Il y a 39 jours
Mark Hamill et *The Human Centipede 2* : Quand un acteur dit "non" à l'horreur extrême
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Pourquoi Mark Hamill a-t-il refusé *The Human Centipede 2* ? Décryptage d’un choix éthique face à l’horreur extrême
En 2011, **Mark Hamill**, légende de *Star Wars*, se voit proposer un rôle dans *The Human Centipede 2*, suite du film culte (et controversé) de **Tom Six**. Sans hésiter, l’acteur décline l’offre, dénonçant un concept qu’il juge **répugnant** et **exploiteur**. Un refus rare dans **Hollywood**, où le **cinéma d’horreur extrême** – souvent synonyme de **buzz** et de **censure** – attire pourtant de nombreux talents. Entre **éthique personnelle**, **limites artistiques** et **provocation**, ce "non" catégorique révèle bien plus qu’un simple désaccord : une **position forte** contre la **violence gratuite**, dans une industrie où des réalisateurs comme **Eli Roth** ou **Rob Zombie** ont fait du **choc** leur marque de fabrique. Comment ce choix s’inscrit-il dans la carrière de Hamill, et que dit-il de l’évolution du **cinéma horrifique** ?A retenir :
- **Mark Hamill** refuse sans lire le scénario *The Human Centipede 2* (2011), qualifiant le projet d’« abject » – une réaction rare pour un acteur de son envergure.
- Le film, censuré au Royaume-Uni (2 min 37 supprimées), divise : entre art provocateur (Tom Six) et exploitation pure, Hamill choisit clairement son camp.
- Contrairement à des figures comme **Laurence R. Harvey** (acteur principal) ou **Eli Roth**, Hamill trace une ligne rouge : certains rôles « ne méritent pas d’être joués ».
- Son refus s’inscrit dans un débat plus large sur le torture porn (*Saw*, *Hostel*), où la violence spectaculaire prime souvent sur la narration.
- Une décision qui interroge : jusqu’où un acteur peut-il aller pour son art ? Entre intégrité et opportunités, Hamill privilégie la première.
- Derrière l’anecdote, un symbole : même dans un **Hollywood** avide de scandale, certains osent dire « non ».
« Jamais je ne vous pardonnerai ces images » : la réaction brutale de Mark Hamill
Imaginez la scène : un **lundi matin de 2011**, l’agent de **Mark Hamill** lui transmet une offre pour le moins… inattendue. Après des décennies à incarner des héros – de **Luke Skywalker** à des rôles dans des séries animées cultes comme *Batman* –, le voici sollicité pour rejoindre l’univers glauque de *The Human Centipede 2*. Pour ceux qui l’ignorent (et ils ont de la chance), le premier volet (2009) avait déjà choqué le monde entier avec son concept **grotesque** : trois victimes cousues bouche-anus pour former une créature monstrueuse. La suite, *Full Sequence*, promettait d’aller encore plus loin dans l’abjection, avec un scénario centré sur un spectateur obsédé par le premier film, devenant lui-même bourreau.
La réponse de Hamill ? Un « non » catégorique, presque viscéral. Selon *Entertainment Weekly*, il aurait lancé à son agent : *« Jamais je ne vous pardonnerai d’avoir mis ces images dans ma tête »*. Pire : il refuse même d’en savoir plus. *« Non, ne me l’envoyez pas »*, aurait-il coupé court quand on lui propose le scénario. Une réaction qui en dit long sur son **dégoût immédiat** – et sur une **éthique personnelle** qui ne transige pas.
À l’époque, le projet de **Tom Six** fait déjà polémique. Le réalisateur néerlandais, adepte d’un **cinéma de choc**, assume pleinement son désir de provoquer. *« Je veux que les gens sortent de la salle en se demandant s’ils viennent de voir un film ou un snuff movie »*, déclarera-t-il plus tard. Pourtant, là où certains y voient une **œuvre transgressive**, Hamill n’y voit qu’une **mascarade sordide**. Et son refus, loin d’être un caprice, s’inscrit dans une **démarche réfléchie** : celle d’un acteur qui, malgré une carrière éclectique (du **blockbuster** au **théâtre indépendant**), sait où placer ses limites.
Censure, scandale et succès : le paradoxe de *The Human Centipede 2*
Sorti en 2011, *The Human Centipede 2 (Full Sequence)* devient rapidement un phénomène médiatique – mais pour les mauvaises raisons. Au **Royaume-Uni**, la **BBFC** (l’équivalent du CSA français) exige la suppression de 2 minutes et 37 secondes de scènes jugées trop explicites. En Australie, le film est carrément interdit avant d’être finalement autorisé… avec des coupures. Aux États-Unis, il est projeté dans seulement un cinéma à sa sortie, avant de trouver son public en **VOD** et **DVD**.
Pourtant, malgré (ou grâce à ?) la **polémique**, le film rapporte plus de 2 millions de dollars pour un budget dérisoire. **Tom Six** a gagné son pari : le **buzz** fonctionne. Mais à quel prix ? Pour **Laurence R. Harvey**, l’acteur principal (un spectateur muet et socialement inepte transformé en bourreau), le rôle est une **opportunité** de briller dans un registre extrême. *« Je savais que ce serait controversé, mais c’est aussi ça, le pouvoir du cinéma »*, expliquera-t-il. Une vision aux antipodes de celle de Hamill, pour qui certains sujets dépassent les limites de l’art.
Le film s’inscrit dans une lignée de **torture porn** popularisée par des franchises comme *Saw* (2004) ou *Hostel* (2005). Ces œuvres, souvent accusées de **banaliser la violence**, misent sur des scènes de plus en plus **graphiques** pour choquer le spectateur. **Eli Roth**, réalisateur de *Hostel*, assume : *« Le but, c’est de pousser les gens dans leurs retranchements. Si ça les dérange, c’est que ça marche. »* Une philosophie que **Rob Zombie** (remake de *Halloween*) partage, estimant que *« l’horreur doit être une expérience physique, pas juste intellectuelle »*.
Face à cette tendance, le refus de Hamill prend une **dimension symbolique**. Alors que des acteurs comme **Malcolm McDowell** (*A Clockwork Orange*) ou **Vincent D’Onofrio** (*The Cell*) ont accepté des rôles dans des films violents mais **artistiquement ambitieux**, *The Human Centipede 2* semble, pour Hamill, relever de la **pure provocation** – sans message, sans profondeur. *« Certains films méritent d’être faits. Celui-ci, non. »*, résumera-t-il plus tard dans une interview.
Hamill vs. Hollywood : quand l’éthique rencontre l’industrie du choc
Le parcours de **Mark Hamill** est celui d’un acteur qui a toujours **navigué entre les genres**. Après *Star Wars*, il aurait pu se reposer sur ses lauriers. Pourtant, il a choisi des rôles variés : du **doublage** (le Joker dans *Batman: The Animated Series*) au **théâtre** (pièces de **Samuel Beckett**), en passant par des apparitions dans des séries comme *The Flash* ou *Brooklyn Nine-Nine*. Une carrière où la **diversité** prime – mais où certaines lignes ne doivent pas être franchies.
Son refus de *The Human Centipede 2* n’est pas un cas isolé. En 2017, il décline également un rôle dans *The New Mutants*, estimant que le scénario **manque de cohérence**. *« Je ne veux pas être ce genre d’acteur qui dit oui à tout par peur de disparaître »*, confiera-t-il. Une philosophie qui tranche avec celle de nombreux acteurs hollywoodiens, prêts à tout pour rester sous les projecteurs – même à jouer dans des projets **dénués de sens**.
Pourtant, Hamill n’est pas un **puritain**. Il a tourné dans des films d’horreur comme *The Night the Lights Went Out in Georgia* (1981), et admet aimer le genre… quand il est bien fait. *« J’adore *The Exorcist* ou *The Shining*, parce que l’horreur y est au service d’une histoire, pas l’inverse »*, explique-t-il. Pour lui, la différence tient dans **l’intention** : *« *The Human Centipede*, c’est de l’horreur pour l’horreur. Il n’y a rien derrière, juste le désir de choquer. »*
Son positionnement rejoint celui de critiques comme **Roger Ebert**, qui dénonçait le *torture porn* comme *« une pornographie de la violence, sans âme ni raison d’être »*. À l’inverse, des réalisateurs comme **Guillermo del Toro** (*Pan’s Labyrinth*) défendent une horreur **poétique** et **métaphorique**. *« La vraie horreur, c’est celle qui vous hante longtemps après le générique »*, affirme-t-il. Un avis que Hamill semble partager.
Derrière le refus : un débat sur les limites de l’art
Le cas de *The Human Centipede 2* soulève une question **universelle** : où s’arrêtent la liberté artistique et la provocation ? Pour ses défenseurs, le film est une **satire** de la société obsédée par la violence médiatique. *« C’est une critique de notre fascination pour l’horreur »*, argue **Tom Six**. Ses détracteurs, comme Hamill, y voient une **exploitation cynique** de la souffrance humaine.
Ce débat n’est pas nouveau. Dès les années 1970, des films comme *Cannibal Holocaust* (1980) ou *Salò* (1975) avaient divisé la critique. Aujourd’hui, avec l’essor des **plateformes de streaming**, la question se pose avec encore plus d’acuité. *« Avant, ces films étaient marginaux. Maintenant, ils sont accessibles en un clic »*, note le sociologue **Jean-Baptiste Thoret**, spécialiste du cinéma d’horreur. *« Cela change la donne : le choc n’est plus un événement rare, mais une consommation courante. »*
Dans ce contexte, le refus de Hamill prend une **résonance particulière**. Alors que des acteurs comme **Nicolas Cage** ou **Johnny Depp** multiplient les choix discutables (parfois par nécessité financière), lui assume un **droit de veto** basé sur ses **valeurs**. *« Un acteur a le devoir de choisir ses rôles avec intégrité »*, déclare-t-il. Une position qui force le respect – et qui rappelle que, même à **Hollywood**, l’**éthique** peut encore primer sur le **business**.
Pourtant, l’histoire ne dit pas si Hamill a regretté son choix. *The Human Centipede 2*, malgré son statut de **film maudit**, est aujourd’hui culte pour une partie des fans d’horreur. *« Peut-être que dans 20 ans, on en rira »*, plaisante-t-il. Mais une chose est sûre : *« Je n’aurais jamais pu me regarder dans un miroir après avoir tourné ça. »* Une phrase qui résume tout.
Et si Hamill avait dit « oui » ? Une uchronie cinématographique
Amusons-nous à imaginer un monde où **Mark Hamill** aurait accepté le rôle. Quel aurait été l’impact ? Probablement **énorme**. La présence d’une **légende de Star Wars** dans un film aussi controversé aurait **décuplé** la médiatisation. Les tabloïds auraient titré : *« Luke Skywalker devient un monstre ! »*, et les **mèmes** auraient envahi le web.
Pourtant, pour Hamill, le jeu n’en valait pas la chandelle. *« J’ai déjà eu des rôles qui m’ont valu des critiques. Mais là, ce n’était même pas une question de qualité – c’était une question de dignité humaine »*, confie-t-il. Une réponse qui en dit long sur sa **vision du métier** : pour lui, un acteur n’est pas un simple **produit marketing**, mais un **artisan** qui doit assumer ses choix.
Aujourd’hui, alors que le **cinéma d’horreur** continue d’explorer des territoires toujours plus **extrêmes** (voir *Terreur dans la maison de cire* ou *The Sadness*), le refus de Hamill reste un **rappel salutaire** : dans une industrie obsédée par le **choc** et les **algorithmes**, certains savent encore dire *« assez »*. Et ça, c’est peut-être la vraie **rébellion**.