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Netflix frappe un coup de maître : "Frankenstein" de Guillermo del Toro pulvérise les records avec 62,9 millions de vues en 12 jours
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Il y a 3 heures

Netflix frappe un coup de maître : "Frankenstein" de Guillermo del Toro pulvérise les records avec 62,9 millions de vues en 12 jours

Le chef-d'œuvre gothique de Guillermo del Toro s'impose comme un phénomène culturel sur Netflix. Avec 62,9 millions de vues en seulement 12 jours, cette adaptation audacieuse du roman de Mary Shelley redéfinit les attentes pour le cinéma d'auteur sur les plateformes. Une réussite critique (86% sur Rotten Tomatoes) qui soulève cependant des questions sur l'avenir des films visuellement ambitieux, privés d'une sortie en salles à la hauteur de leur ambition.

A retenir :

  • 62,9 millions de vues en 12 jours : un démarrage historique pour un film d'auteur sur Netflix
  • Une réinterprétation radicale du mythe de Frankenstein, loin des codes du film d'horreur traditionnel
  • Un casting d'exception : Oscar Isaac, Jacob Elordi et Christoph Waltz sous la direction de Guillermo del Toro
  • Le débat relancé : le streaming peut-il rendre justice aux films visuellement ambitieux comme celui-ci ?
  • Un score critique de 86% sur Rotten Tomatoes, malgré les frustrations des spectateurs sur le format

L'ombre du monstre : quand Guillermo del Toro réinvente un mythe bicentenaire

Le 7 novembre 2025, Netflix a dévoilé ce qui s'annonçait déjà comme l'un des projets les plus attendus de l'année : Frankenstein, la nouvelle adaptation du roman fondateur de Mary Shelley (1818) par le maître mexicain du fantastique, Guillermo del Toro. Loins des clichés des films de monstres des années 30 ou des réinterprétations horrifiques contemporaines, ce long-métrage de 2h15 se présente comme une méditation gothique sur la solitude, la création et les limites de l'humanité. Une ambition qui transparaît dans chaque plan, comme en témoignent les premières réactions du public et de la critique.

Pour comprendre l'audace de cette production, il faut remonter à ses origines littéraires. Mary Shelley écrivit Frankenstein ou le Prométhée moderne à seulement 19 ans, lors d'un défi lancé par Lord Byron en 1816, durant "l'année sans été". Ce roman, souvent considéré comme le premier vrai texte de science-fiction, explorait déjà des thèmes qui résonnent aujourd'hui avec une actualité brûlante : l'éthique scientifique, la responsabilité du créateur, et la quête d'humanité. Del Toro, fasciné depuis l'enfance par cette œuvre (il possède une collection de plus de 500 éditions différentes du livre), y voit une opportunité de "redonner au monstre sa tragédie originelle", comme il l'a confié lors d'une interview pour The Hollywood Reporter.

Le réalisateur, connu pour son approche artisanale et méticuleuse (il a passé 7 ans à développer le projet avant le tournage), a insisté pour que le film soit tourné en noir et blanc partiel, avec des séquences en couleur pour les scènes clés. Une décision esthétique qui rappelle son travail sur Le Labyrinthe de Pan (2006), mais qui pose question : comment rendre justice à une telle ambition visuelle sur un écran de télévision ? Comme le souligne le critique Mark Kermode dans The Guardian, "Frankenstein est un film qui mérite d'être vu dans l'obscurité d'une salle, où ses ombres et ses contrastes peuvent vraiment respirer."


Derrière les coulisses : un tournage titanesque et des choix artistiques radicaux

Le tournage de Frankenstein s'est étalé sur 148 jours, principalement dans les studios Pinewood Toronto et en Écosse, où les paysages sombres de l'île de Skye ont servi de décor naturel pour les scènes extérieures. Del Toro a travaillé en étroite collaboration avec le directeur de la photographie Dan Laustsen (son complice depuis Crimson Peak) pour créer une palette visuelle inspirée des peintures romantiques allemandes, notamment celles de Caspar David Friedrich. Les décors, construits à l'ancienne avec des maquettes physiques et des prothèses pratiques (peu d'effets numériques ont été utilisés), ont nécessité l'intervention de plus de 200 artisans.

Le casting reflète cette exigence. Oscar Isaac incarne le Docteur Frankenstein, un rôle qu'il a préparé en étudiant les écrits de Paracelse et les expériences des alchimistes du XVIIIe siècle. Jacob Elordi, connu pour son rôle dans Euphoria, surprend en Créature, un personnage qu'il a abordé comme "un nouveau-né confronté à un monde qui le rejette", selon ses propres mots. Enfin, Christoph Waltz campe un inspecteur obsédé par la traque du monstre, un rôle écrit spécialement pour lui par del Toro. Le réalisateur a d'ailleurs révélé que Waltz avait improvisé près de 30% de ses dialogues, ajoutant une dimension imprévisible au personnage.

Un aspect moins connu du projet concerne sa bande originale, composée par Alexandre Desplat. Ce dernier a enregistré des morceaux avec un orchestre de 90 musiciens et a intégré des instruments rares comme le glass harmonica (utilisé à l'époque de Mary Shelley) pour créer une atmosphère à la fois onirique et menaçante. Del Toro a insisté pour que la musique soit "un personnage à part entière", au point de modifier certaines scènes en fonction des premières maquettes sonores.

Cependant, le choix de Netflix de limiter la sortie en salles (seulement 50 copies aux États-Unis et une poignée en Europe) a suscité la controverse. Comme l'explique Scott Foundas, critique pour Variety, "Frankenstein est un film qui défie les algorithmes de Netflix. Trop lent pour le grand public, trop ambitieux pour être relégué au streaming. C'est un paradoxe qui révèle les limites du modèle actuel."


Entre ovation critique et frustration des spectateurs : le paradoxe Netflix

Avec un score de 86% sur Rotten Tomatoes (basé sur 210 critiques) et une note moyenne de 7,9/10, Frankenstein est salué pour sa "beauté visuelle hypnotique" (dixit The New Yorker) et sa "profondeur philosophique". Les éloges portent notamment sur :

  • La performance physique de Jacob Elordi, dont le personnage évolue d'une créature innocente à un être brisé, sans jamais tomber dans le grotesque.
  • La direction artistique, où chaque décor semble sorti d'un tableau de Fuseli ou Goya.
  • Le scénario, qui ose inverser les rôles : ici, c'est le docteur Frankenstein qui devient le vrai monstre, obsédé par son propre génie.

Pourtant, une ombre plane sur ce succès : l'expérience de visionnage. Comme le résume le tweet viral de @shadowknightdk (plus de 12 000 likes) : "J'ai vu Frankenstein sur Netflix et maintenant je me demande comment ce film aurait pu être en IMAX. Les détails des costumes, les jeux de lumière... Tout cela semble compressé sur un écran de 65 pouces." Ce sentiment est partagé par de nombreux spectateurs, qui regrettent que Netflix n'ait pas négocié une sortie plus large, à l'instar de Roma (2018) ou The Irishman (2019).

Le problème est structurel. Netflix, dont le modèle repose sur l'abonnement et non sur les entrées en salles, a du mal à justifier des investissements marketing pour des sorties limitées. Pourtant, comme le souligne une étude de Parrot Analytics, les films qui bénéficient d'une sortie hybride (salles + streaming) ont 37% plus de chances de devenir viraux sur les réseaux sociaux. Frankenstein aurait-il pu faire mieux avec une stratégie différente ? La question reste ouverte.

Un autre débat émerge : celui de la classification. Bien que del Toro ait toujours refusé l'étiquette "film d'horreur", certains spectateurs s'attendaient à un film plus effrayant, à l'image du trailer initial (qui mettait en avant des scènes de tension). "C'est une œuvre sur la mélancolie, pas sur la peur", a précisé le réalisateur lors d'une masterclass au Festival de Toronto. Une déclaration qui a divisé les fans, certains parlant de "fausse publicité".


L'héritage de Shelley à l'ère du streaming : quelles leçons pour l'industrie ?

Le succès de Frankenstein pose une question cruciale : le streaming peut-il devenir le nouveau refuge du cinéma d'auteur ? Les chiffres semblent le confirmer. Selon Netflix, les films "prestige" comme The Power of the Dog (2021) ou Mank (2020) ont vu leur audience doubler lorsqu'ils étaient accompagnés d'une campagne marketing ciblée sur les réseaux sociaux. Pourtant, l'exemple de Frankenstein montre que cette stratégie a des limites.

D'un point de vue historique, les adaptations de Frankenstein ont toujours reflété les angoisses de leur époque :

  • En 1931, le film de James Whale (avec Boris Karloff) incarnait les peurs de la Grande Dépression.
  • Dans les années 1970, les versions "exploitation" comme Flesh for Frankenstein (1973) exploraient la libération sexuelle.
  • Aujourd'hui, la version de del Toro interroge notre rapport à la technologie et à l'intelligence artificielle.

Pour Ted Sarandos, co-PDG de Netflix, ce film est "la preuve que les plateformes peuvent financer des projets ambitieux sans compromis artistiques." Pourtant, des voix s'élèvent pour rappeler que le cinéma reste un écosystème fragile. Comme le note Ava DuVernay, réalisatrice de 13th : "Si nous abandonnons les salles, nous perdons quelque chose d'essentiel : le partage collectif d'une émotion."

Un élément souvent oublié dans ce débat est l'impact sur les festival. Frankenstein a été présenté hors compétition à Venise, mais n'a pas pu concourir pour les Oscars dans la catégorie Meilleur Film, faute d'une sortie en salles suffisante. Une règle qui avantage encore les studios traditionnels. Pourtant, avec un budget estimé à 85 millions de dollars (un record pour Netflix), le film a déjà rentabilisé son investissement en moins de deux semaines.

Enfin, ce succès pourrait avoir des répercussions sur les prochains projets de del Toro. Le réalisateur, qui travaille actuellement sur une adaptation de Pinocchio en stop-motion et un film sur les fantômes du Pacifique, a laissé entendre qu'il pourrait "repenser sa relation avec les salles". Une déclaration qui fait grincer des dents à Hollywood.


Et maintenant ? L'avenir de Frankenstein entre cultes et suites improbables

Alors que les discussions sur une éventuelle suite ou une série dérivée commencent à circuler (Netflix a déjà déposé des marques pour Frankenstein Chronicles), del Toro reste évasif. "Mary Shelley n'a écrit qu'un seul roman sur Frankenstein. Je ne vois pas pourquoi j'en ferais plusieurs", a-t-il déclaré à Empire Magazine. Pourtant, les rumeurs persistent, notamment autour d'un spin-off centré sur le personnage de Christoph Waltz.

Du côté des produits dérivés, la situation est plus claire. Dark Horse Comics prépare une préquelle en bande dessinée, écrite par Mike Mignola (le créateur de Hellboy), tandis que Sideshow Collectibles a annoncé une statue grandeur nature de la Créature pour 2026. Un marché qui pourrait rapporter plus de 50 millions de dollars selon les estimations de Licensing International.

Sur le plan académique, le film a déjà suscité l'intérêt des universitaires. Le Mary Shelley Conference (prévu en mars 2026 à Oxford) consacrera une session entière à cette adaptation, avec des interventions sur la représentation du corps monstrueux et les liens entre romantisme et cinéma contemporain. Un signe que Frankenstein pourrait bien devenir un objet d'étude, au même titre que le roman original.

Enfin, une question persiste : ce film marquera-t-il un tournant pour Netflix ? La plateforme, souvent critiquée pour sa production de masse, semble vouloir se positionner comme un acteur majeur du cinéma d'auteur. Avec des projets comme The Killer (David Fincher) ou Blonde (Andrew Dominik), elle prouve qu'elle peut attirer des réalisateurs exigeants. Pourtant, comme le résume Guillermo del Toro lui-même : "Un film comme Frankenstein est une exception. Le vrai défi, c'est de faire en sorte que ce ne soit plus le cas."

Frankenstein de Guillermo del Toro s'impose comme un phénomène culturel, à la croisée entre le succès populaire et la reconnaissance critique. Avec ses 62,9 millions de vues en 12 jours, le film prouve que le streaming peut accueillir des œuvres ambitieuses, tout en révélant les limites d'un modèle qui prive les spectateurs d'une expérience cinématographique optimale. L'audace visuelle de del Toro, portée par des performances d'acteurs remarquables, redéfinit le mythe de Frankenstein pour le XXIe siècle, tout en posant des questions urgentes sur l'avenir du cinéma d'auteur.

Pourtant, derrière les chiffres impressionnants se cache un paradoxe : celui d'un film conçu pour le grand écran, mais condamné à briller principalement sur des écrans domestiques. Alors que Netflix célèbre ce triomphe, l'industrie doit se demander si cette voie est durable. Une chose est sûre : Frankenstein a déjà marqué l'histoire, non seulement comme une adaptation fidèle, mais comme un symptôme des mutations du paysage audiovisuel.

Reste à savoir si ce succès incitera d'autres réalisateurs à tenter l'aventure du streaming pour des projets aussi ambitieux. Une chose est certaine : avec ce film, Guillermo del Toro a créé bien plus qu'un monstre. Il a donné naissance à un débat qui dépasse largement le cadre du cinéma.

L'Avis de la rédaction
Par Nakmen
Frankenstein de Guillermo del Toro, c'est comme si le réalisateur avait pris un vieux jeu de cartes et avait décidé de les mélanger avec des cartes de tarot. Le résultat ? Un film qui défie les attentes et les conventions. Del Toro, avec son approche artisanale, a réussi à redonner au monstre sa tragédie originelle. C'est un film qui mérite d'être vu dans l'obscurité d'une salle, où ses ombres et ses contrastes peuvent vraiment respirer.
Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Nakmen

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