Il y a 2 jours
Mario : Comment Nintendo Veut Faire Vivre le Plombier 100 Ans et Plus
h2
En 2025, Mario fête ses 40 ans, mais Nintendo voit bien plus loin : et si le plombier le plus célèbre du jeu vidéo devenait centenaire ? Shigeru Miyamoto et Takashi Tezuka, les pères de la licence, dévoilent leur stratégie pour perpétuer l’héritage de Mario jusqu’en 2125. Entre adaptations technologiques, expansions cinématographiques et équilibre délicat entre tradition et modernité, découvrez comment Nintendo compte défier le temps avec une recette qui a déjà fait ses preuves… mais qui devra sans cesse se réinventer.
A retenir :
- Vision centenaire : Nintendo planifie l’avenir de Mario jusqu’en 2125, avec une stratégie révélée par Miyamoto et Tezuka dans un livre commémoratif.
- 1,3 milliard de dollars : Le film The Super Mario Bros. Movie (2023) a pulvérisé les records, poussant Nintendo à accélérer son expansion cinématographique avec un nouveau projet en 2026.
- 15,4 millions d’exemplaires : Super Mario Bros. Wonder (2023) prouve que la formule 2D reste indétrônable, malgré l’essor du 3D et des open-world.
- "Ajouter sans supprimer" : La philosophie de Miyamoto en action, avec des rééditions comme Super Mario Galaxy (2025) qui intègrent commandes tactiles et gyroscopiques.
- Un pont entre générations : Contrairement à des franchises comme Crash Bandicoot ou Sonic, Mario maintient un taux de satisfaction record (92 % sur Metacritic) tout en séduisant nouveaux et anciens joueurs.
1985-2025 : 40 Ans de Sauts, et Ce n’est qu’un Début
Le 13 septembre 1985, un plombier moustachu en salopette rouge faisait ses premiers pas sur NES avec Super Mario Bros.. Quarante ans plus tard, ce même personnage est devenu une icône culturelle, un ambassadeur du jeu vidéo bien au-delà des frontières de Nintendo. À l’occasion de cet anniversaire, Shigeru Miyamoto (créateur de Mario) et Takashi Tezuka (producteur historique de la série) ont levé un coin du voile sur leur vision à très long terme : faire de Mario une licence centenaire, capable de traverser les époques sans perdre son âme. Un pari audacieux, alors que l’industrie du jeu vidéo se transforme à une vitesse vertigineuse, entre révolution technologique, changements de supports et evolution des attentes des joueurs.
Dans un livre commémoratif publié pour les 40 ans de la franchise, les deux vétérans de Nintendo détaillent leur approche. Pour Tezuka, la clé réside dans une "adaptation permanente" : "Chaque génération redéfinit ce qu’est le divertissement. Mario doit évoluer avec elle, sans jamais oublier d’où il vient". Une déclaration qui résume à elle seule le défi colossal auquel fait face Nintendo : moderniser une licence sans la trahir, innover sans effrayer les puristes.
L’Équation Impossible : Innover Sans Tout Changer
Si Mario a survécu à quatre décennies de mutations technologiques, c’est parce qu’il a toujours su se réinventer sans se renier. Miyamoto le martèle : "L’essence de Mario, c’est courir et sauter. Tout le reste est accessoire". Pourtant, derrière cette simplicité apparente se cache un savant dosage entre tradition et audace. Prenez Super Mario Bros. Wonder (2023) : le jeu reprend les codes du platforming 2D, mais y injecte des mécaniques inédites (les Badges, qui modifient les capacités du personnage) et une direction artistique psychédélique qui tranche avec les épisodes précédents. Résultat ? 15,4 millions d’exemplaires vendus, un score stratosphérique pour un jeu en 2D à l’ère des open-world.
À l’inverse, des franchises comme Crash Bandicoot ou Ratchet & Clank ont parfois peiné à trouver cet équilibre. Crash 4 (2020), malgré son succès critique, a vu ses ventes chuter de 40 % par rapport à la trilogie remasterisée, preuve que les joueurs ne suivent pas systématiquement les réinventions radicales. Mario, lui, évite les reboots risqués (à l’instar de Bomberman: Act Zero, qui avait aliéné sa base de fans en 2006) pour privilégier une évolution incrémentale mais constante. Super Mario Odyssey (2017) en est l’exemple parfait : avec son système de capture d’objets (permettant à Mario de prendre le contrôle d’ennemis ou d’éléments du décor), le jeu a introduit une mécanique révolutionnaire… tout en conservant une jouabilité immédiatement accessible. Preuve que l’audace paie : 27 millions d’exemplaires écoulés et un 92 % sur Metacritic.
Cette philosophie, Miyamoto la résume en une phrase : "Ajouter sans supprimer". Une maxime qui se vérifie dans les rééditions de la série. Super Mario Galaxy, sorti à l’origine sur Wii en 2007, sera ainsi republié sur Switch en 2025 avec une particularité : les commandes gyroscopiques (héritées de la Wiimote) coexisteront avec des options tactiles, élargissant l’audience sans trahir l’esprit du jeu. Une approche que même The Legend of Zelda pourrait envier, alors que Tears of the Kingdom (2023) a essuyé des critiques pour sa complexité accrue.
Mario à Hollywood : Quand le Plombier Devient une Star de Cinéma
Si Mario domine les écrans de jeu depuis 40 ans, il a aussi conquis le grand écran avec brio. The Super Mario Bros. Movie (2023), produit par Illumination (les créateurs des Minions), a engendré plus de 1,3 milliard de dollars de recettes mondiales, devenant l’un des films les plus rentables de l’histoire. Un succès qui a ouvert des portes insoupçonnées : Nintendo a ainsi annoncé The Super Mario Bros. Galaxy Movie, prévu pour avril 2026, qui transposera l’univers onirique et coloré des jeux Galaxy en film d’animation.
Mais cette expansion cinématographique n’est qu’un maillon d’une stratégie bien plus large. Nintendo mise sur une cohérence transversale : chaque projet – qu’il s’agisse d’un jeu, d’un film ou d’un produit dérivé – doit renforcer l’écosystème Mario. Les spin-offs jouent ici un rôle clé. Mario Tennis Fever (prévu pour 2026 sur Switch 2) ou les rééditions optimisées de Super Mario Bros. Wonder visent à maintenir l’intérêt des joueurs entre deux sorties majeures. Une tactique qui rappelle celle de Sonic, dont les jeux comme Sonic Superstars (2023) ont permis de garder la franchise visible malgré des ventes plus modestes (3,1 millions d’unités contre 15,4 millions pour Wonder).
La différence ? Nintendo contrôle chaque aspect de son univers, du gameplay au merchandising, en passant par les bandes-originales (qui font l’objet de rééditions vinyles très courues). Une maîtrise totale qui lui permet d’éviter les écueils de licences comme Pac-Man, dont les adaptations cinématographiques ou les jeux dérivés ont souvent manqué de cohérence.
Derrière le Mythe : Les Coulisses d’une Légende
Peut-être ignorez-vous que Mario devait à l’origine s’appeler… Jumpman. Ou que sa moustache était une contrainte technique : sur NES, les graphismes ne permettaient pas de dessiner une bouche avec suffisamment de détails. Ces anecdotes, parmi d’autres, révèlent une vérité souvent oubliée : Mario est né d’un mélange de hasard, de génie créatif et de contraintes techniques.
Dans les années 1980, Miyamoto et son équipe travaillaient sur un jeu mettant en scène un charpentier (d’où le nom Jumpman) sauvant sa petite amie des griffes d’un gorille – un projet qui deviendra Donkey Kong. Ce n’est qu’en 1985, avec Super Mario Bros., que le personnage a pris son apparence définitive, inspirée en partie par… un plombier italien croisé par Miyamoto lors d’un voyage. La salopette ? Une référence aux ouvriers de l’époque. La casquette ? Pour éviter de dessiner des cheveux.
Aujourd’hui, Mario est bien plus qu’un simple personnage : c’est une marque déposée qui pèse des milliards, un ambassadeur culturel (il est même entré au Walk of Fame en 2023), et un phénomène transgénérationnel. Pourtant, malgré ce statut, Nintendo refuse de le traiter comme une "vache à lait". Chaque nouveau jeu, chaque adaptation, est pensée pour faire sens dans l’univers global. Comme le confie Tezuka : "Mario n’est pas un produit. C’est une expérience que nous voulons partager avec le plus grand nombre, aujourd’hui comme dans 100 ans".
Et Demain ? Les Défis qui Attendent Mario
Si l’avenir de Mario semble radieux, des défis de taille se profilent. Le premier ? La concurrence des open-world. Des jeux comme The Legend of Zelda: Breath of the Wild ou Elden Ring ont redéfini les attentes des joueurs en matière de liberté et d’immersion. Mario, avec ses niveaux linéaires et son gameplay arcadique, peut-il continuer à rivaliser ? Nintendo parie sur l’hybridation : Super Mario Odyssey a déjà introduit des zones semi-ouvertes, et les rumeurs évoquent un futur épisode en monde ouvert pour Switch 2.
Autre enjeu : l’essor du cloud gaming et des abonnements. Avec Nintendo Switch Online, la firme propose déjà un catalogue de jeux rétro, mais devra-t-elle un jour envisager un modèle 100 % dématérialisé pour Mario ? Miyamoto reste prudent : "Le physique a encore de beaux jours devant lui. Les joueurs aiment posséder leurs jeux, les collectionner". Une position qui tranche avec celle de Microsoft ou Sony, de plus en plus tournées vers le tout-numérique.
Enfin, la question de la relève se pose. Miyamoto et Tezuka, aujourd’hui septuagénaires, ne seront pas éternels. Qui reprendra le flambeau ? Nintendo forme déjà une nouvelle génération de créateurs, comme Yoshiaki Koizumi (directeur de Super Mario Sunshine) ou Kenta Motokura (Super Mario Bros. Wonder). Mais transmettre l’ADN de Mario – ce mélange unique de simplicité, de créativité et de fun immédiat – ne sera pas une mince affaire.

