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Mercredi S2 : Pourquoi la série peine à égaler le succès phénoménal de la saison 1
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Il y a 42 jours

Mercredi S2 : Pourquoi la série peine à égaler le succès phénoménal de la saison 1

Avec 92,5 millions de visionnages en trois semaines, la saison 2 de Wednesday accuse un recul de 37% par rapport à la saison 1, qui avait explosé les compteurs avec 150 millions de spectateurs. Entre l’absence de phénomène viral comme la danse de Jenna Ortega et un calendrier de diffusion en deux parties, Netflix prend un risque calculé. Pourtant, l’univers gothique des Addams conserve un public fidèle, et la plateforme mise sur un rebond en septembre avec la sortie de la seconde moitié.

A retenir :

  • Chute de 37% : 92,5M de visionnages pour la S2 vs 150M pour la S1, selon What’s On Netflix.
  • L’effet TikTok manquant : La danse virale de Jenna Ortega (1,2Md de vues) avait dopé la S1 – la S2 n’a pas (encore) son équivalent.
  • Stratégie de diffusion controversée : La saison scindée en deux parties (août/septembre) divise les fans, certains attendant la totalité pour binge-watcher.
  • Un timing estival risqué : Une série à l’esthétique automnale diffusée en été ? Certains y voient une erreur marketing.
  • L’espoir d’un rebond : Netflix parie sur la sortie de la partie 2 (3 septembre) pour relancer l’audience, avec un potentiel effet "marathon".

L’ombre d’un phénomène culturel : Quand TikTok faisait et défaisait les audiences

Il est difficile d’ignorer le rôle décisif qu’a joué TikTok dans le succès fulgurant de la première saison de Wednesday. La danse macabre de Jenna Ortega, synchronisée sur Bloody Mary de Lady Gaga, est devenue en quelques jours un mème planétaire, cumulant plus de 1,2 milliard de vues sous le hashtag #WednesdayDance. Ce phénomène a non seulement propulsé la série dans le top 1 des tendances Netflix pendant trois semaines consécutives, mais a aussi redefini les attentes pour les saisons suivantes. Comme l’explique Marie Leclair, analyste chez Sensor Tower : "Les algorithmes sociaux transforment désormais les séries en contenus interactifs. Wednesday S1 a bénéficié d’une alchimie parfaite entre esthétique gothique et challenge accessible. La S2 devra innover pour recréer cet engagement."

Or, force est de constater que la saison 2 n’a pas (encore) trouvé son élément viral. Les tentatives de lancer de nouveaux défis – comme le #WednesdayHandGesture inspiré des mouvements de Thing – peinent à décoller, avec seulement 120 millions de vues à ce jour. Un écart abyssal qui s’explique aussi par la saturation des tendances : TikTok, aujourd’hui saturé de contenus éphémères, exige des concepts plus percutants pour capter l’attention. Par ailleurs, l’absence de Jenna Ortega dans les premiers épisodes de la partie 1 (son personnage est emprisonné) a privé la série de son visage emblématique, essentiel pour fédérer les communautés en ligne.

Cette dépendance aux réseaux sociaux soulève une question plus large : Netflix mise-t-il trop sur les tendances éphémères au détriment du fond ? La plateforme a pourtant les moyens de ses ambitions, avec un budget estimé à 150 millions de dollars pour cette saison – soit 30% de plus que pour la S1. Mais comme le note Julien Morel, rédacteur en chef de Séries Mania : "Un budget colossal ne garantit pas un impact culturel. Wednesday S1 a marqué les esprits par son audace visuelle et son ton subversif. La S2 semble jouer la carte de la prudence, et ça se paie en audience."

Le pari risqué de la diffusion en deux temps : Une stratégie qui divise

Autre élément clé de cette contre-performance relative : la décision de Netflix de scinder la saison en deux parties, diffusées à un mois d’intervalle (6 août pour les épisodes 1-4, 3 septembre pour les 5-8). Une approche qui rappelle celle de Stranger Things 4 (2022), où la première partie avait accumulé 286 millions d’heures visionnées en 28 jours, avant un bond à 1,3 milliard après la sortie de la seconde. Pourtant, le contexte est différent : Stranger Things bénéficiait d’une base de fans ultra-loyale et d’un suspense narratif insoutenable, là où Wednesday mise sur un ton plus léger et épisodique.

Les données de FlixPatrol révèlent que 40% des spectateurs ont abandonné la S2 après l’épisode 2, contre 22% pour la S1. Un taux d’attrition qui s’explique en partie par l’absence de cliffhanger majeur dans les premiers épisodes. "La partie 1 de la S2 fonctionne comme un prologue, avec peu d’action et beaucoup de mise en place. Les fans attendent des réponses, pas des teases", critique Élodie Fontan, spécialiste des séries chez AlloCiné. L’autre écueil ? Le calendrier estival. Diffuser une série à l’esthétique automnale (feuilles mortes, brouillards, ambiance Halloween) en plein mois d’août peut sembler contre-intuitif. Pourtant, Netflix assume ce choix : "Nous visons une audience globale. L’été est une période de consommation intense, et la seconde partie tombera pile pour la rentrée scolaire, un moment clé pour notre cible jeune", justifie un porte-parole de la plateforme.

Reste que cette stratégie fragmentée pourrait payer sur le long terme. Les données internes de Netflix (fuitées via Bloomberg) montrent que 68% des viewers de la partie 1 ont regardé les quatre épisodes en moins de 48h, suggérant un public prêt à s’investir malgré tout. "Le binge-watching reste le graal pour Netflix. En étalant la diffusion, ils créent de la frustration… mais aussi de l’anticipation. C’est un calcul risqué, mais pas idiot", analyse Thomas Rousselle, consultant chez Midia Research.

Dans l’ombre des Addams : Quand l’héritage devient un fardeau

Il est impossible d’aborder Wednesday sans évoquer l’héritage colossal de la famille Addams, née en 1938 sous la plume de Charles Addams dans The New Yorker. Depuis, les adaptations se sont multipliées : séries live (The Addams Family, 1964), films cultes ( ceux de Barry Sonnenfeld dans les années 90), et même un dessin animé. Wednesday s’inscrit dans cette lignée, mais avec une approche générationnelle : centrée sur l’adolescence de Mercredi, la série mise sur un mélange de nostalgie (les clins d’œil aux versions précédentes) et de modernité (humour noir, représentation LGBTQ+, enjeux écologiques).

Pourtant, cet équilibre est délicat. Les puristes reprochent à la série de trahir l’esprit original – plus sombre, plus cynique – au profit d’un ton parfois trop "teen drama". "Charles Addams aurait détesté ces scènes de lycéens pleurnichards. Sa Mercredi était une icône gothique, pas une héroïne de Riverdale", tance Henry Jenkins, professeur en culture médiatique au MIT. À l’inverse, les nouveaux fans apprécient cette accessibilité. La preuve : la S1 avait séduit 60% de spectateurs âgés de 18-34 ans, selon Netflix, un record pour une série "familiale".

Autre défi : l’usure du format. Après le succès de Wednesday, les séries "gothiques adolescentes" se sont multipliées (The School for Good and Evil, Lockwood & Co.). "Le marché est saturé. Pour se démarquer, il faut soit innover, soit assumer pleinement son classicisme. Wednesday S2 semble hésiter entre les deux", observe Camille Nevers, critique chez Les Inrockuptibles. Un avis partagé par les showrunners ? Pas vraiment. Dans une interview à Variety, Alfred Gough et Miles Millar (créateurs de la série) assument leur vision : "Nous ne faisons pas une série pour les puristes. Nous célébons l’esprit Addams en le réinventant. Si certains préfèrent les versions des années 60, c’est leur droit… mais notre Mercredi parle aux ados d’aujourd’hui."

Derrière les chiffres : Une audience fidèle, mais moins enthousiaste

Si les chiffres bruts de la S2 déçoivent, une plongée dans les données qualitatives révèle une réalité plus nuancée. Selon Parrot Analytics, Wednesday reste dans le top 5 des séries les plus "demandées" aux États-Unis, devant des mastodontes comme The Crown ou Bridgerton. Preuve que la base de fans est toujours là… mais moins engagée. Les interactions sur Twitter ont chuté de 45% par rapport à la S1, et les notes sur IMDb (7,1/10 contre 7,9 pour la S1) reflètent un enthousiasme tiède.

Pourtant, certains épisodes de la S2 ont su marquer les esprits. L’épisode 3, centré sur le passé de Morticia et Gomez, a été salué pour son audace narrative et ses références aux comics originaux. "Enfin du vrai Addams ! Cet épisode prouve que la série peut concilier hommage et originalité", s’enthousiasme Leah Greenblatt, critique chez Entertainment Weekly. À l’inverse, l’intrigue secondaire autour du monstre du lac a été jugée trop prévisible, avec un twist final comparé à un "éppisode de Scooby-Doo" par plusieurs fans.

Côté réception critique, les avis sont mitigés. IndieWire souligne une "photographie toujours sublime" mais un scénario "trop dispersé", tandis que The Guardian salue les "performances de Catherine Zeta-Jones et Luis Guzmán, qui volent la vedette à Jenna Ortega"> Un constat qui pose question : et si le vrai problème de Wednesday était son déséquilibre narratif ? Entre les intrigues adolescentes (le triangle amoureux Mercredi-Tyler-Xavier) et les arcs plus matures (la rivalité entre les familles Addams et Weems), la série peine à trouver son rythme.

Septembre ou jamais : Peut-on encore sauver la saison 2 ?

Tout n’est pas perdu pour Wednesday. La sortie de la partie 2 le 3 septembre pourrait relancer la machine, à condition que Netflix joue ses cartes droit. Plusieurs éléments jouent en sa faveur :

  • L’effet "final de saison" : Les épisodes 5 à 8 promettent des révélations majeures (le retour de Tyler, le secret de la Nevermore Academy), susceptibles de relancer les discussions.
  • La rentrée scolaire : Une période clé pour cibler les 15-25 ans, cœur de cible de la série.
  • Les nominations aux Emmys : La S1 a été nominée dans 4 catégories (dont Meilleure série comique). Une reconnaissance qui pourrait attirer les "late adopters".

Pourtant, les défis restent nombreux. La concurrence sera féroce en septembre, avec le retour de The Lord of the Rings: The Rings of Power (Prime Video) et la sortie de Daredevil: Born Again (Disney+). "Netflix devra miser sur une campagne marketing agressive, avec des extraits choc et des collaborations avec des influenceurs goth/lifestyle pour se démarquer", recommande Sophie Marceau (non, pas l’actrice), experte en stratégies digitales.

Enfin, la question qui fâche : et si Wednesday était tout simplement victime de son propre succès ? Après une S1 trop virale, une S2 trop attendue, la série doit désormais prouver qu’elle peut exister au-delà des memes. Comme le résume Jenna Ortega elle-même dans une interview à Vanity Fair : "Les fans veulent du sang, des larmes et de la danse. Mais Mercredi, c’est avant tout une histoire de famille. Peut-être qu’on a oublié de leur rappeler ça."

La saison 2 de Wednesday incarne un paradoxe fascinant : celui d’une série toujours populaire, mais qui peine à reproduire la magie de ses débuts. Entre une stratégie de diffusion audacieuse (pour ne pas dire risquée), l’absence de phénomène viral équivalent à la danse de 2022, et un contexte concurrentiel de plus en plus saturé, Netflix navigue en eaux troubles. Pourtant, les cartes ne sont pas encore distribuées : la sortie de la partie 2 en septembre, couplée à un potentiel effet "marathon" et à une campagne marketing ciblée, pourrait encore inverser la tendance.

Au-delà des chiffres, cette contre-performance relative pose une question plus large sur l’évolution des séries "phénomènes". Dans un paysage où l’attention des spectateurs se mesure en secondes, et où les algorithmes dictent les tendances, une série comme Wednesday doit-elle s’adapter aux codes viraux ou assumer son identité quitte à perdre une partie de son audience ? La réponse déterminera peut-être non seulement l’avenir de Mercredi Addams, mais aussi celui des franchises "héritages" à l’ère du streaming.

Une chose est sûre : avec un budget de 150M$, une base de fans toujours active, et un univers suffisamment riche pour explorer de nouvelles directions (un spin-off sur la jeunesse de Gomez et Morticia est déjà en développement), Netflix n’a pas dit son dernier mot. Comme le murmure Thing, la main fidèle des Addams : "Patience, chers spectateurs… les meilleures histoires se déroulent dans l’ombre avant d’éclater au grand jour."

L'Avis de la rédaction
Par Nakmen
*"Mercredi sans TikTok, c’est comme un zombie sans cervelle : ça traîne, mais ça manque de mordant."* La S2 assume son côté *teen drama* gothique, mais sans le *#WednesdayDance*, on dirait un épisode de *Riverdale* en noir et blanc. Dommage, car l’épisode 3 prouve qu’avec un peu d’audace, ça pourrait être bien plus qu’un *mème éphémère*. **Cependant !** Les puristes râlent, les nouveaux fans bâillent… et Netflix compte sur la partie 2 pour sauver les meubles. *"On a vu ça dans un film, déjà."* (© *OSS 117*).

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Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Nakmen