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Paramount relance les Tortues Ninja : un reboot live-action audacieux sous la houlette de Neal H. Moritz
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Paramount tente un coup de maître en confiant un reboot 100 % live-action des Teenage Mutant Ninja Turtles à Neal H. Moritz, le producteur derrière Fast & Furious et Sonic. Après l’abandon du projet sombre The Last Ronin et les échecs relatifs des précédents films en prises de vues réelles, le studio mise sur une formule éprouvée : un mélange d’action débridée, d’humour moderne et de fidélité aux comics originaux. Mais entre les attentes des fans, les ombres du passé (comme Out of the Shadows en 2016) et l’absence de date officielle, ce pari reste incertain. Une chose est sûre : les Tortues Ninja méritent mieux que des adaptations bâclées.
A retenir :
- Un virage à 180° : Paramount abandonne The Last Ronin (inspiré du comic sombre de Eastman & Laird) pour un reboot live-action confié à Neal H. Moritz, maître des blockbusters Fast & Furious et Sonic.
- Un héritage encombrant : Après l’échec relatif d’Out of the Shadows (2016, 245 M$ de recettes pour 135 M$ de budget) et le succès critique de Mutant Mayhem (2023, 96 % sur Rotten Tomatoes), le studio doit trouver l’équilibre parfait.
- La recette Moritz : Action spectaculaire + humour + profondeur narrative, une formule qui a fait ses preuves avec Sonic 3 (495 M$ rien que pour le volet avec Keanu Reeves). Mais les Tortues Ninja ne sont pas un hérisson bleu...
- Un calendrier flou : Aucune date officielle, mais une suite à Mutant Mayhem déjà prévue pour 2027. Les fans, méfiants après des décennies de rebonds, attendent des preuves avant de crier "Cowabunga!"
- Le défi ultime : Éviter les pièges des adaptations passées (surcharge visuelle, ton incohérent) tout en modernisant l’esprit des comics des années 80. Un casse-tête créatif.
De The Last Ronin au live-action : un revirement stratégique
Il y a encore quelques mois, Paramount misait sur The Last Ronin, une adaptation du comic éponyme de Kevin Eastman et Peter Laird, bien plus sombre et adulte que les versions précédentes. Ce projet, annoncé comme un "logan-esque" pour les Tortues Ninja, aurait pu marquer un tournant radical pour la franchise. Pourtant, le studio a brutalement changé de cap. Pourquoi ? Les rumeurs évoquent des craintes quant à la rentabilité d’un film aussi niche, surtout après le semi-échec de Teenage Mutant Ninja Turtles: Out of the Shadows (2016), qui avait peine à couvrir son budget pharaonique de 135 millions de dollars (245 millions de recettes mondiales, un score médiocre pour un blockbuster estival).
À la place, Paramount opte pour un retour aux sources… mais en live-action. Exit les ombres et la mélancolie de The Last Ronin, bonjour les couleurs vives, l’humour potache et les cascades improbables. Une décision qui rappelle étrangement celle de Warner Bros. avec Batman après le fiasco de Batman & Robin (1997) : quand le ton sombre ne fonctionne pas, on revient au divertissement pur. Reste à savoir si les Tortues Ninja, nées dans un comic underground au début des années 80, peuvent survivre à une énième réinvention.
Neal H. Moritz, l’homme qui valait 11,5 milliards de dollars
Pour mener cette mission périlleuse, Paramount a jeté son dévolu sur Neal H. Moritz, producteur fétiche des sagas Fast & Furious (11,5 milliards de dollars de recettes cumulées, rien que ça) et Sonic the Hedgehog. Ce dernier est particulièrement intéressant : le premier Sonic (2020) avait été un succès surprise (319 millions de dollars), et Sonic 2 (2022) avait confirmé la tendance (405 millions). Quant à Sonic 3, sorti en 2024, il a carrément explosé les compteurs avec 495 millions de dollars pour le volet mettant en scène Keanu Reeves. Une performance qui prouve que Moritz sait y faire avec les adaptations de jeux vidéo… et les animaux anthropomorphes.
Mais attention : les Tortues Ninja ne sont pas Sonic. Là où le hérisson bleu mise sur la vitesse, l’humour familial et des méchants caricaturaux (merci, Dr. Robotnik), les quatre frères masqués ont une identité bien plus complexe. Entre leur origine new-yorkaise, leur lien avec le ninjutsu, leur relation avec Splinter et Shredder, et leur équilibre entre comédie et drame, la tâche s’annonce ardue. Moritz devra éviter deux écueils :
1. Le syndrome Michael Bay : Trop d’explosions, pas assez d’âme (cf. les films de 2014 et 2016, critiqués pour leur surcharge visuelle et leur ton incohérent).
2. Le piège de la nostalgie : Les fans des années 90 veulent du retro, mais les jeunes spectateurs exigent du moderne. Mutant Mayhem (2023) a réussi ce pari grâce à un style animé dynamique et un humour décalé. En live-action, ce sera bien plus compliqué.
"Cowabunga !" ou "Flopabunga !" : les leçons du passé
Pour comprendre les enjeux de ce reboot, il faut revenir sur les adaptations précédentes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’histoire des Tortues Ninja au cinéma est… chaotique.
1990 : Le chef-d’œuvre inattendu. Le premier film, réalisé par Steve Barron, était un mélange parfait de comédie, d’action et de fidélité aux comics. Avec des costumes en latex (oui, pas de CGI à l’époque !), un Shredder terrifiant et des dialogues cultes ("Cowabunga!"), il avait marqué toute une génération. Budget : 13,5 millions. Recettes : 202 millions. Un ratio rêve.
2007 : L’animation qui divise. TMNT, réalisé par Kevin Munroe, était un film d’animation en images de synthèse, plus sombre et adulte. Critiqué à sa sortie, il est aujourd’hui considéré comme sous-côté (6,2/10 sur IMDb, mais 71 % sur Rotten Tomatoes). Preuve que les Tortues Ninja peuvent plaire aux ados… à condition de ne pas les infantiliser.
2014-2016 : L’ère Michael Bay. Deux films produits par Bay, avec des Tortues redessinées (et moquées pour leur apparence "monstrueuse"), un humour lourdingue et des scènes d’action illisibles. Résultat : Out of the Shadows (2016) a été un échec relatif, et la franchise a failli sombrer.
2023 : Le retour en grâce. Mutant Mayhem, réalisé par Jeff Rowe (co-réalisateur de Mitchells vs. The Machines), a redonné espoir. Avec son style animé inspiré des comics, son humour intelligent et ses références aux fans, il a séduit critiques (96 % sur Rotten Tomatoes) et public (180 millions de recettes). Preuve que les Tortues Ninja peuvent encore cartonner… à condition de respecter leur ADN.
Moralité ? Le live-action est un pari risqué. Les fans veulent du fun, mais pas au détriment de l’identité des personnages. Et surtout, ils ne veulent plus revoir les erreurs des films Bay : des Tortues trop "humaines", un Shredder ridicule, et un scénario qui part dans tous les sens.
Derrière les masques : les coulisses d’une franchise en crise permanente
Saviez-vous que les Teenage Mutant Ninja Turtles sont nées… d’une blague ? En 1983, Kevin Eastman et Peter Laird, deux jeunes dessinateurs fauché, créent un comic parodie mélangeant Daredevil, Ronin (de Frank Miller) et les films de kung-fu des années 70. Leur but ? Se moquer des super-héros trop sérieux. Résultat : un premier numéro auto-édité à 3 000 exemplaires… qui se vend comme des petits pains. La machine était lancée.
Mais le succès a aussi été leur pire ennemi. Dès 1987, la franchise est rachetée par des investisseurs, et les deux créateurs perdent peu à peu le contrôle. Les dessins animés, les jouets, les films… tout est pensé pour le merchandising, au détriment de l’esprit original. Eastman et Laird ont d’ailleurs quitté le navire il y a des années, lassés des conflits avec les studios.
Aujourd’hui, Paramount détient les droits, et la franchise est devenue un monstre à deux têtes :
• Une tête "nostalgie" : Les fans des années 90, qui veulent retrouver l’esprit du comic ou du dessin animé original.
• Une tête "moderne" : Les jeunes spectateurs, qui découvrent les Tortues via Mutant Mayhem ou les jeux vidéo, et attendent du rythme, de l’humour et des effets spéciaux à couper le souffle.
Le défi de Neal H. Moritz ? Satisfaire les deux. Et ça, même Fast & Furious n’y est pas toujours parvenu.
2027 et au-delà : quel avenir pour les héros en masque ?
Officiellement, Paramount n’a annoncé aucune date pour ce reboot live-action. En revanche, une suite à Mutant Mayhem est déjà programmée pour septembre 2027. Une stratégie étrange : pourquoi lancer deux projets en parallèle ? Plusieurs hypothèses :
1. Un plan de secours : Si le live-action échoue, la franchise pourra toujours compter sur l’animation, qui a fait ses preuves.
2. Une guerre des publics : Le film animé pour les familles, le live-action pour les ados et adultes. Un peu comme Marvel avec ses films PG-13 et ses séries Netflix plus sombres.
3. Un coup de poker : Et si Paramount préparait en secret un crossover entre les deux univers ? Après tout, Sonic a bien croisé Mario dans The Super Mario Bros. Movie…
Une chose est sûre : les Tortues Ninja ont encore de beaux jours devant elles. Entre les rumeurs d’un jeu vidéo ouvert par Activision, les comics qui continuent de sortir chez IDW Publishing, et maintenant ce reboot, la franchise est plus vivante que jamais. Mais pour survivre, elle devra éviter les erreurs du passé :
✗ Trop de CGI tue le CGI : Les Tortues doivent rester tactiles. Les fans veulent voir des masques, des nunchakus, des pizzas… pas des créatures numériques sans âme.
✗ L’humour, oui… mais pas n’importe lequel : Les blagues graveleuses des films Bay ? À bannir. L’autodérision intelligente de Mutant Mayhem ? À garder absolument.
✗ Shredder mérite mieux : Le grand méchant des Tortues Ninja a été réduit à un clown dans les adaptations récentes. Il est temps de lui rendre sa dangerosité.
Alors, ce reboot live-action sera-t-il le "Cowabunga!" qui relancera la franchise… ou un nouveau "Flopabunga!" à oublier ? Une seule certitude : avec Neal H. Moritz aux commandes, on risque au moins d’avoir droit à des cascades spectaculaires. Et peut-être, enfin, à des Tortues Ninja qui méritent leur légende.
Si le studio évite les pièges du passé (surcharge visuelle, ton incohérent, méchants ridicules), ce reboot pourrait bien redonner aux quatre frères masqués la place qu’ils méritent : celle de légendes du divertissement, entre comédie et action, entre nostalgie et modernité. En attendant, une question reste en suspens : "Heroes in a half-shell"… ou "Zeroes in a half-shell" ?

