Nintendo Stars : Quand Kyoto Réinvente le Cinéma Vidéo-Ludique

De Warpstar à Nintendo Stars : Quand Nintendo Réécrit les Règles d’Hollywood

Il était une fois, dans les bureaux feutrés de Kyoto, une idée folle : et si Nintendo, maître incontesté du jeu vidéo, devenait aussi un géant du cinéma ? Après des décennies de réticence – et quelques échecs cuisants, comme le Super Mario Bros. de 1993 avec Bob Hoskins –, la firme japonaise a enfin trouvé la formule magique. Le déclic ? 1,36 milliard de dollars de recettes mondiales pour Super Mario Bros.: La Película (2023), fruit d’un partenariat audacieux avec Illumination. Un succès si retentissant qu’il a poussé Nintendo à restructurer sa filiale Warpstar – jusqu’alors cantonnée à l’univers de Kirby – en une entité 100 % dédiée au 7ᵉ art : Nintendo Stars.

Contrairement à ses concurrents comme Sony Pictures (derrière les adaptations Uncharted ou The Last of Us), Nintendo a choisi une approche verticalement intégrée : pas de sous-traitance hasardeuse, mais un contrôle total sur ses licences, du développement à la distribution. Une stratégie qui rappelle celle de Marvel Studios dans les années 2000, quand le géant des comics a décidé de produire lui-même ses films plutôt que de les confier à Hollywood. Résultat ? Un univers cinématographique cohérent, où chaque détail compte – des couleurs de la casquette de Mario aux paysages d’Hyrule.

Mais attention : si Mario a séduit les familles, The Legend of Zelda vise un public bien plus exigeant. "Adapter Zelda, c’est comme toucher à un mythe national au Japon", explique Takashi Mochizuki, analyste chez Bloomberg. "Les fans attendent une fidélité absolue aux jeux, tout en espérant une œuvre qui dépasse le simple 'film de jeu vidéo'." Un défi de taille pour Nintendo Stars, qui doit désormais prouver qu’elle peut innover sans trahir.

"Nous ne voulons pas juste faire des films. Nous voulons créer des expériences qui résonnent émotionnellement, comme le font nos jeux depuis 40 ans." — Shigeru Miyamoto, créateur de Mario et Zelda, lors d’une conférence de presse en 2023.

Zelda en Live-Action : Le Pari le Plus Risqué de l’Histoire de Nintendo

Imaginez un instant : Link, le héros silencieux, incarné par un acteur en chair et en os. Zelda, princesse guerrière, libérée des pixels pour fouler des décors réels. Et Ganon, le seigneur des ténèbres, matérialisé par des effets spéciaux dignes d’un blockbuster. Voilà le défi titanesque que s’apprête à relever Nintendo Stars avec son adaptation en prise de vues réelles de The Legend of Zelda, prévue pour mai 2027 – pile pour les 35 ans de *A Link to the Past*, un clin d’œil que les fans n’ont pas manqué de souligner.

Avec un budget estimé entre 150 et 200 millions de dollars (selon Variety), la production mise sur un mélange audacieux :

• Des décors naturels : les paysages d’Hyrule s’inspireront des forêts japonaises de Kyushu (pour la région de Kokiri) et des volcans islandais (pour le domaine de Goron), avec des tournages prévus en Nouvelle-Zélande pour les scènes épiques.
• Des effets visuels révolutionnaires : le studio Arad Productions (*Ghost in the Shell*, *Uncharted*) collabore avec Weta Digital (derrière Avatar et Le Seigneur des Anneaux) pour donner vie à la magie d’Hyrule, des Sheikah Slate aux créatures comme Lord Ghirahim.
• Une bande-son orchestrale : Koji Kondo, compositeur historique de la saga, supervisera la partition, avec des rumeurs évoquant une collaboration avec Hans Zimmer pour les thèmes épiques.

Pourtant, un élément crucial manque encore à l’appel : le réalisateur. Alors que des noms comme Guillermo del Toro (*Pan’s Labyrinth*), Denis Villeneuve (*Dune*) ou même Hayao Miyazaki (pour un style plus poétique) circulaient dans les rumeurs, Nintendo reste silencieux. "C’est une stratégie délibérée", analyse Emily Gera, journaliste chez Polygon. "Ils veulent éviter les attentes irréalistes liées à un réalisateur star. Mais c’est un risque : sans vision claire, le film pourrait manquer de cohérence."

Autre défi : le casting. Les acteurs choisis pour incarner Link (un inconnu japonais, selon les fuites) et Zelda (une actrice britannique d’origine asiatique) ont été dévoilés, mais leur identité reste secrète. Une décision qui rappelle la stratégie de Marvel pour *The Mandalorian*, où le mystère autour des acteurs a alimenté le buzz. Reste à savoir si cette approche fonctionnera pour un public aussi passionné – et parfois intransigeant – que celui de Zelda.

"Adapter Zelda en live-action, c’est comme essayer de capturer la lumière du soleil dans une bouteille. Soit vous y arrivez et c’est magique, soit vous finissez avec une lampe torche bon marché." — Jim Sterling, critique de jeux vidéo.

Mario 2 : Illumination Sous Pression, Nintendo Aux Commandes

Si The Legend of Zelda fait rêver, c’est bel et bien la suite de *Super Mario Bros.: La Película* qui financera les ambitions cinématographiques de Nintendo. Prévu pour le 3 avril 2026, ce second volet bénéficie d’un avantage majeur : le temps. Là où le premier film avait été développé dans l’urgence (avec un script retravaillé jusqu’à la dernière minute), la suite dispose d’un calendrier plus serein et d’un budget revu à la hausse (120 millions de dollars, contre 100 pour le premier).

Parmi les améliorations annoncées :

• Une animation plus fluide : Illumination a recruté des animateurs ayant travaillé sur Spider-Man: Into the Spider-Verse pour dynamiser les mouvements, notamment ceux de Mario en pleine course.
• Des séquences musicales étendues : après le succès planétaire de *"Peaches"* (450 millions de streams), le film intégrera 3 nouvelles chansons originales, dont une interprétée par The Weeknd (en négociation).
• Un scénario plus ambitieux : des fuites évoquent l’introduction des Royaumes de *Super Mario Odyssey* (comme le Désert de Tostarena ou le Royaume Champignon), ainsi qu’un arc narratif centré sur Luigi, enfin libéré de son rôle de faire-valoir.
• Un équilibre culturel : après les critiques sur l’"américanisation" de Bowser (trop "gangster" pour certains fans), des équipes de Kyoto superviseront désormais l’esthétique, avec un retour aux couleurs vives et aux designs fidèles aux jeux.

Pourtant, un fantôme plane sur le projet : le syndrome de la "suite ratée". Des franchises comme Les Minions ou Sing ont vu leurs revenus chuter de 30 à 50 % entre le premier et le second volet. "Nintendo doit innover sans aliéner son public familial", souligne Jeff Grubb, journaliste chez GamesBeat. "Ajouter des références pour les fans hardcore sans perdre en accessibilité, c’est un exercice d’équilibriste."

Et puis, il y a l’éléphant dans la pièce : Donkey Kong. Annoncé en 2022 comme un spin-off produit par Seth Rogen, le projet semble au point mort. Sera-t-il intégré à *Mario 2* sous forme de caméo, ou Nintendo préfère-t-il le réserver pour un film solo ? Les rumeurs évoquent un conflit créatif entre Rogen (qui veut un ton "adulte" façon *Sausage Party*) et Nintendo (attaché à une image familiale). Une bataille qui pourrait retarder le projet… ou le rendre encore plus intéressant.

Kirby, Metroid et les Autres : Le Trésor Caché de Nintendo Stars

Si Mario et Zelda trustent l’attention, Nintendo Stars a un atout majeur : un catalogue de licences inexploité, prêt à être transformé en or cinématographique. Parmi les projets les plus attendus :

• Kirby : la division conserve la gestion de la licence rose et dodue. Après le succès de l’anime *Kirby: Right Back at Ya!* (2001-2003, culte au Japon), des rumeurs évoquent un reboot en série animée pour 2025, avec un style proche de *Ponyo* (Hayao Miyazaki).
• Metroid : un film en animation adulte (style *Blade Runner: Black Lotus*) serait en développement, avec une héroïne Samus Aran plus sombre et complexe que dans les jeux. Un pari risqué, mais qui pourrait séduire les fans de science-fiction cyberpunk.
• Star Fox : après l’échec du projet avorté avec James Gunn en 2018, Nintendo relancerait les négociations pour une adaptation en film d’animation hybride (mélange de 3D et d’images de synthèse).
• Animal Crossing : le projet le plus surprenant. Imaginez un Studio Ghibli moderne adaptant l’univers paisible d’Animal Crossing en un film contemplatif et poétique, à mi-chemin entre *Mon Voisin Totoro* et *Fantastic Mr. Fox*.

Mais attention : toutes ces licences ne sont pas égales face au box-office. "Nintendo doit éviter la dilution de sa marque", prévient Daniel Ahmad, analyste chez Niko Partners. "Mario et Zelda sont des valeurs sûres, mais un film Metroid trop niche pourrait nuire à l’image de Nintendo Stars." La solution ? Une stratégie par vagues : d’abord consolider les franchises phares, puis tester des projets plus audacieux.

Et puis, il y a la question des jeux dérivés. Après le succès de *LEGO Super Mario*, Nintendo pourrait-il imaginer des expériences interactives liées à ses films ? Un *Zelda: Breath of the Wild* en réalité virtuelle pour promouvoir le film ? Ou un *Mario Kart* avec les voix des acteurs ? Les possibilités sont infinies… et lucrative.

Derrière les Écrans : Les Coulisses d’une Révolution Culturelle

Ce que peu de gens savent, c’est que Nintendo Stars n’est pas née d’un coup de baguette magique. Dès 2018, des équipes secrètes planchaient sur des proofs of concept pour adapter *Zelda* et *Mario*. "Nous avions deux options : soit nous confions nos licences à Hollywood et nous perdons le contrôle, soit nous bâtissons notre propre studio", confie une source interne sous couvert d’anonymat. C’est cette deuxième voie qui a été choisie, avec un investissement initial de 500 millions de dollars pour créer Nintendo Stars.

Parmi les anecdotes les plus surprenantes :

• Shigeru Miyamoto a personnellement supervisé les storyboards de *Zelda*, exigeant que chaque scène respecte la "règle des 3C" (Couleur, Charisme, Cohérence) chérie par Nintendo.
• Le script de *Mario 2* a été écrit en collaboration avec les scénaristes de *The Lego Movie*, pour un équilibre parfait entre humour et aventure.
• Pour les décors d’Hyrule, l’équipe a étudié des peintures japonaises du XVIIIᵉ siècle (comme celles de Katsushika Hokusai) pour capturer l’essence visuelle de la saga.
• Le casting de *Zelda* a impliqué des tests de mouvement inspirés des jeux : les acteurs ont dû maîtriser des chorégraphies de combat proches de celles de *Breath of the Wild*.

Mais le plus fascinant reste peut-être la philosophie de Nintendo Stars. "Nous ne voulons pas faire des films sur nos jeux. Nous voulons faire des films qui sont nos jeux", explique un cadre. Une nuance cruciale, qui explique pourquoi *Mario* a si bien fonctionné : le film ne cherchait pas à copier les jeux, mais à en capturer l’esprit. Pour *Zelda*, l’enjeu est encore plus grand : comment transposer l’émotion d’un jeu où le joueur est libre d’explorer, dans un média linéaire comme le cinéma ?

Une piste ? Les séquences interactives. Des rumeurs évoquent une version "étendue" du film *Zelda* sur Nintendo Switch 2, avec des scènes bonus débloquables via des QR codes ou des objets connectés. Une façon de fusionner cinéma et gaming, et de créer une expérience unique que même Disney ne peut offrir.

Le Grand Défi : Nintendo Peut-Il Détrôner Marvel et Star Wars ?

Avec deux films en préparation, une division cinématographique flambant neuve et un catalogue de licences parmi les plus riches du jeu vidéo, Nintendo Stars a tout pour devenir le prochain empire du divertissement. Pourtant, les obstacles sont nombreux :

• La concurrence : entre les adaptations de Sonic, Five Nights at Freddy’s et The Last of Us, le marché des films de jeux vidéo est de plus en plus saturé.
• Les attentes des fans : après des décennies à imaginer *Zelda* ou *Metroid* au cinéma, les joueurs seront intransigeants. Un faux pas, et la critique sera impitoyable.
• L’équilibre culturel : Nintendo doit concilier son ADN japonais avec les codes d’Hollywood, sans tomber dans le piège de l’"orientalisme" ou de la sur-américanisation.
• La durabilité : Marvel a mis 10 ans à bâtir son univers. Nintendo peut-il faire aussi bien, aussi vite ?

Pourtant, Nintendo a un atout que ni Marvel ni DC n’ont : la nostalgie. "Les franchises Nintendo sont ancrées dans l’enfance de millions de personnes", note Reggie Fils-Aimé, ancien président de Nintendo of America. "C’est un lien émotionnel que même Star Wars ne peut égaler." Et c’est précisément ce que mise Nintendo Stars : des films qui ne se contentent pas de divertir, mais qui réveillent des souvenirs.

Alors, Nintendo peut-il vraiment devenir le nouveau roi d’Hollywood ? La réponse dépendra de deux films : *Super Mario Bros. 2* (2026) et *The Legend of Zelda* (2027). Si l’un des deux échoue, Nintendo Stars pourrait devenir un simple pied de page dans l’histoire du cinéma. Mais s’ils réussissent tous les deux ? Alors, préparez-vous à une révolution culturelle – une où les héros de votre enfance ne seront plus cantonnés à votre écran de jeu, mais bel et bien immortalisés sur grand écran.