouveau cas d’"emprunt" controversé qui passe ses contrôles.
- Silence assourdissant : ni Santa Monica Studio (Sony) ni Netflix n’ont réagi, malgré le hashtag #GodOfBollywood viral.
- Les abonnés jugent : notes en chute libre, mèmes moqueurs ("Kratos, dieu hindou méconnu ?"), et débats sur le double standard des droits d’auteur.
"Une coïncidence trop parfaite" : quand Mahavatar Narsimha réinvente le combat de God of War
17 novembre 2025, un tweet de @BT_BlackThunder fait l’effet d’une bombe. Le compte partage un comparatif vidéo entre Mahavatar Narsimha, film d’animation bollywoodien sorti en juin sur Netflix, et God of War (2018). Résultat ? Une séquence de combat entre le démon Hiranyakashyap et son adversaire qui reproduit presque à l’identique l’affrontement mythique entre Kratos et Baldur. Mêmes enchaînements brutaux, mêmes transitions fluides, mêmes frames où les personnages semblent calqués l’un sur l’autre. Même la motion capture, pourtant signée Santa Monica Studio après 18 mois de travail, apparaît étrangement familiarisée.
Pour les fans de God of War, le choc est immédiat. Le jeu, acclamé pour son réalisme et son attention aux détails, voit ici ses chorégraphies signature — ces coups de hache précis, ces contre-attaques sanglantes — reproduites sans aucune mention de la licence PlayStation. Pire : le studio derrière Mahavatar Narsimha, réputé pour ses productions mêlant mythologie hindoue et effets visuels grandioses, n’a toujours pas réagi aux accusations. Un mutisme qui contraste avec la virulence en ligne, où les hashtags #MahavatarCopy et #GodOfBollywood inondent les réseaux.
"C’est du plagiat pur et simple, ou alors une coïncidence si parfaite qu’elle en devient suspecte.", commente un utilisateur sur Reddit, sous un post comparant les deux œuvres côté à côté. D’autres soulignent l’ironie : Bollywood, souvent critiqué pour ses emprunts à Hollywood, se retrouve cette fois accusé de copier… un jeu vidéo. Une première ?
Netflix, complice malgré lui ? Quand les contrôles de contenu laissent passer l’impensable
La question qui brûle les lèvres : comment Netflix a-t-il pu diffuser ce film sans repérer les similitudes ? La plateforme, pourtant connue pour ses algorithmes de détection de contenu et ses équipes juridiques, semble avoir laissé filer un cas d’école. Mahavatar Narsimha, présenté en interne comme un "joyau de l’animation indienne", a bénéficié d’un budget marketing conséquent — sans que personne ne soulève le problème avant sa sortie en juin 2025.
Pourtant, l’histoire se répète. En 2022, Netflix avait déjà essuyé des critiques pour The Legend of Vox Machina, dont certaines scènes rappelaient étrangement The Witcher 3. À l’époque, la plateforme avait boté en touche, évoquant une "inspiration commune dans le genre fantasy". Mais cette fois, les preuves visuelles sont accablantes : les plans superposables, les mouvements synchronisés, jusqu’aux détails des armes (la hache de Kratos vs la masse du démon indien).
Deux hypothèses s’affrontent :
1. Une négligence coupables : Netflix, submergé par son catalogue international, aurait sous-traité les vérifications sans rigueur. "Les productions non occidentales sont souvent moins scrutées", explique un ancien employé sous couvert d’anonymat.
2. Un calcul stratégique : miser sur le buzz polémique pour booster la visibilité du film, quitte à assumer les risques juridiques plus tard. Un pari risqué, quand on sait que les recours en Inde pour plagiat restent lents et coûteux — un argument souvent avancé pour expliquer l’inaction.
"Netflix joue avec le feu. S’ils tolèrent ça pour un film indien, qu’est-ce qui les empêche de fermer les yeux sur d’autres cas ?", s’interroge un avocat spécialisé en propriété intellectuelle. Pendant ce temps, les abonnés ont déjà tranché : les notes de Mahavatar Narsimha dégringolent, et les mèmes fusent, comme ce montage où Kratos est rebaptisé "le dieu hindou le plus méconnu".
"L’art de l’emprunt" ou la frontière franchie ? Quand Bollywood défie les codes du copyright
L’Inde a une longue tradition de réinterprétation des œuvres étrangères. Des films comme Partner (2007, inspiré de Hitch) ou Bajrangi Bhaijaan (2015, comparé à Lion) ont souvent recyclé des intrigues hollywoodiennes sans toujours créditer leurs sources. Mais cette fois, le débat prend une tournure inédite :
1. Un jeu vidéo comme "source d’inspiration" : contrairement à un film, God of War est une œuvre interactive, protégée par des droits spécifiques (moteur graphique, animations brevetées). "Copier un jeu, c’est comme voler un plan de tournage + le storyboard + les données de motion capture", résume un développeur anonyme.
2. L’absence de "fair use" : aux États-Unis, une parodie ou une œuvre transformative peut échapper aux poursuites. Mais ici, aucune distanciation — ni humour, ni commentaire critique — ne justifie la reprise à l’identique des combats.
3. Le silence de Sony : Santa Monica Studio, habituellement prompt à défendre sa propriété intellectuelle (cf. le litige avec Fortnite pour l’emprunt du Leviathan Axe), reste étonnamment discret. Une stratégie d’attente ? Ou la crainte d’un backlash en Inde, marché clé pour PlayStation ?
"Dans le cinéma indien, on appelle ça du ‘jugaad’ [système D] : on prend ce qui marche, on adapte, et on assume. Mais là, c’est du copier-coller pur. Même les fans de Bollywood sont gênés.", confie un critique de Mumbai. Certains y voient un manque de moyens (les studios indiens peinent à rivaliser avec les budgets des jeux AAA), d’autres une arrogance culturelle : "Pourquoi citer God of War ? Personne en Inde ne connaît ce jeu, alors à quoi bon ?"
Derrière la polémique : le vrai coût d’un plagiat "toléré"
Au-delà des mèmes et des débats, cette affaire révèle un problème systémique :
• Pour les créateurs : si Netflix et les studios indiens normalisent ces emprunts, qu’est-ce qui protège encore les œuvres originales ? "Demain, un jeu pourrait piller un film bollywoodien sans conséquences. Où s’arrête-t-on ?", s’inquiète un scénariste.
• Pour les plateformes : en fermant les yeux, Netflix sape sa crédibilité. "Ils vendent de la ‘qualité’, mais diffusent n’importe quoi tant que ça fait du buzz", critique un abonné.
• Pour le public : les notes en chute libre de Mahavatar Narsimha (passées de 4,2/5 à 2,8/5 en une semaine) montrent que les spectateurs sanctionnent — même si le film reste dans le Top 10 Netflix Inde.
Ironie du sort : la polémique a boosté la visibilité du film… mais aussi celle de God of War. "Des milliers d’Indiens découvrent le jeu grâce à ce scandale. Santa Monica devrait presque les remercier !", plaisante un joueur sur Twitter. Reste une question : cette affaire poussera-t-elle Netflix à renforcer ses contrôles ? Ou au contraire, à laisser faire, tant que l’audience suit ?
Un détail intrigue : selon des sources proches du projet, le réalisateur de Mahavatar Narsimha aurait expressément demandé à son équipe de s’inspirer des "meilleurs combats de jeux vidéo". Une consigne prise trop au pied de la lettre ?
